Perdre le Nord [le défi pv. Ann]

ft. Ann

Perdre le Nord

« Je te rejoindrais plus tard, sur la plage, Chimaera. »

Il ignorait si ses paroles seraient entendue, mais il avait des choses à faire avant visiblement, des choses qu’il n’avait su anticiper, alors juste avant que la silhouette ne disparaisse dans les eaux, il avait lancé cette réplique sur un ton un peu désespéré. Il savait où aller, il savait où se trouvait l’île qui jusque là lui avait été interdite, celle qu’il avait parfois pu apercevoir de loin dans la brume, car longtemps, il avait longé les rives et les plages à la recherche de poissons. Il espérait que personne n’y trouverai offense.

Le ciel semblait s’être couvert tout à coup tandis que le fil de feu Kalachnikov, son esprit s’était fait moins clair tout à coup alors que la sorcière des mers disparaissait dans les abîmes nocturne. Tous s’en trouvaient divisés et seules les paroles faisaient écho dans l’obscurité. Ce n’était pas fini, ce qu’il avait à offrir n’était pas suffisant. Il aurait du s’en douter, naïf qu’il était de penser que les mots suffiraient.

De nouveau seul, sous la lune il chavire, trahi son émotion d’un soupire. La tension retombe, les émotions aussi. Son esprit flouté un peu, témoigne du choc qu’il venait de recevoir. Une épreuve ? Lui qui avait fuit celle des Dieux. La peur de l’échec est bien présente, tout comme celle de devoir, elle s’insinue en lui à chaque souffle, chaque respiration. Il se sent assailli par le trac. Il se maintint immobile entre le sable et les eaux pendant encore quelques minutes, observant l’horizon. Puis il réalisa son absence et s’obligea à se mouvoir. Ne sachant vers quel point s’orienter, il s’immobilisa de nouveau, tenta de se remémorer les mots, soufflant d’un air bien trop sérieux.

« Écouter le chant de l’Océan ? » Face aux eaux, il plisse les yeux et tend les deux oreilles. Il écoute les flots qui viennent lécher les rives parfois s’agitent bruyamment pour mourir dans un bruissement léger. Le loup vert d’eau fait la moue. L’océan ne semblait rien vouloir lui dire de plus que d’habitude, se montrant ni plus ni moins qu’inspiration pour son art. Il s’en mordit la babine inférieure. Puis d’un mouvement de tête balaya ses mèches sombres hors de sa vue. Il se devait d’agir.

« Réfléchis, Sushi, Réfléchis. » Il s’agite une nouvelle fois se laisse choir lourdement sur le sable humide. « Qu’est-ce qu’elle a dis d’autre ? » Il frotte une patte contre son front, frappe un peu plus fort contre sa caboche jusqu’à avoir les idées plus claires. Puis d’une griffe, il trace sur le sable.

Un instrument dépourvu de musique
Une aiguille qui ne pique ~
On s’agite
Si elle s’en retrouve perdue

Il couine, ça n’avait que peu de sens dans son esprit. Il devait trouver l’ustensile s’il voulait retrouver Chimaera. Une nouvelle vague court, la marée monte, elle engloutit ses écrits tout en noyant sa fourrure. Il grogne le futur forban de voir ainsi sa réflexion entravée par la marée. Mais le temps passe, file, elle le rappelle à lui.

« Je ne pense pas que ... » Il fronce le museau plus encore. « Et si … » Son regard s’éclaire d’une autre lumière.

De nouveau, il se relève, se initie un mouvement. Il fit demi tour sur place et usa du chemin le plus court, traçant sa voie le long de la plage jusqu’au territoire si connu des Etelkrus. Mais n’obliqua pas vers le castel, il s’engouffra dans les falaises du littoral jusqu’à une crevasse échancrée qui divise la parois. Ici, à l’abri de l’humidité, du papier, du graphite, de l’encens, des pigments, quelques étoles de tissus précieux. Et Parmi tout ces babioles, rangée bien en évidence une belle aiguille à cheveux en or.

Parmi toutes ces autres choses, le loup tigré s’empara de cette chose. Cette chose qu’il ne dérobait si ce n’est à lui-même, cette aiguille qu’il avait imaginé un jour porter son glowstick mais qu’aujourd’hui il emportait vers d’autres desseins. L’instrument billant entre les crocs, il prit direction de la plage, une nouvelle fois. Partant à la recherche de la louve, ne sachant qui de lui ou d’elle se trouverai en premier.

