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Invité Invité
| Sujet: Archives ~ Jeu 03 Mar 2011, 08:28 | |
| x. Jee’s …
Le vent n'avait pas tout à fait cessé.
La jeune louve sortit la tête de la grotte qu’elle habitait avec sa mère, Lewn, aux Rocheuses. Il avait plut la nuit durant, et une tempête violente s’était abattue sur le territoire. Les pierres devaient être glissantes, et Jee se demandait si partir en promenade était une bonne idée. Peut-être devrait-elle attendre que ça sèche, ou, du moins, que le vent, resté modérément violent, ne cesse. Oh, et puis, non. Elle avait besoin de se dégourdir les pattes, et, pourquoi pas, chasser. Et elle connaissait le coin idéal pour cela. L’air sentait bon l’humidité, l’herbe mouillée. La louve grise essayait de ne pas glisser sur les pierres. Le vent n’aidait en rien. Elle dérapa de nombreuses fois, mais arriva au sol, saine et sauve. L’herbe détrempée était aussi assez froide, et lui arracha un frisson. La Forêt n’était pas loin des Rocheuses, c’était un avantage. Elle pourrait faire l’aller retour dans la journée, et passer quelques heures à flâner dans sa clairière. Jee s’engagea sous les frondaisons des arbres. Curieusement, il y faisait un peu meilleur niveau température, et moins humide. Elle connaissait le chemin quasi-par-cœur. Sauf erreur de sa part. Elle avait découvert la clairière tout à fait par hasard, lors d’une de ses premières balades dans les environs. Jee bondit par-dessus un tronc d’arbre, et traversa le lit d’un ruisseau asséché. Bizarre. Dans la mesure où il avait plut toute la nuit durant, le ruisseau aurait dut être plein à ras-bord … Jee haussa les épaules et continua son chemin. Si le ruisseau avait été plein, elle se demandait comment elle aurait fait. La jeune louve avait une peur panique de l’eau, de ses peurs qui ne guérissent jamais, ou alors vraiment progressivement. Oh, ce n’est pas par faute d’avoir essayé. Parfois, elle allait dans un tout petit ruisseau et tentait de nageoter un peu. Mais rien n’y faisait. Jee avait toujours peur …
… Ce n’était plus très loin. Le soleil se levait doucement, et la lumière était bonne. Des oiseaux commençaient à sortir de leur torpeur, et moi avec. Je secouais la tête, et m’engagea sur le petit chemin de terre que je connaissais par cœur. La tempête avait peut-être endommagé mon abri. J’étais plutôt en forme, et n’avais pas trop faim pour le moment. J’allais pouvoir voir l’étendue des dégâts, que je n’espérais pas si étendus que ça. Enfin, j’aperçus le cercle de chênes et de saules, gardant l’entrée et le contour de la clairière, assez grande pour accueillir une petite famille, mais pas plus de deux adultes. J’entrais. Et tout était nickel, comme si il n’y avait pas eut une tempête géante. Quelques feuilles et branches étaient tombées ça & là, mais pas de casse. Je n’en espérais pas moins. Toute guillerette, je commençais le nettoyage, et me prit à chantonner. J’aimais chanter, mais n’aimais pas que l’on me surprenne. Parfois, j’avais l’impression d’entendre des voix, des pas, alors que j’étais seule. C’était précisément mon impression, là, maintenant, tout de suite. J’entendais des pas. Je me tus, et m’approchais de l’entrée. Je ne vis rien. J’allais de l’autre côté de la clairière et observais à travers les buissons et les branches basses. Une silhouette. Un loup. Je reculais, prise de peur. Qui pouvait bien se balader aussi profondément dans la Forêt, et aussi tôt ? ...
C’était étrange …
Dernière édition par Chai-Keyaa le Dim 27 Mar 2011, 12:04, édité 1 fois |
| | | Jo » Gluant
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| Sujet: Re: Archives ~ Jeu 03 Mar 2011, 16:15 | |
| C'était étrange.
