[Libre] Migration

BROUM BROUM. Au loin, la terre résonne. La terre tremble. La poussière s'élève. Et vous percevez les corps de milliers d'animaux en pleine migration. Gnous et zèbres. Parfois, une troupe de lionnes attaquent, profitant de cette soudaine migration pour dévorer ce qu'elles peuvent avant que la faim ne les tiraille de nouveau. Les crocodiles aussi, sont de la partie. Ils attrapent, déchirent les imprudents trop proches de leur point d'eau. Et ce sont les vautours et les hyènes, les chacals et les guépards, qui arrivent.

Tous sont de la partie, pour cette grande chasse.

Et vous, loups ?

La chasse, ça avait toujours été sa bête noir. Malgré les cours d’Athelstan. Rien n’y avait fait, Narcisse n’avait pas réellement retenté l’expérience depuis, trouvant ce type de divertissement particulièrement ennuyeux. Mais il avait grandi maintenant. Il lui fallait voir les choses en grand, alors qu’il s’évertuait de travailler plus dur. Maintenant privé d’escalade, c’était vers d’autres divertissement que son attention devait se porter.

Alors il observait, par-delà les frontières, se demandant si ce jour-ci, un solitaire assez cupide viendrait violer la frontière, ou qu’un pirate ne se risque à approcher les terres Etelkrus. Mais ce ne serait pas le cas aujourd’hui, car…

Il sent son odeur.

Mais plus encore.

Leur odeur.

Un frisson parcourt son corps, alors que ses yeux suivent avec une certaine fascination toutes ces bêtes qui se déportent. Un spectacle de toute beauté pour les yeux. Car il n’y a pas que les proies, mais aussi les grands prédateurs. Les crocodiles rampent dans le sable, les lionnes courent aux milieu des zèbres. On dirait une partie de chasse à grande échelle. Les proies ne s’arrêtent pas pour déplorer leurs pertes, alors que les félins et les charognards déchiquetèrent tout ce qui se trouvait à portée de leurs crocs.

Et cela donne envie de se lancer dans la mêlée. De plonger ses crocs dans la chair, pour nourrir le clan. Pour s’entraîner aussi.

Alors Narcisse observa d’abord Désastre s’en prendre au zèbre, le perdant de vue de temps à autre, tant les bêtes étaient nombreuses.

L’important était de gagner après tout, n’est-ce pas ?

(Lancé de dé : Attaque sur gnou)

Le loup incline son corps, avant de s'élancer à la suite d'une de ces bêtes, courant après un des gnous qui avait tendance à s'écarter légèrement du reste du troupeau. Narcisse profita de l'opportunité, se positionnant entre la bête le reste des siens, faisant claquer ses crocs à ses flancs pour l'effrayer et qu'elle ne s'éloigne un peu plus encore.

Aussi agile que le guépard, Narcisse ne lâche pas sa prise, sa fine silhouette lui prodiguant une certaine légèreté. Soudain, le gnou s'épuise, son rythme ralenti, doucement, plus encore au fur à mesure que le loup le pousse à bout. Ce dernier finit par tourner autour de l'animal, pour ne lui donner aucune chance de s'échapper, avant d'enfoncer ses longues griffes dans sa gorge.

La bête suffoque, son corps convulse un moment avant de se stopper, alors que le mâle n'a pas bronché, pas même lorsque le sang vint l'éclabousser.

Cette vie ne serait perdue.

Parce que tuer était une nécessité pour gagner.

Safran

Les Plaines Savanes n'étaient pas si loin de l'Océan, plus encore, pas si loin de la portion de côte si proches de celles de Morne-oeil pour ne pas dire que c'était les premières terres avec quelques hauteurs des Mons célestes qu'un habitant de l'île pouvait rencontrer au delà de la plage. Si y croiser un Etelkru n'était pas étonnant au vu de l'adjacence de leur territoire, y croiser un Raeders ne l'était pas non plus. Drôle de hasard n'est-ce pas ? Que deux ennemis soient si proche l'un de l'autre, plus encore que la course effréné d'un troupeau en fuite se face pile sur un des terrains neutres qui les séparait.
Les Raeders n'étaient de grands chasseurs terrestres, plus des pêcheurs, des ramasseurs en marée basse, des grimpeurs de falaises aux périodes de nidification, des charognards qui se repaissaient des cétacés ou gros poissons que l'Océan avait rejeté. Elle, elle n'était qu'une bête constamment affamée que la flamme de la rage avait un jour ramené de la mort. Safran n'avait plus le corps totalement canin, le soleil de plomb aurait brûlé sa peau sans poil si elle ne s'était pas vautré dans la boue un peu plus  tôt comme les crocodiles, sa lourde queue était plus fait pour lui servir de gouvernail et de moteur dans l'eau que pour chasser dans les plaines herbeuses, ses pattes palmées auraient du mal également à supporter trop longtemps cette herbes sèches qui lui transperçait la peau à chaque pas mais l'occasion était trop belle, beaucoup trop pour que le prédateur qu'elle était laisse les choses se passer ainsi sans qu'elle ne vienne tenter de plonger ses crocs dans le jarret d'une des proies qui fuyaient.

