Le manque - Libre

Une personne svp !

Le manque.
Celui de sa mère, celui d’Alex, celui de quelqu’un avec qui élever des enfants, celui d’un frère, auparavant.
Le manque avait toujours été là.

Il avait eu un autre nom, auparavant, celui de Vide. Mais le Vide n’était plus vraiment, maintenant : Après des années d’errance, elle avait enfin trouvé comment le combler. De ce fait, au lieu d’une plaie béante et profonde, il ne restait en elle que quelque failles qu’elle peinait encore à colmater.
Et n’y parviendrait, peut-être, jamais et devrait s’en contenter.

Il était éprouvant, son quotidien de mère qui, évidemment, venait s’accumuler son devoir d’Alpha, mais elle s’efforçait de ne pas broncher, de ne pas flancher, pas devant eux : La meute, les enfants, sa consœur, préférant qu’ils aient en tête, en la voyant, l’image d’une louve assez forte pour tous les soutenir.
Parfois, c’était difficile, alors que sous ses yeux bleus se dessinaient des cernes violacés, à force de mal dormir et de, toujours, devoir être active.

Il fallait recevoir les loups, s’occuper des enfants, les surveiller, prendre des décisions, courir après les enfants lorsqu’ils décidaient de faire le mur…
Là encore, elle veillait sur eux, par ce qu’ils étaient fragiles et turbulents, mais pourtant si précieux à ses yeux.

Malgré les difficultés, elle remerciait encore le ciel et Dairo d’avoir placé Nirvana sur sa route.
Le plus dur à accepter, c’était, tout de même, un peu, d’avoir du s’offrir à un inconnu, elle, la fleur bleue qui rêvait tant de romance, pour donner naissance aux deux plus petits. Ça avait été une étreinte juste pour assouvir cette envie, celle d’être mère de plusieurs enfants, et, si son coeur se gonflait d’amour, lorsqu’elle les voyait…

Son propre corps, elle ne l’aimait plus vraiment.
L’image qu’Holly avait d’elle même, de façon générale, n’était pas des plus glorieuses : elle n’avait été qu’une salope qui s’était laissée faire, lorsque Méridor avait bien voulu d’elle, après lui avoir fait mille promesses….
Et puis ce corps était devenu un instrument pour donner la vie.

Ca n’avait pas toujours été le cas : un jour, elle s’était aimée, avait apprécié son reflet dans l’eau.
Mais maintenant… Maintenant, tout était chaotique. Elle ne se sentait plus vraiment elle-même, plus vraiment à sa place dans cette enveloppe charnelle. Alors elle avait, parfois, maltraité un peu plus ce corps désaimé, d’une pierre tranchante qui venait fendre la peau et faire couler le sang.
Tout ça, caché sous une manchette en vinyle noire. Puis elle avait arrêté, honteuse, et espérait désormais que de telles pulsions destructrices ne la reprendraient pas.

Elle avait été heureuse, pourtant, pendant la grossesse. Ou alors, ce n’était que poudre aux yeux, une tentative, maladroite de se convaincre que le manque n’était pas.
Que lui manquait-il, désormais, pour être heureuse ? Les enfants étaient là et ils étaient, oh, évidemment, ce qu’elle avait de plus beau.
Pourquoi ne parvenait-elle pas à se relever complètement, malgré toutes ses tentatives ? Pourquoi fallait-il toujours que les choses soient si confuses…

Se sentant submergée par les émotions, encore, Hollyhock laissa ses enfants aux nourrices pour s’accorder un moment à elle, Grandes-Ailes posé sur son épaule.
Elle s’éloigna, jusqu’aux dents de roc.

L’endroit où avaient lieu les rendez-vous avec Alexandrine.
Ça aussi, c’était difficile.

N’était ce pas un retour de karma, qu’elle avait subi ? Quelque chose qu’elle avait mérité, pour l’avoir trompée, pour l’avoir quittée pour un autre, pour celui qui faisait mille promesses mais jamais ne les tenait.
Elle avait tout tenté : Se faire une raison, se dire que sa place n’était pas aux côtés de la belle ailée et qu’elles ne feraient que se rendre malheureuse.