Ce monde était étrange. Car oui, c'était plus qu'un autre continent. C'était un autre monde. Le ciel était bleu ou gris, et non pas noir ou gris foncé. Les pluies qui tombaient du ciel étaient d'eau, pas d'acide. Les arbres étaient plus beau, plus forts, vivants. Pas une fois Edmund n'avait croisé d'édifice semblable à la Potence. Il n'y avait pas de loups faméliques, fou, désespéré... Ce monde avait des arrières gouts de paradis. Un paradis peut être, mais, pour l'instant, Edmund était perdu dans ce paradis. De toute sa courte existence, il n'avait jamais connu que malheur et catastrophes, violence et haine. Ce changement soudain le désorientait. Il était passé sur les terres Blessed depuis quelque heure seulement, au milieu de la nuit. Il avait erré depuis, jusqu'à trouver cette forêt.
Les arbres étaient étranges, gris-bleus, crochus, tordus, contrefaits... c'était le seul endroit que Ed' ai vu pour l'instant qui lui rappelait Rotten. Peut être était-ce pour ça qu'il était resté dans cette forêt ? Elle le rassurait. Le soleil fini par se lever, doucement, se faisant attendre. Un soleil rayonnant, bien plus chaleureux que sur l'Ile. Edmund sauta par dessus un petit ruisseau. Il trottinait depuis le début de la nuit, mais n'était quasiment pas fatigué. L'entrainement de la Mai... de Winka avait porté quelques fruits. Il suivi un chemin à peine tracé par quelques bêtes qui avaient du passer par là, et arriva dans une clairière. Il regarda l'endroit un moment, et sursauta en voyant une louve, un peu plus agée qu'elle peut être, s'affairer un peu plus loin. Elle lui tournait le dos.
Ce qu'Edmund remarqua tout de suite, ce fut sa voix fluette, mélodieuse, qui fredonnait d'un air guilleret. C'était un beau son, et le jeune loup souhaita qu'elle ne s'arrête jamais de chanter. Il fit un pas en avant. Une branche craqua. La louve se redressa d'un seul coup, arrêta ce qu'elle faisait, et se retourna. Elle regarda dans la direction du loupiot, qui se tapit dans les fourrés. Elle recula. Il se recroquevilla d'avantage. L'avait il effrayée ?
Il ne sortit pas de son buisson, se contentant de braquer ses yeux verts, qui luisaient faiblement, sur elle.
Fascination.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Archives ~ Jeu 03 Mar 2011, 17:02 | |
| Jee aperçut un éclair gris.
Puis, plus rien. Elle avança le cou, puis, perplexe, avança carrément d’un pas. Une branche –qu’elle avait oublié de sortir-, avait été craquée. L’inconnu l’épiait peut-être depuis longtemps. Peut-être l’avait-il entendu chanter, peut-être l’avait-il vu en train de nettoyer son petit coin secret. Elle fronça les sourcils. Quel qu’il soit, il n’avait pas tenté de l’attaquer alors qu’elle avait le dos tourné. Son regard fut attiré par une tâche grise et orange, au travers d’un des buissons. Jee prit son courage à deux mains, du moins, à deux pattes, et alla vers ce fameux buisson. Elle jeta un coup d’œil orangé dessous. Un loup, probablement plus jeune qu’elle, se trouvait là. La louve grise se glissa sous la plante, et s’assit à distance respectable du jeune loup. Que faisait-il là ? Jee pourrait aisément se retourner la question à elle-même, mais c’était différent. Il fallait tout de même chercher, pour se perdre au fin fond de cette forêt, et trouver sa clairière ! Elle tapota le sol de ses pattes avant, quelque peu gênée. Comme de coutume, une boule se formait dans sa gorge, et il lui était impossible de s’exprimer convenablement. Jee déglutit, et porta son attention sur le loup. Il était plutôt beau. Plus jeune qu’elle puisqu’il ne possédait pas encore de Glowstick, d’un gris clair très semblable au sien, au pelage strié de gris foncé, de vert et d’orange. Ses yeux verts paraissaient presque fluorescents. Mais ce qui intrigua le plus la jeune louve aux yeux orange, c’était son couvre-chef. Il était rare de voir un loup chapeauté, et même si cela lui allait bien, Jee ne put s’empêcher de sourire. Ce n’était pas par moquerie. Juste parce que … parce que c’était joli. Ca donnait un genre … Bon. Ce n’était pas qu’elle s’embêtait, mais le silence commençait à lui peser un peu. Elle ouvrit la bouche, déglutit, et bégaya, timide & gênée.
