Migration (Elona)

Trouver un but, un chez lui ou une personne à qui se raccrocher... Maman lui avait dit de chercher par lui-même ce qui l'animait, ce dont il avait besoin, car lui seul pouvait le savoir. Alors malgré la peur, malgré les doute et la solitude Phantom avait pris la route, sans réel but, juste pour voir d'autres choses. Comment le monde était au delà des readers et de son équipage. Car il devait se rendre à l'évidence. Là-bas il ne se sentait pas à sa place.

Il avait changé, un peu, il fallait bien. Même si ça n'avait pas suffit au siens, ça lui suffisait à lui pour avoir l'assurance nécéssaire à cette quête. Son corps fin aux muscles élancés commençait à se renforcer un peu à force de marcher. Ici il trouvait de la nourriture plus à son goût. Pleins de nouvelles choses inconnues qui éveillaient son intérêt et lui permettait d'améliorer un peu sa condition physique. Sa silhouette n'était plus aussi frêle et fragile que celle de l'enfant qu'il était. Malgré le voyage il prenait toujours le temps d'entretenir ses cheveux et son pelage. Il arborait de grandes tresses qu'il avait attaché sur les écailles de son dos, bien plus pratique pour se déplacer en forêt.
Quelques jours plus tôt il était tombé sur des groupes d'oiseaux migrateur et il avait décidé d'en suivre la piste, récoltant des belle plumes pour écrire lorsqu'il en trouvait. Peut-être l'emmèneraient-ils au bout du monde...
Souvent il faisait apparaitre Spine à ses côté, discutant avec lui de chose et d'autre, de ses impression sur ce qu'il voyait, la solitude était moins lourde à porter grâce à lui.

Il avait également commencé un petit carnet de voyage, consignant sous forme de poèmes et de dessin les émotions et les choses qu'il expérimentait.

Peut-être rêvassait-il un peu trop, la tête tourné vers le ciel, les pattes mal assuré sur se terrain accidenté et inconnu pour lui. Alors qu'il observait un rapace perché sur la cime d'un pin, la roche sous lui se déroba et il dégringola de plusieurs mètres parmi les pierres du petit éboulement qu'il venait de déclencher malgré lui.
Il resta étourdit quelques minutes avant de reprendre corps avec la réalité, grimassent en sentant ses membres ankylosé par le choc. Il resta couché dégageant la pierre qui lui était tombé sur le bassin, bougeant avec prudence pour s'assurer qu'il n'avait rien de cassé. Autour de lui Spine s'agitait silhouette squelettique entourée de fumée, comme un message d'alerte à qui voudrait bien le voir.

Son coeur battait et la peur qu'il essayait de refoulé depuis le début de son périple le submergea à nouveau comme un ras de marée trop longtemps retenu derrière un barrage qui venait de céder. Il souffla essayant de se calmer et de remettre de l'ordre dans ses idées. Il devait se débrouiller seul. D'un coup de patte rageur il chassa les larmes qui lui montait malgré lui aux yeux.

Jamais je n'ai eu aussi peur de ma vie.
Sois courageuse, Elona, me sermonnais-je.
Pour la première fois depuis que j'étais venue au monde, j'ai quitté la terre qui m'a vu naître. Les proies se font rares et j'ai si faim. L'hiver n'est pas clément envers les jeunes loups qui savent à peine chasser. Un journée ou deux, puis je reviendrais à la maison, comme ça, les chances de manquer mes parents, s'ils reviennent entre temps, étaient minces. Mais j'angoisse.

Le sol, ici, n'est plus égal. Il forme pics vertigineux et fossés mortels. Plus on monte en hauteur et plus le vent est fort et froid. Je n'ai jamais escaladé quoi que ce soit. Frémissante d'horreur, je tente de rester sur les chemins les plus bas. J'ai peur. Mais j'ai aussi terriblement faim. Il doit bien y avoir quelque chose à manger quelque part.

Le sol est dur et gelé. Les bourrasques arrachent les odeurs et les baladent de gauche à droite. Je n'ai pas le choix, si je veux attraper quoi que ce soit ici, je vais avoir besoin de l'entièreté de ma concentration. J'inspire un bon coup, je fouille le décors rocheux du regard, les oreilles pivotant dans toutes les directions. Le sol est fragile, ici, et du gravier, et des roches, tombent régulièrement de passages plus en hauteur. Personne ne semble être dans les environs cependant. Allez, fille, tu peux y arriver!, je tente de m'encourager. La neige poudreuse ne retient pas beaucoup d'odeurs, ni beaucoup de traces avec ce vent, mais les roches, elles, oui. Je renifle les pierres, l'écorce sombre d'un vieux pin dégarni. Ça sent la dinde sauvage, faiblement, mais le fumet est bien là, et pas trop vieux. Je me faufile dans les dédales montagneux, suivant la piste de la volaille. Une dinde, c'est relativement plus gros que tout ce que j'ai chassé par le passé, mais ça reste un oiseau. Ça ne doit pas être bien sorcier.

