Aurore | Korra & Geb si il veut

Son esprit était habité par un épais brouillard.
Impossible de se souvenir de ce qu'il s'était passé récemment. Pas même si il tâchait de se souvenir des cinq dernières minutes. Peut-être qu'il était trop jeune pour ça, aussi ? Quel âge avait-il, au fait ? Qui était-il, tout simplement ? Et cet endroit, c'était quoi ? Ça ne lui disait rien...
Tremblant, il tâcha de se redresser sur ses toutes petites pattes mais retomba dans le sable dans un bruit sourd. Les larmes commencèrent à lui monter aux yeux et il commença à geindre, doucement, faiblement.
Il avait faim. Il avait froid. Il se sentait si seul, là, sur cette plage déserte.
Il se sentait terriblement vulnérable.

Sans aide extérieure, il ne vivrait pas. Il le savait, guidé par une sorte d'instinct. Mais il voulait vivre, lui ! Alors, guidé par cette volonté qui faisait presque rage en lui, le louveteau ouvrit la gueule et se fit davantage entendre, braillant plus qu'il ne parlait. Par ce qu'il n'avait pas le souvenir qu'on lui ait appris à s'exprimer, de toutes manières.
Si il avait pu le faire, il aurait supplié le ciel de ne pas laisser la mort le prendre. Pas maintenant, du moins.

La matinée était fraiche, le soleil levant déclinait sur le ciel une magnifique palette de roses et de jaunes. Ses rayons venaient caresser doucement le pelage clair de Korra, projetant une ombre chaleureuse sur le sable. Des millions de goutes de rosées scintillaient ci et là sur la végétation environnante, c'était agréable à admirer pour la future mère. Les températures remontaient doucement au fil que l'hiver s'éteignait, les premiers bourgeons commençaient déjà à s'ouvrir sur les branches, laissant s'envoler les dernières feuilles mortes accrochées.
La disciple de Dairo s'était laissée guider par la mer dans l'espoir de rejoindre les terres Lazulis, elle voulait revoir son frère et ses soeurs afin de leur apporter la merveilleuse nouvelle. Elle allait avoir une nouvelle portée ! Son ventre s'arrondissait déjà, mais cette fois-ci son corps était prêt. Bien qu'elle n'ait pas grandit plus que ça, Korra avait tout de même un corps plus mature. Elle était fine, petite, mais forte d'esprit. Et Geb et elle avait pris cette décision ensemble, c'était une nouvelle chance pour eux d'être heureux.

Un bruit, comme un écho rapporté par les vagues résonna à ses fines oreilles. Elle s'arrêta dans sa trotte et leva la tête, cherchant l'origine de cet étrange son. Pendant un instant, son coeur se figea dans sa poitrine, comme si quelque chose le compressait pour l'empêcher de battre. Ces pleures enfantins, elle les avait tant chercher autrefois. Oh.. Lüun où avais-tu disparue ? Prise d'angoisse, elle se précipita pour chercher l'enfant. Elle s'élança aussi vite qu'elle le pouvait, suivant la direction que prenait les pleurs, ses pattes fendait l'air à chaque sauts, son corps semblait voler tant il était rapide, tant il se pliait avec souplesse. Là, elle s'arrêta. Son coeur battait si vite à ses tempes qu'un voile flou lui barra la vue, tout cela était trop angoissant. Elle se concentra du mieux qu'elle put et chassa ce malaise d'un coup du museau.

Un peu plus loin devant elle, un petit pleurait, seul et enroulé sur lui même. La nourrice Etelkru scruta les alentours à la recherche d'un autre canidé, mais personne ne semblait se soucier de ce petit être. N'avait-il aucun parent ? Ah ! Mais où étaient-ils ? Imprudents ! Irresponsables ! Korra serra les crocs, comment un tel acte pouvait être commis ?
Sans plus tarder, elle s'avança, pas trop vite afin de ne pas l'effrayer. Elle approcha sa truffe de sa tête, et de sa voix aussi douce qu'un duvet de chardon flottant au vent, elle lui murmura :

Oh.. Mais pourquoi es-tu tout seul ici ?

Là, elle s'allongea toute contre lui, enroulant son corps avec le sien comme un chaleureux manteau de compassion. Elle lécha son crâne et le réchauffa du mieux qu'elle put.

