Construction - Tour de l'amitié ✠ Lymphamène

Construction - Tour de l'amitié

▬ ft. Lymphalème

Été 2019.
2 ans et demi.

Pepper se prenait d'hyperactivités.
Elle accompagnait ses patrouilles, suivait les traces de ces solitaires qui s'approchaient de trop près de leurs frontières. Elle parlait longuement avec Anette, chaque soir, avant qu'un court sommeil ne vienne la gagner. De ses espoirs, pour le clan. De ce qu'elle voulait, avec elle. Des armes et des défenses, des tours de guets qui s'entamaient ici et là.
Avait-elle peur, au fond ?
Non.
Elle était terrifiée.

De ne pas réussir à les avoir, de se faire emporter par sa haine. Pepper avait commise une erreur, en se sentant trop confiante, lorsqu'elle avait bloquée la solitaire à l'allure féline. Sa négligence lui avait manqué une riposte. Et maintenant, maintenant, elle était de nouveau en fuite, cette salope bonne à crever.
Mais cela lui avait servi de leçon. Aux armements seraient ajoutés de nouvelles défenses. Ils apprendraient de leurs erreurs : on ne les aurait pas deux fois. Plus que ça. On les rendrait plus fort, à chaque attaque. Ils inventeraient des ripostes, saurait de plus en plus à quoi s'attendre. Il y avait des choses que Pepper n'avait soupçonné : désormais, sa méfiance se portait sur tout.
Elle n'était plus que boule de nerfs, tension continue au bout de ses patte. Envie de cracher à la gueule de ses opposants, de les attraper. Tous. De les enfermer. Peut-être même pour les tuer, pour ceux méritant le plus ce sort. Et il y en avait.

Elle grogne, alors qu'elle fait les cents pas dans sa grotte, jusqu'à ce que son corps touche les parois d'un côté puis de l'autre. Son flanc se cogne, sa croupe racle le mur, et elle repart. Elle a besoin de souffler, de prendre de l'air. Elle étouffe dans sa rage. Il n'y aura de sérénité possible que lorsque tout sera terminé, lorsque la paix sera revenue sur leurs terres, lorsqu'elle saurait son clan protégé de tout danger...
Elle est jeune, mais elle porte déjà la rage de bien des vies. Toute une existence, pour mettre en place ses projets, mais elle a déjà l'impression d'avoir trop vécu. Elle fatigue.
Il faut qu'elle y aille, maintenant, avant d'ici exploser.
C'est toi qu'elle rejoint, Lymphalème. Son ami. Elle a besoin de passer du temps avec quelqu'un apte à la détendre, du moins pas à l'énerver davantage, tant par son silence que ce calme qu'elle n'a plus qu'en apparence. En dedans, ça bouillonne...

Elle n'a besoin de ton aide, pour savoir où aller. Elle connait déjà le chemin par cœur : celui qu'elle emprunterait bientôt, pour rejoindre le temple de Dairo et obtenir ce glowstick si convoité. Ce glowstick qui lui irait plus que jamais, lorsqu'on suivait le cheminement de ses pensées effrénées. Alors elle marche, de son pas qu'on ne pouvait trouver bien rapide, mais qui devenait assurer sur ce territoire connu.
Elle longe la frontière de la mer, hume l'air. Parle enfin, proche de toi.

« J'aimerais que cette tour soit notre phare près des falaises. Que nous la placions sur la zone la plus élevée : la vois-tu, en sommes nous loin ? Elle doit donner sur le temple de Dairo, mais aussi se doit d'avoir une vue sur toutes les autres tours, pour que toutes s'accordent dans un relai parfais. »

Elle semble se détendre, un peu. Penser à la construction, c'était oublier les attaques de ces solitaires... Elle en vient même à esquisser un petit sourire, sur sa sombre mine pleine de colère, avec ses sourcils qui restent froncés.

« Cette tour, nous l'érigerons tant pour protection de notre patrie, que pour symbole de notre amitié, Lymphalème. »

Il était finalement le seul avec qui elle n'entretenait de liens trop professionnels, comme cela pouvait être le cas avec bien d'autres loups. Jadis, qui étaient ses amis. Désormais, qui étaient plus ses alliés...

Lymphalème

Il avait été convié à accompagner l’Alpha bleue pour la construction de l’une des tours de guet.

Il était donc parti à l’île fantôme, chez les Nakhus, le soir précédent, et avait passé la nuit à étudier des livres sur la construction et les enduits, comment tailler les pierres, comme construire avec du bois, comment bien couper du bois, comment traiter le bois pour éviter qu’il pourrisse … Un tas de trucs ? C’est la méthode du colombage qu’il avait retenu. Faire une base en pierre, puis à partir de poutres en bois, construire une espèce d’échafaudage, puis combler les espaces avec un ciment à base de sable, de terre, de bouse et l’herbe sèche.

Lymphalème ferma le dernier livre juste avant l’aube, le rangea à sa place, puis partit de la bibliothèque, pour être à sa place dans le camp des Lazulis. Depuis que son père était venu lui annoncer la mort de sa mère, Lympha était encore plus distant que d’habitude. Il partait souvent à la bibliothèque, lorsqu’il avait du temps libre. Sa mère y passait beaucoup de temps, de son vivant, et il espérait peut-être la retrouver un peu, parmi les rayons de vieux ouvrages. Peut être dans ses rêves, il la retrouverait dans un coin, entrain de lire un vieux manuscrit, puis le regarder par-dessus ses lunettes rondes, comme elle le faisait lorsqu’il était enfant. A ce moment-là, elle avait l’habitude de le fait venir s’asseoir entre ses pattes, et elle lui lisait un extrait, changeant le timbre de sa voix pour chaque personnage, pour chaque dialogue ou chaque description. C’était d’elle que Lympha tenait son amour des livres et de l’érudition.
Il espérait peut-être la retrouver, en relisant lui-même ces livres-là.