▒ 5 ans+ ▒
F A E I

La sorcière l'observa. Patiente et silencieuse, allongée entre deux pans de la falaise. Dans la pénombre, elle sourit aux mimiques et gestes de celui qui peut-être les rejoindrait très bientôt. Tout dépendait de lui maintenant. Si Ann était friande des énigmes, il semblait que le loup vert ne l'était pas trop. Pauvre Etelkru sans cervelle. Dans son coin elle ricane, toujours sans bruit. Elle étudie le comportement et fini par se lever pour le suivre quand enfin, il se bouge les fesses. Louvoyant dans le paysage comme une ombre, elle se ne montra pas. Forcée de s'arrêtée à un moment pour ne pas s'approcher du territoire à l'odeur trop écœurante pour elle, elle s'assit et attendit. Avait-il abandonné ? Fuit ? Elle en doutait. El,le avait vu la résolution dans ses prunelles. Assurément il avait eu un objectif, quelque chose a quoi il avait pensé et qui nécessitait de retourner vers son premier monde. Décidant qu'elle verrait bien assez vite si elle avait eu raison de croire en cet âme vagabonde, elle se détourna pour retourner sur la plage de leur première entrevue. Elle s'allongea dans l'eau fraîche, disparaissant presque à chaque fois qu'une vague venait la caresser. Elle se garda bien de laisser l'eau lui noyer la truffe cela dit. Puis il revint, un peu plus tard. De cette posture presque confiante et presque... Conquérante. C'était ça, qu'elle cherchait chez un Raeder. Comme il regardait partout comme pour chercher quelqu'un, elle se redressa. Un sourire carnassier étira ses traits alors qu'elle se relevait sans même s'ébrouer. Elle vint à la rencontre de Sushi et de l'épaisse aiguille qu'il tenait dans les crocs. Tiens donc ? Etait-ce sa réponse ?

« Que m'apporte-tu là, Tigre des mers ? »

Explique donc ton idée.

ft. Ann

Perdre le Nord

En arrivant au lieu de rendez-vous précédemment occupé par les trois protagonistes, le loup vert d’eau raccourcit ses foulées, d’un galop moyen, il passa à un petit trot saccadé, portant fièrement son trophée entre ses crocs, tandis que ses pas se faisaient alourdis par le sable humide de la terre-mer. Son allure, il la modula doucement et tout en souplesse, jusqu’à être immobile dans l’eau vaseuse. Là, sur la plage qui s’étendait à perte de vue. Mais la louve semblait avoir disparue.

Il fixa d’abord les falaises, la direction qu’elle avait emprunté précédemment. Son épaisse queue sur son dos, il pavane un peu, fier de son trésor, fier de son cadeau qu’il allait offrir à la sorcière des mers. Puisqu’elle ne semblait pas s’y trouver, il obliqua, contemplant de gauche et de droite, cherchant le regard bruyant.

Lorsqu’il l’aperçoit, sa queue se met à remuer dans son dos, nerveux, il l’était un peu, mais excité aussi à l’idée de lui montrer le précieux bijoux, trésor de sa collection. Afin de répondre, il lâche l’épine qui vient se planter dans le sol humide.

« C’est une épingle à cheveux en or »

Il s’agite un peu. Fier et énergique, il aurait pu parcourir le cent mètre à la nage et revenir en quelques secondes, mais cela n’aurait pas été correct alors, il reste là, à se tortiller comme un enfant devant un magasin de jouet.

« Elle est précieuse à mes yeux, je l’ai depuis toujours.
Personne n’a jamais pu me la dérober.
J’aurai remué ciel et terre si je l’avais perdue.
Si tu la veux, alors, je te la donne. »

Il agit docilement et sans regret. Il savait au fond de lui que ce n’était pas ce qu’elle cherchait, ce qu’elle désirait, mais il n’avait plus précieux à offrir. Il ne possédait pas ce qu’elle souhaitait.

▒ 5 ans+ ▒
F A E I

Elle le regardait curieusement le loup vert. Sans cesser de sourire, sans montrer ni ennui ni mécontentement. Sushi n'avait effectivement pas répondu à ses attentes. Les oreilles d'Ann s'agitèrent, seul signe qu'elle n'était pas une statue de sel au bord de l'eau. Mais la petite sorcière était la mieux placés pour savoir que l'Océan mettait sur notre route des choses bien différentes que celles espérées ou imaginées, que ses courants n'étaient domptables et qu'on ne pouvaient jamais complètement choisir de sa destination. Il fallait aussi accepter ce que la mer ramenait au rivage. Et, malgré tout, l'objet du mâle correspond à peu prêt à l'énigme, n'est-ce pas ? Surprenante réflexion qu'avait eu là le pêcheur. Un instrument dépourvu de musique.
Une aiguille qui ne pique. On s’agite si elle s’en retrouve perdue. La noiraude attrapa l'épingle et la tapa contre ses griffes. Le vibrato qui en sorti ne pouvait être appelé mélodie. C'était bien une forme d'aiguille dont l’extrémité ne transperçait pas le coussinet. Et si elle était trésor du loup, cela compensait la fin de la devinette. C'était une réponse acceptable. Inattendue, mais acceptable.

