{Fleuve Chantant} L'avenir nous dira... ○ Neït

« Si nous avons fait les bons choix.

« Grimm & Neït


Tout de suite après la nomination des nouveaux Meneurs Etelkrus, et donc tout de suite après que le mâle beige ai remarqué que la lueur de son glowstick commençait à faiblir et vaciller, Grimm avait décidé de laisser les réjouissances aux autres et de s'effacer discrètement. Il y avait plusieurs raisons à cela, la première était bien entendu qu'il ne souhaitait pas que tous les Etelkrus soient témoins de sa défection en voyant la lueur de son glowstick. La seconde, parce qu'il ne se sentait plus concerné par les événements de la meute autrement que pour l'avenir de ses frangins et ses neveux. La troisième parce qu'il devait absolument aller voir Kiro pour le remercier de lui avoir donné un signe et donc une sorte de bénédiction pour quitter la meute et retrouver celle qu'il aimait. En tout cas c'est comme ça qu'il interprétait le rythme sinusoïdale de la lumière émise par les deux orbites à son cou... L'avant-dernière était qu'avant de faire ce dernier pas, celui qui ferait de lui un solitaire et donc un traître et un paria, il voulait discuter avec la seule personne au monde à qui il pouvait encore se confier. Sa cousine, malgré sa morgue et sa langue acérée, restait la seule louve dont il estimait assez le jugement pour aller chercher conseil chez elle. Notamment parce qu’elle était prêtresse et que comme les Etelkrus ne comptait plus de messagers des Dieux, il supposait que peut-être, Neït saurait interpréter les signes, même d'un autre Dieu que le sien. Non enfin, il n'attendait pas d'elle une supposition quant à la réponse de l'Anaconda aux prières silencieuses de l'ex-Bêta. Il voulait plutôt s'assurer qu'en abandonnant ses pairs, il ne mettait pas en péril sa foi envers Kiro.

Et même ça, il connaissait déjà la réponse, loin au fond de lui. Après tout, Nout avait vécu toute sa vie en louant le Dieu flavescent et n'avait jamais porté de glowstick. Il se rappelait encore, à l'époque lors de la fin du monde, à l'arrivée de Cronos et avant qu'il aille se battre, sa mère avait donné naissance à Geb, Nephthys et Diantre entre les racines du Grand Saule, ancienne demeure de la Divinité de L'Agilité et de la Rapidité. Son coeur se serra à la mention de ses deux petites sœurs disparues. Il espérait qu'elles et ses parents s'étaient rejoints dans un monde sans mal et sans souffrances sous la protection du Panthéon. Il espérait aussi que Lüun et Meleth y soient aussi et que tout ce petit monde les observaient d'en haut et les guidaient vers un avenir meilleur. Il savait que Nout et Darius l'aurait poussé à suivre le chapardeuse s'il leur avait demandé... La dernière raison qui le motivait était un secret qu'il avait lui même tant de mal à réaliser... Et Pourquoi elle, il ne savait pas. Mais c'était de Neït qu'il avait besoin. Chassant les idées moroses de son cerveau aux limites indistinctes, il poussait sa route loin dans les montagnes. Grimm avait choisit le chemin le plus court mais aussi le plus ardu : traverser les Monts Célestes pour parvenir à la source du Fleuve Chantant plus vite. Il savait que le temple D'Ao s'y trouvait grâce aux nombreux livres de la Bibliothèque. Et comme sa cousine était la Prêtresse de la Dragonne, il supposait que la trouver dans ce coin là serait le plus plausible. C'est donc un loup épuisé et la langue pendante qui descendait le flanc de la montagne à la recherche des bruits du fleuve. Ses oreilles captèrent enfin le bruit de l'eau et il rêva de pouvoir se désaltérer avant toute chose. Il suivit le coulis de cette denrée si vitale pour découvrir une magnifique cascade étincelante.

Trop fort, il avait trouvé la source même du fleuve ! Sans réfléchir, il trempa la langue dans l'eau si claire qu’elle semblait transparente et lapa quelques gorgées d'eau pure des montagnes.