N'aie pas peur, je vais te tenir compagnie. Rassura-t-elle, l'admirant avec ses profondes iris bleutées.

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« Geb & Noé & Korra ♥


Les journées de traque étaient longues et Geb était parfois forcé de dormir loin de sa compagne avec son petit escadron de guerriers, gardes et de volontaires. Au petit matin, la patrouille était revenue encore une fois bredouille, mais les esprits, loin de se découragés, s'enflammaient plus encore. La haine contre cet ennemi pour l'instant invisible grandissait encore. Épuisé mais terriblement inquiet pour l'amour de sa vie qui lui faisait l'honneur et l'immense joie de porter à nouveau leurs enfants, Geb n'avait cesser de courir pour rejoindre sa belle. Comme convenu, à chacun de ses retours, la femelle beige l’attendait sur les côtes, lieu symbolique de leur histoire pour de nombreux souvenirs, bons et moins bons. Et évidemment, au vu de la situation de crise de la meute et les réminiscences douloureuses de leur premier essai en temps que parents, Geb avait toutes les raisons d'être angoissé. Même si désormais Korra était une louve adulte et réfléchie, et que son corps était capable, maintenant plus que jamais, de porter la vie. En fait, dès que cela concernait sa famille, le guerrier d'Aka se retrouvait paniqué. Donc forcément quand il déboula sur la rive de sable tiède et ne trouva pas sa douce et tendre amie, son sang se figea. Que pouvait-il être arrivé de pire pour qu'elle n'ai pu se rendre au rendez-vous ??! Truffe au sol, respirant à moitié les grains de sable, le loup à la queue de crocodile intercepta la piste olfactive de la disciple de la Renarde et s'empressa de la suivre.

Quel ne fût pas la peur qui le figea lorsqu'il la vit, de loin, roulée en boule au beau milieu de la plage. Mais très vite il se rendit compte de son idiotie : le flanc de de la femelle aux cheveux d'argent se soulevait a un rythme régulier et apaisant. C'est au petit trot, après avoir inspiré profondément pour que la Nourrice ne remarque pas les traits tirés de son museau et tout sourire qu'il la rejoignit. Puis il remarqua la boule de poil au creux des pattes de sa compagne et l'étonnement se peignit sur son visage. Avait-elle mis bas ? D'un petit marron chocolat ?! Geb haussa un sourcil, suspicieux, avant de comprendre qu'elle avait toujours le ventre bien rond. Con x2. Décidément, dès qu'il s'agissait de Korra, il ne savait plus utiliser les rouages de son cerveau... N'empêche, l'idée qu'un autre mâle ai pu poser ne serait-ce que le regard sur SA chérie, il se sentait le poil frémir de jalousie. Puis, instinctivement, il fouilla le paysage de ses prunelles d'or, cherchant un signe de vie quelconque qui indiquerait que cet tout petit enfant ne soit pas seul au monde. L'avait-on confié à sa compagne en attendant de revenir d'une chasse ou d'un besoin urgent ? Il comprenait tout à fait la réaction de son amante et aurait probablement aussi entouré ce louveteau pour le protéger de la brise traître de l'océan à sa place. Mais c'était quand même surprenant... C'est donc méfiant et sur la qui-vive qu'il réduisit à néant la distance entre la louve beige et lui pour s’asseoir contre elle et la soutenir si elle le désirait.

« Bonjour, mon rayon de soleil ♥ »

Quand même, avant toute autre chose. Il déposa une lèche sur la tête de Korra.

« Un nouveau-né dans la meute ? Qui donc sont les heureux parents ? »

Il fallait quand même féliciter les créateurs d'un si beau bébé. Ca le rendait si nostalgique. Il se remémora Thalion, Nòtt et Lüun au même âge, braillant et se chamaillant pour chercher le lait de la génitrice. Un voile de chagrin assombrit son regard ambré un instant alors qu'il priait Aka de prendre soin de son fils aîné et de sa fille disparus tout deux bien trop tôt. Geb ressentit le besoin d'être proche de sa compagne et posa sa tête contre celle de la femelle. Ils allaient agrandir leur famille et faire de leur mieux pour le bonheur de ces futurs loupiots à naître. Mieux que ce qu'ils avaient été capables de faire pour leur portée primipare. A cet époque ils avaient été trop insouciants, trop jeunes, trop immatures. Depuis, ils avaient énormément évolués, ils avaient amassés de l'expérience, et surtout ils avaient déjà vécus beaucoup de chose ensemble. Ainsi, unis pour la vie, ces deux là seraient toujours plus fort ensemble. Le guerrier au glowstick rouge sourit à Korra avant de renifler doucement le louveteau marron. Il n'en reconnaissait pas l'odeur.
Qui donc es tu petit loup ?