« C'est un beau trésor. Garde-le et prend en soin. Qui sait à quoi il pourra te servir un jour, Sushi. »

Elle se redressa un peu plus, pour paraître plus grande du haut de ses courtes pattes. Menton haut et buste gonflée, elle devait néanmoins poursuivre autrement son épreuve que ce qu’elle avait tout d'abord supposée. En effet, s'il avait été assez malin pour choisir la facilité comme apprenait bien vite à le faire les forbans, il n'avait fait montre d'aucune de ses potentielles autres qualités. Mais ce n'était pas grave, elle venait d'avoir l'idée qui saurait désigné si le mâle était digne ou non de devenir un fier pirate. Elle sortit de sa besace un morceau de tissu rouge sombre comme le sang, ainsi que trois larges dents de requin découvertes dans un cadavre de grosse proie qu'offrait l'Océan. Elle releva la truffe vers Sushi et commença à lui raconter, sur fond de ressac de marée et de rayons diaphanes, l'histoire des Raeders. Elle parla de Paprika et de son amour pour son Dieu de Force malgré son départ pour vivre libre. Elle montra le bandana rouge qu'elle portait au coude droit, et expliqua qu'il était le symbole choisi par la première Capitaine en respect pour Aka, Dieu du Continent et pour le sang versé pour que la meute survive. Chaque Raeder le portait, c'était la tradition, et chacun d'eux se devait de savoir pourquoi. Elle continua en expliquant les sacrifices de leurs pères qui avaient fait venir Céto. Elle transmit le conte comme elle le connaissait. Continua sur les récents évènements, sur la scission faite entre la génération précédente et la leur, leur volonté de se défaire de la Gardienne des Abysses. Et enfin, elle termina sur les informations qu'elle avait en sa possession.

« Tu vois où je veux en venir ? J'ai une seconde demande, autrement plus importante. J'ai longtemps désiré aller voir, rencontrer le Grizzli en personne. J'aimerais lui demander son aide, s'il accepte, en mémoire de sa disciple Paprika, mais aussi sous forme de troc. Nous n'obtenons jamais rien sans rien et tel n'est pas notre but. Alors je ne sais ce que peux désirer une divinité aussi puissante que le raconte les légendes, mais j'aimerais que tu aille le voir pour moi. Et que tu lui transmette mon message. En retour, je te serais redevable également. »

Il pouvait voir cela comme son ultime épreuve, ou comme sa première mission. Il pouvait tout aussi bien refuser d'aider ceux qui étaient prêt à l'accueillir à pattes ouvertes. Choix était sien tout comme chacun était maître de son Destin. Lorsque l'Océan n'avait pas d'autres projets, bien entendu. Elle s'était promis un jour de poser pattes dans le temple de cette entité du continent qu'avait admiré ses ancêtres, mais la haine des Etelkrus à l'encontre des siens étaient de notoriété trop commune pour se risquer simplement à briser la limite. D'autant plus qu’elle nourrissait déjà espoirs quand aux symptômes qui la conduirait dans quelques jours chez les Nakhus en quête d'un Médecin et ne voulait se permettre la moindre mise en danger, à ce moment précis. Ce qu'elle ressentait, ce qu'elle esperait tant, elle ne pouvait risquer de le perdre aussi bêtement qu'en allant titiller la meute la plus violente qui soit connue à ce jour. C'est pourquoi Sushi semblait être le candidat idéal, non ?

ft. Ann

Perdre le Nord

Alors qu’il s’attendait à tout moment à une éruption de mécontentements de la part de la louve sombre, d’une part pour lui avoir fait perdre son temps et d’autre par le fait qu’il n’était qu’une diva capricieuse dépourvu de connaissance , il n’en fut rien, figée ou presque, elle se contentait de sourire ses deux oreilles oscillants parfois prouvant qu’elle l’écoutait encore malgré les inepties et la façon dont il avait tourné et déformé son énigme. Calme et patiente lui sembla alors la louve des mers tandis qu’elle écoutait le récit.