Un bâillement à s’en décrocher la mâchoire échappa Neït. Ses yeux la picotaient tandis que son corps ne réclamait qu’une seule chose, roupiller. Se roulant en boule dans un coin non loin de sa tanière de fortune, la prêtresse posa sa tête sur ses pattes avants. Cela faisait combien temps qu’elle n’avait pas profité d’une bonne nuit de sommeil ? Deux jours ? Peut-être trois si on comptait la fois où un marmot était venu la déranger… Ouais bref pas des masses. Faut dire que les nouvelles animations avaient pas mal secoué le clan, qui aurait cru que le gamin finira à la tête de cette bande de pignouffe ? Neït souhaitait bien du courage à Gloriel dans sa fonction. D’ailleurs du courage, il allait falloir en assembler compte tenu du fait que la disciple d’Ao allait bientôt être mère. Les yeux clos, la fille de de Sekmêt repensa à l’étrange déroulement de la situation. Cela lui paressait toujours incroyable après le long silence de la Dragonne, que cette dernière lui accorde le droit d’avoir une descendance malgré son âge avancé… Ou alors la divinité tentait de se faire pardonner quelque chose. La remarque arracha un demi-sourire à la louve qui n’était pas sans savoir que l’orgueil d’Ao était sans égal… quoique.

Sur le point de s’endormir, du bruit la tira finalement de son repos, l’obligeant à se redresser pour chercher la source de ce vacarme. Pas possible de se reposer tranquille ici ! Pas comme si le territoire Lazulis s’étendait considérablement…   Si c’est encore Alys, il pourra aller se gratter, marre de soigner ses petits bobos ! C’était bien le genre de Vivaldi de venir chercher la prêtresse ici aussi… Bon sang, la liste des personnes susceptibles de venir la déranger était d’une longueur considérable. Sortant des fourrés en se secouant, Neït posa alors ses prunelles verts-d’eau sur un loup qu’elle n’avait pas croisé depuis un moment.

« — Évites de faire tomber une goutte de sueur dans cette eau Grimm. »

Car c’était bien lui. Son bêta de cousin qui se pointait sur le territoire Lazulis. Venait-il l’entretenir au sujet de Nout ? Neït ne s’était en effet pas rendu sur la tombe de sa tante dont-elle avait eu vent du décès. Ce serait bien le genre de ce raton-laveur de Biblio de venir chipoter sur ce détail… à moins qu’il n’y ait plus grave. Baillant discrètement, la louve posa son arrière-train sur le sol, résistant à la tentation de se recoucher pendant que son cousin blablaterait.

« — Que me faut le plaisir de ta visite cousin ? Si t’en ait que c’est pour me rencontrer que tu as violé les frontières… »

Un sourire narquois vint étirer les babines de la louve, un Lazulis n’avait pas intérêt à se pointer si Grimm ne voulait pas d’ennuies…

« Si nous avons fait les bons choix.

« Grimm & Neït


Le beige sursauta car prit la patte dans le sac à avoir franchi illégalement les frontières et peut-être pire encore, bu l'eau qui abritait la fontaine de la Dragonne. Ouais non. Fallait pas déconner quand même, cette ressource vital était libre et offerte à tou... Oh. Il n'avait pas à réfléchir à une excuse pitoyable pour défendre sa position. Ce n'était que sa cousine. Comme le hasard faisait bien les choses... Un sourire étira les babines du loup aux yeux dorés. Ses pupilles s'étrécirent alors qu'il jaugeait quelques secondes la belle et farouche louve que Neït était devenue depuis leur enfance tumultueuse. Il avait toujours été aussi impressionnée par elle que paniquée par sa soeur Widar... Cela dit, il était adulte, il était capable de se battre et de se défendre -d'ailleurs ça lui serait bien utile le jour où il irait botter les miches de l'hybride albinos Lazuli, tiens d'ailleurs, il pourrait en parler avec elle aussi de ça...-, et surtout il avait gagné en confiance en lui et en fierté au contact de Vinara.