Un bruit de pas le fit cesser de brailler et il leva les yeux vers cette grande silhouette qui progressait vers lui.
Un regard mi-craintif, mi-curieux, avec un peu d'espoir aussi. Était-ce une amie ? Ou une ennemie ? Elle semblait chercher quelque chose... Puis renonça pour préférer s'approcher de lui, doucement. Elle lui dit des choses aussi. Des choses qu'il ne comprenait pas, malheureusement et qui lui fit lui lancer un regard interrogatif. Au moins, elle semblait gentille. Et son corps était si chaud ! Ça faisait du bien.
Là, il aurait pu s'endormir. Ses paupières se faisaient lourdes, si lourdes ! Le louveteau se redressa néanmoins, sans pour autant se lever ou quitter le contact de la louve protectrice, lorsqu'il entendit un second bruit de pas. Quelqu'un d'autre arrivait.
Un autre loup, plus grand que la gentille dame qui le réchauffait.

Il vint aussi vers eux et s'adressa à la femelle. Le petit loup remua les oreilles, se montrant attentif, suivant du regard le mâle, buvant ses paroles même si il ne les comprenait pas. Est-ce qu'il était gentil, lui aussi ? La dame avait l'air de bien l'aimer, en tout cas... Alors il était sûrement comme elle.
Il eut cependant un petit sursaut lorsque le loup approcha sa truffe de lui pour le sentir. Qu'est ce que... ? Mais non, il ne lui voulait pas de mal. Tout se passait bien maintenant. Est-ce qu'ils allaient l'aider ? Il voulait rester avec eux, lui ! L'idée de rester seul à nouveau le terrifiait. A cette pensée, il se blottit davantage contre la louve crème, enfouissant son museau dans son pelage clair.
Mais si ils étaient gentils, ils n'allaient pas le laisser tout seul... Non ? Il n'avait personne, à part eux ! Et il était si maigre, si loin des louveteaux de son âge encore tous rondouillards.
Il était si faible, si fatigué, si affamé...

Un léger frisson lui parcourut l'échine lorsque son amant s'approcha d'elle, cette surprise était des plus agréables pour la future mère. Elle frotta sa truffe contre son cou, heureuse qu'il l'aie retrouvée malgré qu'elle soit si loin du chemin habituel. Il fallait croire que le destin les avait réuni ici, autour de ce petit bébé blotti contre son ventre. Par chance, Korra allait mettre bas dans les semaines à venir et ses mamelles avaient déjà doublé de volume, c'était une coïncidence idéale pour ce petit affamé. Elle l'admirait avec ses magnifiques prunelles brillantes de tendresse. Il était si mignon, si maigre.. si seul.
Elle releva un regard profondément attristé sur le guerrier de son coeur, cette situation lui rappelait tant Lüun. Non pas par les couleurs, mais simplement par la maigreur, par l'aspect tragique de la situation où le petit était perdu là, sans personne pour le guider. Au fond d'elle, elle espérait que Lüun aie survécu, qu'elle aie trouvé des personnes honnêtes et respectueuses pour s'occuper d'elle.

Il n'y a que nous. Répondit la future mère d'une voix peinée.

Korra n'avait nul besoin de s'exprimer davantage, Geb était bien le seul à pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Il la connaissait mieux que quiconque, mieux que sa propre mère presque, mieux qu'elle même. Il savait donc ce qu'elle en pensait, ce qu'elle ressentait et surtout, ce qu'elle voulait. Et en cet instant où elle détourna ses yeux maternels sur cette petite boule de poils bien vivante, elle voulait le protéger, elle voulait le chérir comme si il était son propre sang. Elle voulait lui donner tout ce dont il était privé par ses parents, que plus jamais, ô grande Renarde non jamais, il ne se sente une minute de plus seul, oublié, affamé ou vulnérable. Elle voulait qu'il soit aimé comme tout enfant devrait l'être, et entouré d'une famille, d'une meute.