Et pourtant.
Et pourtant…

Lorsqu’elle était revenue, en partie, de son périple au Nord, et sans doute même avant, elle avait su, à quel point elle avait été bête de céder au chant des sirènes aussi vite.
Et maintenant qu’elle était là et qu’Holly pouvait l’apercevoir presque tous les jours, sauf lorsqu’elle repartait se battre pour Aka, elle savait, et c’était si clair, qu’elle lui manquait terriblement.

Comme elle lui avait toujours manqué, depuis des mois, des années ?
C’était là, présent, presque une obsession pour elle, un amour si grand, gâché.
Un amour qui ne voulait pas partir.

Sous son lit, il y avait des papiers froissés, couverts de mots qu’Alexandrine ne saurait pas lire mais qu’Holly aurait pu lui dire, si elle en avait le courage et, surtout, si elle n’était pas si confuse, dans ses sentiments.
Si elle n’avait pas peur de souffrir, encore et encore, que ce soit par un rejet violent et par ces mots qui faisaient mal, lorsqu’elle lui rappellerait que son cœur lui était, désormais, inaccessible.  
Si elle n’avait pas peur de souffrir par ce que son corps serait, une fois de plus, utilisé.

Il lui faudrait pourtant tenter, un jour, mais peut-être, d’abord, chercher à panser leurs blessures respectives. Si c’était possible ?
Y’avait-il encore une chance de changer les choses, de construire de nouvelles bases, bien plus solides. Alexandrine le voudrait-elle seulement, même avec du temps, beaucoup de temps ? Ou se faisait-elle, toute seule, un peu plus de mal ?

Ferait-elle mieux d’essayer de l’oublier en engourdissant son esprit et son cœur d’autres choses, en se blottissant contre des corps inconnus, en cherchant l’amour, un autre amour, chez un bel inconnu ? Pourrait-elle aimer quelqu’un comme elle l’avait aimée elle, avant qu’elle ne parte.

Qu’elle ne l’abandonne.

Elle aurait aimé que quelqu’un soit en mesure de lui apporter des réponses, quant-à tout cela mais savait pertinemment qu’elles ne viendraient pas : Par ce que les Etelkrus ne s’aimaient pas et qu’elle ne se voyait pas, ou pas plus, parler de ce qui lui pesait, de tous ces doutes, auprès de ceux de qui elle était proche.
Ce serait admettre qu’elle avait merdé, qu’elle s’était trompée, qu’elle avait été faible et que Méridor s’était bien foutue d’elle, qu’elle n’était pas stable non plus, une vraie girouette, et ce serait, surtout, une préoccupation si futile, pour eux, elle pensait.

Alors elle verrait, plus tard, avec le temps, ce qu’il adviendrait de cette relation : si, seulement, elles pourraient rester amies ou si il demeurerait, entre elle, ce froid dérangeant. Si elle parviendrait à lui parler pour tout lui avouer, pour lui dire, les yeux dans les yeux, qu’elle était amoureuse, encore, qu’elle n’avait pas menti, à la grève, en le lui disant.
Je t’aimerais toute ma vie.


A cette peine de cœur, si grande et à ce désamour d’elle-même, se liait une troisième faille, dernière mentionnée mais pas moins importante. Elle avait un nom, cette faille, et pas des moindres.

Pepper.

Perdue dans ses pensées, elle était arrivée jusqu’aux monts célestes et fit apparaître, dans sa patte, un bouquet de fleurs à son attention, toujours pour décorer cette tombe sur laquelle Holly venait, le plus souvent possible, se recueillir.

Elle ne parvenait pas non plus, après toute ces tentatives, accepter que la petite louve bleue, celle qui avait été, et était encore, sa mère spirituelle, ai pu partir d’une façon si brutale et violente, ne lui laissant pas même le temps de formuler des Adieux.
Elle avait laissé,dans son cœur, un vide si grand et dans sa tête beaucoup de questions, surtout une.

Comment n’avait-elle pu rien voir ?

Il y avait tant de culpabilité, celle d’avoir été aveugle (un comble) et, surtout, celle d’être faible et brisée lorsqu’elle s’était voulue forte et combative pour satisfaire Pepper.
Pour qu’elle soit fière.
C’était au moins quelque chose qu’elle parvenait à faire croire au plus grand monde, donner l’image d’une louve attentionnée et souriante envers les siens, redoutable combattante contre ceux qui pourraient faire du mal à la meute.
Quelque chose de correct à l’extérieur et pourri à l’intérieur.

