Trahison, disgrâce l Sokaris

Salazar

Un jour comme un autre, du moins, en apparence.
Si, pour ce cher Salazar, tout semblait se répéter infinement, aujourd'hui, quelque chose allait changer son quotidien plat et inintéressant. En effet, au cours d'une courte promenade, il était tombé sur une silhouette familière au loin. Assise au milieu des herbes, la louve, car c'en était une, ne semblait pas l'avoir remarqué. Si cela avait été une personne sans grand intérêt, il ne l'aurait approché. Cependant, il s'agissait là de Sokaris, et ce qu'il n'avait pas apprécié chez elle, c'était sa grossesse.

Pourquoi, me demanderiez-vous ?
Sokaris était partie vagabonder chez les Lazulis, assez longtemps pour que leur sale odeur reste sur son pelage. S'il avait été aveugle, il l'aurait prise pour une ennemie et l'aurait chassée sur le champ. Mais pourtant, les deux alphas l'avaient laissée revenir, sans rappel à l'ordre, sans avertissement, sans rien.

Et cela agaçait Salazar. Voir que l'on pouvait fricotter avec l'adversaire sans crainte de représailles. Ses oreilles s'agitèrent avant de se placer sur son crâne, ses babines se retroussant subitement. Elle ne méritait pas d'être Etelkrus. Qu'elle soit punie, humiliée, avant d'être exilée, avec les entrailles à l'air pour lui faire regretter son acte digne d'une malpropre. Ses pattes le menèrent donc à la femelle, et lorsqu'il se retrouva à ses côtés, il ne put s'empêcher de lui jeter un regard mélangeant à la fois hostilité et dégoût.

« Comment oses-tu remettre les pattes ici ? »

Comment osait-elle souiller la réputation des Etelkrus ? Elle ? Cette chienne dévergondée ?

Il t’avais fallu tellement de temps pour concéder à revenir fouler la terre de tes pères.
Tellement de temps pendant lequel tu t’étais complaît à vivre et penser par tout même, seule, cherchant une issue autre que celle qui t’était destinée. Aujourd’hui à l’aube de l’annonce de ton départ prochain, il fallait que cela arrive. Il fallait qu’il soit présent.

La louve bonde était pensive, assise entre les franches des fougères rouges de la lande, elle contemplait l’horizon et la frontière non loin en contre-bas. Rien ne semblait avoir changer depuis son départ, toujours la même plaine rouge, toujours le même Castel, seul ses parents lui manquaient, une lourde perte au jeu de la vie. Perdu à jamais et pour toujours, elle le savait.

Peut-être aurait-elle vécu plus heureuse si elle ne l’avait su. Peut-être aurait-elle du fuir en l’apprenant, c’était certainement l’idée qui lui aurait traversé la tête si elle ne s’était blessée une patte avant en se rendant au temple de Kiro. Elle était devenue si maladroite et elle n’aimait cette faiblesse et désespérait de ne pouvoir consciencieusement abandonner son frère enfin retrouvé, au près duquel elle se sentait si proche.

Pensive, elle apparaissait immobile au milieu de la végétation, les aveux de Noé l’avait en quelque sorte soulagée, il ne lui restait plus qu’à renoncer à son Dieu avant de quitter les lieux sans autre forme de procès. Un flot de parole désagréable à l’oreille vient interrompre le fils de ses pensées soudainement. La louve alors jetant un coup d’œil par dessus son épaule. Elle prit un peu de temps à dévisager le loup semi-ailé avant de comprendre ce qu’il venait de lui dire. Elle eut un mouvement d’oreille, légèrement surprise – mais pas complètement -. Qui pouvait comprendre ce qui s’était produit à part les deux et peut- être son frère qui acceptait par amour fraternel.

« Tu ne peux pas comprendre, c’est plus compliqué qu’il n’y parait ».

Salazar

Une des babines du chevalier se releva plusieurs fois d'affilée lorsqu'elle osa lui dire que lui, Salazar, ne pouvait pas comprendre. Cette insulte ouverte l'agaça, et il fronça les sourcils, n'approuvant guère ce comportement. Elle osait revenir comme une fleur sans chercher à s'excuser pour ses actes ? Quelle ignominie !

« Retourne là où est ta place. »

Il fit un pas en avant, comme pour affirmer sa supériorité sur Sokaris.

« Plus vite tu partiras, plus vite tu cesseras de souiller ces terres qui t'ont pourtant accueillie pendant si longtemps. »

L'idée même qu'une traîtresse puisse fouler librement leurs terres était insoutenable.

« Tu ne t'en veux même pas d'avoir ainsi déshonnoré Kiro. »

Salazar insista sur le nom du dieu délibérément. Il espérait que l'Anaconda la punisse pour ses actes. Si les alphas ne comptaient rien faire la concernant, lui allait s'en occuper personnellement.
Une fois qu'il aura trouvé ses fidèles, ce sera lui qui contrôlera Punk Wolf.

