Tracer son chemin. ○ Mido - Epreuve de glowstick

« Tracer son chemin...

« Spleen & Mido, épreuve de Glowstick. ( ce rp date de juste après l'attaque du cerf fou,lors de l'anniversaire des 4 ans de Spleen )



Ces derniers mois avaient été riches en bouleversements. Elle était enfin tombé sur Roy, par un heureux hasard. D'un autre côté, elle avait tenté le sort aussi, un peu, en restant dans les parages du temple du Raptor. Cela avait fait deux ans qu'elle le cherchait sans vraiment oser le confronter. Deux ans de vie de solitaire à imaginer ce que pourrait être sa vie, d'un côté ou de l'autre de la mer. Essayer de rejoindre son géniteur dans une meute qui ne la connaissait pas et devoir faire ses preuves ? Ou rentrer sur l'île maudite et y restée cloîtré à jamais ? L'ancienne Pirate ne voulait pas de cette vie-là. Bien sûr, elle aimai_t les Raeders, car ils étaient sa tribu, sa famille... Mais être ainsi privée de liberté et de la possibilité de rencontrer le plus grand nombre de loup ? Il n'y avait pas beaucoup d'avenir là-bas, et fonder une famille lui semblait... Déplacé. Les autres pirates étaient comme des frères ou des cousins... Spleen sourit tristement. Heever devait se sentir si seule dans sa grotte. Malgré cela, l'appel de l’inconnu, du continent, avait été le plus fort. La rencontre avec Roy s'était assez bien passée pour qu'elle veuille le rejoindre dans son clan, elle en savait suffisamment pour les règles de base d'une grande meute comme ça, et concernant les cultes, pour penser s'y sentir relativement à l'aise. Puis il y avait eu l'attaque du Cerf fou de Yurai où elle avait vu de loin la famille de Roy. Son autre et principale famille. La légitime. Spleen savait que son fantôme de géniteur avait été présents pour d'autres enfants alors qu'il la voyait, elle, grandir de loin. Elle en était un peu peinée, parce qu’elle n'avait pas un grand nombre de beaux souvenirs avec le mâle blanc. Pouvait-on rattraper le temps perdu ?

En tout cas, la cohésion des meutes et l'entraide avaient été des forces contre cet ennemi étrange et malfaisant. Chacun avait donné ce qu'il pouvait pour soutenir ses pairs loups. Spleen voulait faire parti de cela. Le retour de la pluie avait alors sonné sa décision. Il n'avait pas fallu longtemps pour qu’elle rencontre les Alphas des Lazulis, deux puissantes femelles qu'elle admira tout de suite. Elle fût mise à l'épreuve sous l'étroite surveillance de Vivaldi, une Herboriste expérimentée. Au début, elle avait un peu cru à une blague. Plus confiante que la femelle Lazuli, elle s'était permise, une fois ou deux de la reprendre parce qu'elle avait eu l'impression que sa mentor était une incapable. D'un tempérament plutôt calme et patient, Spleen s'était beaucoup retenu et son aînée avait pu vraiment prendre sa place d'enseignante. La blanche avait mis cela sur le compte de la timidité, parce qu'en fait, Vivaldi était impressionnante et grâce à elle et à sa méthode d’apprentissage par la pratique et la confiance, l'ex-Médecin Raeder avait pu approfondir ses connaissances et en acquérir de nouvelles, perfectionnant ainsi son savoir. Elle était énormément reconnaissante à sa professeur pour tout ce qu'elle avait pu gagner. Elle ne voyait pas encore beaucoup son père, mais de temps en temps il passait un moment ensemble, un repas ou simplement un temps de calme et Spleen sentait petit à petit qu'un lien se créait avec lui. Elle se sentait à sa place, malgré certaines mauvaises langues qui ne voulaient voir que la pirate en elle. A ceux là elle souriait gentiment et souhaitait une belle journée. Spleen n'était pas dure à vivre. Enfin... Tout ça pour en arriver là.

