Toujours loin des loups [Neisseria]

Emilitia
& Asaravos

Elle avait emmené Neisseria et Asaravos avec elle, au delà de ses frontières de runes tracées, au delà de la forêt brûlée. Ils étaient encore petits, ses enfants, mais il était temps qu'ils découvrent la magie de ce monde qui n'était liée ni à eux, ni aux démons. Celle qu'ils dévoreront un jour. Alors elle les emmenait dans cette forêt dont ils occupaient l'espace détruit préalablement, là où vivait – en théorie, entre les terriers de renards – les licornes, là où plus que les lucioles, c'était des fées qu'ils attraperaient, là où à chacun de ses pas, le sol subissait la nécrose à défaut de n'être que cendres.
Elle les emmène parmi les brumes de cet automne éternel, découvrir un peu ce monde qu'elle leur avait interdit jusque là, les laissant évoluer entre ses pattes ou à plus grande distance. Asaravos n'était pas un enfant très aventureux, il ne semblait aimer l'inconnu, Emilitia ne le rassura pas pour autant, ignorant sa timidité sans le chasser de son couvert pour autant.
Elle marche et s'enfonce dans les bois, dans un monde toujours loin des loups, toujours loin des dieux. Pour cela, ils n'étaient pas encore prêt.

Emilitia
& Asaravos

Elle n'accorde son attention ni à la surexcitation de Neisseria qui incite sa fille à courir partout en posant des questions dont elle ne désirait pas vraiment de réponse, ni à Asaravos dont la réticence envers cet environnement différent qui ne lui avait jamais donné envie rendait envahissant au cours de la marche. Elle les emmenait au travers de ces bois, loin, toujours aux cœurs de ceux-ci mais là où la ligne d'énergie était différente de la leur, là où la magie était celle de la vie et du renouveau quand la leur était celle de la destruction et de la disparition. Elle voulait qu'ils découvrent ces énergies qui s'opposaient à la leur. Qu'ils les différencient, les reconnaissant et les appréhendent, afin qu'ils apprennent à les dévorer.
Ça aurait pu être le royaume des licornes, ce temps viendra, pour le moment, ils chasseraient les fées. Emilitia les entends au travers la brume, le bourdonnement de leurs ailes. Elles sont curieuses dans doutes parce qu'ils y a des enfants, elles fuient aussi car elles reconnaissent l'aura de la forêt brûlée, celle de la noirceur qui comme la gangrène, grandit au milieu de leur bois, une maladie nouvelle à la place d'une ancienne qui avait été éradiqués.

Elle s'arrête et le regard du masque balaye la brume aux alentours. Son pelage noir se hérisse un peu en réponse à la sensation qui lui parcourt le corps alors qu'elle sent son être réagir en conséquence de l'opposition naturel.

« Ici règne une force opposée à la nôtre, c'est dans l'ordre naturel des choses. Ce monde est partagé. »
Mais dominé par la Lumière Divine, ils n'étaient pas encore prêt pour dévorer celle-ci, peut-être ne le seront-ils jamais. A défaut, il dévoreront leurs porteurs.
« Ce qui vit ici, ce qui nous oppose, détruisez-le »
Et grandissez, pour qu'un jour, ensemble, nous puissions les dominer eux.

Emilitia
& Asaravos

Asaravos essaye aussi en étant plus minutieux, moins brouillon que sa sœur, moins salissant aussi. Il s'esclaffe moins, se fait moins brutal, plus délicat, parce qu'avant de détruire il veut voir, découvrir. Il finit par en attraper une et lorsque le jeune loup ouvre les pattes, gardant les petites ailes coincées entre ses doigts, il découvre une créature un peu moche, à la peau colorée et nacrée, aux grands yeux et aux petites dents pointues qui tentent de le mordre. Neisseria elle, tue la sienne de fée mais Asaravos aurait bien aimé garder celle qu'il avait attraper. Peut-être qu'il aurait du prendre quelque chose comme un petit sac ou un bocal pour l'enfermer. Là, il ne sait pas trop quoi en faire mais lorsqu'il relève ses yeux bleus vers sa mère, celle-ci s'en va déjà s'occuper de sa sœur.
Asaravos gonfla les joues et fronça les sourcils, frustré. C'était pas juste, Neisseria avait tout les jours pour profiter de Maman elle ! Mais non, il fallait que ça soit toujours celle qui fasse du bruit et demande de l'attention, tout le temps. Alors le petit loup bleu décida de bouder, sa fée entre les pattes qui s'énervait de sa capture.