« Maman, c’est quoi ça ? »
«Ca c’est du lupin ancien mon chou, regarde, les lettres sont en forme de pattes, parce que avant, les loups écrivaient leurs messages grâce à leurs pattes dans le sable. Ils n’avaient pas inventé les feuilles et l’encre ! »
« Whoooo moi aussi j’veux écrire comme ça môman ! »

Il n’attendit pas très longtemps, la louve bleue arriva rapidement, d’un pas pressé, plus aussi rebondissant que lorsqu’ils étaient jeunes. Elle s’enfonçait dans le sol pour s’en retirer aussi sec. Quand on ne se voyait pas, on ne devait pas savoir à quel point les mouvements peuvent trahir les émotions. Et Pep’s avait l’air stressée.
Le gris la suivit sans rien dire, elle savait qu’il était là, et elle savait où ils allaient. C’était incroyable, à quel point elle avait pu mémoriser le chemin pour ne pas avoir besoin de ses conseils, elle marchait sur la route, au moindre détour, sans jamais se tromper. Il l’admirait beaucoup pour cette persévérance et cette force de caractère.

Le jeune gris la suivit, jusqu’à qu’enfin elle s’arrête. Son regard se fit chaleureux en la voyant se détendre en s’affairant sur cette construction. Il hocha la tête, puis sourit un peu, touché par cette idée de tour de l’amitié. C’était super sympa comme idée, qu’ils laisseraient quelque chose derrière eux, pour prouver longtemps après qu’ils seraient plus là qu’ils avaient existé, comme l’écriture lupine ancienne. Mais cela prouverait aussi, pour qui savait, qu’ils étaient de très bons amis. Lymphalème s’en voulut un peu de briser ce monologue digne d’une aventure romantico-dramatique, mais il avait besoin de savoir des détails plus techniques :

« … Et tu la veux grande comme quoi cette tour ? » demanda-il, le rire et l’amusement audibles dans sa voix.

Construction - Tour de l'amitié

▬ ft. Lymphalème

Été 2019.
2 ans et demi.

« Grande comme quoi ? Mmh... Comme tes oreilles, j'imagine. »

Elle se fait malicieuse, se permettant cette familiarité avec toi, l'ami d'enfance. L'un des rares qu'elle s'était fait, et avec qui elle n'avait besoin d'entretenir de lien trop sérieux.
Tu étais une bouffée d'oxygène, dans un quotidien bien étouffant : diantre, qu'elle en avait besoin.
Alors ça lui faisait du bien, d'entendre dans ta voix le rire et l'amusant. De te savoir léger, à ces côtés. Leur cause était grande, le travail éprouvant : mais vous passeriez ensemble ce moment.

Un petit instant de bonheur qu'elle chérirait, lorsque les temps se feraient plus sombre. En pensant à ça, elle se souviendrait des jours heureux.
Leur ère sombrait dans des yeux bien profondes, Pepper n'en avait que trop bien conscience...
Elle reprend un peu de son sérieux, pour cette réponse plus véritable.

« Nous devrions la faire assez haute pour porter sur le territoire, mais pas assez pour que le vent de la mer ait raison d'elle. Une tour large, imposante : elle défend une fontaine. Celle que nous prétendons, qui plus est. Elle ne doit être cachée, elle doit montrer que nous nous sommes préparées à tout affront sur nos terres.
Aussi fonctionnelle que dissuasive, se doit-être cette tour. »

En parlant, elle s'était redressée, gagnant en superbe. Le port aliter, les cheveux se faisant fougue contre le vent que levait les falaises. Cette tour mépriserait les ennemis. Elle serait présomptueuse, intraitable. Mais fameuse, pour les loups de votre clan.
Elle venait à n'avoir plus que la hâte de poser patte sur cette construction.

« Pour y parvenir, nous devons toutefois faire face à un problème : tous deux sommes plus réfléchis que puissants... Il faudra trouver des mécanismes pour acheminer jusqu'ici les matériaux : y as-tu déjà réfléchi, Lymphalème ? »

Vous pourriez tailler des pierres de telles sortes à les rendre plus facilement déplaçable, et qui viendraient alourdir le pied de votre construction en assurant sa solidité, comme un fort. Mettre en place un système de levier à bascule pour redresser les troncs les plus lourds, acheminer ceux-ci par une traction réfléchie, en s'équipant de harnais englobant leur corps entier.
Ces idées venaient à Pepper sans qu'elle ne te les partage encore, attendant tes idées.
Et prête à écouter tout ce dont tu avais pu t'instruire, quitte à en ressortir plus impressionnée que jamais sur les efforts que tu avais mis en œuvre pour réussir votre projet.

Lymphalème

Et là il rit, d’un léger rire, qui ne dura pas très longtemps, trop dur à maintenir après toute la tristesse de ces dernières semaines. Il n’avait pas ri depuis des lustres, et il osa même lui donner un léger coup de patte sur l’épaule de son Alpha-best-pote-crush-secret. En la regardant avec affection.

Si seulement il pouvait lui dire, qu’il avait remarqué comment elle souriait dans son sommeil en passant devant la tanière des Alphas, tôt le matin en rentrant de la bibliothèque, où il allait se réfugier si souvent la nuit, qu’il en dormait quasiment plus. Il seulement il pouvait lui dire à quel point il aimait ce sourire, qu’il ne voyait pas durant la journée. Il en était venu à passer devant sa tanière le matin de temps en temps en espérant qu’elle dormait tournée vers l’extérieur pour peut-être apercevoir ce sourire. Elle était déjà belle de base, mais avec ce sourire elle rayonnait.

Mais même quand ils rigolaient ensemble, elle était dans un monde à part. Tout ce qu’il voyait, il n’en disait rien et il gardait tout dans son esprit. Et il ne savait même pas comment il commencerait à lui dire.