« Bon … Bonjour ! »
… Je ne réussis pas à en dire plus. Je fermais la bouche, et baissais les yeux, regardant fixement mes pattes. Le soleil continuait sa course dans le ciel, et le temps était de plus en plus clair. La journée promettait d’être belle. J’enroulais ma queue autour de mes pattes, prenant garde à ne pas abîmer le tube contenant le liquide rose et brillant. Lorsque je posais mon regard dessus, je ressentis à nouveau la douce morsure de la flamme qui se consumait en moi. Je savais bien qu’en vérité, elle ne me quittait jamais, mais parfois, je ne la sentais que très peu. Et parfois, comme présentement, elle me dévorait, et je ressentais une sensation plaisante de puissance et d’invincibilité. Je secouais la tête, et, pour me faire un temps soit peu polie, regardait le jeune loup gris. Je me posais les mêmes questions en boucle, questions qui ne dépassaient jamais le stade de simples pensées. Peut-être parlerait-il de lui-même. Qui était-il ? Pourquoi était-il là ? Je fermais un instant les yeux, et quand je les rouvris, je fus momentanément éblouie par le soleil. Je clignais des yeux et retrouvais une vision correcte ...
J’émis un soupir … |
| | | Jo » Gluant
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| Sujet: Re: Archives ~ Jeu 03 Mar 2011, 19:36 | |
| En la voyant qui s'avançait vers lui, sur le point de percer à jour sa cachette, Edmund avait gémi. Un son à peine audible. Il avait presque voulu faire demi-tour, s'enfuir en courant... Il n'en eut pas le temps. L'inconnue l'avait vu. Il ne bougea pas d'un pouce. C'était inutile, désormais. Mais il restait pétrifié. Par le regard de la louve. Il n'en avait jamais vu de comme ça. Il n'avait connu que des regards verts. Regard vert de Winka. De Lawrence. De Shiloh. De Miloi. De Scorpius. D'Aurore.
Regarde orange, doré même, de cette inconnue. Regard d'une telle intensité qu'il le clouait sur place, comme d'autres clouent des papillons sur des murs... Une flamme semblait danser dans ses yeux là. Flamme de volonté, de joie... La louve sembla se rendre compte qu'il avait vu qu'elle le regardait, et détourna imperceptiblement le regard. Edmund se retint de soupirer. Dommage.
Sa voix lui fit oublier ses yeux. Elle était un peu différente de lorsqu'elle chantait, mais on retrouvait ces petites intonations fluettes. Une voix de lutin... Elle avait bégayé, mais Edmund n'y fit pas attention. Bonjour. La seule personne qu'Edmund connaisse qui lui ai dit ce mot, c'était Shiloh, ça sœur. Il avait saisi le concept de ce mot, mais ne voyait pas très bien où se situait son intérêt, et ignorait totalement qu'en principe, il fallait le répéter. La politesse n'était pas légion sur Rotten Island.
Le loupiot resta silencieux. Il avait presque un an, et avait à peu près autant parlé dans sa vie que certains prononcent de mots en une seule journée. Ses parents ne connaissaient même pas le son de sa voix, tellement il était rare de l'entendre. Et ce n'était pas le genre de choses auxquelles ils faisaient attention.
Elle ferma les yeux. Edmund, déçu, baissa les siens. Elle poussa un soupir.
Grâce.
Il faillit lui faire un sourire, puis se ravisa. Shiloh aimait les sourires. Mais qu'en était-il des coutumes ici ? Il n'en savait rien.
Edmund resta prostré sous son buisson.
Attendant qu'elle poursuive. Méfiant, aussi.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Archives ~ Ven 04 Mar 2011, 17:36 | |
| Bon.