Safran rejoignit le camp des crocodiles dans une passe boueuse où l'eau n'était devenu qu'une bouilli de sédiment et de sang au fur et à mesure que les crocs déchiquetaient la chaire. Il y avait du monde à cette place si enviée, et comme les reptiles dont elle avait volé le son lors de sa transformation, elle grondait et sifflait pour faire entendre son droit à la chasse elle aussi, elle qui portait la dangereuse odeur du sel dans ce monde de boue et de poussière. Craignez là crocodiles, ceux qu'elle côtoie sont bien plus grands que vous. Craignez là grands herbivores, zèbres et gnous, car c'est bien dans votre direction que ses crocs difformes et monstrueux sont dirigés.

[For x2]

D'abord ses crocs se referment sur le vide, les sabots passent au dessus de sa tête et elles sent les pattes, la panique, ces êtres misérables la piétiner tandis qu'à ses côtés les corps écailleux tentent leur chance également. Oh mais si vous croyez qu'elle s'arrêterait là, bousculer et écraser, ça serait mal la connaître. Elle aussi, bête féroce, finit par jaillir de l'eau boueuse, saisissant un jeune gnou mâle qui aurait été sur le point d'atteindre son âge adulte si les crocs de la bête prédatrice ne s'étaient pas enfoncés dans son museau. Il beugle, il essaye de s'extirper, il ne fait que tomber alors que Safran le tire comme une brute en arrière. Et elle l'emmène, toujours vivant, désespéré, loin du bazar. Elle l'entraîne, sort de ces eaux agités, remonte elle même la pente dans un grognement de satisfaction alors que lui, pauvre gnou, essaye de se relever. Safran ramène la proie dans l'herbe, loin de ses compères reptiliens,  avant de chercher une nouvelle accroche, à le tuer, peut-être aussi, ce pauvre petit gnou. Elle essaye de lui broyer le crane, mais n'y parvient pas, elle reste louve, pas crocodile. Tant pis, on revient sur les bonnes vieilles méthode et elle plaque le gnou au sol pour lui attraper le cou afin de lui broyer les cervicales.

C'est à cet instant qu'elles les voit.
Deux p'tits jeunes, ils ne portent pas encore leurs lumières mais ils ont cet odeur infecte de Continentaux qui vivent en meute. Plus encore, Safran sait reconnaître les différents groupes, deux petits Etelkrus, deux petits chieurs donc en somme. Dans sa gueule, sa proie beugle encore, toujours en vie malgré que l'air manque, mais Safran est plus occupée à surveiller les deux loups plutôt que d'achever le gnou tout de suite bien qu'elle place une patte possessive sur le ventre gris de l'animal, ses yeux rubis fixant les deux Etelkrus, les babines retroussées, sifflant en avertissement.
Elle les observe, elle guette les réactions. Son air hostile, c'est celui du prédateur qui est prêt à défendre sa place sur ce terrain de chasse et plus encore son droit sur la proie attrapée plus qu'une véritable agressivité d'entre meute. Ce n'est d'ailleurs probablement pas la partie la plus canine d'elle même qui s'exprime ainsi.

Alors que ses crocs plongent dans la chair de la bête pour mieux la mettre à l’écart, son corps traînant dans la poussière sous le regard avide des prédateurs, Narcisse la sent. Cette odeur de sel. Forte, écoeurante qui polluait l’air que respirait les Etelkrus. Comment aurait-il pu tolérer que pareil nuisance se tienne à proximité des siens ? Qu’une telle menace vienne troubler la sérénité de leurs terres ? Le loup se dresse, haut sur des pattes fines, toisant cette louve des mers. Aucun signe d’agressivité chez lui, juste un profond mépris prescriptible dans ses yeux.