Il l’écouta sérieusement, malgré le léger sourire sur ses babines, puis hocha la tête.
« Okay, alors plutôt en pierre qu’en bois, comme ça ce sera imputrescible … et sinon …euhm » il réfléchit un instant, en regardant autour de lui. En contrebas, le sable, il n’y avait pas grand-chose effectivement, à part les rochers des falaises. Il pencha la tête, puis fit un bruit de ‘j’ai pris une décision’.

« On va faire une rampe, cimentée par de la terre mouillée avec l’eau de mer et les plus petits rochers qu’on n’arrivera pas à intégrer dans la paroi. On poussera les roches dessus, et on montera dessus quand ce sera devenu trop haut… Non c’est une mauvaise idée … Si seulement on avait du bois hmmm, on pourrait faire une structure sur laquelle monter … » dit-il, en agitant sa queue.

Il se retourna.
« Ce serait mieux avec du bois. Et si on allait chercher des gros morceaux de bois. Comme ça on en ferait des poutres porteuses, cela nous simplifierait le travail je pense. » dit-il, en regardant la louve bleue.

« Qu préfères-tu ? »

Construction - Tour de l'amitié

▬ ft. Lymphalème

Été 2019.
2 ans et demi.

C'est ton rire, pourtant, qui te trahis Lymphalème. Pepper tique.
Elle te connait un peu trop bien, elle aussi. Elle t'avait observé, à sa façon : avec ses oreilles. Vous étiez ami depuis trop longtemps pour qu'un changement de ton comportement ne lui échappe. Il y avait bien des choses, qu'elle ne devinait : ton affection pour elle, elle qui n'avait le cœur à penser à l'amour.
Quelque chose n'allait pas, pas vrai ?
Elle le savait, tu sais. Elle l'avait entendu, alors qu'elle s'était éloigné, te laissant raccompagner ton père aux frontières. Son ouïe était trop fine, pour n'avoir entendu quelques brides de votre conversation.
Ta mère était morte.
Tu t'étais gardé de le lui dire, pourtant : elle avait attendu ce moment, prête à t'apporter ton soutien. Mais tu avais accumulé seul, ta tristesse. Tu avais tout enfoui en toi. Sans jamais venir soulager ton cœur près d'elle : manquais-tu de confiance en elle ? Pensais-tu l'embêter ?
Elle se décrispe un peu, après le coup de patte que tu donnes à son épaule.

Tes propositions sont bonnes. La deuxième correspondait avec ce qu'elle avait elle-même pensé. Le pompon de sa queue s'agite brièvement, en guise d'approbation.

« Je suis d'avis que nous allions chercher du bois. Pour les transporter, nous pourrions nous équiper d'harnais, qui irait de notre cou jusqu'à la base de notre queue, englobant notre corps entier. Nous n'aurions plus qu'à attacher une ligne à l'arbre, en y planter une attache ou bien en l'entourant d'un lien. Et d'ainsi de pouvoir l'atteler jusqu'ici.
Ensuite, nous n'aurons plus qu'à nous occuper des roches : la rampe servira aussi. »

Elle est confiante. Et alors qu'elle fait volte-face pour trouver la piste qui vous conduirait au bois de l'oubli, là où vous pourriez demander à ce que l'on vous coupe quelques arbres -appeler un de tes frères, peut-être ? Les griffes de Dough serait d'un intérêt tout particulier, dans cette situation-, et qu'elle marche à tes côtés...
Elle se doit de te demander.

« Lymphalème, tu n'es pas obligé de te cacher, tu sais. Tu es en droit d'être triste, comme tu l'es de me parler. En tant qu'alpha, et plus encore en tant qu'amie... C'est de mon devoir, de t'écouter. »

Ses oreilles s'agitent. Son air est sérieux.

« Je sais, ce qui te trouble. Et je ne veux pas que tu t'isoles et souffres en silence. »

Il n'avait à porter seul le poids de son deuil. Si elle ne pourrait ramener sa mère à la vie, au moins lui permettrait-il de partager à son sujet. De se remémorer ces bons moments.
Et de se dire, ensemble, que la vie n'était qu'une chienne.

Lymphalème

Il fut ravi qu’ils soient d’un commun accord, et hocha la tête, prêt à entreprendre ce travail de remorquage de buches. On voyait des arbres à quelques centaines mètres des bords de la falaise, masse verte avant une courte étendue d’herbe et de roche qui les séparaient de la plongée vertigineuse vers la mer et les rochers. Comme quoi, les frontières étaient des espaces particuliers, comme la falaise, entre le monde de la terre, et celui de la mer.
Il partit donc en route avec la bleue, réfléchissant déjà à comment couper habillement du bois, s’ils n’en trouvaient pas en assez grande quantité qui soit tombé de lui-même, durant un dernier orage, quand soudain, elle parla.

Et elle savait. Bien sur qu’elle savait, elle avait remarqué sa voix, le pesant de son pas, sans doute, à cause de la fatigue, à cause de la tristesse. Ses silences, habituellement chaleureux, qui étaient plein de regrets. Il hésita un long moment, en marchant, sans rien dire avant de souffler :
« Je suis désolé. Je savais que je pouvais t’en parler, mais tu avais déjà l’air assez tourmentée sans mes problèmes. »

Il marchait la tête plus basse qu’à son habitude, les oreilles légèrement infléchies vers l’arrière. Ils étaient amis, ils pouvaient se parler de choses comme ça, mais il n’avait pas osé. Non seulement parce que sa mère était Lazuli, mais surtout car Pepper n’avait pas besoin de sa tristesse, en plus de son stress.

« … J’ai été un fils horrible, à partir, sans rien leur dire. Sans prendre de leurs nouvelles. Et elle est morte … Je ne l’ai jamais revue. Elle avait tout fait pourque je me sente bien, chez les Lazulis, alors que je ne me sentais pas à ma place… Je l’ai laissée seule. Et elle est morte, en essayant de sauver sa nièce, capturée par les Raeders. Elle avait plus de courage et de gentillesse que je n’en aurais jamais … Elle s’est sacrifiée pour une autre, et je n’ai pas pu sacrifier 5 minutes de mon temps pour aller la visiter. » dit-il, dans une tirade qui ne lui ressemblait pas, sa voix amère, souffrante.