Le chemin se fait plus large. Plusieurs grosses roches sont semées un peu partout, vestiges d'éboulements de terrain précédent. Je suis bien contente d'avoir choisi de rester le plus bas possible, mais la perspective d'une de ces grosses pierres me tombant dessus ne me plait pas non plus des masses. Je lève les yeux, juste à temps, lorsque j'entends le cri d'alerte d'un épervier. Je vois un passage juste au dessus de moi s'effondrer, emportant avec lui une créature, bien plus grosse qu'une dinde. Mon cœur semble s'arrêter un court instant et tomber dans mon estomac. Je détale plus vite que jamais, me cachant derrière un rocher qui fait prêt de deux fois ma taille. Ça y est. Je vais mourir. Si la bête qui est tombée n'est pas morte elle-même, elle va assurément me dévorer. Tremblante, j'ose jeter un œil. Bordel, il est vivant. Je vois l'étrange loup bouger un peu parmi la pierre. Une forme cauchemardesque flotte dans l'air à ses côtés. J'aurais dû rester à la maison, merde, pourquoi je ne suis pas restée à la maison?!? Je recule lentement, tremblante de toutes mes pattes. Si je reste silencieuse, peut-être que je peux revenir sur mes pas sans qu'il ne me voit. Je jette un dernier coup d'œil a l'effrayant inconnu, et m'arrête un instant. Est-ce... une larme? Mon cœur se pince.

Est-ce réellement un monstre?, je me demande. Je suis absolument terrifiée. Je n'ai jamais aimé voir mon frère pleurer. Oh, ce que ça me brisait le cœur. Instinctivement, je fais quelques pas en avant, prudents, chacun plus lent que le précédent. Si je me trompe, c'en est fini de moi. Je ne suis pas bien grosse, il en aura vite fait de me dévorer. Mais... quelque chose en lui me rappelle un peu mon frère. Je vais juste voir s'il va bien, et puis je peux détaller, partir d'ici et ne jamais y remettre les pattes. Je me contenterai des musaraignes et des mulots des champs autour de ma tanière. Je m'approche un peu plus, suffisamment près pour qu'il me voit et m'entende, mais a distance suffisante pour déguerpir s'il tente de me bondir dessus. Recroquevillée, la fourrure ébouriffée, je me lance.

...E...Est-ce que ça va?

Une fois le choc passé et la douleur un peu calmée Phantom entreprend de se relever doucement. Heureusement il ne semblait pas s'être casé d'os. Il n'avait aucune compétence en soin aucun savoir qui lui aurait permis d'arranger les chose s'il c'était blessé. Peut-être avait-il précipité son départ finalement, peut-être aurait-il dû mieux se préparer... Il réarrangea un peu ses cheveux, retirant les débris qui c'était pris dedans. Il n'entendit pas la petite louve approcher derrière et sa voix le fit violemment sursauter. Il se recroquevilla sur lui-même par réflexe tournant un regard paniqué vers la nouvelle venue.
Lui qui c'était juré d'être prudent et de surveiller ses arrière pour ne pas être victime d'un Etelkrus sanguinaire ou on ne sait quoi d'autre ! Il ne s'attendais vraiment pas à croiser quelqu'un dans cette montagne immense et encore moins dans cette situation, après une chute qui faisait de lui une cible facile.

Mais lorsqu'il découvrir la petite louve qui semblait tout aussi apeuré que lui il se détendit un peu. Elle ne portait pas l'odeur d'un clan et n'était clairement pas une menace. Comme Cristalline elle était juste une jeune louve qui semblait survivre par elle-même dans ce monde. Il laissa échapper un soupire de soulagement.

- Tu... tu m'as fais peur...

Il grimaça, ses mouvements de défense avait éveillé à nouveau la douleur du choc. Il allait certainement s'en sortir avec quelques contusions. Il étira prudemment ses longs membres fin pour finir de vérifier qu'il n'avait rien avant de répondre:

- Je... je pense que ça va... je ... je vais juste avoir quelques bleu je pense...

Ça lui apprendra à se montrer plus prudent tiens.