Pouvait-elle le voir, cela, Pepper, de là où elle était ?
Que penserait-elle d’elle, à présent ? Serait-elle toujours convaincue que l’idée de lui confier la succession était bonne ?
Trouverait-elle qu’elle faisait une bonne Alpha pour les Etelkrus.

Peut-être… Peut-être par ce que Pepper ne se trompait jamais et, qu’à défaut d’être pleinement heureuse, Hollyhock savait se donner pour son clan.
Debout, devant sa tombe, elle se sentit bien bête d’avoir les yeux mouillés et le coeur serré.

Comme à chaque fois qu’elle venait ici, qu’elle surprenait le nom de sa mère, dans la gueule d’un congénère ou que quelque chose lui faisait penser à elle.
Est-ce que cette sensation là s’en irait, un jour, aussi ?

Dites moi, mère, comment accepter que l’on ne verra plus jamais quelqu’un…
Comment dire Adieu, lorsque cette personne n’est plus là pour entendre?

Tant de réponses qu’elle ne possédait pas, tant de questions qu’elle se posait encore.
Sa tête se redressa et son regard se posa sur le ciel d’une couleur identique, elle n’avait rien à lui demander, aujourd’hui, et il était stupide de croire en lui, puisqu’il n’était pas une entité. Mais peut-être pourrait-elle trouver, dans la contemplation de ces nuages, quelque chose qui l’aiderait un peu… Un instant rien qu’à elle, pour se poser et réfléchir.

Il était si facile de se faire du mal, mais comment faire l’inverse, comment se faire du bien ?
Comment devenir sa propre héroïne?

Emilitia

Tâche sombre sur une journée immaculée, encore noire sur le bleu d'une tristesse profonde que ni les démons ni les demis étaient capable de ressentir pour eux même. Emilitia était pourtant là par hasard, mais sa présence n'était pas absurde, la frontière Etelkru qu'elle taquinait ces derniers temps n'était pas si loin. Bien loin de deviner que sa présence même en ce lieu significatif pour d'autres pouvait être considéré comme un sacrilège, elle n'en aurait de toute façon pas prêter plus de précaution, elle errait là, à la recherche sans doute d'un tue-l'ennui ou d'une rencontre à défaut de manquer d'autre chose.

« Je connaissais une louve qui avait le même regard que le votre. » Sa mère. « Vous êtes une âme esseulée. »

Emilitia s'était arrêtée à quelques mètres, gardant une bonne distance. Contrairement au mâle du lac, cette femelle se portait bien, la louve noire ne souhaitait prendre le risque d'une morsure, les âmes blessées étaient plus sensibles aux intrusions.

« Combien de temps reste t-il avant que la décision de bondir d'une falaise soit prise ? »

Une fatalité que la louve noire considérait comme acquise, le cas s'était déjà présenté. Simple curiosité, à quel stade était l'état de l'âme de la louve claire ? La noire présentait ça comme une simple discussion pourtant, le fameux tue-l'ennui recherché.
Et elle voulait discuter un peu plus avec ces monstres des histoires de son enfance Emilitia, la peur de l'enfant se transformant en intérêt curieux chez l'adulte. La louve en face d'elle avait l'odeur des Etelkrus.

Perdue dans ses pensées, Hollyhock n'avait pas, tout de suite, senti cette étrangère s'approcher.
Un frisson parcourut son dos, aux paroles prononcées, alors que son regard bleu se posait sur elle un regard écarquillé par la surprise.
Il était surprenant d'être si bien comprise par une parfaite inconnue, solitaire, de surcroit... Se pourrait-il qu'elle possède le même pouvoir que le sien, ou que celui dont bénéficiait l'Oracle Nakhu ?
Dans tous les cas, cela ne plaisait guère à la louve bleue, d'être en position de vulnérabilité, d'être mieux comprise par des inconnus que par son propre clan.

Ce n'était pas une bonne chose, c'était dangereux, que les autres puissent deviner que les Etelkrus avaient, pour Alpha, une louve aussi fragile qu'elle.
Heureusement qu'Anita était là. Sinon...

Holly aboya, clairement sur la défensive.

- Je ne veux pas de ça !