Il avait été le pire des fils.
Et maintenant, il ne pourrait jamais réparer ses torts. Il pouvait tenter de la retrouver dans la bibliothèque, pour lui expliquer qu’il l’aimait toujours, pour lui montrer qu’il était comme elle, à se terrer dans les bouquins, mais il ne serait jamais à la hauteur. Et il ne pourrait jamais s’excuser.

Il marchait toujours sur le sentier, aux côtés de la bleue, et les arbres se rapprochaient. Toute pensée de bucheron s’était envolée à présent.

Construction - Tour de l'amitié

▬ ft. Lymphalème

Été 2019.
2 ans et demi.

Elle ne ralentit pas.
Elle continue sa route. Marche. Pas après pas, elle écoute d'abord ton silence. Es-tu surpris ? Elle ne peut voir ton expression. Elle ne t'entend renifler, ne sait si tu pleures si silencieusement qu'il n'y a que des larmes pour mouiller tes joues. Elle ne voulait pas te blesser, espère qu'elle finira par t'aider.
Elle commence à s'inquiéter. Un peu. De t'avoir peut-être contraint à lui parler de ces choses là. De te forcer à exprimer cette chose horrible, qu'on préférerait oublier.
Elle ne pouvait encore te comprendre, elle. Sa mère était si jeune, et elle si peut attacher à elle. Mais qu'adviendrait-il, le jour où Sir Athelstan se ferait emporter par sa vieillesse ? A cette idée, se serre son cœur. Ça ferait mal, hein. Tellement mal.
Alors qu'elle se fait à l'idée de cette marche silencieuse, vers la source où vous trouveriez tout ce bois...
Tu finis par parler, Lymphalème.
Une excuse, d'abord, qui la fait lâcher un souffle par le nez. Contrariée, que l'on puisse ainsi deviner ses tourments, ceux qui s'affichaient au point où l'on osait plus rien lui ajouter.

Puis arrive ta confidence.

Il se trouvait fils horrible, à être parti sans rien dire. A ne réaliser que trop tard, ce qu'il avait laissé derrière lui. Et ce qu'il ne reverrait jamais plus.
Pepper reste impassible, lors de ta confession. Elle t'écoute parler de ta mère. Courageuse, qui aura sacrifier sa vie pour sauver sa nièce de ces sous-merdes de Raeders. Notion de famille, notion de sacrifice : même si elle n'était de ton clan, elle éprouvait un certain respect, pour elle. Elle portait de grandes valeurs. Elle n'était sœur de Sir Athelstan pour rien.
Oh, Sir Ahtelstan... Lui aussi, devait s'attrister d'une telle perte. Sans doute irait-elle le voir. Pour lui parler, à lui aussi.
Son cœur se chagrine, de tout ce qu'elle entendait de ta bouche. Elle ne laissait rien paraître, et sa voix ressort franche et droite.

« Lymphalème. Ta mère ne pourrait être plus fière de toi qu'en ce jour. »

C'est ainsi qu'elle commence.

« Elle et ton père savaient, que tu nous avais joins. Et de n'être venu te chercher, était bien la preuve qu'ils reconnaissaient ta place ici, qu'ils ne t'en voulaient pas. Ta mère était une louve forte, qui a donné à notre meute un membre méritant. Tu l'honores un peu plus chaque jour, en accomplissant ce que tu fais.
Son esprit, que tu commémores en te rendant chaque soir à la bibliothèque -c'est un fait que l'on m'a rapporté-. Sa force, en portant à toi seul le poids d'un tel deuil, quand certains se seraient effondrés dès le commencement. Sa loyauté, en t'investissant auprès des autres. Auprès de moi. »

Lui vient ensuite un geste affectueux à ton égard. C'est rare. Presque unique : Pepper ne s'épandait jamais en affection. Pourtant, elle pose sa tête sur ton encolure, son flanc contre le tien, dans un câlin qui se voulait réconfortant.
C'est ainsi qu'elle termina ses paroles.

« Nous allons finir cette tour, Lymphalème. Et du sommet de celle-ci, nous la veillerons toute d'une nuit.
Et tu rattraperas tout ce temps passé loin d'elle. »

La nuit rapprochait des morts.
Elle retire sa tête, reprend sa marche. Il subsiste un sourire, sur ses babines. Une raison supplémentaire, pour terminer votre construction.
Plus qu'une Tour de l'Amitié. Elle serait Tour de l'Amour, celui général et puissant. Pour un compagnon, un parent, un ami ou un enfant. Pour tout ceux qui rendait une personne vivante.

Arrivé au bois, elle te laisserait un peu méditer sur ces paroles.
Ne reviendrait qu'un instant plus tard, avec une scie à deux mains qu'elle traiterait derrière elle. Puis deux harnais, liés à deux cordes.
Ne vous restait plus qu'à épuiser votre corps en sciant, en oubliant un instant la douleur du mental. Décharger ses sentiments, ses émotions, son stress, à chaque coup qu'il faudrait donner, tirant l'un et l'autre d'un côté d'un gros tronc.

Lymphalème

Ainsi elle savait pour la bibliothèque ? Elle savait tout huu. Elle en savait toujours beaucoup. Il agita ses oreilles, marchant toujours, mais il se sentait un peu mieux, il avait redressé ses oreilles un peu, d’ailleurs, au fil de cette tirade. Tu te sentais toujours triste, et malheureux, au fond, mais peut être un peu moins coupable. Elle avait raison, après tout. Le fait que son père l’ait trouvé avec autant de facilité témoignait bien qu’il savait où il était, mais qu’il lui avait laissé la liberté de grandir ailleurs, pour devenir quelqu’un qu’il n’aurait pas pu être chez eux.