« Neït ! Que ? Quoi ? Bien sûr que je suis là po... Oh tout de suite violé les frontières !... Je suis juste venue rendre une visite discrète à ma cousine préférée ! »

Toujours aussi bavard, toujours aussi expansif, toujours aussi jovial. Certaines choses ne changeaient pas cependant !
l'Ex Bêta des Etelkru, même Ex-Etelkru tout court, le prochainement nouveau Solitaire s'approcha de quelques pas de la Prêtresse d'Ao pour s'asseoir face à elle. Il inspira en souriant un peu... Bêtement. Parce qu'il avait tant de chose à dire, tant d'idées en tête et besoin de tant de conseils qu'il ne savait où débuter... Par ses retrouvailles avec la Chapardeuse ? Par le fait qu'elle soit déjà mère ? D'un autre loup crocodile qui plus est ? Qu'il se sentait terriblement seul depuis la mort de ses parents et de ses soeurs ? Qu'il avait presque prit la décision de tout quitter pour la louve qui l'avait fait souffrir plus encore que Widar à l'époque, et pendant de plus longues années ? Qu'il...

« J'vais être papa. Et Solitaire. Et un paria aux yeux de tous... Et jdois tuer votre crocoloup. »

Oh. Mon. Dieu. Le rat de bibliothèque, aussi émotif que les personnages de ses romans favoris, se décomposa une fraction de seconde alors qu'il réalisait enfin, en le disant à voix haute, que tout, absolument tout, allait changer. Que son monde s’effondrait jusqu'à la dernière pierre et qu'il était à l'aube d'en façonner un neuf de toutes pattes en la compagnie de Vinara, et sans sa mère. Un enfant dans un corps d'adulte qui rentrait enfin, à l'âge de dix ans, dans la conscience raisonnable qu'on attendait de lui. Dix putains de ballets pour enfin grandir ? Mes aïeux on était pas aidé... Les oreilles de Grimm s'agitèrent alors que son sourire revenait, un peu plus timidement. Bon sang. Il allait être père, et maintenant qu'il l'avait formulé à voix haute, devant la brune, cela prenait tout son sens. Dire qu'il n'avait même pas pu le dire à ses frères encore et que c'était pourtant la seconde raison la plus importante de son départ. La première restant bien entendu, son amour pour la solitaire aux yeux vairons. Sa queue recourbée dansait nerveusement de droite à gauche dans son dos.

« Et toi, tout va comme tu veux ? »

Grimm inspira pour calmer son myocarde affolé. Il n'était jamais trop tard pour devenir vieux. Meh. Pas vrai ? Il estima que le syndrome de Peter Pan l'avait bien trop préservé jusqu'alors, parce que maintenant il se retrouvait désemparé devant sa cousine. Et s'il s'efforçait d'être toujours à la hauteur pour ses frères, il devait avouer qu'il lâchait prise avec Neït. Elle était son aîné de quelques mois, pas de beaucoup, mais assez pour qu'il s'en remette à elle comme a une grande soeur. Et ce, malgré le malheur qui les avaient séparés enfants. Il se remémora le jour où elle lui avait donné cette sarbacane, accompagnée d'une fléchette empoisonnée d'un lourd sédatif. C'était, à ce moment là, pour se protéger de Widar, aveuglée par son désir de vengeance. Depuis, de l'eau avait coulé sous les ponts... Mais il gardait précieusement ce symbole de réunification dissimulé dans la fourrure autour de son cou. Tiens... Il pourrait peut-être l'utiliser sur l'albinos Madde histoire de le dépecer plus facilement ? Le coin des babines du viking se soulevèrent en un rictus mesquin qui ne lui ressemblait pas du tout. Mais quand il s'agissait de protéger Vinara et de venger un enfant innocent, il ne souhaitait pas être le noble chevalier aux principes indéfectibles... Pour un tueur d'enfant, il ne voulait pas être bon prince. Madde méritait le pire qu'on puisse faire à un monstre décapiteur d'enfant. Bon. Evidemment, le disciple de n'Anaconda en instance n'irait pas jusque là. Seule la colère parlait pour l'instant. Mais il n'était ni un tueur, ni un violent. La confrontation serait probablement plus difficile pour lui que pour l'autre salopard... Bien qu’elle sois nécessaire. Il devait trouver un moyen de lui faire payer le mal fait à sa copine-excompagne-compagne.

Grimm, vois tu que tu est le dindon de la farce ?

