Le canyon de l'errance (PV- Valens)

Valens

Valens avait découvert ce paysage coincé au fond d'un ravin il n'y a que quelques jours. Très rapidement l'environnement lui avait plutôt bien convenu, suffisamment pour que le mâle ocre décide d'y rester un peu plus longtemps que nécessaire. D'une nature adapté aux paysages chauds et secs, Valens ne souffrait pas vraiment de ces conditions pouvant s'avérer difficile pour d'autres – sans doute au vu de l'absence de loups rencontrés et encore moins d’éventuelles traces de simples individus de passage – les ronces formaient également un abri non négligeable à ceux qui savait les manipuler, permettant de se protéger de la multitudes d 'insectes géants grouillant dans le coin, créatures gênantes à la longue mais très nutritives malgré un goût... assez particulier disons. Oui Valens se plaisait bien ici, c'était comme son désert natal en bien plus riche, un vrai petit paradis pour un gars comme lui. Le soucis était qu'il n'y avait vraiment personne et c'est un peu à contre coeur  que le mâle ocre devait bien s'avouer qu'il ne pourrait pas rester indéfiniment, autant devenir un errant dans ce cas là
.
Dans un objectif de reprendre sa route, Valens décida de faire le plein de ressources et de repos, histoire de reprendre la route en pleine forme. C'est alors qu'il rentrait vers son abri de fortune, les restes d'un mille patte géant en gueule pour le repas de ce soir, que le solitaire tomba sur un autre loup visiblement très afféré à vouloir réduire en bouillis un cactus.

« Oh bonjour ! »

ça changeait tout ça si des loups venaient par ici finalement ! Peut-être qu'une groupe passait régulièrement dans le coin ou que cette zone, malgré les immenses falaises enfermant ce microbiome entre ses parois rocheuse, n'était pas si déserte et inhabitée que ça !
Très enthousiaste, ne lâchant pas sa proie et la queue battante relevée à demi, Valens chercha à se rapprocher de l'inconnu, enjambant avec soin les morceaux de cactus un peu partout.

« Vous êtes du coin ? Je viens d'arriver dans les environs et je m'inquiétais de ne voir la trace ou la présence d'aucun loups depuis plusieurs jours. »

Valens

Valens avait un peu l'impression de se faire engueuler sans pour autant avoir celle d'être l'individu visé – bien qu'il se demanda un instant s'il ne se faisait pas plus ou moins traiter d'idiot. Ceci dit, le mâle ocre pouvait comprendre que les milieux les plus arides ne pouvaient pas convenir à tout le monde tout comme lui-même ne se plairait pas à patauger continuellement dans l'eau par exemple. Les mots de l’inconnu cependant l'interpellèrent. Une terre à l'histoire et à la culture riche, un peuple qui semblait se démarquer du reste... ça avait des relents de déjà vu.

« Oh ! Il y a une Cité ici aussi ? Je ne l'aurais pas cru, jusque là je n'ai pas vu la trace de la moindre route, ni même rencontré une caravane. »

Quand à la silhouette d'un quelconque bâtiment... ceci dit l'horizon ce dessinait moins nettement vers une certaine infinité que celui du Désert Blanc. Valens comprenait mieux cependant pourquoi tant de mépris pour un lieu aussi ensauvagé que celui-ci. Les habitants des cités avaient du mal avec les territoires hostiles -c'est comme ça qu'ils les appelaient- qui demandaient un savoir trop différent de ce qu'ils connaissaient. C'était pour cette raison que beaucoup dépérissaient et mouraient dés les premières semaines de leur exil dans le Désert Blanc, bien que les terres environnantes de ces régions étaient tout de même plus riches.

Puisque l'autre loup était occupé, Valens n'allait pas le déranger plus que ça, après tout il le sentait un peu sur les nerfs. Sa présence ici laissa tout de même le mâle ocre dubitatif, c'est sans doute ce qui le poussa à rester quand même un peu.

« Vous vous êtes perdu ? »

ça arrivait plus souvent que ce qu'on pouvait penser.