Un sourire rassurant se dessina sur ses babines légèrement vieillies par le temps. Elle était si heureuse d'être tombé sur lui. Ils étaient là maintenant, tous les trois, et ils ne l'abandonneraient jamais. A travers son visage rayonnant d'une joie perdue, on pouvait y retrouver la Korra d'autrefois, celle qui n'avait pas encore perdu ses enfants, celle qui jouait là, sur le rocher, sur ce grand bateau. Comme si les dieux lui avaient rendu ce qu'ils lui avaient pris.

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« Geb & Noé & Korra ♥


Les prunelles si tendre de sa compagne se voilèrent d'une infinie tristesse alors qu'il attendait sa réponse. Nul mot n'était donc nécessaire. Qui osait donc abandonner de la sorte un si petit louveteau ? Parce qu'il était évident qu'il n'avait pu venir seul ici, il était bien trop maigrelet et bien trop jeune pour n'avoir su que traverser les dunes de sable... Une révolte gronda dans la poitrine du disciple du Grizzli alors que lui aussi, pensait à sa fille disparue. Dire qu'il aurait tout donner pour retrouver son enfant perdue et que d'autres laissait derrière eux les leurs, sans défenses et sans possibilités de survie... Une colère profonde, née directement de son expérience personnelle et de son deuil lui fit serrer les crocs très fort pour ne pas grogner. Il ne souhaitait pas effrayer davantage ce pauvre petit. Korra exprima tout de même a voix haute ce que son regard avait presque hurlé : il n'y avait qu'eux. Ce n'était pas une question, ni même une demande et Geb approuvait cette idée. Sa douce et lui était arrivé à un stade où la complicité, la confiance et l'amour les rendait souvent capable de se comprendre et de se rejoindre sur une même pensée sans avoir à exposer le cheminement d'idée qui les taraudait. La Guerrier sourit à sa compagne, puis à l'enfant sur la tête duquel il déposa une lèche affectueuse. Puisqu'il n'y avait qu'eux, alors il n'y aurait plus qu'eux. A partir de cet instant, cet enfant serait le leur, et ils le protégeraient envers et contre tout. Quiconque oserait lui faire du mal aurait affaire aux crocs de Geb, qui défendrait ce fils que les Sept avaient placé entre leurs pattes.

« Notre foyer sera le sien. »

C'était une évidence, mais le mâle beige jugea bon de quand même parlé pour que le vent de la côte emmène ses paroles. Il se demanda un très court instant qui avait pu être les parents de ce bébé et ce qui les avaient poussé à la laisser seul ? Aucune trace olfactive n'indiquait la présence fraîche d'un adulte auprès de lui. C'était un miracle que sa belle l'ait découvert avant un quelconque prédateur. Ce louveteau esseulé trouvait en la personne de Korra une mère, en celle de Geb un père, et bien entendu, avec Nòtt, Thalion et leur portée à naître, tout une famille aimante où il apprendrait à se sentir en sécurité et choyé, où il apprendrait la joie des jeux d'enfants, le bonheur du partage et la complicité d'une tribu qui veillait les uns sur les autres en tout temps.

« Ramenons le à la maison pour commencer, il doit être affamé... »

Geb jeta un dernier regard autour d'eux, comme pour être sûr que personne ne viendrait réclamer le loupiot chocolat. Malgré cela, l'esprit pragmatique du Guerrier se donna pour mission de fouiller un peu les alentours, plus tard, au cas où. Peut-être trouverait-il des indices sur ce qui étaient advenus à ses géniteurs ? Avaient-ils été tués ? Avaient-ils fuit sans demander leur reste en le laissant là pour ne pas avoir un poids a trimbaler ? Dans tout les cas, désormais, ce petit avait une famille qui ne l'abandonnerait jamais, de sorte que jamais plu il n'ai a craindre le froid, la faim ou la solitude. Et même si ses vrais parents venaient le chercher par la suite, il serait trop tard pour eux, ils avaient perdus tout droit sur cet enfant en le laissant ainsi, seul sur une plage.