Le mâle aux teintes beiges abordait toujours ce sourire bêta. La prêtresse pris conscience en le voyant que lui aussi avait pris de l’âge, l’époque où ils vivaient encore tous deux dans la même meute semblait remonter à loin… Aujourd’hui, les mots « Séides » ou « Brethens » semblaient remonter à un autre temps. Toujours un sourire amusé sur les babines, Neït remua le bout de sa queue nattée. Si le protocole et les histoires de frontières lui importaient peu, pas sûr que Gloriel et son nouvel acolyte soient du même avis. Mais bon, le gamin n’avait pas pointé le bout de sa truffe ici depuis un petit moment, ce qui n’était pas plus mal au fond, surtout aujourd’hui. Neït préférerait éviter de devoir excuser la présence de son cousin devant ses alphas.

« — Je veux pas la ramener, mais oui tu es sur le territoire des Lazulis. Après est-ce que j’en ai quelque chose à faire ? Absolument pas. Tu pourrais faire un spectacle de castagnettes devant Gloriel que ça ne me ferait ni chaud ni froid… cousin. »

Bien que cela serait probablement fort divertissant, idée à creuser… Les prunelles bleuâtres de la louve s’écarquillèrent en entendant la déclaration de l’Etelkrus. Lui, père ? Tout le monde se passait le mot pour fonder une famille ou quoi ? Mine de rien, la Lazulis était heureuse pour son cousin, elle-même s’apprêtant à avoir une descendance, elle n’était pas sans savoir à quel point ce genre de nouvelles pouvait être agréable. Toutefois, la louve se demandait bien qui était l’heureuse ou heureux élu, en tout cas cela devait être suffisamment important pour que Grimm semble aussi perturbé. Étais-ce cette louve dont-il lui avait jadis parlé ?

« — Le raton-laveur de biblio ? Papa ? Dit donc cousin, tu m’impressionnes. Qui aurait cru qu’un jour tu planterais ta graine ? » Neït marqua une pause en fronçant légèrement les sourcils. « Madde ? Qu’est-ce qu’il a fait pour que tu veuilles le provoquer ? »

Le verbe tuer sonnait fort désagréablement. Neït ne voyait pas son cousin faire usage de violence, encore moins pouvant conduire jusqu’à la mort. C’était d’autant plus étrange, compte-tenu du fait qu’ils avaient été louveteaux témoins du combat mortel entre leurs mères. L’Etelkrus s’en rendait-il compte ? Fronçant les sourcils, la louve témoigna clairement de sa désapprobation à cette idée. Elle-même s’étant retenu de régler son compte à Nout… Une idée fugace traversa son esprit.

« — Une seconde, tu es venu demander mon aide pour l’éliminer ? »

La disciple d’Ao se redressa, les poils de son échine dressaient. Ce n’était pas le fait qu’il veuille éliminer un membre de son clan qui l’irritait, mais plus qu’il étalait ses plans vengeurs devant elle. Grimm ne se rendait pas compte qu’éliminer Madde — quoique cet idiot ait pu faire — le hanterait. La vengeance ne lui conduirait à rien. Pire, cela pourrait devenir une obsession comme cela l’ait été pour la brune. Les griffes bleues de Neït s’enfoncèrent dans la terre meuble, en attente d’explications de la part de l’Etelkrus. De plus, qu’entendait ce dernier par devenir un « paria » ? Bon sang Grimm, dans quel pétrin tu es en train de te mettre…

Toujours sur ses gardes, la prêtresse choisit tout de même de répondre à la question de son cousin. Penser à sa descendance future sembla la calmer quelque peu, bien que ses yeux semblaient prêts à incendier Grimm sur place.

« — Il semblerait que je vais devenir maman… Oulà, le mot ne fait pas du tout crédible venant de moi… Notre famille va visiblement s’agrandir d’un coup… »

« Si nous avons fait les bons choix.