La louve grise se retint d’émettre un énième bâillement. Le silence commençait à la fatiguer légèrement. Soit, il ne voulait pas parler, mais elle non plus ne voulait pas. Du moins, ne pouvait pas. Du moins, les deux. Bref. Jee rouvrit les yeux. Elle était mal à l’aise, et se sentait comme épiée. Le regard fluorescent du loup croisait parfois son regard orangé, dans lequel dansait la petite flamme, similaire en miniature à celle qui dévorait son corps avec une douceur incomparable. Elle tâtonnait le sol de ses pattes, et releva la tête, plissant les yeux. La clairière était quasiment nettoyée, à l’exception de quelques branches et feuilles encore sur l’herbe à la belle couleur émeraude. Et puis, elle n’avait pas encore rangé l’intérieur du tronc. Il devait y avoir pas mal d’eau, dedans. Jee soupira. Ce n’était pas demain la veille qu’elle pourrait y faire une sieste tranquille. Mais l’heure n’était pas aux rêveries diverses. Elle devait essayer d’extirper au moins un « Bonjour » ou bien un « Je m’appelle … » de son inconnu. Mais pour cela, il allait falloir qu’elle parle, encore. Elle remua les oreilles, agacée. Ce n’était pas elle qui espionnait & se cachait, et, au final, qui ne disait pas même un mot ! Jee posa son regard dans celui du loup, en se demandant se qu’elle allait bien pouvoir faire ou dire. Elle soupira. Elle ne savait même pas. Les charmes de la conversation lui étaient totalement inconnus, et elle se rendit compte avec surprise qu’elle allait devoir improviser. Improviser. Super, génial, vraiment ! Jee regarda le loup, et se dit qu’après tout, étant l’ainée, il était normal qu’elle commence à parler, qu’elle aborde tel ou tel sujet de conversation. Elle se plaça de manière à être pratiquement en face de lui –ce qui était difficile, au vu du manque d’espace-, et lui dit, d’une voix qui se voulait moins tremblotante qu’à l’ordinaire, et avec un léger sourire aux lèvres.
« … Je m’appelle Jee. Et, et toi ? … Comment, t’appelles-tu ? »
… Je me demandais alors si je n’aurais pas du le vouvoyer. Même s’il était plus jeune que moi, je savais que parfois, les convenances allaient de ce sens. Oh, et puis, après tout, tant pis ! Nous n’étions pas des diplomates ou des vieux amis, ni même assez vieux pour utiliser ce genre de frasque. Je le regardais toujours. Il avait une sorte de foulard blanc accroché autour du cou, et de nombreux accessoires aux pattes. Moi, en comparaison, je n’avais pas grand-chose. J’enroulais encore une fois ma queue autour de mes pattes. Mon Glowstick brillait avec force, à tel point qu’il cachait presque le gris de ma queue sous le rose luminescent. Un petit coup de vent secoua le buisson, mais nous étions à l’abri de la plupart des intempéries. Je ne savais pas quoi faire, encore une fois. Alors je ne fis rien, et attendis. Attendis qu’il me réponde, peut-être. Ca changera. Je regardais par terre, vraiment gênée par cette intrusion. J’étais surtout honteuse qu’il m’ait vu chanter ! Que pensait-il de moi, à présent ? Et de cette clairière ? Il était rare de voir un loup faire des travaux. Je tressaillis, et ne put arrêter ses rires moqueurs qui fusaient dans ma tête. Je me faisais sûrement des films. Mais ça n’y changeait rien. Au moins, la flamme me réconfortait un peu …
Elle qui ne me quittait jamais … |
| | | Jo » Gluant
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| Sujet: Re: Archives ~ Sam 05 Mar 2011, 13:22 | |
| Elle bailla, dévoilant toute une rangée de petites quenottes régulières et blanches. L'ennuyait-il ? Probable, il n'avait toujours pas décroché un mot et pour l'instant elle devait, pour ainsi dire, faire la conversation toute seule. Edmund ne voyait pas vraiment ce que cela lui apportait de parler, comme ça. Surtout qu'elle semblait se forcer. Ces Blessed étaient décidément bien étranges... Ou alors c'était lui, l'étrange ? Étrange étranger.
Elle prit son courage à deux pattes et se lança, prononçant une phrase encore plus longue, faisant tinter sa jolie voix comme des clochettes. Edmund décida qu'il aimait bien cette voix.
« Je m'appelle Jee... »
Joli nom. Mais pourquoi diable lui disait-elle son nom ? Peut être était-ce l'usage sur le continent... devait il en faire de même ? Oui ? Non ? Il attendit sagement la suite. Il n'avait toujours pas bougé d'un iota, aussi immobile qu'une statue de cire. Il était cire et elle était une flamme... Tant qu'elle ne s'approchait pas trop de lui et ne le faisait pas fondre, pourquoi pas.
Jee.
« Et... et toi ? Comment t'appelles tu ? »
Devait-il lui dire ? Que ferait-elle d'une telle information ? Ca n'était pas que sa mère lui ai dit de ne pas adresser la parole aux inconnus, non, ça, elle s'en foutait éperdument mais... Il restait sur ses gardes. A la limite de la paranoïa.