Je ne veux pas sauter d'une falaise.
Tout ce que je veux, c'est ne plus avoir mal.

Il lui restait encore de belles choses auxquelles se raccrocher : Ses enfants et tout l'amour, si grand, qu'elle pouvait avoir pour eux. Son devoir d'Alpha, aussi, quelque part, qui l'obligeait à ne pas flancher complètement.
C'était ce que l'on attendait d'elle, qu'elle tienne bon, qu'elle soit forte ! C'était deux images qu'elle se devait d'entretenir : celle d'une bonne mère et celle d'une meneuse sur qui l'on pouvait compter.

Elle, ne les abandonnerait pas.

- Je ne suis pas seule : j'ai peur de le devenir, c'est tout.

Il y avait du monde, à ses côtés, encore : Ses enfants, mais aussi sa consoeur, ses amis, ses apprenties... Mais pour combien de temps ? Combien de temps avant qu'ils ne partent, tous ?
Elle avait, jadis, pensé qu'Alexandrine resterait, elle : à tord. L'ailée s'en était, finalement allée dès lorsque les choses avaient commencé à ses gâter. Méridor l'avait trahie et blessée, piétinant ce qui lui restait d'amour propre et de confiance en l'autre.
Pepper était morte, sans Adieux.

Ils étaient tous partis et ceux qui restaient pouvaient aussi partir.
C'était ça, le plus terrifiant.

Emilitia

Elle a bien fait de rester à distance raisonnable.
C'est ce que se dit Emilitia lorsque la louve claire lui aboya dessus. L'âme blessée voulait se défendre, c'était normale, elle ne se nécrosait pas encore comme celle du mâle qui en avait été rendu malade. Si la louve noire reste relativement calme et neutre, la surprise et l'instinct lui font cependant déployer ses ailes derrière elle, comme lorsqu'elle avait été en face des créatures marines.
Elle remue un peu la queue cependant.

« Oh vous en êtes encore à cette étape. Les choses peuvent encore s'arranger alors. » Elle ne l'espère pas, c'est un simple constat. « C'est ce qu'il paraît, mais je pense n'avoir vu que des échecs. » Et si on lui demandait son avis à cet instant, c'était sur celui de la bleue claire que la noire aurait parié. « C'est sans doute parce qu'il est plus difficile de supporter d'être seul lorsqu'on est entouré. »

Les émotions, cet instinct qui poussait à vivre avec les autres sans y parvenir devenaient un fléau. C'était ce qui avait tué sa mère n'est-ce pas ? Elle avait fini par écouter la voix des démons plutôt que celle de l'Océan mais Emilitia n'avait pas été la solution, elle n'avait pas été ses démons, juste un présent offert.
L'idée d'être la voix des autres loups ne lui déplaisait pas cependant.

Emilitia était aussi louve curieuse.

« Vous êtes une Etelkrus n'est-ce pas ? En ce moment je porte presque votre odeur ! »
En plus de celle des cendres. Elle remua la queue plus franchement, elle semblait en être un peu fière.
« Ne t'en vante pas, tu effaces presque leurs marquages à force de marcher dessus. »
« Drippir a raison, c'est sans doute un constat déplacé. Mais je suis curieuse, je ne vous connais que dans les histoires. »

Et ils n'y avaient pas une très bonne place.

« Je ne peux consumer cette peur qui habite le cœur, je ne suis pas assez puissante pour ça » Elle n'était que demi-démon. « Mais peut-être qu'un service peut être rendu, en échange, vous pourriez me parler des Etelkrus. »

Un pacte à effectuer pour satisfaire sa curiosité.

Les paroles de l'étrangère étaient effrayantes. Holly n'avait pas besoin de savoir que seuls des échecs dans cette quête, si difficile, qu'était celle du bonheur avaient été connus.
Elle, souhaitait s'en sortir, malgré les difficultés, pour ne pas abandonner ses enfants et sa meute, par ce qu'elle craignait le moment de non retour ou son corps viendrait s'écraser contre un rocher.
Si il devait arriver. Ce n'était pas la mort, qu'elle cherchait, mais l'apaisement, la tranquillité.
Enfin.

Elle se redressa.

- J'en suis même l'une des Alphas.