Il levait un peu la tête pour la remercier, quand soudain elle s’approcha de toi, pour te faire un câlin. Les yeux du gris s’agrandissent pendant qu’il rougit à fond, redressant un peu la tête, complètement étonné. Puis il se calme et il la regarde chaleureusement. Elle était si gentille, vraiment. On ne le voyait pas, quand elle était en haut de son rocher, mais elle avait un cœur en or, c’était surement à la racine de ses défenses et ses mesures, la protection des siens.
Lymphalème n’osa pas poser son museau sur le sien, ne voulant pas la surprendre ou l’agacer, mais il se demandait si elle sentait, de là, son cœur qui battait fort.

Mais cela ne dura qu’un instant, et elle reprit le chemin, droite et fière comme à son habitude, comme si ce n’était jamais arrivé. Mais le pas du gris était moins pesant, et un sourire doux marquait ses babines, à l’abri des prunelles dorés de sa camarade de construction. Personne ne pouvait savoir à quel point il garderait ce moment dans un coin de son cœur, comme on garder un bibelot de famille, ou le souvenir d’un être envolé cher.

« Hum» dit-il, d’une voix acquiesçante, à la fin des dires de la jolie bleue. Ils passeraient la nuit en haut, pour regarder les étoiles, et il lui décrirait tout. Il avait l’habitude maintenant. Habituellement, cela lui déplaisait un peu, de parler autant, mais quand c’était pour Pepper, c’était tellement agréable. Chercher à décrire ce qu’on voit sans faire allusion à la vision, et essayant lui rendre clair des choses qu’elle ne pouvait qu’imaginer… Être ses yeux, en quelque sorte, cela lui réchauffait un peu le cœur. Il lui était utile.

Le gris la laissa aller chercher ce dont ils avaient besoin. Il ignorait qu’elle soit à ce point préparée, et se sentit un peu honteux de n’avoir rien amené, lui. Il chercha les troncs tombés les plus robustes, non-pourris, et droits, mais rapidement, il leur fallait des choses plus solides.
Il vint donc l’aider avec la scie, puis choisit un bon arbre. Un arbre droit, chose que seul lui avec sa vue pouvait effectuer. Une fois qu’il l’avait trouvé, il interpella Pepper, et ils purent chacun s’empoigner d’une partie de cette scie, conçue spécialement pour être utilisée avec les crocs, ou la patte, sans leur tordre le membre.
Ce fut dur, il fallait être bien coordonné, et au début, il tirait trop vite, ou pas assez, et manquait de se casser la figure, le laissant aller à un petit rire amusé quand il faisait n’importe comment, et un petit « Désolé ! ».
Mais au bout d’un moment, ils se comprirent, et sans plus rien dire, leur technique s’aiguisa, et l’arbre ne tint plus bien longtemps, tombant sur le côté. Il agita ses oreilles, puis proposa à la bleue d’en couper au moins 3 de plus, pour faire de bonnes fondations, poutres, et structure de construction.
Un deuxième tomba, puis un troisième. Ils étaient devenus agiles. Le tronc tombait là où il le voulaient, et l’arbre était coupé bien bas, sans gaspillage inutile du précieux bois, qui était non seulement fort, mais plutôt épais, et Lymphalème était bien fier de leur travail, et du choix des matériaux. Ils seraient parfaits, pour la construction qu’ils avaient en tête.
Ils en étaient au dernier grand arbre vertical, sciant. Vers Pepper, puis vers Lympha, puis vers Pepper, puis vers Lympha… Et c’est toujours le dernier qui semble s’éterniser sur une durée inimaginable. Lympha finit par souffler un peu, en entendant un craquement.

« Je pense que c’est presque bon ! » s’exclama-il. Il s’était un peu perdu dans ce travail physique, oubliant sa peine, oubliant son affection secrète.

Construction - Tour de l'amitié

▬ ft. Lymphalème

Été 2019.
2 ans et demi.

Ce fut compliqué, de se coordonner.
Elle se laissait entrainer par tes mouvements, trébuchait parfois un peu lorsque lui revenait trop rapidement la scie, ou lorsqu'elle la poussait trop brusquement, lâchant presque le manche qu'elle tenait entre ses crocs.
Mais vous y parvinrent, elle et toi. A force de ces vas et viens répétitifs des dents de la scie attaquant le bois, vous eurent raison d'un tronc. Puis de deux, et trois.
Et tout ceux qu'ils vous faudrait pour ériger votre tour.

Ta voix retentit, après le bruit sourd d'un arbre qui s'écroule, évoquant le fait que c'était presque finit : et tu avais raison. La jeune émit un hochement de la tête. A l'intonation de sa voix, elle se retrouvait aussi rassuré, de savoir que tu semblais aller un peu mieux. Que cette tâche devait t'aérer l'esprit, te vider des néfastes pensées qui s'y trouvait.
Elle lâche la scie, passe sa langue sur ses babines. Sa gueule lui tire : il est bien que cette tâche s'achève, elle n'aurait pas couper un arbre de plus.
Au nez, elle retrouve ses traces, se rapprochent des harnais et des lignes délaissés. D'un mouvement de la tête, elle t'invite à venir t'équiper : il était temps d'user de votre force pour acheminer les rondins aux abords du lieu de votre construction. Avec un peu de maladresse et plusieurs tentatives, elle troque son harnais décoratif contre celui d'attelage, glisse la ligne qu'elle te laisse attacher autour du premier rondin.

A partir de là, il vous faudrait plusieurs allers-retours. Et la sueur de maculer vos visage et votre peau, et vos griffes de s'user contre la roche du chemin.
Mais vous y parviendrez, hein ? Ce n'est ici qu'on la tiendrait en échec, Pepper. Elle ne se laisserait abattre par une telle tâche, bien que fortement éprouvante. Elle était bien plus forte que ça : sa faiblesse résidait dans ses yeux, non dans son corps svelte et alerte.
Au dernier rondin rapporté, elle se mit assise, haletante, appuyant son dos contre l'un d'entre eux.

