Laisse-moi t'offrir un chrysanthème

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MessageSujet: Laisse-moi t'offrir un chrysanthème   Laisse-moi t'offrir un chrysanthème EmptyMar 10 Jan 2017, 00:00




LAISSE-MOI T'OFFRIR UN CHRYSANTHÈME

- Mort de Ieno et de Twitchell -
17.01.2016 - 10.01.2017
18.01.2016 - 10.01.2017

Laisse-moi t'offrir un chrysanthème 1484085127-collabtwino

Par amour en épitaphe.




[ Crédits des paroles de chanson : réadaptation libre de Jane&John, écrit par Siméo. ]


Dernière édition par Caïn le Mar 10 Jan 2017, 22:58, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Laisse-moi t'offrir un chrysanthème   Laisse-moi t'offrir un chrysanthème EmptyMar 10 Jan 2017, 00:00


    Qui pourra dire un jour
    Si c'était une chance
    Pour Twitchell et Ieno
    De se croiser en chemin


    Sa simple présence ici avait déjà été une erreur.
    Twitchell n’avait jamais vraiment été fait pour le combat. A vrai dire, c’était là la première fois de sa vie qu’il se battait vraiment, la première fois aussi qu’il était véritablement en danger. Dès lors que ses pattes s’étaient faite touchées par cette sève corrosive, et ses flancs lacérés par ses lianes, il s’était senti condamné. Ce mal sous sa peau se propager, partir de ses blessures pour teinter sa chaire et sa peau de cette couleur violacée, ce pourpre si inquiétant, qui ne disait rien de bon. Il n’était pas savant, ne possédait pas une intelligence exemplaire. Alors ne pouvait-il que s’alarmer, face à cette infection qu’il ne définissait pas, qu’il ne pouvait savoir identifier.
    Ce mal si inquiétant à ses yeux, à s’étendre comme l’aurait fait la peste, ou il ne savait trop quelle autre maladie. Du poison, de la corrosion, de la pourrissure. C’est ce qui lui venait à l’esprit, n’ayant jamais eu des connaissances médicinales pour lui donner une quelconque raison de croire à une potentielle rémission. Alors Twitchell était incapable de définir ce qui consumait son corps, cette chose qui lui donnait l’impression de brûler de l’intérieur. Et ses pattes, qu’il lui semblait ne plus sentir, tant la sève corrosive, mêlé au fait qu’il avait les pattes plongées dans la salive du monstre, avait pénétré ses chaires, détruis ses nerfs, détériorant ses os.
    Oh, oui.
    Le loup se pensait condamner. Il se voyait déjà mourir.
    C’est pourquoi il avait tout misé, dans cette dernière attaque.
    Twitchell était conscient de ce fait. Il l’acceptait.
    Un sacrifice, pour espérer que le bulbe serait détruit avant que des loups ne soient dévorés. Qu’Everbloom le mange lui.
    D’avance, il acceptait ce sort qu’était la mort.
    D’avance, il acceptait son sacrifice.

    Des questions, il aurait pu s’en poser pleins.
    Et s’il avait été libéré de prison, se serait-il déplacé jusqu’ici ?
    Et s’il avait eu pleine possession de son pouvoir, Colette aurait-elle pu lui porter secours ?
    Et s’il avait eu de meilleures connaissances en médecine, se serait-il à ce point cru condamné par ses blessures premières ?
    Et si…
    Toutes ses questions, oui, qui demeureraient à jamais sans réponse. Et ces gens, que plus jamais il ne reverrait, qu’il laisserait derrière, Everbloom en frontière entre eux et lui.
    Le cœur en quarantaine, lourd de tous ses amis à qui il ne pourrait jamais plus adresser un sourire, Twitchell disparut derrière cette barrière de crocs acérés. Et lui, le loup si généreux et désintéressé, avait aujourd’hui quelqu’un à envier.
    Le soleil qui, lui, aurait la chance de se coucher ce soir…

    Et bien sûr que l'histoire
    Comme souvent finit mal
    Amoureux fous jusqu'à la dernière balle…

    Et la lance de s’enfoncer dans la chaire d’Everbloom.
    Et la bête de crier sa douleur.
    Et Twitchell de fermer les yeux.


