Futur chasseur (skavelden)

Hier soir quand il était rentré au bateau, le petit loup avait passé son temps à embêter Naïade en lui demandant comment se comporter avec Abysse, est ce qu’il était vraiment gentil, est ce qu’il allait l’apprécier, et tout un tas de choses. Il avait tanné la louve jusqu’à ce qu’elle lui donne un somnifère pour qu’il arrête de lui poser des questions et la dérange dans son travail. Sans oublier qu’il était tellement excité qu’il avait emmerdé la louve parce qu’il ne parvenait pas à dormir. Alors quand il s’était levé à l’aube, le petit loup avait vite sauté sur ses pattes.

Il était déjà très motivé, toujours quand il s’agissait de passer du temps avec les autres. Mais avait ça, il avait quelque chose à faire. BOIRE ! Parce que dès l’aube il avait déjà commencé à avoir des pensées négative, et il détestait profondément ça. Une ou deux lampée d’alcool, un peu de tabac de sa mère de substitution et il était parti. Rotant sur la route. La délica.. QUOI ? Inconnu au bataillon ! L’élégance ? Chez lui ? Un véritable mythe. Skavelden était tout sauf délicat et élégant. Il était légèrement lourd, un peu rondouillard, il avait la bedaine de ceux qui boivent un peu trop, un vocabulaire fleuri d’insultes et de mots étrangers. Bref, il était loin d’un loup qui pouvait plaire à une dame.

Et du haut de ses un an, il ne s’inquiétait pas de plaire à qui que ça soit. De toute façon il était pas venu au monde pour plaire à des mortels. Mais à sa reine l’océan. Soit, il adorait avoir de l’attention, de l’affection, et passer du temps avec ses congénères, il était serviable et obéissant, mais il avait tout de même un caractère complètement ingérable et parfois incompréhensible.

Alors qu’il descendait vers les plages, il entendit des hurlements étranges qui le firent pouffer de rire. Dans un silence de diablotins qui a apprit à faire des farces, il parti s’asseoir à côté d’Abysse. Il leva la tête et commença à hurler avec lui, accordant ces notes à celles du loup pour créer quelque chose de beaucoup plus agréable avec son congénère.  Quand le loup des mers s’arrêta Skavelden lui lança un coup d’œil avant qu’un hoquet ne le prenne, ce qui le fit pouffer de rire.

« Sorry guy, j’viens de boire ma gnole. Bref, t’es ready for the job of the day ? J’ai trop hâte que tu m’apprennes à chasser !! J’suis excité comme une puce de poil, même si ça démange à mort ces tites merdes »

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Skavelden était brute de décoffrage et pas élégant, c’était comme ça il ne fallait pas lui en demander plus. Il avait du mal à se concentrer sur la littérature, les cartes et les étoiles comme le voulait Naïade. Il était blasé par le comportement stupidement belliqueux de certains individus et fatiguait de la plus part des autres faits du monde. Boire était son seul moyen de ne pas percuter, de ne pas capter cet espèce de moiteur puante dans lequel le monde qui l’entour était plongé. Il ne parlait bien sûr pas de l’odeur général des Readers, mais bien de l’état actuel de la société dans laquelle il grandissait. Il détestait la folie belliqueuse des Etelkrus. Il ne supportait pas la décadence dans laquelle les Lazulis avaient été pris selon ce qu’on lui racontait, et n’appréciait pas plus la trop grande ouverture des Nakhus, ça cachait forcément quelques choses, ça puait, même de là où il était.

Ça schlingue la bêtise, et ça fait chier, c’est lourd, et ça lui sape le moral. Ce monde, c’est de la daube… La seule chose bien, l’océan, à perte de vu, endroit où le bruit n’arrive pas, où la bêtise se noie, et ou le reste n’a pas d’importance. Il souffla longuement en rabattant sa queue contre ses pattes, sentant le regard jugeant d’Abysse. Lui aussi le jugeait, bah bien tient… Y en a pas un pour rattraper l’autre. Y a pas à dire, il va bien avec Naïade.

« Te force pas à sourire, les faux sourire ça sent la merde et ça n’a pas de valeur »

Remarqua-t-il en se levant, secouant son pelage sombre. Drôle de malédiction qu’il se tapait depuis quelques semaines déjà. Mais ça ne le dérangeait pas plus que ça. Mavis le reconnaissait et ses deux autres sœur d’armes aussi. Il agita les oreilles en entendant Abysse.