Pars, chienne. Pars.
Et ne remets plus jamais les pattes ici.

Lorsqu’il la menace, le corps de la louve se tend, réflexe d’une ancienne vie lorsqu’elle était encore corps et âme une épée au service des alphas. Aujourd’hui tout semblait différent en apparence, son corps, son esprit, et pourtant la mémoire du corps demeure. L’échine de la louve s’hérisse. Si elle ne cherche pas à le contredire de prime abord, ses paroles ne tombent pas dans l’oreille d’une sourde. Les mots l’atteignent, elle tente cependant de garder son calme car à rien ne servirait la provocation.

Elle couche les oreilles, souffle bruyamment. Car il l’agace de ses paroles vides. La vérité est blessante, et la louve craignait déjà le jugement de Kiro.

« Tu penses pouvoir parler au nom des Dieux, te voici donc devenu prêtre de Kiro volant place à Sheina ? »

Si elle n’avait souhaité s’adresser à son Dieu alors peut-être qu’elle n’aurait plus jamais foulé les terres des etelkrus, mais il fallait bien qu’elle aille y remettre son glowstick, elle ne pouvait fuir en lâche, volant son artefacts jaune à la meute.

« Si tu savais écouter, tu saurais que je ne dois cette grossesse à personne et que j’ai été téléportée sous le dôme. Que fallait-il que je fasse alors ? »

Salazar

Salazar venait de toucher un point sensible. Il le voyait, à son attitude, à sa réponse bancale, et même si elle faisait mine de simplement l'agacer, il le voyait. Oh non, oh non, il n'était pas le prêtre de l'Anaconda comme l'avait souligné cette chère Sokaris, en revanche, il valait beaucoup mieux que cela.

« Il faut bien parler en leur nom lorsqu'un individu souille leur réputation. »

Le chevalier se mit à décrire un cercle autour d'elle. Il avançait lentement, comme un prédateur le ferait avec une proie. La seule différence était qu'il n'avait aucune intention d'attaquer, et cela se voyait. Lui mettre la pression, la forcer à se soumettre, peut-être même l'emmener jusqu'aux geôles ? Après tout, n'était-ce pas là la place d'un traître ?
Ca l'est, en théorie. Mais peut-on compter sur des dirigeantes laxistes ? Il avait eu foi en Pepper, en ses croyances, mais était-elle toujours aussi fiable avec l'influence d'Anette concernant les intrus ?

Les paroles qui suivirent le stupéfièrent. Comme si Kiro allait cautionner cela ! A présent droit, il plongea son regard dans celui de la louve, dans le seul but de l'intimider.

« N'as-tu donc aucune valeur pour ainsi renier tes actes de dévergondée ? »

Sokaris le dégoûtait. Dans ses actes, ses valeurs loin de celles de sa meute d'origine, elle, pauvre chienne malmenée par la vie à en croire ses paroles.

« Rends-toi auprès de Kiro dès maintenant ou tu finiras tes jours dans les geôles. »

Voilà un peu de gentillesse dont il faisait preuve, pour une fois, en te donnant cet avertissement. Si tu n'obéis pas, ton acte de traîtrise remontera au Heaume, et tout ton avenir sera réduit à néant.

Alors qu’elle avait demeuré assise, patiente malgré une échine hérissée et un agacement peut dissimulé. Les paroles du benjamin la piquait au vif. Elle qui avait été valeureuse, qui avait bien failli perdre la vie pour chasser un solitaire de leur terre étant plus jeune, se demandait bien quels exploits avaient permis à ce loup d’obtenir autant d’excès de confiance en lui.

Il était désagréable, tout chez lui avait le don de l’agacer, sa voix, ses reproches, autant que son attitude générale. Un prétentieux qui semblait n’éprouver aucun doute quant aux pensées des Dieux sans même avoir déjà franchi le seuil d’un de leur temple afin de leur louer allégeance.

« Que doit-on dire lorsqu’un mortel sans lumière prétend pouvoir parler en leur nom alors qu’il n’en a pas le droit. Tu es bien prétentieux, la fougue et la force de la jeunesse sans doute. Sais-tu seulement ce que l’on pense de toi et l’image que tu renvoies. Affligeant.»

Elle se redresse, montre les crocs.

«seuls les Dieux peuvent prétendre lire en nous. Ils savent qui nous sommes, ils savent apprécier notre valeur, comme nos faiblesses. Je n’ai pas besoin que tu m’invites à communier avec mon Dieu pour m’y rendre. J’irai, dés que ma patte me permettra de grimper jusqu’à la cime. »

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