    Son sacrifice n’aurait été vain. C’est ce que se dit le loup beige, alors que ses crocs quittaient le manche de cette lance improvisée, alors que ses yeux clairs pouvaient constater cette plaie laissée dans le monstre, où s’écoulait sève et sang. Il avait réussi.
    Au dehors, il pouvait entendre le cri d’Everbloom. Il hurlait sa douleur, il hurlait sa souffrance.
    Et lui hurlerait bientôt la sienne.
    Durant un laps de temps, durant lequel il se trouvait être encore en vie, Twitchell vint à espérer sortir de cette gueule. Retrouver ses amis, retrouver son aimé. Il pourrait peut-être se remettre de ses blessures, finalement. Avec Ieno, il fonderait une famille. Ils auraient des enfants, ensemble.
    Twitchell se mit à rêver à un futur auquel jamais il n’accèderait.
    Twitchell se mit à croire, à espérer, alors qu’il s’était jusqu’à présent pensé condamner.
    C’est pourquoi il fit volte-face, laissant sa lance derrière lui. S’approcha des rangées de crocs, ses pattes douloureuses glissant sur le muscle humide de la plante. Il allait sortir. Il allait respirer l’air frais de l’extérieur.
    Mais entre les crocs, sa dernière vision.

    Il vit le ciel.
    Et surtout, il croisa le regard de Ieno.
    Ses yeux bicolores, à la pupille blanche, dans les siens si clairs. Les traits de Twitchell se détendirent, alors qu’il comprit son erreur. Un regard si doux, si tendre. Il trouva, malgré sa douleur, encore la force de lui sourire.
    Tout irait bien.
    Qu’il ne s’en fasse pas…

    Se furent là le dernier regard que s’échangèrent Twitchell et Ieno.

    Les crocs d’Everbloom se refermèrent sur lui.
    Et sa vie de basculer en même temps que ces lames s’enfonçaient dans sa chaire.
    Le mâle ferma les yeux, alors qu’il ne put retenir les lamentations de sa souffrance.
    Jamais Twitchell ne reverrait ses amis. Jamais il ne dirait encore une fois Je t’aime à Ieno. Jamais il ne connaitrait la joie de devenir père. Jamais il ne ressentirait le soleil de l’été venir réchauffer une nouvelle fois son dos. Jamais il ne connaitrait la joie d’une vie libre, sans l’étiquette de prisonnier.
    Ce fut une douleur fulgurante, qui irradia l’ensemble de son corps, alors que progressait en lui les crocs du monstre. Arrachant son pelage, fendant sa chaire, faisant couler son sang, un peu plus à chaque compulsion de l’abomination.
    Tout. Tout était douloureux. Son flanc se souleva et de sa gueule jaillit le sang. Ce sang rouge, qui colorait ses babines en une vive couleur.
    Il allait mourir.
    C’était même faux, finalement, de dire qu’il avait mal. Maintenant, il ne sentait plus rien. Rien que ce froid, qui s’infiltrait en lui comme une ombre. Et son regard qui se ternit, et sa gueule dont le sourire se déforma sous l’effet de la douleur.
    Il allait mourir.
    Dans une ultime secousse, les dents d’Everbloom transpercèrent le corps de Twitchell.

    Un voile terne couvrit définitivement ses yeux clairs.
    Jamais plus ni brillerait sa joie, jamais plus on y lirait l’amour, cette affection dont il débordait, ce regard pétillant qui redonnait goût à la vie. Entre ses crocs, plus de mots doux, gentils, rassurants, plus rien pour réconforter quiconque.

    Twitchell était mort.


    Un mauvais virage
    Et vient le grand silence
    A quoi ressemble
    Une vie réussie?



    Et puis, Twitchell ouvrit les yeux.
    Pas les yeux de cet enveloppe charnelle désunifiée sous les crocs du monstre végétal. Non. Celle de ce nouveau lui. Invisible aux yeux des vivants. Il redressa la tête, respira l’air pur et glacial à la façon de celui des montagnes. Leva la tête, pour observer ce ciel blanc, lumineux. Ce ciel qui l’appelait.
    Il devait monter.
    Il le savait, que l’accès à cet autre monde lui était ouvert. Qu’il n’aurait qu’à s’y diriger, à le vouloir pour s’y rendre et ne plus jamais poser patte ici, disparaitre de Punk Wolf et se faire oublier de tous au fur et à mesure que le temps effacerait les souvenirs, qu’il effacerait les vivants les uns après les autres.
    Ils finiraient tous par se retrouver là-haut, de toute façon, là était leur destinée, plus ou moins future.