Il écoutant son mentor du jour, chasser ou pêcher ? Il avait prit le temps de le faire en l’attendant, et au fond ça touchait beaucoup le jeune mâle qui fit onduler sa longue queue dans son dos avant de pointer ses oreilles en arrière.

« Allons dans l’eau… Le poisson est une chose que Mavis aime, et moi aussi, je serais ravis d’apprendre à pêcher avec toi. Merci de prendre ce temps pour moi. »

Lui dit-il calmement, réussissant à retrouver son sérieux, il avait envie de rire. Il se donnait la nausée quand il était comme ça, bien droit bon petit élève qui ne doit pas sortir des clous. Mais en fait il crachait sur les clous et urinait de l’autre côté par habitude. Parce qu’être dans les clous, c’était manqué de réflexion et de sensibilité à ses yeux.

Le jeune loup sombre écouta son supérieur agitant lentement les oreilles, il était grossier de base, fallait pas s'en soucier, c'était comme ça. Si on le jugeait à son élégance on risquait de le prendre pour la pire des raclures. Etil sentait l'alcool mais n'en subissait pas les effets, il le savait, il avait testé. Il ferma les yeux en soupirant.

« Déstresse Bro. Je ne ressens pas les effets de l’alcool, c’est un peu comme de l’eau pour moi. »  

C'était la vérité même si pour lui c'était bien chiant cette immunité qu'il avait développé contre l'alcool. Il n'y pouvait cependant pas grand chose. Il était comme ça et tant pis. Il fallait encore qu'il aille voir la sorcière blanche pour qu'elle lui laisse boire le rhum des monstres de l'île. Même si à ses yeux ce sont les autres les monstres. Ils ont peut être des gueules de loup, mais n'en on pas le coeur. Ils ne savent tout simplement pas ce qu'est une meute et ce sont perdu aux yeux de Skavelden qui écoutait encore le mâle.

Opinant de la truffe, oui il était motivé, toujours très motivé, surtout à apprendre. A tien, Abysse avait eut un vrai sourire. Skavelden travaillait l'art du mensonge et de la manipulation ce n'était pas bien, mais c'était comme ça. Pour se protéger, pour oublier cette vie dégueulasse qui lui colle à la peau et lui donne le vertige. Nostalgique dépressif, il le savait malheureusement, il était soumis à cette trop grande envie de voir le monde heureux. Monde qui ne l'était pas.

Il observa la mer attirante et obsédante, entendant le loup des profondeurs et le suivant dans les eaux. Nageant dans les courants, suivant la place que lui faisait inconsciemment le loup sombre. Il était à l'ouest mais pas tout à fait idiot. Il était endurant et relativement musclé, il avançait sans trop de difficulté dans la houle de l'océan.

« La prochaine fois faudra emmener Mavis ou Mary, elles aiment bien pêcher et sont plus douées que moi ! »

Lança-t-il au mâle marin en regardant un coup la place devenir une tache dans l'horizon dévoré par la mer. Il faisait confiance à Abysse, et se fichait bien de mourir noyer. Si Abysse le perdait en mer et l'y regardait couler, sa mort serait le problème du loup des océans et non le sien, puisque lui serait mort.

Skavelden l'écoutait, ne bronchant pas, les oreilles dressées, au beau milieu de la mer. Ils n'avaient rien pour conserver le poisson qu'ils attraperaient, mais il comptait sur Abysse pour avoir une solution à cela. Ce n'était pas son travail à lui, il n'était que l'étudiant. Les oreilles pointées, il opina de la truffe, le plus sérieux du monde, attendant la suite, le regardant faire. Il déglutit, ça lui paraissait difficile, presque impossible en fait. Comment ferait-il pour arriver à faire cela ?

Cependant il prit une inspiration prêt à l'exercice [Lancement de dés pour l'exercice] Mais il n'était pas comme les Readers qui respiraient sous l'eau ou avaient une apnée très longues. Le sel lui piqua les yeux alors qu'il cherchait à rejoindre le loup même si la houle et la mer le repoussait. Le manque d'air força son corps à ouvrir la gueule à la recherche d'un air qu'il ne trouva pas. Il bu violemment la tasse avant de remonter et de tousser violemment. Crachant l'eau avant qu'une vague plus violente que la précédente ne lui remette la tête sous l'eau.