« Grimm & Neït


Oui il avait planté la graine. Mais Vinara avait fait tout le travail. C'était elle qui avait sentit la vie s'ancrer en elle et qui avait porté leurs enfants jusque là. Dans l'histoire, c'était elle qui devait recevoir tous les lauriers. Et tout cela n'aurait été que pur bonheur si l'ombre de l'Hybride Lazuli ne planait pas sur eux. Grimm restait blessé par ce qui avait pu se passer entre sa belle voleuse et ce salopard. Comment ne pas l'être ? Elle lui avait préféré un autre crocoloup plus aventureux et sûrement moins effrayé de ses pulsions animales. Le beige s'efforçait pourtant de n'en rien montré, se contenter de garder à l'esprit le mal que Madde avait fait à la solitaire, balayant le reste. Face à lui, la Prêtresse d'Ao gonfla l'échine, désapprouvant totalement ce qu'il venait de dire. La réaction hostile mais tout à fait légitime de Neït le surpris, n'ayant pas réalisé lui-même l'absurdité qu'il avait sorti.

« Non ! Bien sûr que non ! Je... Non ! Neït, pas du tout ! »

Répondit-il, perdant tou ses moyens face à l'expression de sa cousine.

« Mais c'est un tueur d'enfant ! Il a décapité le nouveau-né de Vinara et... le sien. Il en était le père. Il mérite d'être puni pour un tel acte ! »

L'air penaud de Grimm s'envola pour laisser place à la frustration et la colère de son impuissance. Probablement même que pour une fois, il laissa échapper la profonde haine qui s'était agrippée à son coeur depuis les aveux de sa belle. La jalousie ressentie, la trahison, l'horreur de la situation. Tout se mélangeait en un éclat de fureur qui ne lui ressemblait pas, mais qui pourtant était logé là, dans sa poitrine, depuis de longs mois.

« Je ne le laisserais pas s'en tirer. Il n'a pas le droit de vivre en toute impunité après ce qu'il a fait. »

La voix du fils de Nout et Darius était basse et lourde de rage à peine contenue. Son ton était si glacial qu'on aurait pu croire que ce n'était pas sa voix. Maintenant qu'il avait abandonné derrière lui tout ce qui le reliait aux Etelkrus, ses actes, même répréhensibles ne seraient jamais imputés à ses frères ou à ceux de son clan. Il n'était plus qu'un solitaire en quête de vengeance. Cela dit, malgré les émotions fortes qui le hantaient, l'esprit chevaleresque de Grimm gardait les fondations stables. C'est ainsi que lui vint une idée peut-être bien pire que la mort mais toutefois plus en accord avec les principes que Nout lui avait toujours inculqué :

« Peut-être bien que je ne le provoquerais pas en duel, ou peut-être que si, à la loyal. En attendant, je devais te prévenir qu'un assassin rôde dans vos rangs. Un tueur d'enfant. Et je ferais ce qu'il faut pour que Vinara n'ai plus peur de lui et que mes petits à naître n'ai pas à craindre ce monstre. »

La tension dans ses muscles s'était un peu apaisée. L'idée de détruire socialement Madeleine lui était moins désagréable à imaginer qu'un combat ensanglanté. D'autant plus qu'en futur père, il ne souhaitait pas risquer sa vie inutilement ou imprudemment. Finalement c'est Neït qui dégoupilla le cerveau de Grimm en répondant à sa précédente question. Elle aussi allait devenir mère bien que son ventre n'ai pas l'air tout rond comme celui de sa compagne. Mystère. petit unique peut-être ? Ou bien magie des dieux ? Ou alors elle allait adopter des petits à naître ? Curieux. Il n'aurait pas imaginer sa cousine entourée de marmots, et pourtant, n'était-ce pas là la plus belle des ironies face aux événements passés ? Malgré la colère de leurs mères respectives et le sang versé, Grimm et sa cousine s'apprêtait à devenir parent en même temps dans un monde où il se côtoyaient de pas trop loin. Neït et lui allaient être entouré de louveteaux. C'était si étrange comme idée, et pourtant le tableau était parfait.

« Félicitation ! Je suis heureux pour toi ! Je... Je serais ravi si tu acceptais que nos loupiots ai l'enfance confiante et complice que nous n'avons pas pu avoir ensemble. »

Grimm sourit, embarrassé.