Un ange passa.
Le silence qui flottait déjà entre les deux gamins sembla s'éppaissir, comme un brume légère. Du brouillard. Une vraie purée de pois.
Les minutes s'égrenèrent. Une à une, plus lentes que jamais. Le sablier du temps semblait avoir un problème, celui ci s'écoulait bien plus lentement... Et puis finalement, Edmund se décida. Elle lui avait donné son nom, il devait bien lui rendre la pareille, surtout si elle le lui demandait. Elle n'avait pas l'air comme la Maitresse. Ou Miloî.
« ... Edmund. »
Et il se tut. Continua de la fixer. Si un regard pouvait brûler, c'était bien celui là. Il continuerait de la fixer tant qu'il ne saurait pas quoi penser d'elle, tant qu'il n'aurait pas percé son âme à jour... Pour l'instant la méfiance et la peur de l'inconnu(e) le disputaient toujours à l'empathie de cette Jee.
Jee.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Archives ~ Sam 05 Mar 2011, 14:34 | |
| Jee scruta les alentours.
Il n’y avait pas grand grand-chose d’autre à faire, et puis, sa méfiance habituelle lui faisait toujours état d’un danger potentiel. Mais il n’y avait qu’eux, au fin fond de cette forêt dense et plutôt étrange. Des arbres tordus aux feuilles parfois plus larges que les deux loups peuplaient ce coin du territoire. Rien que la clairière était étrange. L’herbe était couleur d’émeraude, plus foncée que l’herbe, disons, normale. L’arbre qui lui servait parfois de lit était noueux, et avait une jolie couleur ébène. Ses feuilles étaient vertes comme l’herbe, et tigrées de blanc –ce qui était plutôt étrange, compte tenu que l’on était encore qu’au tout début tout début du printemps-. Les buissons, pour l’instant dégarnis de leur verdure, auraient sans doute une couleur peu adaptée aux normes. Enfin, norme étaient un mot qui n’allait pas avec la nature. Elle se créait ses propres normes, c’était bien connu. Jee regarda le soleil. Il éclaircissait bien, mais ne réchauffait pas beaucoup. Elle soupira. Que de constatations futiles. Le loup gris ne lui répondait pas. Les secondes s’écoulèrent. Puis avec elles les minutes. C’était long. Et Jee ne disait rien. Quel malotru ! Ne savait-il pas que répondre à une question, ça se faisait ? Mais la louve grise se rendit compte que son courroux ne menait nulle part. Peut-être était-il sourd, ou muet ? Voir les deux, en général, ça allait de pair. Elle hérissa l’échine. Auquel cas, elle comme lui perdaient leur temps. Tous deux attendaient, plantés là comme des idiots, et il ne se passait rien. Jee aurait préféré s’enfermer dans sa solitude, et ne voir personne. A l’heure qu’il était, elle aurait sûrement terminé les travaux, et elle se serait octroyé une sieste au soleil. Puis, elle se serait baladée ça & là. Et pour finir, le soir venu, Jee serait revenue ici même pour s’endormir. Et voilà, une journée planifiée pour rien. Mais tant pis. Au moins, elle aura progressé –de peu, mais tout de même-, dans sa quête du changement. Son objectif étant d’être moins timide. Pas gagné. Ah. Tiens. Une voix lui parvint. Une voix masculine, enfin, plus que la sienne. Elle tourna la tête vers ledit Edmund. Elle lui sourit. Mais il avait déjà finit. Il avait à peine dit son nom. Jee déglutit.
« … Joli n, nom ! »
… Oui, bon, pour une phrase aussi courte, j’aurais pu faire l’effort de ne pas bégayer. Mais c’était plus fort que moi. Edmund. Sympa, comme nom. Je souris, et je sentais la flamme qui dansait en moi. Il n’avait pas bougé d’un poil, figé, comme une statue de pierre, indestructible face au temps. Il devait me prendre pour une dingue, à bouger en tout sens, à parler dans le vide, à ne pas réussir à aligner deux mots. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Et pourtant, j’essayais de changer. A croire qu’essayer ne suffisait pas. Evidemment, je le savais. Je conversais parfois seule, et j’y arrivais bien. Mais je stressais dès qu’un loup entrait dans mon champ de vision. Au moins, avec Edmund, j’avais l’impression que je pouvais dire tout et n’importe quoi qu’il s’en ficherait totalement. Si au moins il pouvait me servir l’ébauche d’un sourire … Je soupirais, et tâchais de lui offrir mon plus beau sourire. Quand bien même ça ne servirait à rien … Tant pis.