« On devrait aller se rafraichir un peu, avant de s'écrouler : tu m'accompagnes à la mer ? Nous en profiterons pour jeter un premier coup d'oeil aux pierres à disposition. »

Tu n'aurais qu'à emprunter avec elle le chemin qui longeait les falaises pour y descendre directement, ne laissant qu'une maigre place à une plage caillouteuse. Ensuite, vous n'auriez plus qu'à débuter la base de votre construction, en profitant de votre position pour lister les roches qui pourraient vous servir, comme elle le suggérait. Celle que tu regarderais, celle qu'elle toucherait, pour mieux porter votre tour.
Puis de la voir prendre forme, petit à petit. Une tour bien large, qui en imposerait : cette idée fait frémir en elle une excitation certaine.

En attendant, il serait bon de profiter de cette pause, pour n'en revenir que plus efficace, non ?

Lympalème

Il aida son Alpha à atteler le bois, puis s’attacha lui-même à une grosse buche, faisant l’effort de toujours se mettre 2 fois plus de charge que à Pepper. Ce n’était pas qu’il ne pensait pas qu’elle en soit capable, mais surtout qu’il ne voulait pas l’épuiser, elle comptait beaucoup plus pour la meute que lui. Alors il se forçait à travailler plus qu’elle, sans jamais se plaindre. Il savait qu’elle le devinerait, mais il lui faisait aussi confiance pour comprendre pourquoi il le faisait. Après tout, cela ne lui ferait pas de mal d’avoir quelques muscles en plus !

Cela leur pris un bon moment pour tout remorquer, mais lorsque le dernier tronc fut détaché du harnais, Lympha s’assit et souffla un grand coup, en détachant son harnais noir, son écharpe attachée dessus, pour qu’elle ne traine pas par terre comme elle faisait souvent normalement. Il repoussa d’une patte ses épaisses mèches ornés de billes noires et de croix vers l’arrière. Mince alors, c’était cool les cheveux longs, mais beaucoup moins lorsqu’il fallait faire du sport et qu’il n’avait rien de pratique pour les attacher !

Il leva les oreilles à la proposition de l’étoile et fit un bruit d’acquiescement, -umh-hum- comme à son habitude. Il l’accompagna jusqu’au bord, empruntant les fins sentiers au bord du vide avec l’échine totalement hérissée de peur… Tant qu’il ne regardait pas au-dessus du bord …

Mais ils arrivèrent quand même en bas, sains-et-saufs, et il trottina sur le sable en humant le parfum salé de l’eau, la rive se durcissant sous ses pattes à mesure qu’ils se rapprochaient de l’écume, alors le gris, sans prévenir, bondit en avant vers l’eau, se jetant dans l’eau fine qui glissait vers la mer, ses pattes s’enfonçant dans le sale mouillé. Il releva énergétiquement la tête vers la louve bleue, avec un grand sourire, et donna un coup de patte dans une petite vague pour éclabousser un peu son amie.

Il faisait un peu gamin, certes, mais il aimait beaucoup la mer, le sentiment de liberté que donnait l’étendue bleue jusqu’à l’horizon. Et puis il voulait rire un peu avec elle, oublier un peu la tristesse de la perte dans la joie de son affection.
Mais surtout il voulait la voir sourire, et se détresser aussi.

Construction - Tour de l'amitié

▬ ft. Lymphalème

Été 2019.
2 ans et demi.

A sa proposition, elle t'entend bondir en avant. Tes pattes quittent le sable durcie par l'eau pour y plonger tout entier. Il y a l'éclat de l'eau autour de tes pattes, les gouttelettes que tu envoies, ton corps qui se mouvait dans la mer. Il y a tes mouvements énergiques, le dynamisme dont tu fais preuve au cours de ton immersion.
Puis un nouveau bruit d'eau, et la voilà trempée, elle aussi.
Elle relève ses babines et grogne amicalement, l'air faussement énervé, te montrant amicalement les crocs. Alors qu'elle avait pénétré dans l'eau jusqu'à sentir les vagues lui chatouiller le ventre, il avait fallut que tu lui mouilles la tête, collant à son front une mèche épaisse de cheveux bleus.

« Tu oses ainsi me tremper ? »

Elle range ses dents et contre-attaque, d'un bond en ta direction qui soulève un ras de marré à son effigie, qui ne viendrait que tremper ton flanc. Elle se fait joueuse et taquine, oublie un instant la situation.
Il fallait savoir soulager la pression, sous peine de voir la soupape de sécurité éclater.
Alors elle profite. Elle savoure l'instant. Se surprend même à rire, d'une manière franche et devenu trop peu fréquente. Elle joue dans l'eau, avec toi. Gronde quand tu la mouilles, quand l'eau salée s'infiltre tant dans son poil que dans ses narines et sa bouche. Elle n'aime pas ce goût, elle !
Sa cécité ne la rend pas bien efficace, dans cette joute marine qui se tient entre vous. Elle a quand même un espoir, quand elle cesse et retourne s'ébrouer sur la plage.

« J'espère que tes grandes oreilles sont remplies d'eau de mer, en guise de punition. »

Ses babines sont relevées en un sourire taquin. Elle avait l'air heureuse, après cette pause. Satisfaite de ce moment d'amusement, qu'on aurait pu penser égarement, mais qui ne renforçait que cette affection platonique qu'elle te portait, toi, ami d'enfance, meilleur ami.
Il fallut ensuite reprendre le travail. Remonter les lourdes pierres, dont elle devinait la taille en les longeant. Les faire glisser, en les poussant le long du chemin emprunté, le lissant un peu plus à chacun des passages.
Et de la monter, cette tour. Avec les rondins apportés, montés sur les lourdes pierres.
Vous y étiez presque.

Tout serait achevé bien prochainement.