Il laissa choir sa mâchoire inférieure lorsque la louve se saisit rapidement de l’épine, allait-elle le planter avec pour avoir ainsi contourné l’énigme posée ? Non, elle fit vibrer le métal contre ses griffes dans un tintement métallique bien peu harmonieux. Ce n’est pas ainsi qu’il fallait s’en servir, pour sûr, le son produit était des plus banals, à peine suffisamment bruyant pour occuper l’esprit. Il l’observa manipuler plus encore l’objet entre ses pattes, le long de ses doigts, qu’est-ce qu’elle cherchait à savoir de plus ? Il ne s’agissait que de décoration. Au fur et à mesure qu’elle la manipule, le mâle la suit du regard, ce trésor qu’il a lui-même porté pendant si longtemps avant de laisser librement tomber ses longs cheveux d’ébènes.

Lorsqu’elle s’en désintéresse, le mâle récupère l’aiguille, la plante de nouveau dans ses cheveux, usant adroitement de ses pattes pour former un semblant de coiffure, au moins là, il n’avait nulle besoin de la maintenir constamment. Il écouta ses paroles, toujours légèrement distrait, il ne voyait pas trop où elle voulait en venir, à quoi pourrait bien lui servir une aiguille à cheveux à part à maintenir ses longs cheveux en place ? Il ne voyait pas plus loin que le bout de son museau verdâtre. Haussant les épaules, il conclue que peut-être un jour, il lui trouvera un autre usage que celui convenu.

Alors qu’il s’attendait à enfin pouvoir accompagner la louve jusqu’à son nouveau foyer, il fut arrêté par l’agitation nouvelle. La louve fouilla et de sa besace sortit un foulard rouge et quelques quenottes d’une quelconque créature marine. Le mâle ouvrit de grand yeux observant les présents qu’elle souhaitait lui tendre sans trop comprendre ce qu’il allait bien devoir en faire. Enfin le foulard, il comprenait, mais les crocs, c’était d’un ringard – oups pardon -. Il s’égarait un peu, les yeux plissés en deux fentes horizontales qui jugeait les cadeaux ainsi tendu. Puis vinrent les explications, tout lui sembla alors plus clair alors qu’il ponctuait le monologue de quelques mouvements de tête pour montrer qu’il suivait toujours.

S’en suivit une longue discussion, durant laquelle il voulait s’assurer d’avoir bien tout saisi.

« Donc tu veux que j’amène ceci à Aka » Un vieux foulard et trois dents de requins, c’était un peu pauvre comme cadeau en comparaison aux petits cadeaux réguliers que lui faisait ses fanatiques. Pauvre en comparaison aux effroyables cadeaux du passé, serait-ce suffisant ? La mâle mentholé n’en savait rien, c’était bien la première fois qu’il allait affronter le regard du dieu Rouge. En effet, même s’il avait longtemps vécu sous les pins, il n’avait jamais eu le courage de choisir entre l’imagination qui était sienne ou la force qui était l’apanage de ses propres parents. Aujourd’hui, il devait faire preuve de courage, mais les choses étaient bien différentes, il ne s’agissait plus de choisir où diriger sa foi, mais simplement de transmettre le message d’une autre. Mais quel message ?

« Et que je lui demande de nous aider à vaincre … un serpent de mer des abysses ? » Rien que ça, ils ne pouvaient pas se débrouiller tout seuls pour vaincre cette saleté, c’était juste un serpent nan ?

« Aller jusqu’au temple ne devrait pas constituer une difficulté majeure, mais concernant la sortie… » Il réfléchit parce qu’il fallait bien à un moment donné qu’il fasse preuve d’un peu d’imagination pour se projeter et trouver un plan. Ow là, il n’allait pas falloir faire de bévue en présence du dieu Rouge et ne surtout pas attirer l’attention de tout ses petits camarades. Toute fois, il était confiant, qu’est-ce qu’il risquait à venir parler au dieu dont son père fut si longtemps le fervent prêtre ?

« C’est d’accord, Ann, j’irai en ton nom parler au dieu rouge. »

Croisant la louve, il se mit en marche puis après quelques pas se stoppe et lance un regard en arrière.

« Si les choses tournent mal, il ne faudra pas revenir me chercher en terre etelkrus. »

Il doutait que cela soit son intention dans tous les cas, mais il faisait preuve de prudence, sans attendre, il partit en direction du temple rouge, un petit colis rouge sang entre ses crocs.

» Un peu plus au Nord — Ysée
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