Mon cœur s'arrête lorsqu'il sursaute violement, mais ce n'est pas de la rage ou de la violence que je vois sur son visage, plutôt la même peur qui me ronge de l'intérieur. Il a eu peur de moi. L'expérience est étrange. Cet inconnu a l'apparence si effrayante, presque monstrueuse - à mes yeux du moins -, qui ressent pourtant, en ce bref moment, la même chose que moi. Pour moi, pour ma famille, ce fut toujours nous versus eux. Ils sont différents, on n'a pas besoin d'eux, évite toujours leur chemin, ne les laisse pas t'approcher. J'en viens parfois - plus souvent qu'autrement - à oublier qu'on en reste la même espèce... en théorie. Avec les mêmes émotions, peut-être même les mêmes expériences.

Je soupire intérieurement de soulagement. Il ne donne aucun signe de vouloir me dévorer. Pas dans l'immédiat en tout cas. Je dois rester prudente, je sais que certains prédateurs feignent l'indifférence ou l'impuissance avant de vous sauter à la gorge au moment où vous vous y attendez le moins. C'est ce que papa disait en tout cas. Et, quelque part, l'un de ces loups était probablement responsable de la disparition de ma famille. Penser à ma famille me ramène immédiatement sur mon frère. Ce loup me le rappelle. Mon frère aimait grimper - ou plutôt tenter de grimper - les pins sur la lande, et il était tombé plus d'une fois. Et, tout comme moi et cet étranger, il n'était pas bien costaud. La ressemblance s'arrête là par contre. Mon frère n'a jamais eu d'antenne luminescente sur le front, des pointes sur le dos et de longues dents en aiguilles.

Mon regard dérive vers la bestiole - ???? - qui se tortille dans l'air à ses côtés. Ça, ça n'inspire pas confiance du tout. Un.. squelette? je n'ai jamais vu une créature de ce genre, donc je ne pourrais dire de quel animal il s'agit, mais je suis pas mal certaine que les cadavres ne sont pas sensés bouger et s'animer. J'ai dépecé quelques lapins, et je n'en ai jamais vu un se tortiller après les sursauts de la mort.

Uhm... qu'est-ce que c'est?, je demande, incapable de retenir ma curiosité. Effrayée, certes, mais curieuse quand même, m'avançant d'un petit pas et demi. Mon instinct me dit qu'il n'est pas un danger, mais mon angoisse me hurle de rester prudente. Je ramène mon regard vers le loup. Tu ne compte pas me manger, m'attaquer ou m'enlever, hein? Parce que, naturellement, les méchants annoncent toujours qu'ils sont méchants avant de faire des trucs de méchants.

Phantom avait complètement oublié son compagnon ! C'est vrai qu'il pouvait se montrer vraiment terrifiant pour un inconnu. C'était d'ailleurs l'autre raison de sa présence au delà de tenir compagnie au jeune loup. Spine intimidait les potentielles menaces qui souhaiterait s'en prendre à lui. Mais dans cette situation sa présence était inutile voir problématique, alors après avoir offert un sourire a son compagnon ce dernier réintégra sa patte sous la forme de tatouage laissant juste quelques particules noire voleter autour de Phantom avant qu'elle ne s'évanouisse elles aussi comme si cette présences fantomatique n'avait jamais existé.

Phantom se retourna vers la louve pour lui fournir des explication d'une voix calme:

-C'est mon compagnon de route, il ne te ferra pas de mal sans que je lui demande ne t'inquiètes pas.

Il marqua une pause en entendant la seconde question. Combien de fois l'avait-il lui-même posé au loups qu'il rencontrait ? Cette petite louve lui ressemblait beaucoup en réalité. Comme lui elle s'inquiétait et était effrayait par l'inconnu. En tout cas il était bien le dernier qui pourrait s'en prendre à quelqu'un comme elle. Et ce malgré la réputation de son équipage ou même son apparence qu'il savait monstrueuse au yeux des autres.

-Tu n'as rien à craindre de moi, je te le promet.

Tout comme il sentait bien qu'il n'avait rien à craindre d'elle. Et puis la manger ? Il n'était pas cannibale ça non, en plus la viande c'était pas trop son truc, ses dents n'était vraiment pas adapté à manger de la chaire sans compter qu'il n'aimait pas particulièrement ça. Les végétaux ou autres insectes étaient beaucoup plus à son goût.
Il pense un peu la tête sur le côté avant de demander:

-Comment tu t'appels ?

Qui sait peut-être avait-il trouvé une compagne de route pour quelque temps ou au moins une présence avec qui discuter un peu et partager un repas ?
Il aimerait bien en tout cas, sa solitude lui pesait un peu. Il en venait même à regretter les moqueries incessante de ses soeurs ou les reproches qu'on lui faisait à longueur de temps sur Morne Oeil.