J’aurais le mérite d’avoir essayé … |
| | | Jo » Gluant
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| Sujet: Re: Archives ~ Lun 07 Mar 2011, 14:17 | |
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Elle s’agitait, se trémoussait, extrêmement mal à l’aise dans cette atmosphère si tendue. Elle n’avait pas grandi dans le même environnement que lui, c’était certain. Pour Edmund, le silence était un ami, un allié, plus que ça même, un confident. Il se réfugiait dans ses bras intangibles plus souvent qu’à son tour, préférant choisir cette solution de facilité qu’était le silence plutôt que de faire une phrase qui, de toute façon, n’apporterait strictement rien d’intéressant à la situation. C’était le point de vue d’Edmund. Détaché du monde, totalement, comme un glaçon tombé du haut d’un iceberg, et qui dérive sur un océan glacé, immense, interminable. Le glaçon avait beau être dans son monde, il ne serait jamais aussi sage, ni aussi détaché que l’Océan.
Le silence était sa maison. Mais en quittant Rotten, il avait quitté sa toute première maison, pour s’en choisir une nouvelle… Il devait quitter le silence, se détacher de lui, s’échapper de ses tentacules malsains qui s’agrippaient à lui avec plus de force qu’il n’aurait pu l’imaginer. Changer ses habitudes était difficile. Surtout quand elles étaient mauvaises.
Elle aimait son nom. Edmund faillit hausser les épaules. Peu lui importait, de toute façon, qu’elle l’aime ou pas, c’était son nom, il n’allait pas s’en inventer un nouveau, même s’il l’avait horripilée. Mais c’était la première fois que quelqu’un, Shiloh exceptée lui faisait un compliment. Cela alla droit au cœur d’Edmund, comme une flèche merveilleusement bien ajustée.
Le petit loup se redressa, passant de la position couchée, prostrée, à celle, plus digne, d’assise. Il était presque aussi grand qu’elle, et bien plus musclé. La faute à Winka. Il ne se rendait compte que maintenant que cette louve qu’il avait en face de lui n’avait surement jamais couru pendant des heures sous les grêlons, ne s’était probablement jamais battue avec qui que ce soit, n’avait pas failli se faire arracher une patte… Il était plus jeune qu’elle, mais il avait bien plus vécu. Etrange paradoxe. Les yeux parlaient beaucoup, décidemment. La flamme qui flottait dans les yeux ambrés de Jee témoignait de toute la force qui était en elle. La souffrance dans les yeux luminescents d’Edmund parlait pour lui, délivrait son passé difficile. Et il n’était pas le plus traumatisé des jeunes Rotten. Mais ça, il ne le savait pas. Le jeunot avait l’impression de porter tout le malheur du monde sur ses épaules.
Ah, oui. Il voulait parler.
« Merci. »
Il avait encore l’impression que ça ne l’avancerait pas à grand-chose… il décida de l’aider. Ou non, finalement. Elle lui avait fait un grand sourire qui lui rappelait Shiloh, faisant légèrement fondre la couche de glace méfiante à son égard. Donc on pouvait sourire, sur Blessed. Il lui fit un timide sourire. Bien loin du panache de ceux qu’il servait à sa petite sœur, pour qui un sourire était le plus beau des cadeaux. Avec un rat à disséquer en prime, et elle nageait dans un bonheur liquide à l’arrière gout de chamallow à la fraise.
« Tu chantes bien. »
Ses yeux étaient toujours plantés dans ceux de Jee. Sans se douter que rien que cela contribuait à la mettre mal à l’aise. Il avait toujours regardé les gens dans les yeux. Toujours.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Archives ~ Mer 09 Mar 2011, 14:20 | |
| Elle ne pipa mot.