Une Alpha dans un bien piètre état, certes, mais une Alpha, tout de même.
Elle n'avait, cependant, pas vraiment remarqué l'odeur de cette Solitaire si semblable à la sienne et ses sourcils se froncèrent. Comment des étrangers pouvaient entrer si facilement ?
La garde ne devait pas bien faire son travail. Il lui faudrait revoir cela et probablement les aider.

- Quel genre de service ?

Il lui coûtait peu de répondre à des questions, tant qu'elle avait quelque chose à y gagner.

Emilitia

« Oh ? » Ses oreilles pointèrent vers l'avant dans un intérêt certain. Emilitia se rapproche de quelques pas tout en effectuant un arc de cercle, reste à distance raisonnable tout de même, elle a bien moins confiance en cette louve qu'envers tout ceux qu'elle a rencontré jusque là. Un instinct sans doute. «  Hum, je dois dire que vous êtes plutôt décevante. J'avais imaginé un Alpha Etelkru plus grand peut-être, plus massif avec un pelage plus abîmé probablement». Et dans sa description, la louve noire mime, une marche lourde, trapue, elle la démontre dans un nouvel arc de cercle. Une vision bestiale et monstrueuse de toute évidente. « Ou alors plus noble, plus grand toujours évidemment. » Un immense guerrier plein d'orgueil. « C'est amusant n'est-ce pas, l'image que l'imagination souhaite donnée au choses ? »

Emilitia n'en voulu pas trop à la louve claire de ne pas coller à ses croyances. Les Etelkrus sont sans doutes moins intéressants que ce qu'elle imagine, cette pensée traverse un instant son esprit.
« Au final, vous êtes très similaire à la louve qui était ma mère. Le regard aussi triste à la tête d'un rang identique. » Sa tête se penche légèrement sur le côté et derrière son masque naît un sourire. « Si vous êtes comme elle, votre meute doit beaucoup tenir à vous. » Même si peut-être, comme sa mère, elle avait cessé de le voir. C'était drôle de trouver un tel morceau de miroir chez ceux qui avaient été proclamés ennemis.

A la question, Emilitia prit le temps de s'asseoir pour réfléchir, ne s'attendant peut-être pas de parvenir jusque là.
« Hum... » Le bout de sa queue s'agite légèrement tandis qu'elle s'amuse à nécroser un petit bout de mousse qui traînait là. « Le plus évident aurait été de faire disparaître cette émotion qui blesse le coeur. Beaucoup de loups le souhaiterait sans doute, malheureusement, je ne suis pas encore capable de faire ce genre de chose. »
Elle releva la tête vers le démon insecte qui l'accompagnait.
« Aurais-tu une idée Drippir ? »
« Malheureusement, tu ne peux pas offrir grand chose. »
« Il a raison, je ne peux proposer que ce qu'un loup peut faire. » Elle n'était que demi démon. « Qu'est-ce qu'un Etelkru Alpha ne peut pas faire ? »
Et peut-être qu'elle pourra offrir ce service.

Décevante ?
C'était peut-être la première fois que l'on osait lui dire telle chose. Pourtant, elle avait déçu, elle le savait, Holly.

- Et pourtant, nous sommes deux femelles fines. Nos prédécesseurs étaient aussi de fières louves.

Il remontait à longtemps, déjà, le dernier instant ou un mâle avait été Alpha Etelkru : elle n'était, alors, même pas de ce monde, sans que cela soit réellement surprenant.
Au sein de leur meute, et désormais, seules les filles semblaient vouées à briller. Les garçons, eux, étaient, au mieux, des conseillers.

- Votre mère, tant aimée, n'a t'elle pas eu le désir de tenir, de survivre pour les siens ? C'est ce qui m'anime depuis des années, déjà.

Sans eux, elle ne se serait peut-être pas donné la peine de se battre et se serait jetée du haut d'une falaise.
Mais elle avait une meute, une consoeur, des apprenties, des loups qui comptaient sur elle et le rôle d'Alpha, c'était ce que Pepper avait souhaité pour elle avant de s'éteindre. Alors Holly luttait contre vents et marrés et se forçait toujours à se redresser malgré les difficultés.
Ses enfants avaient été une raison supplémentaire, de tenir bon.

Elle observa la jeune louve.
Jeune... Trop, pour être privée de mère. Elle ne semblait pas en souffrir, néanmoins, ou le cachait bien.
Holly était peut-être la seule à si mal vivre les abandons, après tout.

