Coeur violet [PV Vell]

Les nuits, étaient là, le seul moment où ils se sentent réellement chez eux. Les paupières clauses, Vell se retrouve dans un monde onirique qui ne lui appartient pas. Trop pur. Les yeux vairons étudient le cercle de bougies, comme si elle n’était qu’un vulgaire démon mineur. La longue queue noire s’agite, alors qu’Ombre ricane.
Petite louve stupide à la lumière violette.
Une marque, imposée par Vell sur son buste. Cicatrice accidentelle.
Immobile, un sourire vient étirer les babines du démon.

« — Voyons, n’est-ce pas évident ? »

Un pas.
Vell se stoppe à la limite du cercle, laissant planer doute sur une possible sortie. Derrière elle, Ombre grandit, se flotte également. Pourquoi poser pareille question ? Se pensait-elle en sécurité dans ce monde ? Plus que dans la réalité ?

« — Nous ne sommes que ténèbres. »

La lumière, nous nous devons de l’anéantir.
Un autre pas, la faisant sortir du cercle, alors qu’autour d’eux, l’environnement semble se distordre. Derrière Vell, c’est un tout autre décor qui se dessine. Un monde de violet et de bleus. Des ruines. Des squelettes de créatures diverses, parfois identifiables… parfois non. Vole comme des cendres, de minuscules démons lucioles, éclairant ces ténèbres. Il y a des objets aux formes bizarres, recouvertes de matières étranges. Vell s’avance, à chaque pas, un craquement étrange qui résonne alors que son corps semble se déformer, Ombre semble comme fusionner avec le corps de la louve.

« — Nous démons, ne rêvons pas.
Nous ne connaissons que le cauchemar.
Nous te le partageons aujourd’hui. »

Un ricanement, quand c’est une créature bien différente de l’apparence habituelle de Vell qui se dresse devant la Nakhus. Difforme. Bien plus grande. Une tête triangulaire dotée de cornes… et une gueule sur son torse. Les yeux colorés en forme de spirales observent la louve dotée de lumière.
Sous leur forme de démon, Vell et Ombre ont parfaitement fusionné.
Ici seulement, dans leurs cauchemars, ils reprennent cette apparence qui leur manque tant.

« — Regardes, ce à quoi nous aspirons pour ton monde. »

La créature ricane, des yeux colorés apparaissent alors sur les ruines, observant la scène avec curiosité.

La petite louve semble réfléchir ou du moins essayer. Une ennemie ? Que cela était amusant. Quels ennemis pouvait donc bien leur faire peur ? Certainement pas ces petits porteurs de lumières. Un grondement lugubre qui monte chez le démon, alors que ses immenses pattes viennent écraser des crânes. Les pattes sont tendues, les griffes se referment sur les ailes, pour approcher la tête de la petite louve.

« — Penses-tu pouvoir nous convoquer et nous congédier, comme de vulgaires démons de bas étages ? »

Non, eux étaient bien plus que cela. Les petites créatures invoquaient ne leur arrivait pas à la cheville.

« — Nous sommes le chaos.
Dans ce cauchemar, nous t’ôterons toute envie de dormir à nouveau. »

La gueule s’entrouvre, dévoilant un oeil tourbillons.
De cette gueule, des pattes d’une matière noire visqueuse qui en sorte, comme pour essayer d’en sortir. Les âmes dévorées, à jamais sous l’emprise de Vell, à jamais plongées dans le chaos et la terreur.
Ainsi, était leur châtiment.

Yurai. Ce nom encore, qui sonne déplaisant aux oreilles du démon. Une entité qui se prenait pour un dieu, ridicule. Tout cela était ridicule. Vell réduirait leur foi à néant, à ces disciples, détruirait les dieux, un par un pour leur montrer qu’ils n’étaient rien.
Leur conception de la lumière serait détruite.
Un rire grave qui monte chez le démon, alors que la longue queue noire claque dangereusement dans l’air.

« — Tu es ridicule, à croire en cette lumière. »

Entre les tombes apparaissent des fleurs, même couleur que cette ridicule lueur. Un grondement qui monte chez Vell, un spasme.

« — Tu peux créer dans ton rêve.
Nous pouvons détruire dans notre cauchemar. »

Toutes deux était opposées, par leur nature. C’était ainsi. L’une des grosses pattes vint écraser des fleurs, les griffes viennent s’en saisir d’une. Ce genre de fantaisie n’avait pas lieu d’être dans les limbes, ce n’était pas leur place. Un autre claquement de queue, un petit insecte noire qui se pose sur sa patte un oeil étrange sur ce qui lui sert de tête.

« — Regardez mes amis, comme elle espère chasser les ombres.
Dévorez ses espoirs. »

Un insecte puis un autre. Une petite nuit qui grouille sur le sol. Le démon lui fit un pas en direction de la louve.

« — Viens donc, nous affronter, si nous sommes ennemies.
Viens donc te battre ici, avant que nous te traquions dans ta réalité. »

Montres-nous ton courage.