    Il lui restait tout de même une chose à faire, avant de joindre cet autre monde. Une dernière chose, des dernières paroles à prononcer.
    Les yeux brillants, la gueule ouverte dans un sourire qui se serait voulu rassurant, tout en témoignant de cette immense tristesse qui le rongeait, son esprit traversa cette scène dont le temps lui semblait s’être arrêté. Everbloom était mort. Mort, en même temps que Ieno et lui. Douleur, que de voir ainsi mutilé le corps de son aimé. Immense tristesse, que de savoir qu’il l’était en partie par sa faute. Mais il fallait continuer de sourire, pourtant.
    Pour lui, pour eux.
    Sans se soucier de si la louve pourrait percevoir ses paroles, espérant que cette tangente barrière entre la vie et la mort qui partageait la louve eut raison de lui, Twitchell s’approcha de Maisie, glissa son museau à son oreille.

    « Salut, ma jolie Maisie. Je ne te dis pas à bientôt. Ton heure à toi n’est pas encore venue, tu sais, alors je te dirais juste au revoir. Mais je viendrais te chercher, lorsqu’il sera temps, pour t’accompagner. Je ne te laisserais pas seule, jamais. Ni dans ta mort, lorsqu’elle viendra. Ni dans ta vie. Car de là-haut, je veillerais sur toi, et sur Thyara, et sur tous les enfants et petits-enfants que tu pourrais bien avoir. Prend-soin de toi, oh, ma Maisie, et profite de la vie. Profites-en pour nous deux, je t'aime mon amie… »

    Et de se reculer, de la regarder si tristement. Maisie, son amie. Sa plus proche amie. Cette louve, qui était un jour venu aux portes de sa mine, plein de doute quant à une grossesse qu’elle découvrit devant lui, après lui avoir exposé ses problèmes. Elle lui avait présenté sa fille, une fois que celle-ci fut née. Elle finit par le nommer parrain de cette petite, au cas où il lui arriverait quelque chose.
    Finalement, c’était à lui, qu’il arrivait quelque chose…
    Le cœur lourd malgré son statut de fantôme, il fit un pas en arrière. Déplaça son regard sur une autre louve, ici présente. Une autre amie. Elle nous plus, il ne pouvait savoir si elle l’entendrait ou pas. Rien n’empêcha qu’il s’approchât, de cette louve soleil.

    « Salut à toi aussi, Manji. J’ai toujours rêvé de venir te retrouver sur la plage. Je me suis dit que c’était la première chose que j’aurais faite, à ma libération ! Mais je n’en aurais jamais l’occasion. Nous ne pourront plus repêcher ensemble… Tu me faisais penser au soleil et à la mer, on aurait pu écouter le bruit des vagues dans tes cheveux ondulés… »

    Cette après-midi, qu’ils avaient passé ensemble, il s’en souvenait encore aujourd’hui. Elle lui revenait en mémoire, alors qu’il s’éloignait de cette louve. Un regard vers le ciel.
    Il ferma les yeux, leva son museau.
    Laissa cette lumière blanche et immaculée l’englober, se saisir de lui, le faire disparaitre de ces terres.

    Lors de ce trajet, il regretta de n’avoir pu glisser ses lèvres fantomatiques aux oreilles bien réelles d’autres loups. Ces loups encore vivants, qu’il laissait derrière lui, qu’il ne reverrait plus jamais. Aussi se permit-il de penser à eux.

    Twitchell pensa à Xercès. Ce mâle d’abord solitaire puis devenu Brethen sous sa demande, qui lui avait appris tant bien que mal à chanter. Cette idée lui décrocha un petit sourire. Sa voix n’était pas digne de celle de ce loup, loin de là…
    Twitchell pensa à Shelby. Louve pétillante, à qui il associait une après-midi à cueillir des fleurs. Que la conception de bouquet lui rappelle sa personne, et qu’heureuse soit sa vie lorsqu’elle aurait trouvé solution à ses problèmes.
    Twitchell pensa à Roy. Il aurait aimé lui dire que désormais, il se porterait bien, qu’il n’aurait pas à s’en faire pour lui. Qu’à chaque fois qu’il poserait ses yeux sur la guirlande de fleurs séchées qu’il lui avait fabriqué, il ne lui vienne que de bonnes choses. Pas de regrets. Pas de dégout ou de haine. Simplement un profond optimiste, et du courage pour avancer dans ses épreuves.
    Twitchell pensa à Ben. Il espéra que ce jeune loup venu d’ailleurs trouverait son père en ces terres.
    Twitchell pensa à Thyara. Sa filleule. A défaut d’avoir eu des enfants, au moins aurait-il été l’espace d’un instant plus qu’un simple ami pour quelqu’un, dans un lien presque familial. De là-haut, il suivrait l’avenir de cette enfant prometteuse.
    Twitchell pensa à tous ces loups, qu’il avait croisé sur son chemin. A Tatsu, à Xenikay, à Skaër, à Eeno, à Paprika, à Aristote, à Vulkain, à tous ces loups qui s’étaient battus dans la mine, et tous ceux qui s’étaient aussi battus sur le champ de bataille. A tous, il leur souhaita une vie heureuse, et surtout longue. Que les évènements leurs soient favorables, que leur souffrance soit moindre, que leurs journées soit toujours belles.