Narcisse étudia l’attitude de la pirate. Elle qui s’approprie une proie, qui gronde en avertissement pour quiconque souhaite lui dérober sa prise. Mais l’apprenti est trop loin pour entendre cela, trop indifférent à son attitude du moment qu’elle ne s’en prenait pas à eux.

Il n’y a pas d’avertissement.

Pas de mise en garde.

Pour cette fois du moins.

Mais il viendrait le jour où ils périraient tous.
Jusqu’à ce que leurs dépouilles ne soit plus que poussière.
Jusqu’à ce que le dernier d’entre eux cesse de respirer.

Parce qu’ils n’étaient que souillure en ce monde, de simples tâches. Et Narcisse détestait laisser des taches, alors qu’elles étaient si simples à éliminer.

Désastre continue sa chasse, l’autre en fait autant, pour nourrir le clan, le rend plus fort. Il erre un instant aux côtés des hyènes occupées à s’acharner sur une proie, lui aussi devait s’en trouver une autre.

(Lancé de dé AGI x2)

Les griffes s’enfoncent dans le sol, alors que le fils de la prêtresse s’arrête devant un zèbre qui de cabre sous la surprise. Narcisse jappe pour l’effrayer, afin de l’éloigner. Une fuite pour la fatiguer. Une fuite pour mourir. Les crocs s’enfoncent dans la chair, pour ne laisser place qu’au goût du sang.

C’était fini pour ce zèbre, qui rejoignait ainsi le gnou.

Alexandrine entra dans son champ de vision. Le mâle se stoppa, l’observant se mettre en position pour finalement rater sa prise. Hum… Narcisse ne se faisait pas d’inquiétude, sa soeur était douée pour la chasse, elle l’avait prouvé lors de la leçon d’Athelstan. L’apprenti de Pepper bondit, se faufilant entre les gnous. Chose plutôt périlleuse au vue de leur course, mais bon, il avait toujours eu le goût du risque. Non loin, Désastre s’en prit à l’un d’eux, le moins discret du bataillon, qui se pavanait parmi les siens. Sa mort n’était peut-être pas une mauvaise chose, ne serais-ce que pour la survie de leur troupeau…

Alex d’ailleurs, réussi à s’occuper d’un gnou, une belle prise qui ferait le bonheur du clan. Des proies pareilles leur permettrait de manger pendant plusieurs jours, voir même plus s’ils faisaient en sorte de conserver la viande dans le garde manger.

Maintenant c’était encore à son tour de faire ses preuves.

(PC AGI 2)

Cette chasse lui permettait de travailler son endurance, courir après les gnous n'était guère chose aisée. Sous la truffe de Narcisse, un groupe de lionne s'en prend à un des gnous, alors que lui court après sa proie. Celle qui ne lâcherait qu'une fois la vie arrachée. C'est lorsque la bête commença à ralentir l'allure éprouvée, que l'Etelkrus en profita pour le mettre à terre à l'aide de ses crocs, avant d'enfoncer ses crocs pour arrachera jugulaire de sa proie. Les autres gnous vont un écart, alors que le fils d'Anette et Sheina se pourlèche les babines pour en ôter le sang.

Ses yeux se posent sur Alex.

L'observant de loin avant d'hocher la tête pour la féliciter de sa prise.

Alors qu'elle partait chasser, Holly avait vu son amie, Alex, partir de son côté.
Curieuse, elle l'avait suivie... Pour arriver là, dans les plaines savanes où grouillaient les grosses proies. Trop bien ! Ce serait l'occasion de nourrir la meute. La jeune louve frémit d'excitation, son regard se baladant dans tous les sens, sur chaque personne présente. Il y avait essentiellement des loups de son propre clan, de jeunes loups, tout particulièrement. Mais aussi une pirate. Holly plissa les yeux, un peu inquiète... Mais décida de l'ignorer, tant qu'elle ne montrerait pas de comportement hostile.

Chacun chassait à sa sauce, Narcisse et Désastre avaient déjà été particulièrement productifs, à se demander comment ils s'y prendraient pour ramener tout cela au camp... Enfin, la question se poserait plus tard ! Là, Holly se mit au travail aussi, décidant pourtant d'employer une autre technique pour éviter le corps à corps avec les gnous et les zèbres. Par chance, elle avait emmené avec elle de quoi faire quelques pièges, puisqu'elle devait, de toutes manières, aller chasser, et les mit en place.
Puis, ceci fait, elle contourna le troupeau, tentant de jeter les individus les plus craintifs dans ses filets...