Valens

Hm.
Ça devait être une sorte de soldat, peut-être même un commandant ou quelque chose comme ça pour parler ainsi de stratégie défensive avec autant d'assurance bien qu'il y ait peu de chance qu'un individu important explore de lui même une zone apparemment non cartographiée.
D'une signe négatif de la tête, Valens dû décliner l'offre proposée. Si rentrer dans les petits papiers d'une cité influente à proximité avait tout d'un avantage certain qui lui changerait grandement de ce qu'il avait pu connaître, il fallait avouer que le mâle ocre par son arrivée nouvelle était parvenu à baisser d'encore un cran dans ses maigres possessions. S'il n'avait aucun objet à offrir, il en était de même pour les connaissances.

« Je ne connais pas vraiment le coin non plus, j'suis arrivé par la rivière asséchée »

Autant dire, par l'entrée principale si on ne passait pas par les immenses falaises qui bordaient le canyon.

« Je suppose que je vous embête un peu. »

Valens n'aurait pas dit non à un peu de conversation mais le mâle en face allait finir par attraper des rides à force de tirer cette tête renfrognée. L'idée de déranger tira tout de même une tête un peu penaude de désolé au loup ocre avant que son regard ne dérive vers la bouillie de cactus.

« Vous devriez faire attention, la sève de cactus c'est sucrée, ça attire les insectes. »

Et ici ils étaient plutôt massif.
Valens ramassa son morceau de proie puis s'éloigna de plusieurs mètres avant d'aller se mettre sous des ronces à l'ombre d'un des pan de falaise – en soit vraiment pas très loin mais il n'y avait pas tant d'endroits remarquables où s'arrêter ici.

Valens

Il grignote Valens, extrait la chaire de la carapace de son insecte, vient lécher le jus qui y coule. Hm, il devait bien avouer que ce n'était pas spécialement bon, un peu fort, trop visqueux, sans doute que le mâle devrait essayer de le faire cuire la prochaine fois mais il fallait avouer que ça dépannait plutôt pas mal. Valens avait grandi dans un environnement pauvre avec des ressources très limitées, il n'était pas du genre à faire la fine bouche.
Un cri lui fit relever oreilles et tête, celui de l'autre mâle qui s’horrifiait de la vue d'un mille patte. Ah bah ça, Valens l'avait prévenu, tout couvert de sucre de cactus qu'il était, le tacheté avait sacrément de la chance d'en avoir attiré qu'un seul. Valens se releva, trottinant tranquillement pour rejoindre l'autre loup.

« C'est rien, ils mangent que des cactus ceux là »

Petit bond, le mâle ocre tenta d'attraper le myriapode mais celui-ci s'avéra un peu plus vice que prévu. Il lui passa entre les pattes, esquivant parfaitement les griffes, accélérant même pour s'éloigner du loup qui l'embêtait et rejoindre au plus vite celui qui l'intéressait.

Valens

Valens comptait bien se rattraper, le myriapode avait beau être rapide, ce n'était qu'une bestiole pleine de pattes dont le mâle ocre avait déjà pu expérimenté le goût via un congénère moins vif. Mais le loup tacheté trouva sa propre solution au problème et il se mit à frénétiquement taper des pattes sur place, écrabouillant le mille-patte par la même occasion. Il lui éclata la tête en premier lieu, bien, au moins s'était efficace mais le mâle brun continua encore et encore dans un son qui se fit de plus en plus spongieux.
Valens resta interdit face à la scène, ne sachant trop quoi en penser, ouvrant la gueule de temps en temps dans une tentative d'avertir l'autre loup que c'était bon mais lorsque celui-ci se calma enfin, ce fut pour gueuler qu'il ne resterait pas ici plus longtemps avant de s'enfuir en courant. Valens fut laisser seul avec le cadavre réduit en bouillie du mille patte et le canyon, n'ayant plus que le bruit du vent et celui des centaines de petites pattes qui grouillaient encore dissimulées, dans les ronces comme seule voix pour lui répondre.