    Twitchell pensa à Yurai. Sa déesse, celle qui lui avait concédé le glowstick violet, et pour qui il avait encore maintenant une foi absolue. Je veillerais sur toi, lui avait-elle dit à la fin de son épreuve. Peut-être était-ce elle, qui le guidait vers le Paradis.

    Ses dernières pensées allèrent pour son père.
    Ce père, fraichement retrouvé, et qui l’avait rejeté. Ce père, qui avait fini par revenir vers lui. Ce père, à qui il n’en voulait pas. Il le devançait de quelques jours, en ce paradis auxquels ils accéderaient tous. Avec sa mère, il préparerait son arrivée. Sa mère qu’il retrouverait enfin, oh, oui…
    C’est confiant qu’il accéda à l’autre monde.

    Au froid succéda alors la chaleur. Une douce chaleur, qui irradia tout son être. Debout dans cette vaste plaine, à l’étendue infinie et à l’herbe qui lui semblait être vivante, Twitchell était arrivé. Et s’il courait au bout, y verrait-il quelque chose d’autre ? Existait-il des montagnes, des forêts ? Voilà qu’elles se dessinaient dans le lointain, à leur simple évocation dans son esprit.
    Ce monde lui serait plus favorable, un monde où il ne souffrirait plus.
    Aux côtés de son aimé.
    Ieno.
    Cet aimé qu’il avait entrainé dans sa perte, qu’il avait condamné en même temps que lui. Cet aimé qu’il pouvait désormais sentir à ses côtés. En même temps, ils étaient arrivés ici. Twitchell hésita un instant. Le poids des remords, et de la culpabilité. Responsable de la mort du loup qu’il aimait.
    Les yeux brillants, il se tourna vers lui, vint enfouir son museau dans ses longs poils, ne pouvant supporter davantage ce qui venait de se produire.

    « Ieno, je…je suis désolé, oh, si désolé… C’était une erreur…une grosse erreur… Les mots sont si faibles pour dire à quel point je m’en veux, à quel point je ne pourrais jamais me rattraper, parce que…tout est fini. Je t’ai entrainé avec moi. Je t’ai tué, Ieno. »

    Et pour cette raison, il pourrait le haïr. De vengeance, il ne pourrait trouver, pour lui faire payer son erreur. Pour ça, il ne pourrait jamais se rattraper. Pour ça, il ne servait à rien de s’en vouloir. Leur sort à tous les deux étaient désormais fixés. Ils étaient morts.
    Mais surtout, ils étaient ensemble.
    Alors, Twitchell baissa la tête, attrapant entre ses crocs une fleur. Lorsqu’il se redressa, il s’avança vers son compagnon, les yeux mi-clos, tendant le cou avant de lui glisser quelques derniers mots.

    « Laisse-moi t’offrir un chrysanthème… »

    Twitchell aime Ieno.

    Qui pourra dire un jour
    Si c'était une chance
    Pour Twitchell et Ieno
    De se croiser en chemin…

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MessageSujet: Re: Laisse-moi t'offrir un chrysanthème   Laisse-moi t'offrir un chrysanthème EmptyMar 10 Jan 2017, 00:18

    Qui pourra dire un jour
    Si c'était une chance
    Pour Twitchell et Ieno
    De se croiser en chemin…

    Au fond, Ieno savait qu’il ne pourrait ramener la dépouille de son aimé. Jamais il ne pourrait l’enterrer et couvrir sa tombe de fleurs orange et blanches, en son hommage. Ce dont il était certain, c’était que tout était fini pour lui à partir du moment où son corps avait percuté de plein fouet les crocs d’Everbloom.

    Sa vie s’arrêterait ici après lui avoir offerte tout ce qu’elle avait de plus beau.
    Jamais il n’oublierait ce foyer chaud et bruyant, grouillant de vie, les visages de son grand-frère et de sa grande-sœur qui se penchaient vers lui, être minuscule et vulnérable, les tentatives de Paprika pour le faire enrager et sa propre mauvaise foi lorsqu’il s’agissait de lui cacher son affection. Par ce que, bordel, c’était fou comme il pouvait l’aimer, sa frangine.

