La Beauté des Choses | Amestrys

Pour certain, le but ultime de la vie était futile voire complètement inutile tant le réaliser se révélait être simple. Chercher un trésor pour certain, pour d’autre, trouver l’amour ou pire trouver un caillou un minimum brillant. De drôles d’énergumènes se lançait donc dans une vie faite d’aventure. Amestrys les enviait presque de savoir quoi faire pour la dizaine d’année qu’il pouvait passer à courir après des chimères. Elle qui ne savait que faire de ses capacités, de ces nombreuses connaissance même les plus futiles. Mais, aussi bizarre que cela puisse paraître, la jeune louve gardait l’espoir. Bien que paradoxalement trouver quelqu’un qui croit en elle ne faisait pas partie de ces fameux buts précis mentionnés plus tôt.

Ses pérégrinations ne faisaient que continuer, sans cesse. Son père avait-il vécu ça ? Dans ces longs mois de solitude affirmés ? Cela faisait plusieurs heures, déjà, que la louve ressassait ses tristes pensées sans prêter attention au monde tout autour. Les images défilait comme un vieux fond vert de cinéma autour d’une voiture, ce n’était rien de plus que la vie. Des montées, des descentes, des chemins jalonnés de pierres, oui tout ne faisait que renvoyer à la naissance. Comment une mère aimait ses enfants, leur offrait tout le bonheur possible ? La sienne était elle dépourvue de ces choses essentielles ? Et elle alors ?

Le soleil finissait par se coucher, le calme ambiant éclatait presque un peu plus les idées. Les tirants vers les plus sombres endroits. Le vent se retirait et la brume entourait le corps décharné pour le masquer. Celui qui ne prêtait pas attention pouvait prendre ce corps pour celui d’un zombie. Grand bien leur fasse se dit elle, oui, qu’ils pensent cela tous les grands pontes, au moins ils lui ficheront une paix des plus royal. Ironie du sort, la seule personne en vue se trouvait être un louveteau. Pas bien grand certes mais sa fourrure rougeoyante faisait écho avec le ciel. Là où les nuages lançaient des éclats lumineux surréalistes, dans les vastes hauteurs. Trys fixa un peu hébétée le spectacle surnaturel, oubliant jusqu’au fait qu’elle n’était plus seul à cet instant. Ses longues quilles maigrichonnes continuaient d’avancer pour percuter doucement le dos de la boule de poil. Interloquée par ses propres gestes, elle plongea son regard verdoyant sur le jeune animal puis s’excusa :

« Désolé, j’étais perdue dans mes pensée. »

Sa voix neutre perçait l’ambiance irréelle qui les enveloppait. Tout ceci restant le plus impassible possible comme à son habitude. Mais ce jeune était seul, loin des meutes et pourtant il suintait les fragrances d’un groupe. Et même celles d’une famille alors pourquoi se trouvait-il ici ? Amestrys tentait de trouver une présence autre que la sienne mais visiblement non, un fugueur peut être ?

« Dis moi petit, tu ne devrais pas te trouver tout seul par ici, où est ta famille ? »

Un prédateur pouvait bien lui tomber sur le poil et la grande demoiselle ne se voyait pas défendre un être sans défense pour le plaisir.

Un fugueur ? Non, il était juste un peu bête, rien de bien méchant. Ames’ le regarda, tête à l’envers, souffrant à la place du jeune loupiot inconscient. Par un certain côté il lui rappelait Xercès, cette fraîcheur, cette candeur d’âme. La grande perche le laissa aller à gauche et à droite en même temps, sans vouloir démêler le nœud qui se nouait dans ses pensées. Il avait une mère, il semblait l’aimer. La jeune solitaire se remémora sa propre génitrice avec un goût amer. Jamais elle n’avait été comme ce petit, à tenter de lui faire plaisir. De toute manière, elle ne le méritait sûrement pas. Elle marmonna comme si elle se trouvait seule :

« Elle a de la chance de t’avoir jeune loup… »

Son regard retourna se perdre dans le décor. Contrairement au louveteau rougeoyant, la femelle ne chercha pas à continuer de parler. Happée par ses propres tourments, elle ne réagit qu’au mot ours. Bien sûr, elle savait ce que c’était, elle n’était pas stupide, cependant, l’aspect théorique était bien la seule chose qu’elle savait des ursidés. D’instinct, Trys bondit sur ses quatre membres, dans une urgence à peine dissimulée. Son museau sondait l’air environnant, ses yeux écarquillés zonaient l’endroit, cherchant toutes traces ou silhouettes suspectes. La louve finit par expirer bruyamment puis d’une voix ferme, réprimanda le jeune inconnu :

« Me fais pas des frayeurs pareils gamin, on serait dans de beaux draps si un ours nous tombait sur le poil. »

Reprenant doucement ses esprits, Amestrys se calma pour continuer :

« Je n’en ai jamais vu, à part dans les livres… Et peut être un … non laisse tomber c’est pas intéressant. »

La demoiselle se mordit les babines discrètement en repensant à son père. Il avait une carrure imposante mais pas de quoi faire face à ces monstres musclés et sauvages. Elle s’ébroua un bon coup avant de reporter son attention sur son jeune ami. Son expression se détendit un peu plus et elle enchaina :

« On ferait mieux de partir de là avant de se faire surprendre par je ne sais quelle monstruosité. Les trésors de ta maman attendront que tu grandisses un peu je pense. »