A ce jour où on l'autorisait à prétendre à un glowstick, où on lui offrait l'honneur de tenter l’Épreuve du dieu de son choix. Pour alors, être un membre Lazuli à part entière. C'était un peu angoissant au fond. Décider du reste de sa vie sur l'espace de quelques minutes...

Les prunelles glacées de Spleen fixait la fontaine de Mido. La liquide vert semblait animer de sa vie propre. Des volutes tourbillonnaient dans le liquide et faisait onduler les reflets du liquide lumineux sur les murs de pierre. Suivre le Raptor avait été une évidence. C'était instinctif, indescriptible. Elle sentait qu'il n'y avait qu'à lui qu’elle pourrait louer une allégeance totale. Avec Vivaldi, elle avait prit aussi quelques cours de théologie et la représentation que se faisait les mortels du Dieu vert avait fait écho à son coeur. User de l'esprit pour égaler voir surpasser la force. Supplanter la violence par les mots. Et puis ne fallait-il pas être vif d'esprit pour jouer les enquêteurs et comprendre les maladies de ses patients ? Il ne fallait pas oublier de mentionner aussi, que tous ses proches étaient des serviteurs du Raptor, sa mère l'avait été, son père l'était, Vivaldi aussi... Se rendre ici n'était donc pas vraiment un choix, mais une étape certaine. Après quelques minutes de silence, la douce femelle blanche inspira profondément et appeler le Démiurge dont elle voulait devenir la disciple.

« Seigneur Raptor. Je suis ici, aujourd'hui, pour prétendre à vos couleurs. »

Le regard claire de Spleen remonta sur l'effigie du Dieu.

« Permettez moi de devenir l'une de vos filles. »

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Impressionnée par la prestance du Dieu qu'elle priait de venir, le femelle blanche retint son souffle pour apprécier tout ce que signifiait l'apparition. Il avait accepté de prendre position face à elle, accordant à la petite louve l'honneur de se présenter à son Épreuve. Pas de fioritures, pas d'attente interminable, pas de temps pour les doutes. Pragmatique, la Divinité lança les énigmes, non sans lui rappeler qu'elle n'avait pas le droit à l'échec. Pression. Roy était effectivement un disciple de Mido. Heever l'avait été. Bree l'était, sa demie-soeur qu'elle ne connaissait que de vue. Et de ce qu’elle avait compris les parents de sa mère, ainsi que le père de son père et pleins d'autres loups de ses ancêtres. Malgré ce poids sur ses frêles épaules, la peur ne tiraillait pas ses entrailles. Elle avait confiance en elle et en ses capacités, et savait qu'elle donnerait le meilleur d'elle-même pour contenter le Seigneur Raptor.

« La moitié de la meute des cent loups sont des menteurs. Un loup sur deux ne ment jamais et les autres mentent toujours.
Cela nous fait donc cinquante loups disant de leur voisin de gauche qu'il ment alors que ce dernier dit la vérité, cela fait d'eux des menteurs. Un loup disant la vérité dira donc que son voisin de gauche ment. »

Spleen inspira profondément pour laisser le temps à son esprit travaillant en toile d'araignée de trouver la formulation exacte de la réponse à l'énigme suivante, afin de donner à chaque mot la puissance et le sens qui lui revenait de droit. Spleen aimait être la plus juste possible. Et puis prendre le temps de la réflexion était souvent plus important que de prendre des risques inutiles.

