Après les montagnes [Libre]

Velikan

Humpf
Il n'aimait pas trop ça la montagne, Velikan.
Plus il montait, plus il peinait à respirer, il ne comprenait pas trop pourquoi. Pourtant, il essayait à chaque fois de prendre des grosses goulées d'air mais rien à faire, plus il avançait, plus il fatiguait et avait le tournis. En plus ça l'affamait, mais il avait toujours faim, toujours au moins un petit peu. Le soucis de la montagne aussi, c'est que ça grimpait. Il avait beau écraser la pierre de ses grosses pattes, il avait une sacré masse à faire monter le long des pentes. Il aurait sans doute dû s'arrêter à la petite forêt en contrebas mais il en faisait vite le tour et en plus, elle donnait sur une plaine presque désertique qui sentait le souffre.
Il n'aimait pas trop ça non plus, Velikan, il préférait encore la montagne.

Puis le paysage s'ouvrit sur une zone un peu plus à plat, comme si les monts avaient été coupés net. Et au centre, un lac abreuvé par de multitude de petites rivières. Un rapace manqua de le frôler alors qu'il reprenait de l'altitude un poisson entre les serres. Ça, ça plu à Velikan.
Épuisé par l’ascension, le géant alla coucher son énorme masse sur les berges d'une des petites sources dans laquelle il vint tremper le bout des pattes.
Ah.
L'eau était trop froide mais à cet instant, c'était plutôt plaisant, son visage fondit dans une expression de satisfaction alors qu'il relâchait tout son corps, s'enfonçant dans sa propre masse de poil. Un instant il ferma les yeux, se laissant aller un peu au repos.

Son estomac gargouilla.
Ah, la faim toujours. Non sans mal, un peu courbaturé, Velikan se releva avant de s'ébrouer. De la nourriture... Il releva la tête humant un peu l'air avant d'aller coller sa grosse truffe contre le sol. De la nourriture... Il ne trouva pas grand chose, à peine plus qu'un buisson dégarni à cause de la saison, il mâchouilla les branches par simple plaisir de mastiquer quelque chose avant de continuer à longer un peu les berges.
Ah, là ! Des restes de poissons ! Tout n'était pas frai mais il y avait le rapace de tout à l'heure. Velikan le chargea, pour qu'il s'envole et laisse derrière lui la proie qu'il dépiautait, proie que l'énorme canin n'hésita pas à broyer entre ses crocs dés qu'il fut en mesure de pouvoir la saisir.
Il souffla de la truffe satisfait.

Velikan

Velikan se lécha les babines, profitant de ce reste de poisson qui s'était accroché à ses moustaches lorsqu'il sentit quelque chose de léger lui taper dans une patte. Le géant gris ne l'aurait sans doute même pas remarquer s'il n'y avait pas eu pou l'accompagner un bruissement d'herbe et des petits pas de courses. Il se retourna avant que son regard jaune ne tombe sur un loup noir, tout petit petit loup noir. Velikan se posa la question s'il en s'agissait bien d'un d'ailleurs, quelque chose manquait.
D'un pas, le géant se retrouva au dessus du petit noir, il pencha sa grosse tête vers lui, le reniflant non sans le bousculer, Velikan n'avait pas appris à être tendre -ceci dit, il n'avait pas appris grand chose durant ses quelques années d’existence. L'odeur de loup, ça il connaissait, ça en était bien un, mais sa si petite taille le faisait ressembler à une proie. Alors Velikan ouvrit large sa gueule au dessus de l'enfant, bloqua cependant au moment de la refermer. Un instinct lui soufflait que ce n'était sans doute pas quelque chose à faire, le mâle gris n'avait pas suffisamment faim pour outrepassé cette gêne ressentie.

Il referma ses mâchoires, sur rien, là où il avait hésité à avaler le petit noir. S'ébroua pour se débarrasser du sentiment d'avoir frôlé un interdit, se détourna de l'autre loup pour aller gratter un peu le sol là où avait reposé quelques instants le poissons précédemment englouti.

Velikan

Il creuse, retourne le sol de sa patte épaisse, bien plus parce que son instinct lui disait que c'était une bonne chose à faire quand on avait rien de spécial à faire justement que pour une réelle utilité. Mais Velikan se fait embêter, par le petit noir que le géant avait hésité à dévorer. Peut-être qu'il aurait du le faire finalement. Il piaille et il crie comme un mouette, ce qui afficha une mine renfrognée sur le visage de Velikan. Il pince aussi, comme les mouettes encore, ça en était une peut-être finalement... Non, d'apparence, c'était bien plus un loup qu'un oiseau, à l'odeur aussi.
En réponse au bruit, Velikan aboie, une fois, d'un bon gros « woof » sorti tout droit du fond de ses poumons avant de secouer la pour décrocher le petit machin. Le mâle gris n'est pas doux, il n'a pas appris à l'être, sa grande taille n'aidait pas non plus. Sa patte débarrassée de son agresseur, Velikan la relâche sur la tête du petit noir pour le faire taire, la différence de taille n'ayant aucun mal à courir tout le visage.
Il se laissa ensuite tomber sur son train arrière pour s'asseoir avant de bailler bruyamment.

Velikan

Velikan attends. Quoi? Il ne sait pas vraiment, le silence du petit loup peut-être ou une réaction à laquelle répondre. Le mâle gris se lécha les babines un instant, gêné en parti par sa dentition difforme perdant finalement patience à avoir la patte sur le petit braillard noir. D’ailleurs, est-ce qu’il était encore en vie? Il ne bougeait plus et ne faisait plus de bruit.
Doucement, Velikan releva la patte, comme s’il voulait vérifier l’état d’un insecte fraîchement attrapé -sauf que lui n’en attrapait pas des insectes, ils avaient tendance à tous finir écrasés. Il approcha sa truffe, grosse et envahissante, renifla le louveteau avant de sentir son souffle chaud mais bien plus petit que le siens sur son nez.

Il vivait encore le petit noir mais pour le moment, il ne braillait plus alors Velikan se releva pour aller s’asseoir quelques pas plus loin, lui tournant le dos avant de se gratter l’encolure d’une patte arrière. Grattouille à hauteur de la puissance accordée par la taille, remuant crinière de poil et corde au cou, évitant soigneusement d’aller trop haut et risquer de toucher aux douloureuses flèches plantées dans son échine.

Velikan

Velikan se grattait toujours, réfléchissant doucement à reprendre sa route lorsque quelque chose vint buter contre sa patte – l'immense mâle gris l'ayant bien plus vu que sentit- avant que le petit machin noir ne réapparaisse devant ses yeux.
Aux paroles du louveteau, les oreilles de Velikan pivotèrent vers l'arrière alors que son museau se fronça dans un début de grimace mais cette fois-ci il ne cria pas alors ça allait, l'immense mâle reprit une expression plus neutre bien qu'il n'associa pas la voix de cette individu avec quelque chose d'agréable.
Il se pencha vers l'objet dont le mouvement stoppé par son être avait éveillé un certain intérêt. Velikan le renifla avant d'ouvrir sa gueule pour refermer ses crocs dessus, testant la résistance de la petite balle de nœuds face à la grande capacité de broyage des mâchoires du géant car toutes choses nouvelles méritait d'être broyées, mastiquées, goûtées. Sur un malentendu, ça se mangeait.