    Jamais il n’oublierait son frère, Eeno, le nombre de fois où il avait menacé de rapporter ses moindres faits et gestes un peu déraisonnables à leurs parents, sa tolérance pour ne jamais lui en avoir mis une alors qu’à sa place il n’aurait sûrement pu résister à la tentation. Probablement le membre de sa fratrie dont il s’était senti le plus proche, bien qu’il ait tendrement aimé les autres aussi.

    Jamais il n’oublierait ses parents, les loups les plus aimants que cette terre ait pu connaitre et jamais il ne les remercierait assez pour s’être occupé de lui comme ils avaient pu le faire. Il l’avait su, qu’il n’avait pas toujours été un gamin facile, qu’il avait souvent eu des paroles un peu déplacées. Et pourtant, ils avaient toujours été merveilleux. Ils avaient toujours été un modèle, la raison pour laquelle, lui aurait de tout cœur souhaité avoir un jour ses propres enfants.

    Jamais il n’oublierait son pauvre mentor qui, pendant six longs mois, avait dû supporter ses tentatives de lèche un peu lourde, puisqu’il avait été jusqu’à arborer la même crête bouclée que lui.

    Jamais il n’oublierait sa nièce, la petite Thyara, que son père lui dispense les leçons de chasse que lui ne pourrait plus jamais lui donner.

    Au moins, Il pourrait veiller sur eux, une fois là-haut.

    Tout s’arrêterait ici. Cette vie n’avait plus rien à lui offrir. Pas même un regard pour ses pauvres parents qui seraient peut-être bien tristes d’avoir perdu de façon aussi brutale l’un de leurs derniers nés. Au fond, il s’en voulait, de leur infliger ça pour leurs derniers mois de vie. Tout comme il s’en voulait que ses frères et sa sœur sache qu’il s’était lâchement suicidé.
    A ce moment, Ieno aurait tellement voulu leur demander pardon.
    Sans doute faisait-il une erreur en mettant fin à ses jours de façon irréfléchie. A peine avait-il vu Twitchell disparaître dans la gueule d’Everbloom qu’il s’était jeté contre ce dernier, ivre de désespoir. Et maintenant, il allait mourir, de façon brutale et horrible. Ne laissant à ses parents même pas un corps à enterrer.
    Il aurait aussi voulu un câlin, que quelqu’un lui dise que tout allait bien se passer, que ce n’était qu’un moment, que la roue finissait toujours par tourner. Il aurait voulu coller sa tête contre le poil ras du cou de Twitchell, lui dire qu’il l’aimait et se voir retourner ces quelques mots.
    Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas se passer ainsi ? Aurait-ce était trop de demander, que de voir quelqu’un d’autre que son compagnon à lui rejoindre la mort en courant ?

    Pour le moment, son esprit était occupé à lui seul, à ce loup rosé. Un loup avec qui il n’aurait jamais cru faire sa vie, quelques années plus tôt. Un loup de qui il était pourtant, définitivement, fou amoureux et qu’il ne pourrait supporter de perdre. Qu’il ne pouvait déjà plus supporter de savoir dans la gueule d’Everbloom.

    Par sa faute.

    Oh, si seulement il s’était levé plus tôt, si seulement son sommeil avait été un peu plus léger. Il aurait alors senti le corps chaud de son compagnon rompre contact avec le sien. Twitchell ne serait alors jamais parti se battre, il l’en aurait empêché, étant officiellement son maton et tenant de base bien trop à lui sans sentir son cœur se serrer douloureusement lorsqu’il le sentait dans un état second. Alors oui, le savoir mort, et plus encore, savoir qu’il souffrirait comme il n’était permis de souffrir avant de rendre son dernier souffle, c’était à des kilomètres au-dessus de ses forces. Comment lui, indigne amant, pourrait-il vivre alors que son aimé n’était plus de ce monde ?
    Jamais plus, il ne pourrait se passer de sa lumière pour avancer.

    Il y avait aussi cette promesse, cette douce promesse prononcée lors d’une belle nuit étoilée ou leurs sentiments s’étaient dévoilés, comme une évidence.
    Je serai toujours là.

    Cette promesse qu’il se devait d’honorer.
    Cette envie de croiser son regard une dernière fois.

