Fin de journée [Feat. Abysse]

Le loup qui se tenait sur la plage à quelques pas de moi semblait plutôt détendu, pas vraiment déranger par ma présence. Tant mieux, je ne voulais pas embêter qui que ça soit. Je voulais juste être tranquille et passer un petit moment en paix en cette fin de journée fortement agréable. Je remuais la queue alors qu’il bougeait pour tourner la tête vers moi. Dressant les oreilles à ses mots, toujours un peu de mal à parler, mais il semblait vraiment faire des efforts pour communiquer avec nous, et au fond je crois que cela me faisait plaisir.

Je me suis alors calmement assise prêt de lui, levant bien la truffe pour que le soleil aille aussi sécher mes poils du cou et du menton. Endroit qui prenait un certain temps à sécher de manière général. Ce que je trouvais parfois un peu désagréable, presque blasant. C’était le seul mauvais côté de devoir nager aussi régulièrement, c’est que j’avais parfois la sensation de ne pas être tout à fait sèche. Je préférais être complètement vaseuse qu’à moitié sèche. Agitant les oreilles à sa question je haussais un peu les épaules.

« Pas vraiment, je cherchais une offrande pour notre divinité, et un cadeau pour Limule. »

Lui répondis-je en rouvrant les yeux, glissant mon regard vers l’individu. D’où venait-il pour avoir un corps si atypique et à la fois fascinant. J’avais envie de lui poser la question mais je trouvais l’idée que le faire parler serait presque un peu sadique vu qu’il semblait peiner pour échanger, et que j’appréciais tout autant le silence et la quiétude. J’avais quand même un doute sur son prénom et ça serait sans doute bien de demander, juste par respect.

« Excuse moi, tu t’appelles bien Abysse ? J’ai un petit doute. »

Lui dis-je car en réalité je n’étais pas sûr d’avoir réussi à retenir les prénoms de tout les membres du clan. Même si ce n’était pas bien grave en soit. Je finirais bien par les apprendre et les retenir à force de vivre avec eux. Mais du coup je voulais m’assurer que je ne me trompais pas sur son identité.

Naïade profitait de sa fin d’après midi, la compagnie d’Abysse était agréable. En le voyant la première fois, elle avait crains que ça soit un loup désagréable, qui aime jouer de son apparence particulière pour faire peur. Ou qu’il soit un individu avec un fond mauvais. Mais il n’en était rien du tout, et elle était très heureuse de s’être trompée, mais aussi d’échanger avec lui. Il avait beau caler sur les mots, et être un peu particulier, il était en réalité un loup qu’elle commençait déjà à apprécier. Il lui semblait très gentil, presque adorable.

Aux mots qu’elle échappa, il ne sembla pas comprendre tout de suite. Mais quand ce fut le cas, il sembla gêné, ne pas savoir quoi répondre. Ce qui la fit sourire avec tendresse. Elle perçu rapidement le bruit du sable, elle tourna la tête dans leur dos et remarqua qu’il remuait les queues avant d’entendre ses quelques mots hésitants.

« De rien Abysse. »

Répondit-elle doucement avant de lever la truffe vers le ciel, appréciant les embruns de la mer. A la question du mâle. Elle mit les oreilles à l’horizontal, rouvrit les yeux, et tourna son regard vers lui. L’observant une seconde. Elle ne voulait pas se souvenir du passée. Elle venait de si loin… Tant physiquement que moralement. Elle roula ses épaules sous son pelage avant de baisser la truffe vers lui.

« Je viens de loin sur une autre île. Mais ça n’est pas intéressant »

Répondit-elle calmement, ne voulant pas s’épancher sur ce passé qu’elle n’appréciait pas. Elle préférait en découvrir plus, en apprendre plus. Toujours plus de connaissance, toujours plus de savoir et de rêves qui se profilaient dans sa tête. Elle sourit à Abysse.

« Tu peux me parler des Abysses ? Je suis sûr que ce que tu as à dire sur ton monde est beaucoup plus intéressant et fantastique que ce que j’ai lut. »

Lui dit-elle en redevenant enthousiaste, sa queue s’agitant dans son dos. Elle espérait ne pas être trop intrusive, mais Abysse avait attisé sa curiosité. Et elle espérait vraiment qu’il lui répondrait. Elle se rappela alors d’une chose qu’elle avait lut et dressa les oreilles en lui lançant un regard.