- Je ne crois pas que ce genre de chose soit possible. Ce serait trop simple.

L'on pourrait alors faire ce que l'on souhaite sans craindre les regrets.
Elle cilla.

- Bien des choses, en vérité. Je me contenterai de quelques informations concernant les derniers évènements en terres libres... Et sur celle des autres meutes, si tu t'y rends également.

Emilitia

Réalité si différente de ce qui avait été imaginé.

« Je me demande si elles ont été évoquées dans les histoires avant que l'imagination ne réinvente les choses. Il est sans doute préférable que la réalité soit ainsi. »

Les histoires d'enfants n'avaient sans doute pas leur place dans un monde adulte. Elles faisaient moins sérieuses, elles auraient cependant été intéressantes à voir.

« Oh hé bien, les démons ont envahis l'esprit de ma mère. Ils finissent par détourner les loups des choses qu'ils aiment et des ceux qu'ils ont aimé. »

Une âme noircie par son propre désespoir. Ne l'avait-elle pas offerte en échange d'un enfant ? Emilitia avait appris lors de son voyage, avec Drippir également, qu'un pacte de cet ampleur était déjà un voyage sans retour. La louve noire n'en voulait à personne pour ça, ni à sa mère pour avoir voulu faire ce choix, ni au démon qui lui avait offert cette existence d'avoir exécuté cette volonté.

Elle pencha légèrement la tête, ne semblait pas véritablement satisfaite de la réponse donnée par la louve claire.

« Vraiment ? Les âmes s'effritent pourtant si facilement. »

Mais elles étaient intangibles, Emilitia aurait beau tendre la patte, elle ne les sentait pas sous ses griffes et sa nécrose n'atteignait pas ces cœurs à faire disparaître. La louve noire n'avait pas encore abandonné pourtant, cette idée d'y parvenir un jour.
L'enthousiasme monta d'un cran lorsque l'alpha évoqua ce dont elle pourrait avoir besoin. Des informations donc.

« Oh c'est quelque chose que je peux offrir oui ! Quel genre d'informations voulez vous ? » Elle doutait que ses diverses rencontres intéressent véritablement l'Etelkru. « J'ai également traversé le territoire Nakhus il y a peu de temps ! »

- Je vois.

Elle pensait, en vérité, davantage à une figure de style qu'à de réels démons venus corrompre l'âme de la mère de l'inconnue.

Pour ce qui était des informations qu'elle souhaitait obtenir...
Elle ignorait si espionner ses voisins, et ses potentiels alliés, était de bon son : L'essentiel lui semblait su. Les frontières étaient désormais fermées, pour eux, Etelkrus, mais ouvertes aux Raeders. Et quand bien même cette décision lui laissait un goût légèrement amer -comment pouvait-on privilégier la vermine ?- elle n'avait pas d'autres choix que de celui de l'accepter et doutait fort que cela cache d'autres secrets.
De toutes manières, elle savait tout de l'Oracle.

Il y avait, cependant, un autre sujet qui l'intéressait et qui, peut-être, concernait aussi les autres meutes. Un sujet évoqué avec Désastre, puis Anita et Alexandrine.

- Je cherche des renseignements sur une créature surnaturelle, aux yeux tourbillons. Elle a le pouvoir de créer des enfants, brouille nos divinités et l'on ne peut pas l'attaquer au corps à corps. Sais-tu si les autres meutes, ou des solitaires, ont été ennuyés par elle ? Est-ce que ça te dit quelque chose, déjà ?

Emilitia

A la description, Emilitia redressa ses oreilles vers l'avant et sa queue au dessus d'elle, en remuant légèrement le bout dans un enthousiasme toujours grandissant. Il était évident qu'elle reconnaissait quelque chose ressemblant à l'être cherché si ce n'était lui, tout comme il était évident que l'échange était devenu bien plus à une sorte de jeu pour elle que quelque chose de plus sérieux.