Je n'ai jamais rien vu de tel. Ébahie, je regarde le squelette d'ébène se fondre dans la peau du loup.
Magie.
Mes parents en avaient fait mention a une ou deux reprises. Des loups avec des dons, des pouvoirs offerts par des dieux. Ils avaient dit que ceux-ci arboraient le symbole de leur pouvoir et de leur dieu avec un objet luminescent. Peut-être que son antenne lumineuse est ce fameux symbole? Je frémis. Je ne suis déjà pas bien forte, mais je suis encore plus inutile contre de la magie - qui sait de quoi d'autre il est capable? Mon seul don, c'est de ne pas avoir crevé malgré mes talents médiocre en chasse, et, clairement, mon manque de discernement. Je sens mon échine s'hérisser a nouveau aux paroles de l'étranger. La créature ne me fera pas de mal... sans qu'il ne lui demande. C'est moi ou c'est une menace voilée? Son ton ne laisse pas percevoir d'agressivité... mais quand même.

Je n'ai rien à craindre de lui, qu'il dit. Peut-être qu'il est honnête. Je dois avouer, la solitude me pèse. Je désire retrouver ma famille plus que tout, mais un ami ne ferait pas de mal, même temporairement. Mais, ça, c'est si je peux lui faire confiance. Il y a encore un voile de mystère autour de la créature flottante qui orne maintenant sa peau, et on ne renie pas une vie (bon, pas très longue, on s'entend) de peur et de méfiance avec quelques paroles.

Je jette un oeil derrière moi. Je pourrais partir, là, maintenant, détaler et retracer mes pas jusqu'à la lande, oublier que j'ai mis les pieds ici, oublier cet inconnu qui ne semble pas correspondre au peu de choses que je pensais savoir sur les autres loups. Mon angoisse vibre dans mes os, me supplie de déguerpir. Mais, je ne sais pas, peut-être est-ce que je suis trop naîve, trop idiote, quelque chose me pousse à rester. J'hésite. Je peux partir à n'importe quel moment, je le sais. Même si je reste un peu plus longtemps à discuter avec le loup, rien ne m'empêche de filer s'il montre un signe de méchanceté. Tant et aussi longtemps que je reste sur mes gardes, je pense que ça ira...

Uhm, moi, c'est Elona, je réponds à mi-souffle, en tentant un sourire. Et toi?
Je fais un petit pas en avant et incline la tête, Dis, ta créature, c'est un dieu qui te l'a donnée?

La disparition de Spine semblait détendre un peu l'atmosphère, quoi qu'il sentait toujours cette odeur qu'il ne connaissait que trop bien s'émaner de la louve, celle de la peur. Il ignorait quoi faire pour la rassurer sur ce point. Il ne pouvait pas changer son apparence ou sa grande taille malheureusement. Il se tassa un peu pour rendre sa silhouette moins imposante avant de se présenter à son tour d'une voix douce:

-Je m'appel Phantom.

Un nom qui n'était pas rassurant non plus mais qu'il portait très bien au vu de son apparence. Décidément rien en lui n'était fait pour faciliter les rencontre. C'était risible en faite. D'autant qu'il ne l'avait jamais spécialement remarqué car c'était la première fois qu'il croisait quelqu'un tout aussi flippé que lui. Un soupire lui échappa. C'était toujours tellement difficile de trouver la bonne manière pour interagir avec quelqu'un, de répondre à ses attente pour qu'il soit à l'aise et heureux. faut croire qu'il n'était vraiment pas fait pour ça.

Mais à quoi bon se décourager pour autant, de toute manière il ne pouvait pas changer ce qu'il était, ça c'est une chose qu'il avait parfaitement compris avec le temps. Alors, ignorant ses doutes il écoutait la suite. Sa tête se dressa une expression surprise sur le visage, et cette fois il rit doucement:

-Hummm... Non pas vraiment, c'est juste un compagnon que m'a offert ma tante Astrid.

C'était bien loin d'être un pouvoir ou même quelque chose de dangereux, bien au contraire. En dehors de donner un coup de froid Spine était incapable de quoi que ce soit, il n'avait aucune matérialité dans leurs monde. chose que bien sûr Phantom se gardait de crier sur tous les toits. Il préférait bien plus que les autres en ai peur et n'ose pas s'attaquer à lui grâce à sa présence. Peut-être rassurerait-il la jeune louve sur ce point plus tard mais pour l'heure il n'avait pas encore assez confiance pour ça.

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