    La mort n’était qu’un mauvais moment à passer. Ensuite, ils posséderaient l’éternité pour s’aimer.

    La gueule béante d’Everbloom s’ouvrit alors que celui-ci criait sa douleur. Twitchell avait fait mouche.
    Il put voir le loup rosé, souriant. Son Twitchell, blessé mais vivant. Son Twitchell qu’il s’était juré de protéger. Twitchell qui lui lançait un regard, un doux regard comme lui les aimait tant. Peut-être que tout n’était pas terminé, finalement. Oui, il allait pouvoir sortir de cette prison végétale, le monstre mourrait et ils vivraient heureux, ensemble, se remettant du traumatisme qu’était cette bataille.

    Et son monde s’écroula lorsque les crocs du monstre traversèrent le corps de son amant.

    ▬ NAN ! Nan… Nan… Naaaan, bordel Tweet… Tweet…

    Lui, n’était pas capable de sourire comme l’avait fait son compagnon.
    Il ne serait plus jamais capable de le faire.
    Les larmes roulèrent sur ses joues, incontrôlables Il avait mal, si mal. Se sentait si coupable, hurla sa douleur et son chagrin à qui voulait bien l’entendre dans ce tas de loups occupés à sauver leurs vies et qui se fichaient bien d’eux, pauvres fous.

    Lorsqu’Everbloom le saisit à son tour, le loup bleu et chocolat réagit à peine, le laissant faire, poupée de chiffon qu’il était devenu lorsque l’espoir d’une belle vie s’était éteint en même temps que son amour. Il ne fut pris que d’un petit hoquet alors que le sang s’écoulait de sa gueule entrouverte lorsque les crocs fins de la créature transpercèrent son enveloppe charnelle avant qu’il ne soit projeté, agonisant, à l’intérieur de sa bouche.
    Plus rien n’avait d’importance, désormais.

    Et bien sûr que l'histoire
    Comme souvent finit mal
    Amoureux fous jusqu'à la dernière balle…

    Twitchell n’était plus.
    Le regard flou, Ieno fixait ces yeux clairs qui, jamais plus, ne lui diraient je t’aime, qui ne riraient plus comme il les avait vu rire. Ces yeux que toute vie avait quittés. Ces yeux qu’il avait tant aimé regarder.
    Maintenant, Ieno en était certain. Il n’y avait plus rien pour le rattacher à cette terre. Privé de son amant, la vie serait terne, froide, cruelle, injuste. Il ne pourrait retrouver un quotidien fade et ennuyeux, voir des loups s’amouracher autour de lui alors que lui s’était vu privé, beaucoup trop tôt, de ce bonheur.
    Comment pouvait-il espérer se reconstruire alors qu’il avait vu le loup qui lui était le plus cher disparaître dans la gueule d’Everbloom ?
    Il ne s’en sentait pas la force.

    Un mauvais virage
    Et vient le grand silence
    A quoi ressemble Une vie réussie ?

    Alors à son tour, sans la moindre résistance, Ieno laissa son propre regard s’éteindre. C’était sans réel regret qu’il quittait ce monde pour un aller sans retour vers des cieux bien meilleurs.
    Des cieux sans rien ni personne pour l’empêcher d’aimer.

    Son âme quitta ce corps qui n’était plus le sien et, sans que cette fois ci les crocs aiguisés d’Everbloom ne représentent un obstacle mortel, il regagna l’air libre, montant vers ce ciel qui l’appelait et où son aimé l’attendait.
    L’éternité leur appartenait.


    --

    Là-haut.
    Il sourit lorsque Twitchell vint glisser son museau dans son long pelage, ne ressentant pas la moindre rancune à son égard. Ce qui n’était pas le cas du beige à ses côtés qui vint alors s’excuser, s’accusant de l’avoir tué. Ieno secoua doucement la tête, serein. Non, c’était lui qui avait fait le choix délibéré de se jeter contre la gueule d’Everbloom pour lui voler un dernier regard, et il ne regrettait rien. N’aurait pas voulu d’une vie sans lui alors qu’ils étaient si bien ensemble, dans un ciel qui ne voulait pas les voir souffrir.
    Il s’empara du chrysanthème offert par son amant.

    ▬ Ne sois pas triste, Tweet. Je t’avais promis, que je serais toujours là.

    Tendre accolade.

    ▬ Je t’aime, pour l’éternité.

    Ieno aime Twitchell

Qui pourra dire un jour
Si c'était une chance
Pour Twitchell et Ieno
De se croiser en chemin…


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