Un ange passa. Plusieurs, même. Edmund ne disait rien, et elle non plus. L’ambiance était quelque peu … tendue. Pas comme avant un combat –même si Jee n’avait jamais participé à un combat, elle s’en peignait une image qui n’avait rien de reluisant-, pas comme avant un aveu, pas comme … pas comme si un orage allait éclater au dessus de leurs têtes. Tout allait bien, mais la louve grise se sentait gênée, et quelque part, responsable de ce grand blanc, qui s’initiait entre eux entre chaque phrase. Alors qu’elle était aussi fautive que son compagnon d’un jour. Couché, il semblait en pleine réflexion. Jee n’osait troubler ce silence parfait. Elle se demandait ce qu’elle pouvait bien faire pour le dérider, le faire participer, disons, plus activement à la conversation. Ou, du moins, se rendre plus intéressante, moins timide. Elle se racla la gorge, mais se rendit compte qu’elle n’avait rien à dire. Alors qu’elle se torturait l’esprit pour trouver quelque chose de plus ou moins intelligent à dire de sa jolie voix, légèrement aigue et enfantine, Edmund se leva, passant de la position couchée, à celle assise. C’était plus confortable, après tout. Jee remarqua que, malgré son jeune âge, il était plus grand, et plus fort qu’elle. Remarquez, Jee était du genre frêle, mince, avec une carrure presque féline. Elle se demandait comment on pouvait être aussi musclé en étant si jeune. Enfin, tous deux d’avaient sûrement que quelques mois d’écarts, mais il semblait avoir subit un entraînement digne de l’armée. Il la remercia. Il semblait à peine croire à ce qu’il disait. Jee hocha la tête avec un petit sourire. Traduction de « Mais de rien », non parlée. Elle sentait qu’une autre parole allait sortir de la bouche de son visiteur. Et en effet. Il lui fit un sourire timide, ce qui accentua celui de la jeune louve. Puis, il la complimenta. Jee ouvrit de grands yeux orangés, dans lesquels dansaient toujours la petite flamme, pas le moins du monde dérangée par la louve qu’elle habitait. Elle ne savait pas quoi dire. Une autre pimbêche aurait enchainé sur « Je te fais une démo’ ? ». Mais pas elle. Trop réservée, trop modeste. Elle hocha encore une fois la tête, en tâcha de sourire. Il avait ses yeux verts plantés dans les siens. Elle essayait de soutenir se regard étrange, et en même temps, curieusement attractif. Ca ne lui était jamais arrivé. En même temps, Jee rencontrait rarement ses pairs. Elle déglutit. Répondre, oui, répondre. Mais répondre quoi ? Merci, pour tomber dans la redondance ? Oh, et puis, elle n’allait pas lui répondre par autre chose, complètement à côté de la plaque de la conversation. Peut-être enchainerait-il, ou pas. Ce qui était sur, c’était que si elle se taisait, il ne pourrait pas rebondir sur un autre sujet ou continuer celui en cour. Bon. Elle aurait bien voulu être naturellement à l’aise avec les autres. Mais si elle voulait changer, elle devrait apprendre par elle-même …
« … Merci. »
Sans bégaiement, s’il vous plait ! … |
| | | Jo » Gluant
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| Sujet: Re: Archives ~ Ven 18 Mar 2011, 19:27 | |
| La conversation était en train de prendre un rythme de croisière stable... horriblement lent. N'importe qui aurait eu trois fois le temps de s'endormir. Pas lui. De toute façon, il n'aimait pas dormir quand on le regardait, surtout si celui/celle qui l'observait était autre que sa petite soeur. Elle était la seule à avoir jamais dormi flanc contre flanc avec lui, alors qu'il gardait scrupuleusement une froide distance, aussi infranchissable que le plus profond des fossés, avec le reste de sa famille - et du monde en général.
Elle le remercia. Edmund ne savait que dire, ni que faire. Maintenant qu'il avait parlé, il avait l'impression désagréable d'avoir fait une erreur, le pressentiment qu'il aurait mieux fait de se taire, ou même de tourner les talons et de se jeter tout droit dans le portail rotten... ou dans l'océan, l'un et l'autre étaient, de toute façon, la même promesse de mort. L'océan serait moins douloureux. Le jeune loup se reprit. S'il avait envie de se jeter dans l'océan à chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un et ne savait pas quoi dire, il n'irait pas bien loin dans ce nouveau monde qui s'ouvrait sous ses pattes. Il fallait avancer.