Mourir ne l’aurait pas déranger, noyer, c’est ce qu’il voulait comme mort. Mais Abysse et la vie en avait décidé autrement. Il n’en voulait pas au mâle. Quoi que lui en vouloir serait un comble et franchement peut agréable de la part du jeune loup. Toussant, il secoua la tête pour observer la mer, sa mère… Il se fit gronder et pousser vers le rivage. Mais qui Abysse grondait-il vraiment ? Ce n’était pas plutôt une colère diriger contre lui-même ? Skavelden arriva sur les plages, là où il touchait terre, et s’asseya dans le bord de l’eau, avant de lever sa truffe vers Abysse.

« Je ne rentrerais pas… Si on ne va pas pêcher en mer, peut-on aller chasser ? Tu as dis que tu avais trouvé un endroit où chasser »

Répondit-il calmement. Il faisait frais, presque froid. Mais il ferma les yeux, prenant une inspiration, faisant abstraction du froid qui lui collait à la peau. Il était têtu et il ne voulait pas rentrer comme cela. Naïade disait toujours de ne pas rester sur un échec, et ce n’était pas non plus la faute du loup poisson.

Le plus jeune attendit sa réponse, les oreilles pointées vers lui. Remuant doucement sa queue dans l’eau clair de la mer. Il aurait aimé retourner en mer pour pêcher, refaire un essaie. Mais il doutait que le loup le laisse faire. Et puis le sel lui avait piqué les yeux et brouiller la vue. Il n’était pas sûr de pouvoir réussir à faire quelque chose en pleine océan, il était loup lui, pas poisson.

Skavelden ne voulait pas rentrer maintenant, et il songeait qu’il ne pouvait pas rester comme ça. Il devait apprendre, c’était nécessaire selon lui. Alors quand le mâle lui demanda de le suivre il hocha la tête, marchant dans ses pas. L’observant. Il fallait humer l’air, écouter …

Il ferma les yeux, humant l’air, les oreilles pointées, tout ces sens aux aguets. Skavelden percevait la brise marine qui caressait son pelage. Il percevait aussi les embruns animal, avant d’enfin sentir l’odeur des rongeurs, un sourire aux babines. Il en entendit même qui couinait.

« J’ai trouvé »

Remarqua-t-il calmement, sa longue queue s’agitant, alors qu’il rouvrait les yeux et s’avançait calmement vers l’endroit où il entendait tout cela. Laissant Abysse le suivre puisque le jeune mâle n’avait pas reçu d’autres ordres de son mentor du moment.

Tête brûlée comme il était, Skavelden s'engagea sur le terrain, coursant le premier rongeur qui passait par là. Sans franc succès bien sûr. Il finit même sa course la truffe dans l'herbe sèche et salée de l'île. Eternuant, il releva la tête avant de tourner son regard vers Abysse.

« Tu veux pas chasser avec moi ? »

Lui demanda-t-il les oreilles dressées, se demandant pourquoi il ne l'accompagnait pas dans le jeu de course poursuite à attraper des souris. Cela le détendait, lui permettait de dépenser son énergie, et l'amusait comme un gamin. Skavelden espérait que son camarade trouverait aussi cela amusant. Mais peut être qu'Abysse ne l'appréciait pas assez pour l'accompagner plus loin dans la chasse ? Qui sait...

Skavelden secoua la tête, avant de se remettre en chasse, cette fois il en repéra une, et s'approcha lentement, comme un bon chasseur, non en faisant l'idiot. Et d'un bon précis et net, tomba sur sa proie comme une enclume. La souris couina avant qu'il ne la tue, puis se retourna et vint la déposer aux pattes de son mentor du moment.

« J’en ai attrapé une ! »

Il n'attendait ni félicitations ni paroles réconfortantes, juste de savoir si il devait en attraper d'autres ou pas. Parce qu'il avait encore du carburant, et qu'il pouvait encore largement courir après des rongeurs jusqu'à ce que la nuit tombe. Mais la décision revenait à Abysse.