Loyauté [PV Maps]

Maps avait très peu dormi cette nuit. Il fallait dire qu'elles étaient revenues tard, et le peu qu'elle avait pu se reposer réellement n'était de l'ordre que de quelques minutes. Le reste du temps, elle ressassait ses actes, les paroles, les regards. Tant de choses qu'elle avait déjà vu quand elle était enfant, mais sa mère était au centre de tout ça. Les chiens ne font pas des chats.

Une voix familière, douce et rassurante fit irruption à la porte. Une aura agréable, et en même temps un frisson d'effroi. Maps ne prit même pas la peine de se relever, toujours couchée, sa tête entre les pattes.

Rentre, fais comme chez toi.

Un regard vers Iris. Elle grandissait tellement vite, la force commençait à l'envahir et devenir une partie d'elle. Ça lui allait si bien. Puis, l'ordre d'Hollyhock résonna dans la tête de la rouge. Ses yeux se figèrent dans le vide.

Ta mère n'veut plus qu'on soit amies ...

La rouge releva la tête à la décision de son amie, l'air ébêté, surprise de ce changement radical venant de la louve bleue. Elle resta interdite quelques secondes, contemplant Iris. Et sa voix résonna de nouveau, Maps détourna le regard.

J'ai pas réfléchi.

Pas sur comment arrondir les angles. L'idée de se séparer de l'enfant avait déjà été évoquée, mais les moyens utilisés avaient été passés sous silence. Elle n'était qu'une enfant avec des idées d'enfant immature, et s'en désola. La fatigue, les nerfs, la solitude n'avaient pas aidé.

Et j'voulais pas inclure qui qu'ce soit dans cette histoire, t'façon.

Sa voix s'était faite plus rauque, sûre d'elle. Il était hors de question qu'Iris prenne aussi des punitions pour quelque chose de complètement extérieur à elle. Maps haussa les épaules.

C'est fini ... Merci, en tout cas.

Un contact chaud ...

Maps resta immobile un temps, paralysée, prise d'un électrochoc au contact de son amie. Ainsi, les rôles s'étaient inversés ? Iris était devenue la plus posée et la plus sûre dans toute cette histoire. La méritait-elle réellement ? Non. Absolument pas. La gorge de la rouge se serra, retenant quelques sacades, elle aussi, et se lova le plus possible contre Iris, ses pattes fines l'encerlant assez fort pour tenir la prise, mais pas assez pour lui faire du mal. Quelques larmes très fines vinrent s'écraser sur son épaule.

Ca vaut pour toi aussi.

Et la pareille lui serait évidemment rendue, Papa avait toujours éduqué l'enfant pour que la reconnaissance et la loyauté soit un mot d'ordre dans sa vie. Oh, elle en devait beaucoup aussi, à ceux qui se sont fait juges de la situation. Avant tout ça, elle avait bien été accueillie et défendue, protégée de l'extérieur, et c'était bien l'une des raisons qui la faisait rester. Elle avait failli une fois, mais pas deux, le double serait rendu à cette famille de coeur malgré ce qui pouvait bien lui arriver.

Elle inspira un bon coup, apaisée. Elle ne pouvait cependant pas garder dans un coin de sa tête qu'il était risqué pour sa cadette bleue d'être vue en sa présence. Mais elle disait s'en ficher, remettant en cause les paroles et les menaces de sa mère l'Alpha du clan. Maps frémissa en se retirant de cette embrassade agréable, un regard doux et plein de reconnaissance en même temps.

T'façon, on a encore plein de choses à découvrir ensemble, non ?

Elle lui sourit, comme pour détendre l'atmosphère. Allez ! Il fallait passer à autre chose, et ignorer ceux qui resteraient bloqués sur cet épisode.

Elle coucha les oreilles et pris un air plus dur malgré les quelques larmes au bord des yeux. Elle savait, et elle l'aurait à tout jamais dans un coin de la tête malgré les efforts qui seraient faits pour outrepasser ces pensées. Son regard vairon fixa le sol sans rien dire pendant plusieurs secondes.

Les choses n'seront plus jamais comme avant.

Et elle fixa le plafond. Encore beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête. Aurait-elle eu le courage de vraiment tuer Holzër ? Est-ce que Hollyhock n'avait-elle pas raison, au final ? Qu'adviendrait-il d'Iris, maintenant ? Et si elle se faisait aussi lyncher ? Son poil se gonfla un peu à cette idée.

J'te promets d'rester dans les rangs, désormais.

Comme un bon toutou. Sans doute que ce ne serait pas une situation définitive, elle n'avait jamais été habituée à brosser dans le sens du poil ses aînés, ni mâcher ses mots. Chasser le naturel ... Elle se tourna vers Iris, un sourire niais et timide sur la gueule.

Et on s'perdra jamais de vue.

Sa patte fine se tendit devant elle, comme pour conclure un marché. Quoi qu'il arrive, où qu'elle soit, quoi qu'elle devienne, Iris resterait sa meilleure amie.