« C’est vrai que dans les abysses il y a un énorme poisson avec une espèce de lampe au dessus de la tête ? »

Demanda-t-elle en remuant la queue, elle avait toujours été intrigué par cette trouvaille dans un vieux livre. Un poisson comme ça, ça existait vraiment ? Si oui, elle voulait tout savoir.

Naïade l’observait, contrairement à lui qui ne voyait que du flou, elle l’avait comprit, elle voyait parfaitement les attitudes. Un loup pouvait caché beaucoup de chose derrière sa joie ou son sourire. Mais la femelle était tellement habituée à mentir sur son état pendant qu’elle était sur l’ïle Fantôme, qu’elle savait que le corps transpirait ce que la voix refusait parfois de dire. Il était plongé dans ses songes un peu comme elle quand elle souffrait. Pourtant il voulait bien lui expliquer des choses et semblait enthousiaste. Mais quand elle le questionna, elle sentit la joie prendre la fuite.

La louve continentale l’écouta, les oreilles à l’horizontale, avant de poser une patte sur le museau d’Abysse pour lui faire fermer la gueule. Pas de manière méchante, mais au contraire très douce et amicale. Elle glissa sa truffe contre son encolure dans un petit calin, alors que sa queue s’agitait.

« Ne répond pas si une question t’a fait souffrir. Ou parle de ce qui te blesse pour enfin t’en libérer. La mal être c’est comme la joie, c’est contagieux, alors je le ressens, que quelque chose ne va pas. »

Lui expliqua-t-elle doucement avant de retirer reculer la tête, posant son museau entre ses pattes. Elle lui avait parlé avec douceur et tendresse. Elle ne voulait pas le rebuter ou en ajouter à sa peine. Elle glissa sa patte contre celle d’Abysse pour lui faire comprendre qu’elle était là. Et qu’elle pouvait l’écouter ou le soutenir s’il souhaitait parler de ce qui le tourmentait.

Néanmoins, Naïade l’avait écouté, et apprécié qu’il fasse l’effort de lui répondre même si il semblait en souffrance. Elle agita doucement la queue, puis les oreilles, un fin sourire sur les babines.

« J’aimerais bien voir ces poissons lampes un jour. Je trouve leur forme particulièrement intéressante, et leur allure impressionnantes, ils doivent être beau à voir… »

Rêva-t-elle à haute voix, enviant un peu Abysse qui en avait sans doute déjà vu. Elle ferma les yeux, s’imaginant l’ombre totale des abysses, clairsemée de couleurs brillantes, de méduses colorées, et de requin presque luisant. Puis elle s’imaginant cet immense et fabuleux poisson, faisant sa loi au milieu de tout cela.

Naïade avait de l’affection pour Abysse, c’était inévitable, elle savait qu’elle appréciait la totalité des membres de sa meute. Mais lui était agréable de compagnie, et ne semblait pas la juger, ce qui était fort doux pour le cœur de la femelle. Elle était contente de l’avoir croisé en cette fin d’après midi, c’était un moyen de clore parfaitement la journée de la jeune louve. Elle l’avait vu couché les oreilles à son contact, mais doutait que ça soit par haine ou autre chose de ce type. Elle avait seulement sourit en la retirant.

Elle n’avait pas eut de mal à saisir que le loup des ombres de la mer ne voulait pas parler de son passé. Et elle ne lui en tenait pas rigueur, elle ne désirait pas non plus évoquer le sien. Elle se sentait mal rien que d’y réfléchir. Et ne voulait pas infliger cela à un autre individu. C’était indigne d’elle, en plus d’être sadique à ses yeux. La façon de parler d’Abysse était adorable aux oreilles de la louve elle trouvait cela craquant. Elle l’entendit alors lui dire qu’ils pourraient aller voir si elle voulait et elle hocha la tête.

« Le jour où je respirerais sous l’eau, avec grand plaisir ! »

Annonça-t-elle au mâle en remuant vivement sa queue de reptile. Elle attendait de savoir comment était les abysses, l’écouta, et retint ses quelques mots, ils étaient comme une mélodie, elle ferma les yeux, se l’imaginant. Avant d’entendre du bruit plus loin sur la plage. Elle se releva lentement, les oreilles pointées vers l’avant.

« Abysse… Il se passe quelque chose… »

Lança-t-elle au loup, lui lançant un regard inquiet, elle hésita avant de partir à la suite du mâle. Elle craignait qu’il soit arrivé quelque chose de grave. D’habitude la plage était si calme. Mais d’un coup, elle semblait beaucoup moins tranquille.