« Quand à la Prêtresse, il suffit de lui demander si le prochain mot qu'elle dira sera non, ainsi sa réponse sera forcément incorrect. »

Pour une raison étrange, la troisième question de la Divinité perturba Spleen plus longtemps que les deux premières, comme si la simplicité de la réponse en faisait une impossibilité. Il fallait quelques minutes ici à la Lazuli en devenir pour réaliser pourtant qu'il n'y avait pas vraiment d'autres solutions. Evidemment, les termes du coup ne correspondaient plus parfaitement dans l'intitulé. Sans doute était-ce cela qui était le plus bizarre :

« Les oiseaux, si l'on considère leur vol comme un immense bond pouvant atteindre des distances et des hauteurs incroyables, sont capables de dépasser le toit du temple du Seigneur Grizzli. »

Sur ce point final, légèrement moins assuré, Spleen quitta le Dieu vert des yeux et baissa le museau, respectueuse, en attendant son jugement. Si elle n'avait pas baissé le regard jusque là, c'était pour l'exaltation et la fébrilité qu'elle ressentait devant l'apparition si puissante du Raptor, sensation qui avait plus encore aiguisé son esprit subitement. Comme si observer celui qu’elle priait en chair et en os poussait ses facultés mentales à un niveau plus haut. Bien sûr, elle savait qu'il ne s'agissait ici que de l'adrénaline courant dans son corps et d'un peu de foi qui lui donnaient cette impression. Elle aimait parfois garder le côté rationnel dans un coin, sans l'oublier, et imaginer des raisons moins... Logiques et tangibles. Les émotions étaient belles à observer, difficile à cerner et de vrais casse tête à déchiffrer parfois, aussi les analyser de manière neutre pouvait l'aider à les gérer. Même si elle ne se sentait pas extrêmement inquiète, le silence qui suivait ses réponses était lourd et un peu paniquant. L’expectative était la pire des sensations.

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Voilà donc pourquoi ses méninges avaient buté sur la troisième énigme. Parce que la jeune Lazuli ne l'avait pas réellement comprise. Elle l'avait mal interprétée, trop enhardie par sa vitesse de réflexion sur les deux premières questions. Ainsi donc elle avait fait une erreur. Elle l'avait su, elle l'avait senti. La preuve en était sa légère inflexion d'hésitation alors qu'elle rendait son ultime réponse. La facilité n'était jamais le verdict final. Il y avait toujours une meilleure explication que la plus aisée à trouver. En même temps, ça n'aurait pas été intéressant pour son esprit si le Raptor lui avait offert un glowstick sur un plateau, cela n'aurait pas été stimulant et cela n'aurait pas prouvé ses capacités de froide logique. Placide, la femelle blanche reprit donc son énoncé et se le répéta quelques fois pour peser chaque mot.

Quel animal est capable de bondir plus haut que le temple d'Aka ?

Oh. Bien sûr. Elle avait naïvement prit la question à l'envers, ou du moins de manière trop littéral. Mido était un farceur. Le regard de Spleen se plissa alors qu'un petit sourire étirait ses babines. Elle releva le museau vers la divinité et et ses oreilles plièrent vers l'avant avec déférence. La vision du Divin restait aussi superbe et impressionnante. Elle remarqua, un peu surprise, que la fébrilité l'a gagnait peu à peu, que son rythme cardiaque augmentait et que son souffle se faisait plus court. Elle se sentait si petite et si fragile devant l'immensité du pouvoir du Raptor. L'air semblait chargé d’électricité et une pulsation semblait émaner du Dieu. La fille d'Heever et de Roy inspira pour se focaliser sur quelque chose de plus stable et explicable comme la rationalité et la cohérence de l'intellectuel.

« La dernière. En réalité tous les animaux peuvent bondir plus haut que le temple d'Aka, car un édifice ne saute pas hors de terre. Ses bonds sont donc nuls et même la plus petite bestiole vivant sur ces terres sautera plus haut que le rien. »

Même un minuscule insecte dont la hauteur de saut tendrait vers le zéro serait toujours au dessus du nul. Pourquoi n'avait-elle pas imaginer personnifier le bâtiment tout de suite ? Elle aurait ainsi compris d'emblée son erreur de jugement. En même temps, un temple, aussi divin soit-il, restait fait de briques, de marbre, de roches... Et jusqu'à preuve du contraire, les bâtiments n'étaient pas encore dotés de conscience et de parole. Il était donc évident que Spleen n'aurait pu penser à cela en premier lieu. Cela lui fit prendre conscience de l'importance de n'être pas seul en réflexion. Se mesurer à d'autres esprits intuitifs pourrait aiguiser le sien plus encore, et faire tourner les neurones en équipe permettait de voir une même situation sous différents angles. Même s'il était inutile de le formuler à voix haute, la femelle blanche et turquoise estima juste d'exprimer sa gratitude.

