Vivre ou mourir [Epreuve de vie]

Tu en as fais du chemin Heinly. Et maintenant te revoici dans le Sud, la Plaines Savanes pour être plus précis. L'air est chaud et le sol bouillant mais cela ne t'empêche pas de poursuivre ta route et de chercher quelque chose qui te serait utile. Néanmoins, tu n'es pas seul sur ces terres et encore moins à l'endroit où tu te tiens précisément. Une odeur qui t'es inconnu, tu cherches à t'éloigner, mais le bruit de pas derrière toi parvint à tes oreilles et bien vite, tu te retrouve encercler par une meute de hyène.
Tu te trouve sur leur territoire et elles comptent bien t'en faire payer le prix. Tu leur servira de nourriture pendant que tu y es, une pierre deux coup comme ont dit ! Comment vas-tu te sortir de cette situation plus que tendu, Heinly ?


Il errait encore et toujours dans ces terres plus chaudes. Le souffle loin d'être celui moite du Nord lui plaisait. Il réfléchissait de plus à plus à se trouver un coin pour y vivre quand Froid habiterait Nord et quand Chaud au Nord, il remonterait pour profiter de températures plus vivables. Il commençait à faire ses petits plans, demandant conseil aux quelques morts qu'il croisait pour savoir où possiblement s'installer. D'ailleurs cela faisait un moment qu'il ne côtoyait plus les Vivants. Il les fuyait comme la Peste, eux qui n'étaient pour l'heure des non Elus de la Mort et qui en plus ne comprenait pas sa fascination. Il se sentait étranger à tous ces peuples. Reclus et ermite. Mais il n'en souffrait pas, les Errants étaient toujours présents où qu'il aille. Il ne quittait pas non plus l’ouvrage de nécromancie qu'il avait volé à la Bibliothèque. Il en lisait très souvent les passages, s'imprégnant de plus en plus des rites et des pratiques parfois cruelles. Heinly s'enfonçait dans une voie bien sombre mais cela lui plaisait. Il craignait aussi qu'aucun Dieu Coloré ne lui accorde bénédiction pour ce que beaucoup jugeait de travers, de tabou … Il lâchait des soupirs. Il ne savait plus quelle voie emprunter. Il était perdu.

Perdition l’entraîna dans ce lieu de chaleur. Il errait parmi les hautes herbes quand il comprit son erreur. Il n'était plus seul. Il avait été sot. Il avait baissé sa garde. Frontières il avait passé de non loups il avait passé … Il accéléra le pas. Il lui fallait fuir, lui qui n'avait aucune force mais plus il essayait d'échapper à son assaillant plus l'étau se refermait et bien vite, il se retrouva piégé. Des hyènes étaient tout autour de lui. Elles faisaient claquer leurs immenses mâchoires putrides. Elles semblaient avoir décidées de s'en prendre à lui pour en faire leur repas. Il se campa sur ses pattes, s'abaissa et montra les crocs. Il grognait mais il ne parvenait pas à les dissuader. En même temps, un contre un groupe, il ne faisait pas le poids en dissuasion. Ils restèrent un instant à se fixer puis une hyène sortie des rangs, s'approchant de lui. Elle voulait le tester. Il lui fit face, dressant les poils de son échine. Heinly se voyait déjà rejoindre les bras de son Amante la Mort mais il ne voulait pas non plus s'en aller comme ça. Pas comme un gueux ayant rien à lui offrir.

Sans qu'il ne puisse réagir, la hyène lui sauta dessus, décidée à l'amocher. Il se la mangea de plein fouet mais parvint à esquiver une morsure létale. Elle ne mangeait que quelques poils quand lui, plongea à son tour dans la bataille, lui volant une oreille. Elle s'éloigna en jappant de douleur quand lui recrachait l'appendice. Le goût du sang dans sa gueule était à la fois immonde et agréable. Il regarda les autres … Il n'avait fait que monter l'excitation et la frustration dans le groupe. Ça ne sentait pas très bon. Il réfléchissait aussi vite qu'il le pouvait. Il lui fallait un plan et vite ! Le cercle commençait à se refermer, bientôt il serait perdu. Deux attaquèrent. Il en évita une pendant que l'autre lui lassera la cuisse et tentait de planter ses crocs à ses lombaires. Il la repoussa en lui donnant un grand coup avec l'une de ses nasses de voyage. La seule qui avait survécu à son voyage. Et la dernière qu'il aurait. L'objet se cassa sous l'impact mais au moins son porteur était sauf. Il ne demanda pas son reste. Une ouverture dans la formation ! Il s'y engagea en sprintant. Les hyènes proches de lui tentèrent de l'intercepter mais elles ne réussirent qu'à l'égratigner quand lui filait comme un lapin.

