Brouillard - Iris

Diantre, pourquoi fallait-il, sans cesse, qu’il se retrouve en conflit avec son plus jeune adelphe !
Tout était pourtant si simple, avec Nirvana : Elle, le comprenait fort bien.

Déçu, Iberis était fortement déçu de cette réaction !
Alors qu’Iris lui demandait d’accepter qu’il soit mâle, lui faisait preuve d’un agacement évident, à la vue de son glowstick rose. Les requêtes n’allaient donc visiblement pas dans les deux sens, et le loup sombre ne pouvait s’empêcher de se sentir lésé quand à cela.
Ce n’était qu’une couleur et une divinité différente des leur, voilà tout !
Il n’était point un délinquant, pour autant !

Souhaitant repousser l’instant où il devra se confronter à Mère, Iberis avait fait un détour pour ne pas passer devant la salle des trônes, pour retrouver Iris.
Il fronça légèrement les sourcils, lorsqu’il aperçut sa silhouette fine, malgré lui.

- Je n’ai pas compris cette réaction. Elle fut décevante.

Les mots choisis par Iris le piquèrent à vif.

- Je suis Prince de ce clan. J’y ai davantage ma place que n’importe qui ici.
Enfin, tout comme toi et notre soeur. Je suis né Etelkru, je mourrai Etelkru et mes enfants, également seront Etelkrus.

Il n’y avait aucune raison pour qu’il parte d’ici, quand bien même la compagnie des rustres l’ennuyait parfois.
Mais cela, Iris ne semblait pas l’envisager.

- Pourquoi cette question ? Souhaites-tu me voir partir, Iris ?

Son pelage se gonfla légèrement et il scruta son adelphe.
Comment pourrait-il seulement être heureux, en terres libres ? Sur l’Atoll, peut-être, en compagnie de son épouse ? Peut-être, oui : mais il y avait ici un confort qu’il ne trouvera pas là bas, il craignait, et Iberis ne désirait se retrouver Prince déchu.

Ici, il avait le privilège connu d’être le fils de l’Alpha.

Iberis plaqua les oreilles sur l’arrière de son crâne, outré !

- « Chacun de mes actes » ? Voyons, qu’ai-je fait de si grave pour aller à ce point contre les valeurs de notre clan ! J’ai préféré me montrer honnête en portant la couleur d’une Déesse qui me correspond plutôt qu’en allant courtiser, par défaut, l’une de nos divinités au risque de l’offenser ! Dieu, que l’on me punisse, cela est bien plus grave que d’abandonner son enfant en terres inconnue, encore !

Il n’avait aucune honte à remettre le sujet de cette Maps sur la table.
Elle, trouvait grâce aux yeux d’Iris alors qu’elle avait, bien plus que lui, manqué à leurs valeurs. Et lui, son propre frère, non !

- Peu m’importe d’être très entouré : Je t’ai toi, Nirvana, Maman et Anita. Cela me suffit. Ce qui me désole, c’est de voir tant de rustres dans nos rangs, entre notre conseillère qui met au monde de petits croisés sauvageons, ta si chère amie déjà mentionnée qui se montra irrespectueuse envers mère et nos valeurs que tu défends si bien et… tant d’autres ! Comme cette stupide Etna qui offensa Aka, de même que son imbécile de frère…
Mais ces loups là ne sont que des rustres et pour rien au monde ils ne me feront laisser ma place, ni même rougir d’être ce que je suis.

- Tu cherches précisément à me chasser du clan, en me faisant sentir que je ne suis pas ici à ma place.

Pourquoi faisait-il cela, d’ailleurs ? Pour éloigner une potentielle concurrence pour le trône ? Ah ! Iris étaient pourtant, d’eux deux, clairement celui qui avait le plus de chance de pouvoir s’y installer, à terme.
En bon favori de mère qui fait toujours tout bien et sait attirer ses faveurs, depuis sa naissance.

- Et sans doute mère te donnera t-elle raison ! Il est vrai, que je suis un enfant si décevant, à tes côtés. C’est vrai ! Pourquoi subir la honte du fils et du frère qui porte le rose et ne sait réunir les foules autour de lui !