Il n'y avait rien de plus à dire. Je n'avais pas envie de parler pour rien dire, et elle non plus, j'en étais sur, même si elle brûlait de faire avancer la conversation. Elle espérait que je le ferais moi même... mais que dire ? que faire ? Lui proposer de jouer avec un rat, comme le faisait Shiloh ? Je doutais que les Blessed s'amusent à clouer des tripes sanguinolentes de rat sur l'écorce bleutée des arbres. Moi même, cela m'avais toujours répugné, cette habitude qu'avait Shiloh de faire du mal - physiquement - à tout ce qu'elle croisait ou qui tombait maladroitement sous sa petite patte. Au début, je savais qu'elle faisait ça pour le Maitre et la Maitresse... et puis c'était devenu une vilaine manie. La souffrance d'autrui était devenu le plus délicieux des nectars. Mais ça n'en était pas un... personne de normal ne prenait de plaisir à voir quelqu'un d'autre se tortiller de douleur sur le sol.
Je m'égarais. Je détachais enfin mon regarde de la flamme orangée de ceux de Jee.
« Au revoir. »
Inutile de rester ici, la situation n'avancerais pas. Le loup se retourna, fit quelques pas, hésita, lança un dernier regard à Jee et disparut dans la forêt tordue.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Archives ~ Dim 20 Mar 2011, 12:58 | |
| Jee ne sentait plus la gêne.
Comme si elle s’était habituée à se silence. A sa présence. C’était comme cela. Comme si la solitude avec laquelle elle s’entourait, comme une couverture de survie, se partageait d’elle-même avec Edmund. Un océan silencieux, avec seulement le bruit du vent dans les arbres, les oiseaux qui chantonnent gaiement, insouciants et volatiles. La louve grise se sentait observée, mais elle ne bougeait pas. De temps à autre, elle lançait son regard orangé vers son compagnon d’un jour. Et c’était tout. Aussi innocent que cela puisse paraître. Jee plissait les yeux. Voilà bien un inconvénient à se trouver plein Est. Le soleil en pleine face, ce n’était pas des plus agréables. Elle se demandait pourquoi Edmund affichait se regard si grave. Pourquoi ses muscles étaient si saillants à son âge, pourquoi il ne parlait pas. Bon, d’accord, elle non plus n’était pas une pipelette, et elle n’avait que rarement un sourire sur les lèvres, mais tout de même. Qu’avait-il vécu ? Qu’avait-il vu, dans sa courte vie ? Et elle ? Jee avait peu vécu. Il ne s’était passé que peu de choses dans sa petite vie de jeune louve. Des épreuves qui l’avaient marquée. Mais qui n’était sûrement rien comparé à ce qu’avait du voir Edmund. Ca se voyait, dans ses yeux. Il avait quelque chose de triste, mais pas nostalgique non, du regret, de la peine. Jee ne savait pas vraiment. Jee ne savait plus. De mauvais souvenirs remontaient à la surface. Elle ferma les yeux, essaya de les chasser de ses pensées. Mais rien n’y faisait. Ils resteraient gravés en elle. Rien à faire. Comme marqués au fer rouge, le moindre détail de sa vie serait emprisonné en elle. Dans la flamme. Se consumant sans jamais disparaître totalement. Remontant en cendre, ressuscitant. Tel un phénix. Tel Jee …
… Ma famille était partie. Toute. Mes demi-sœurs, ma belle-mère … tous ces loups qui me tenaient tellement à cœur. Ma mère aussi, était partie. Je la croisais, parfois, nous papotions un peu. Mais même si je la tenais toujours en haute estime, ce ne serait jamais plus pareil. J’ouvris les yeux. Tout avait changé, et moi avec. Je n’avais certes jamais été extravertie, ni ouverte, ni rien de ce genre. Mais je m’étais fermée, encore plus, me murant dans ma solitude. Et, sans le savoir, Edmund m’aidait. J’avais réussi, pour la première fois, à ouvrir un petit dialogue, aussi court soit-il. Edmund se leva. Il ne me regardait plus. Il s’en allait. Il me dit au revoir, et partit. Je le vis hésiter. Mais il s’en alla, engloutit par la forêt. J’aurais tant voulu le suivre. Mais je n’en fis rien. Je restais là, dans mon buisson. Je ne disais rien. Je ne faisais rien. Je me levais au bout d’une dizaine de minutes, regardait derrière moi, et partis à mon tour. J’allais retrouver ma mère.
Je m'en allais la revoir … |
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