Lymphalème

Il ressortit de l’eau, et pencha la tête d’un côté, pour essayer d’ôter l’eau de ses oreilles. La petite bleue ne croyait pas si bien dire, il avait l’oreille droite remplie d’eau, et il arriver pas à tout enlever. Il rigola puis se secoua, pour tenter d’ôter l’eau de son pelage gris touffu.
« Haha ! Bon, allons faire cette tour. » dit-il, un sourire aux babines, s’apprêtant à raccompagner sa ravissante amie jusqu’à leur lieu de construction.

Ce fut moins ardu qu’il avait prévu. Les buches montées verticalement leur fournirent un support solide. Il utilisa un coquillage à bord tranchant, pour creuser des trous dans les piliers de bois, et ainsi y entreposer des branches horizontales, qui serviraient à soutenir le premier étage. Une fois qu’ils étaient satisfaits de l’emboitement des branches horizontales, ils s’appliquèrent à poser des branches plus menues dessus, pour faire un premier étage.

Lymphalème se retourna et attrapa une petite poche de cuir qu’il avait faite lui-même. Il en sortit une poudre grise, un liant, qui, mélangé avec de l’eau et du sable, créerait un ciment pour cette bâtisse. Il utilisa des sacoches de cuir qu’il posait d’un côté et de l’autre de ses flancs pour transporter le ciment qu’il mélangeait au bord de l’eau jusqu’à leur Tour.
Elle s’érigeait presque par magie, après que le premier étage soit construit et consolidé. Ils avaient poussé des pierres devant, pour qu’on puisse accéder directement du bord de la falaise au premier étage, sans passer par le rez-de-chaussée, qui servait plus de consolidation contre les intempéries qu’autre chose. Ils pouvaient monter sans difficulté à présent. Il restait à trouver comment faire un bon toit et des murs solides, qui couvriraient les gardes de la pluie et du vent.

Au rez de chaussée, ils avaient profité des rochers proches et du ciment pour créer des parois, mais au premier étage, les buches auraient du mal à supporter des grosses roches comme ça. Lymphalème se tourna vers la bleue, à court d’idées. Peut-être qu’elle, elle saurait quoi faire.
« T’as une idée pour les murs ? » demanda-il. Les piliers montaient encore bien haut dans les centres de gravité de la bâtisse, montant sur bien 2 mètres encore, mais Lymmphalème pensait pas que faire un étage de plus serait bien bénéfique, on voyait bien, d’ici, les sentiers des bords de la falaise ainsi que la mer. Mais le vent fouettait le visage, et Lympha ne savait pas comment conserver à la fois visibilité et protection contre les intempéries.

« ... Et le toit d’ailleurs ? » demanda-il encore.
Il leva la tête vers le ciel, actuellement clément sur la pluie, mais le vent lui fouettait le visage, poussant ses épaisses mèches dans ses yeux. Il n’imaginait pas monter garde ici comme ça.

En levant une patte pour ôter ses mèches cuivrées de sa figure, il tomba sur son amie. Elle allait bientôt aller chercher son glowstick, mais lui, avec la mort de son mentor, Alys, ne savait pas s’il serait prêt. Il redoutait le jour où elle rentrerait avec son glow au cou. Il avait déjà beaucoup de retard sur la majorité des loups de la meute, quant à ce glow, mais maintenant…

« Pep’ ? J’ai toujours pas mon glow tu sais… Et depuis la mort de Alys … J’avais pas fini mon entraînement quoi… A quoi je servirais, si je n’ai pas de pouvoir pendant encore plusieurs lunes ? » demanda-il doucement.
Il sortait de son silence pour se confier, après leur jeu dans l’eau, il était plus détendu. Il ne savait pas quelle serait sa place, si i ne réussissait pas à trouver un pouvoir. Il y avait une dynamique ‘du plus fort’ souvent, chez les Etelkrus, et Lymphalème, malgré sa carrure, avait une tête de littéraire plutôt que de guerrier, et ne pouvait s’empêcher de se demander où serait sa place.

Construction - Tour de l'amitié

▬ ft. Lymphalème

Été 2019.
2 ans et demi.

Le travail allait bon train : c'était désormais à elle, de donner quelques idées, pour cet étage en construction. Si le rez-de-chaussé était achevé, ce n'était le cas pour celui-ci. La bleue réfléchie, arpente le sol d'un pas lent, pour ne pas s'approcher du bord. Elle sent les odeurs et le vent. Il faut garder bonne visibilité, mais faire cesser celui-ci.
Elle propose alors.

« Nous pourrions placer des troncs en croix de Saint-André, auxquels nous viendrions mettre à l'horizontale d'autres troncs, plus fins. En plus d'améliorer la solidité de notre construction, elles permettraient de briser un peu le vent, sans trop faire perdre de vision. Qu'en dis-tu ? »

Seul toi serait en mesure de lui assurer que de vision, il y aurait encore suffisamment en procédant ainsi. Elle reprend, sa langue vient claquer contre son palais.

« Quant au toit... Nous pourrions simplement utiliser de grandes feuilles de palmier : elles seront légères à acheminer, et sauront suffisamment protéger les nôtres de la pluie. »

Elle hoche la tête, tourne sur elle-même. Cela concorderait bien avec la présence de leur tour de guet près de la plage, qui plus est, quand bien même elle ne pouvait posséder de sens de l'esthétique bien aiguisé. Elle ne pouvait que se dire que la présence proche de ces matériaux feraient que le tout ne trancherait que peu avec le reste.
Alors qu'elle songeait à aller chercher les végétaux, esquissant un pas vers le littoral pour trouver le contact d'un palmier, c'est ta voix qui se fit entendre. Tu te questionnais, Lymphalème, et c'est à elle que tu te confiais.
Elle qui t'écouta, la tête légèrement penchée, laissant retomber sur une moitié de visage quelques folles mèches bleues. C'est un sourire franc qui apparait alors, lui faisant froncer le museau.
Elle quitte son air sérieux.

« Moi non plus, je n'ai pas encore de glowstick. Alors ne t'en fais pas pour ça : sans lui, nous nous rendons tout de même utile. Nous venons après tout de monter une tour, sans aucune aide divine. Et tu sauras toujours te rendre utile, je le sais. Au moins en tant qu'ami. »

Un petit rire lui échappe, léger. Elle se fait tout de même plus sérieuse, Pepper.