Blessé, il tourna les talons.

- Eh bien, tu as peut-être raison ! Pour ce soir, je trouverai bien plus de soutien auprès de mon épouse que de mon propre frère, alors soit !
Advienne que pourra.

Il y avait comme un air de déjà vu.
Iberis s'arrêta pourtant, toujours blessé, les sourcils toujours froncés, et se retourna vers son adelphe.

- Pourquoi t'inquiètes-tu pour moi ? Si j'étais si malheureux dans ce clan, je serais parti de mon propre gré, sans que tu ne m'y incites.
Il est vexant de te voir espérer mon départ, tu ne sembles pas le réaliser.

Il n'avaient jamais été d'accord, quel que soit le sujet : Que ce soit au niveau de l'éclat fragile des Etelkrus, menacé par ces loups qu'Iris appréciait tant, de sa femme et, désormais, pour la légitimité pour Iberis d'être un Etelkru au glowstick rose.
Un Etelkru qui ne pouvait se satisfaire de ce qu'il observait tous les jours.

Il soupira, fatigué, également.

- Choisir ?

Comment ça, choisir ?

- Allons donc, pourquoi choisir ? Ne sommes nous pas, à la base, à moitié Solitaire et à moitié Etelkru par notre sang, Iris ? Et Nirvana n'a, quand à elle, pas du tout le sang de notre mère. Nous ferions mieux de songer à la bonne façon d'intégrer dans nos quotidiens ce qu'il y a de bon et de beau, au delà des frontières, au lieu de le rejeter comme des sauvages qui craignent ce qui est différent.

Ne gagneraient-ils pas, au contraire, à créer des alliances avec ce qui se trouvait au delà des frontières qu'ils prenaient tant de peine à défendre ?
Mère, elle même, avait un certain mépris pour les divinités de l'extérieur, Iberis le savait. Iris possédait-il un avis aussi tranché, lorsqu'il affirmait que Moiro lui seyait si bien ?
Valait-il moins, à ses yeux, depuis qu'il portait le rose ?

- Je t'aime aussi.

Quoi qu'il en soit.

Iberis fit une petite moue.

- Qu'il est ennuyeux de devoir prendre un rang ! Je considère que nous devrions être avantagés à ce niveau là, en étant enfants d'Alpha ! ... Enfin, je sais également que tu ne partages point mon opinion à ce sujet. J'aurais fait un excellent panseur si la vue du sang ne me répugnait tant.

Il enroula l'une de ses boucles autour de l'un de ses doigts, l'expression dramatique.

- J'aimerais voir cette jeunesse Etelkru plus raffinée, vois tu. J'accepte la plupart d'entre eux, mais les petits sauvages, voyons..! Ne les trouve tu pas particulièrement vilains ?
Enfin ! Si cela peut te rassurer, je devrais également apporter une bien meilleure contribution à ce clan, d'ici quelques lunes, si ma nouvelle Déesse le permet.

Puisque son épouse désirait des enfants...

- Par ailleurs, je tiens à te signaler que je ne m'acoquine point avec des ennemis de notre clan !

Sauf peut-être Astrid.
Mais soit, cela faisait un moment, qu'il ne l'avait pas croisée !

Percevant la tristesse de son adelphe (et sa lassitude, mais tâcha d'ignorer celle ci), il lui offrit une accolade affectueuse.

- Ne t'inquiètes pas pour moi et ne sois pas triste. Je ne suis, peut-être, pas l'Etelkru parfait selon les critères mais c'est ainsi, que je suis heureux.
Et tu seras toujours précieux pour moi.

Et ce, malgré leurs divergences d'opinions dont le loup sombre était conscient.
C'était dommage ! Mais Iris était bien trop attaché aux valeurs du clan, et lui aimait sa liberté et, aussi, peut-être, se sentir un peu spécial par rapport aux autres.
Il aimait Iris, mais celui ci ne pourra pas le changer.

- Je n'y manquerait pas.