« Merci Seigneur Mido, pour cet enseignement. »

Heever lui avait toujours apprit à se débrouiller seule et ne jamais devoir rien à personne. Cela avait fait de Spleen une louvette indépendante et solitaire à l'esprit vif et toujours occupé sur diverses tâches simultanées. Toutefois, sa mère ne lui avait pas transmis la complicité et l'émulation de la compétition. Hors il s'avérait que cela pouvait rendre la matière grise encore plus productive. Spleen avait hâte de tester cette théorie en société, avec ses pairs Herboristes et les habitués de la Bibliothèque. Finalement reprendre le chemin de la réflexion avait apaisé les sens de la louve qui attendait le retour de la vivacité d'esprit en chair et en os, enfin, en matière divine tout du moins. Sa foi en ressortait plus grande aussi, en ce Dieu qui savait la remettre sur le droit chemin d'une phrase.

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La satisfaction visible de la Divinité soulagea d'un poids les épaules frêles de Spleen. Bien qu'elle ai assez confiance en elle et ses capacités, être ainsi mise à nue et jugée avait de quoi instiller les doutes et faire trembler même les plus valeureux. Ainsi, la femelle pâle avait obtenu le droit à la fois d'intégrer les fidèles servants du Raptor, et à la fois celui de demeurer sur terre. Mido offrait à sa disciple bien plus qu'un étendard ou qu'un pouvoir lié à sa puissance : il balayait la malédiction jetée sur sa mère des années plus tôt, damnation qui courait dans ses veines jusque là. Et elle le sentait, elle réalisait à la légèreté qui prenait ses pattes soudain, à ses poumons qui semblaient s'ouvrir plus grands pour inspirer plus d'air et à son corps entier qui d'un coup gagnait en sérénité et en bien-être. Comme si désormais elle était enfin à sa place. Sans épée de Damoclès la surplombant. Cette constatation lui fit perdre un peu contenant cependant. Elle avait donc tiré un trait définitif sur sa vie passée de pirate, sur sa famille, les Raeders et surtout, sur sa mère... Bien que rien ne l'empêche de retourner la visiter de temps en temps, maintenant qu'elle savait pouvoir revenir sur le continent comme bon lui semblait. Son esprit revint immédiatement à l'écoute du Raptor lorsqu'il reprit la parole et que sa voix emplit l'espace avec puissance. Il exigeait d'elle autre chose. Surprise, la femelle releva le museau et chercha une quelconque réponse dans le regard opalescent de son Dieu. Les mots résonnèrent à ses oreilles un moment avant qu'elle ne réalise l'honneur et la confiance que mettait Mido en elle et ses capacités.

Jamais elle n'aurait imaginé mériter une telle place. Jamais elle n'aurait cru pouvoir être celle qui représenterait le mieux celui qu'elle louait. Avec égard, elle répondit verbalement au Dieu, même si elle savait qu'aucune réponse n'était necessaire.

« Je me montrerais digne de ce privilège et vous servirais jusqu'au dernière souffle, Seigneur Mido. »

C'était tellement incroyable. Une part d'elle était fière, une autre soudain inquiète, une troisième confiante. Si le Raptor la jugeait digne alors c'est qu'elle était capable de l'être et d'effectivement le servir au mieux. Elle serait sa voix s'il le souhaitait, elle serait sa messagère sur terre et il pouvait disposer d’elle à sa guise. Après tout, n'avait-elle pas déjà remis sa vie entre les pattes du dieu vert en venant le voir aujourd'hui ?