« Mais il est vrai que ton entrainement n'a pas été mené à bien. Je te conseille de te rapprocher de quelques membres d'excellence de notre meute, qui pourront s'entrainer avec toi, et te donner chacun des conseils différents. Apprendre de tous est une force. »

Sir Kalashnikov, Sir Athelstan, Dame Lucie, Dame Bamboo, Joy, Anette, elle-même... Il pourrait tirer de chaque membre de leur meute un petit quelque chose, qui constituerait son tout. Ainsi serait-il en mesure d'achever sa formation.
Elles espérait désormais avoir éclairci tes pensées, afin que vous puissiez mettre en place les finalités de cette tour.

Lymphalème

Il écouta ses propositions, avant de hocher la tête. Oui, cette solution apporterait beaucoup de solidité, sans toutefois encombrer totalement la vision des gardes. L’apprenti Etelkrus se décida à cette technique, ainsi que celle des feuilles de palmier. De plus, cela offrirait un camouflage supplémentaire à la tour, la faisant ressembler, de loin a un amas de palmiers auprès de la falaise.

La jeune louve bleue fut de nouveau là pour le rassurer. Elle avait 6 mois de moins que lui, mais il ne l’avait jamais vraiment considéré comme plus petite, tant parce qu’il s’entendait très bien avec elle, tant parce que la hiérarchie et ses devoirs lui donnaient un âge qu’elle n’avait pas. Il sourit, plus hocha la tête. Il irait demander aux autres loups de la meute de lui apprendre leur façon d’être, leur manière de se défendre et de se battre, pour essayer d’acquérir les compétences qui feraient de lui un loup indispensable dans la meute. Et peut être même un loup que son amie finirait, un jour, par remarquer. Peut être plus que juste comme un ami.
Il pouvait toujours rêver.

« Je vais utiliser le bois restant pour faire les croix, peux-tu chercher les feuilles de palmier ? » demanda-il.
Il se mit immédiatement au travail, en hissant les morceaux de bois à l’étage, pour ensuite en faire une croix, creusant le bois pour que les morceaux s’emboitent parfaitement, mais lorsque Pepper revint, il venait de mettre la dernière croix debout. Il attrapa les feuilles que Pepper apportait, et le passa au-dessus des piliers qu’il avait mis dans les coins, et par-dessus le futur toit, en les attachant avec de la ficelle qu’il avait apportée.
Après quelques heures, alors que le soleil commençait à se coucher, il descendit, et souffla un grand coup.
Ils avaient fini. Le toit était en place, et la tour était enfin finie. Il se redressa fièrement, puis décrit la tour à Pepper à l’oral, ne ratant aucun détail, pour qu’elle se fasse une idée de la forme qu’avait pris leur construction.

Il finit son image orale, et se tourna vers la jeune louve bleue. Il avait tant de chance, d’avoir cette louve dans sa vie. Il y avait tant de choses qu’il aimerait lui dire, lui expliquer, mais il ne trouvait jamais les bons mots. Alors il restait en silence. Il était tellement heureux avec elle, mais la vérité de ses sentiments le dérangeait, parfois.
« Pepper, je - … on rentre ? » demanda-il doucement.

Il n’avait toujours pas les mots. Mais un jour peut-être, l’occasion viendrait.
Un jour. Ou jamais.

Construction - Tour de l'amitié

▬ ft. Lymphalème

Été 2019.
2 ans et demi.

Elle hoche la tête et s'en va chercher les feuilles. Il faut qu'elle frôle les arbres, qu'elle sente la rugosité de leur écorce contre son flanc, pour les trouver à leurs pieds. Elle devine leur état par leur toucher, puis les coince ensuite dans la ceinture de son harnais.
Derrière elle se traine les longues feuilles, qui dessine des sillages sur son chemin et fait disparaitre les traces de ses pattes dans le sable. Elle délaisse le bruit de la mer pour te revenir, toi qui a achevé la construction.

Celle que, maintenant, tu lui décris.
C'est un sourire aux babines, qu'elle t'écoute. Elle comprend la hauteur, elle comprend la solidité. Ce sont des images qu'elle invente et qu'elle ancre en cette mémoire qu'elle pense infaillible, en cet esprit qu'elle pense forgé dans les mêmes matériaux que cette construction.

Elle est heureuse, de votre contribution commune. Elle avait déjà construit une tour, pourtant celle-ci tient une place plus importance encore en son cœur. Elle est un symbole.
Elle espère qu'en posant les yeux sur cette tour, tu penserais à votre collaboration, et à cette amitié qui vous unissait, elle qui ne faisait que se renforcer jour après jour.
Tu étais l'unique étranger en qui elle avait pu faire confiance, le seul Lazulis qu'elle avait accepté. Elle t'appréciait, te tenait en haute estime.
A en épargner ton père de ces terres, parce qu'il était de ton sang. A te laisser vaquer sans méfiance, quand elle en portait sur d'autres.

Elle ne te voit pas, te tourner vers elle. Elle se contente de fixer un point indéfini, la tête tourné vers l'intérieure des terres.
Il y a d'abord l'hésitation. Juste avant que tu ne te reprennes, pour achever la phrase : elle ne devina tes réelles intentions, ne soupçonnant les sentiments que tu nourrissais pour elle.
Il y avait des choses plus inaccessibles que d'autres, pour elle. L'amour en faisait parti, lorsqu'il n'était familial ou amical.

« Oui, allons-y. Nous avons méritez notre repos. »

Ses pas sont légers, quand elle suit les traces qui vous avez conduit ici. Elle trotte à tes côtés, avec sa queue courte qu'elle tient si relevée et son buste fier.

Fière, de vous deux.
De ce que vous aviez accompli, de ce qui resterait même après votre existence.
Ensemble.

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