« Excuse moi pour avant. Je suis... Je ne sais pas comment je suis sensé réagir. La haine m'aveugle par moment et je perd tout raisonnement. Je ne souhaite pas élever mes enfants ainsi. Toi qui était la reine des poisons, ne connaîtrais tu pas un produit pour apaiser l'esprit ? »

Après tout, elle avait été une espèce de guérisseuse, même si spécialisée en venin et autres substances toxiques, peut-être saurait-elle l'aider à retrouver sérénité et patience ? Il n'avait pu se résoudre à demander de l'aide au Seigneur Anaconda alors qu'il venait lui rendre son glowstick... Il n'était plus légitime pour quémander l'aide de son dieu. Ou du moins avait-il d'abord besoin de faire la paix avec sa décision de quitter les Etelkrus avant de retourner voir Kiro pour une autre raison.

Alors quoi ? Tu veux savoir comment je pensais éliminer ta mère ? La prêtresse parvenait difficilement à comprendre les intentions réelles de son cousin. Ne comprenait-il pas que la vengeance était une chose à laquelle Neït avait renoncé depuis longtemps ? Ce n’est pas comme si Ao lui avait laissé le choix après tout… Les oreilles de la louve remuèrent en entendant Madde responsable d’un infanticide. Ne le connaissant pas assez, la disciple de la dragonne ne pouvait connaître les raisons qui l’avaient poussé à commettre un tel acte, d’ailleurs de ce qu’elle avait vu, le loup n’avait rien de particulièrement violent. Les apparences étaient comme toujours trompeuses… Vinara, encore ce nom. Grimm l’avait prononcé des années auparavant gravement blessé, visiblement il avait retrouvé son amour perdu.

La Lazulis ignorait si c’était son côté maternel qui commençait à faire son apparition, mais elle posa son arrière train sur le sol en prenant un air sérieux, les sourcils froncés.

« — Tu veux le punir ? Demandes justice aux alphas, accordes à ta compagne le droit de condamner le meurtrier de son enfant. »

Accordes-lui ce que les alphas n’ont su nous à accorder à moi et mes soeurs… Cette conversation avec Grimm faisait resurgir de vieux souvenirs, des sentiments oubliés. Le mâle prenait la même tournure que sa cousine jadis, laissant la colère l’envahir. Lui qui avait longtemps été tourmenté par Widar devait savoir pourtant dans quoi il mettait les pattes. Neït eu un léger mouvement de recul, bien que son esprit ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’elle ferait si c’était son louveteau que Madde avait tué. La mort aurait probablement été un châtiment trop doux pour ce montre, la prêtresse lui aurait probablement infligé le plus douloureux de ses poisons. Toutefois, cela la conduirait à tuer un membre de sa meute, la transformant en traîtresse. Jamais ses enfants n’auraient existence plus difficile et finiraient probablement comme Anianka et Sorrow, voir pire… Nul ne savait réellement de quoi étaient capables ses compères…

« — Grimm, regarde-toi, tu laisses la vengeance te ronger. Laisses donc tomber cette quête, remets-toi-en au bon vouloir des dieux. » La louve marqua une pause avant de reprendre. « Ne fais pas la même erreur que moi… »

Cela ressemblait plus à une supplication qu’un conseil. Neït n’avait que trop vu les ravages du passé ronger ses soeurs, elle refusait que son cousin, le seul membre de sa famille qu’il lui restait, subisse le même sort.

Levant un sourcil, la prêtresse se soumis sans réagir à l’examen silencieux de Grimm. Ce dernier semblait interloqué par son annonce, visiblement il pensait que c’était elle qui portait les loupiots… Vivaldi serait sans nulle doute amusée de la situation, quoique peut-être pas vu ses sautes d’humeurs ces derniers temps. C’état tout juste si Neït pouvait placer un mot. Un sourire doux étira les babine de la louve.

« — Pour rien au monde je ne refuserais cela à nos enfants ! Même si j’ai l’impression qu’ils deviendraient ingérables tous ensembles… »

J’espère que sa compagne n’aura rien contre affronter d’autres boules de poils… Ce serait probablement la réunion de famille la plus bordélique du monde, mais cela faisait du bien aux enfants de Neït de fréquenter d’autres loups partageant leur sang. La disciple de Ao haussa un sourcil en entendant la requête du mâle beige.

« — Une infusion de lavande et de passiflore pourrait t’aider à te relaxer… certains loups sont insensibles à la phytothérapie, j’espère que tu n’en fais pas parti. Toutefois, je doute que cela ne suffise à apaiser tes tourments Grimm. »