Heinly courait et sautait par dessus les quelques obstacles qu'il avait sur la route. Les hyènes étaient à ses trousses, elles faisaient un sacré boucan. Il était devenu une proie alléchante en plus de les avoir énervées. Il était blessé donc facilement traçable. Rien ne jouait en sa faveur d'autant plus qu'il perdait en vitesse. Sa cuisse le faisait incroyablement souffrir. Son coeur tambourinait fortement en lui. Il continuait de réfléchir en filant quand il aperçut du coin de l'oeil un changement de terrain. Il bifurqua d'un coup, se mangeant une hyène qu 'il envoya valser. Il roula au sol, le souffle court mais l'instinct de proie le fit rapidement se relever et reprendre sa course en boitillant. Il n'était plus aussi rapide mais il arrivait sur la partie qui pourrait jouer en sa faveur. Un lit de rivière presque à sec. Il y descendit rapidement et il s'engagea dans le peu d'eau qu'il y avait. Il fit des bonds pour aller plus vite, évitant de trop s'embourber mais se fatiguant plus vite. Il remonta de l'autre côté. Il lança à peine un regard en arrière pour voir les hyènes qui furent ralenties par le sol boueux. Regardant devant lui, il cherchait déjà une autre échappatoire. Il avait pris un peu d'avance mais restait traçable. Il entendit les affreux aboiements de ses traqueurs. Elles étaient sorties de la rivière.

Merde.

Son peu d'avance s'amenuisait. Son souffle commençait à être plus court. Son endurance gagné durant son voyage l'avait sauvé mais il commençait à faiblir en plus de perdre beaucoup de sang. Du coin de l'oeil, il aperçut ce qu'il espérait être son salut. Un arbre solitaire. Il ne chercha pas à peser le pour et le contre, il s'y dirigea aussi vite qu'il le put et avec cette Peur de la proie, il l'escalada du mieux qu'il put, s'y réfugiant le plus haut possible. Il blêmit en voyant les hyènes s'attrouper autour. Certaines essayèrent de grimper mais elles ne semblaient pas en être capable alors elles finirent par s'installer, attendant qu'il descende. Il hésita un long moment puis, un chouia plus serein, il attrapa de quoi panser ses blessures. Il sortit bandage et onguent de ses sacoches, il s'occupa de sa grosse plaie, stoppant hémorragie tout en veillant à ce qu'une hyène ne comprenne pas comment monter là-haut.



Trois jours passèrent. Le groupe de hyène avait fini par abandonné dès le premier jour. Sauf deux. Les plus revanchardes. La première était celle à l'oreille arrachée, l'autre, une qu'il avait blessé. Elles semblaient décidées à attendre sagement et lui, il commençait à avoir faim. Il les avait observé, elles restaient proches mais parfois l'une d'elle s'éloignait pour revenir avec quelques victuailles. Alors Heinly patienta. Le moment venu, l'une partie et là, il n'hésita pas. Il se laissa complètement tombé sur celle restante, la percutant de plein fouet. Elle lâcha un couinement, essaya de le choper mais lui il avait déjà glissé sur son flanc, bondissant et attrapant mortellement sa gorge. Il la bloqua au sol, finissant de l'achever. Il n'eut pas le temps de souffler qu'il se prenait de plein fouet l'autre hyène. Repoussé de la dépouille, blessé au visage par les crocs de la Putride, il lâcha un grognement. Cette fois le combat était un chouia plus équilibré. Mais cette hyène était revenue trop tôt. Il aurait préféré la prendre aussi par surprise. Il ne faisait pas le poids en combat. Ils se tournèrent autour un moment puis il prit la première offensive, fonçant sur la hyène. Leurs crocs cherchèrent les points létaux. Les griffes pourfendaient la chair quand leurs poitrails s'entrechoquaient violemment. Elle touchait là où il avait été déjà blessé. Il boitillait, peinait à se poser sur sa patte blessée. Et Heinly finit par avoir raison de la hyène. Elle eut une inattention et il la saisit, se pliant et allant frapper pour l'achever. Une action rapide. Létale. Jugulaire sectionnée, elle s'échappa de sa prise, recula. Son expression était indéchiffrable. Elle se vidait sous ses yeux puis elle s'effondra dans un gazouillement sanglant.

Il avait vaincu.

Il se laissa glisser au sol. Epuisé, faible. Il souffla lentement. Il devait se ressaisir et se soigner mais à la place, il fixa ses victimes. Il souriait. Il en était capable. Il pouvait tuer. Il pouvait répandre le sang. Un rire lui monta. Il était heureux. Il venait de se prouver qu'il venait de repousser une barrière. Il pouvait tuer. Il resta un instant comme ça, contemplant son crime puis il se releva. Il devait se soigner. Il le fit puis bandages finis, il se pencha sur les hyènes. Sans grand scrupule, il leur arracha les crocs. Il continua à les dépecer, volant quelques os puis quand il jugea avoir terminé, il s'en alla en boitillant, laissant aux charognards le soin de tout dévorer.