Drôle de vie ○ Libre

Artëmis faisait les cents par sur le sable fin, qu'elle supposait doré comme blanc sous les rayons pâles de la lune, et froid. Elle avait marcher tout droit à travers ce monde inconnu à la recherche d'indices ou de réponses, et surtout en quête de la fontaine de Moiro. Ses yeux claires se posèrent sur ses deux glowstick vides et sans lumière. La premier avait autrefois porté la douce chaleur réconfortante de la Tigresse, le second n'avait été qu'ornement. Maintenant, elle se baladait avec deux tubes de verre inutile. La grise s'assit face à l'océan pour réfléchir. Son coeur absent mais qu'elle supposait resté relié à sa déesse rose lui disait d'aller toujours droit devant elle. Mais là... Droite devant il n'y avait que de l'eau, la mer, plus loin l'océan. Et si il y avait bien une petite île que ses orbes discernaient derrière les vagues, il ne pouvait s'agir de sa destination. Pourquoi diable une Déesse aussi belle et puissante que la Tigresse aurait exiler sa fontaine si loin ? Pire, loin de ses frères et soeurs ? Moi n'était-elle plus alliée a la Dragonne et à l'Anaconda ? Qu'avait-il bien pu se passer durant tout ce temps pour que les choses aient changé à ce point ? Elle ne parvenait à se souvenir de ce qu'elle avait pu vivre -ou non- durant sa mort. N'y avait-il donc rien après le dernier souffle ? Pourquoi la seule image de son passé qui resurgissait si aisément était le jour de son décès ? Dans un grondement destiné à elle seule, la femelle se releva d'un trait.


Bon. Elle n'allait de toute façon pas rester là, ni rebrousser chemin. Et puis la curiosité l'emportait aussi, elle voulait voir cette île là-bas, alors que son monde à elle n'en avait toujours connu qu'une : l'île funèbre. Pas à pas, elle entra dans l'eau glacée. La Bêta Acid sentit le froid autour d'elle mais il ne s'insinua pas dans ses muscles, elle ne fût pas tétanisée par cette basse température et ne fût pas agressée par l'air iodée. Sa truffe semblait comme dans du coton, préservée de toute odeur puissante. Tout comme sa vue et ses oreilles. Chaque lueur était pâle, faible, chaque son était doux. Tout était pour lui rappeler qu'elle ne ressentait rien véritablement. C'était donc sans trop de difficultés qu'elle contrait le courant pour rejoindre l'île fleuries là-bas. Un reflet étrange attira son regard vers le fond de l'eau, là où les bancs de sable n'étaient pas encore trop loin sous la surface. Curieuse, elle plongea pour aller voir ce qui brillait ainsi. Déception. Ce n'était qu'un coquillage. Un joli coquillage certes, mais rien d'utile ou d'intriguant... Puis, une idée lui vint... Puisque en soi elle n'avait pas besoin de respirer, pouvait-elle rester sous l'eau ? Elle avait envie d'essayer... Histoire de ! Si la vie ne lui avait jamais permis de découvrir le fond des océans, la mort le pourrait peut-être ?