« Oh, je connais un être dont les yeux tourbillonnent. J'ignore s'il crée des enfants. » Mais il en protégeait une. Emilitia se garda cependant d'évoquer l'enfant de la plage, il serait peu plaisant que les Etelkru viennent l'ennuyer ou l'emmener avec eux. La louve noire voulait conserver cette possibilité de la recroiser. « Mais il est évident qu'il ne partage pas la lueur de vos Dieux. »

Elle n'aurait su dire cependant s'il était démon ou autre chose, Drippir non plus. Il était cependant évident que la demi-démon était bien plus compatible avec cette créature qu'avec ces êtres qui offraient un peu de leur magie aux loups d'ici.
Elle pencha légèrement la tête sur le côté, souriant derrière son masque, sa voix reflétant une certaine bonne humeur.

« Je n'ai pas été ennuyée, c'est une créature intéressante. Il est, comme une sorte d'enfant à la magie trop grande. »

Et dans ce monde, il se plaçait sans doute sur le même côté de la balance qu'Emilitia, elle y croyait, tout comme l'était l'enfant de la plage sur laquelle l'Oncle veillait.

« C'est un être que j'ai apprécié rencontrer. Drippir un peu moins. »

Elle ne s'était, très honnêtement, pas attendue à obtenir autant d'informations.
Elle savait, désormais, à en juger par l'âge de cette jeune louve, que cette créature n'avait pas totalement disparue. Si il s'agissait bien d'elle, du moins.
Hollyhock hocha la tête.

- Je te remercie pour ces informations. A quand votre dernière rencontre remonte t'elle ? Te souviens tu du lieu ?

Les oreilles pointées vers la Solitaire, elle attendit.

Emilitia

Emilitia prit le temps de s'asseoir comme si elle s'apprêtait à en dire plus, comme si son récit allait être un peu long mais elle ne fit que se pencher vers l'avant dans une expression corporelle un peu malicieuse.

« Mon tour est fini, c'est au votre maintenant. Dites moi un secret des Etelkrus ! Oh, pourquoi pas concernant l'Être aux yeux tourbillons puisque qu'il est notre sujet actuel ? Que comptez vous faire si vous le trouvez ? »

Amie ou ennemie de l'Oncle, Etelkru ? A en juger la description faite précédemment, Emilitia se doutait pour un penchant vers la deuxième catégorie. Il serait fâcheux que quelques loups aillent embêter l'enfant de la plage pour trouver l'Être qui veillait sur elle.

Elle s'y était attendue, quelque part.
La louve bleue pencha la tête sur le côté, songeuse.

- Le détruire.

Il avait fait trop de mal, pour qu'elle n'éprouve de la pitié pour cet être malfaisant.

Emilitia

Oh !

« C'est si Etelkru ! »

Elle se dandine un peu, dans une certaine satisfaction. Voilà ! C'était ça la vision de son enfance qu'elle avait des Etelkrus ! Des êtres brutaux qui détruisaient ce qui leur était opposé ! Les monstres que le louveteau avait appris à se méfier sous conseil sage de sa mère.
Mais Emilitia était aujourd'hui adulte et s'amusait de ce fait après avoir été déçue de le voir manqué.

« Malheureusement, je ne préfère pas répondre aux questions précédentes dans ce cas. Je crains que vous ne portiez préjudice à une amie. »

Un prix trop grand pour pouvoir être inclus dans un échange.
La louve noire finit par s'étirer comme raviver un peu de sang dans les pattes.

« Bien, arrêtons nous ici et gardons encore un peu de quoi échanger la prochaine fois. »

Elle en avait assez dit, ne souhaitant pas développer plus sur l'être aux yeux tourbillons, elle n'avait de toute manière pas grand chose de plus sur lui en réserve.

« Disons nous au revoir, Madame l'Alpha des Etelkrus. »

Elle attendit, un instant, les oreilles vers l'avant, le retour de la salutation, repartirait ensuite vers les montagnes une fois ceci fait.

Navrée, jeune-fille, mais nous ne pourrons nous arrêter ici.
Vois-tu, tu es, depuis trop longtemps, le plus grand indice que je possède sur cette menace qui plane sur notre meute. Tu comprendras que je ne puis te laisser disparaitre juste par ce que tu souhaites préserver l'une de tes amies...
Il me faut en savoir davantage, sur cette amie.

Et elle en saura plus.
L'expression de l'Alpha ment, elle semble résignée, déçue.

- Je vois. J'espère que tu auras, pour moi, d'autres informations plus tard. Au revoir.

Holly partit vers le Castel.