Emilitia se retourna vers sa fille qui revenait, le pelage humide et des petites ailes dans ses cheveux emmêlés. Elle vient et lui pose le bout de sa truffe sur la sienne avant de lui retirer quelques brindilles et feuilles coincées dans sa tignasse.

« Toujours et éternellement. »

Car Neisseria était la plus jolie de tous, plus jolie que toutes les autres créatures en ce monde et s'il y avait quelque chose qui viendrait prétendre ou affirmer le contraire, Emilitia, Neisseria également, le dévoreraient.

Emilitia
& Asaravos

Sa sœur vient, pleine de boue à cause de la chute qu'elle venait d'avoir. De toute façon, elle était toujours sale Neisseria. Asaravos ne comprenait pas trop pourquoi maman disait toujours que c'était elle la plus jolie. Au moins lui était le plus intelligent et ça lui convenait bien, il acceptait également le courage pour Aconit, c'était cool aussi.
Là n'était pas le propose cependant, Neisseria venait pour lui demander ce qu'il allait faire de sa fée.

« Je sais pas, j'aurais bien voulu la garder. Ça aurait été intéressant pour en faire un ingrédient pour plus tard. »

Est-ce qu'il venait de voir la petite créature prisonnière déglutir à ces mots ? Même si c'était véritablement le cas, le jeune mâle sombre resta insensible, relevant le museau vers sa mère.

« Maman, on a rien pour la garder ? »
« Non, pas pour le moment. »

Mais Illidan devait bien avoir des bocaux dans sa tannière.

« Nous pourrons revenir lorsque nous aurons. »

Alors Asaravos tendit sa fée à Neisseria, la petite créature tentant à nouveau de se débattre entre ses pattes.

« Du coup tu peux l'avoir si tu veux, j'en attraperais une autre la prochaine fois. »

Emilitia
& Asaravos

Ce n'est pas sa sœur qui prend la fée, c'est Morbus. En soit c'était un peu pareil, un peu comme s'ils étaient la même personne tout en étant deux, comme lui et Aconit en un peu plus différent. Ça le rend un peu triste, il fallait l'avouer, d'avoir eu à abandonner sa fée comme ça mais Neisseria avait ce côté naturellement destructeur avec son démon qui incitait à devoir se résigner. Pas vraiment de place pour les regrets, de toute façon une nouvelle chose sera détruire demain.
A la place, Neisseria dit des bêtises comme d'habitude. Asaravos fronce le museau à la volonté de sa sœur, peu enthousiasme à l'idée qu'elle le colle jusque dans un mariage – ceci dit il aurait été bien embêter de se retrouver tout seul si Neisseria n'était pas là quotidiennement.

« J'ai pas envie de me marier avec toi moi ! »

Emilitia elle, accorde bien moins d'attention à ces jeux d'enfants. Elle surveille les alentours, le flux perturbé de la magie dans lequel elle avait emmené ses enfants y mettre un gros coup de patte. Les fées se sont allées et se cachent, conscientes qu'elles étaient proies plutôt que prédatrices face aux ombres de la petite famille. La louve sombre guette les feuilles, et la cime des arbres, elle peut encore voir leurs lueurs au travers du feuillage. Pas celles des dieux mais celles qu'ils dévoreront tout de même.

« En théorie, on ne se marie pas avec son frère Neisseria. »

Emilitia
& Asaravos

Neisseria vient se poser devant lui pour venir pleurer son aide sans même qu'elle essaye d'elle même. Elle était trop embêtante Neisseria parce qu'elle venait tout le temps réclamer qu'on lui fasse les trucs. Enfin... qu'IL lui fasse les trucs. Asaravos leva les yeux au ciel en soupirant pour montrer à quel point ça allait lui demander un effort de l'aider et que c'était uniquement parce que c'était elle qui le ferait.

« Je suis sûr qu'il aura eu le temps de partir en plus ton rat. »

« Cherchez son terrier. »

C'était un conseil de Maman, même si elle ne s'occupait pas trop d'eux pour le moment, elle ne les regardait pas et s'occupait à autre chose – comme à pêcher des trucs dans une grosse flaque. Mais si elle avait dit ça, c'est que c'était ce qu'il fallait faire alors Asaravos hocha la tête d'un air entendu comme s'il aurait pensé à le proposer lui aussi.

« On pourra essayer d'utiliser un bâton pointu pour le piquer et le sortir avec. »

Emilitia
& Asaravos

Neisseria sur jette sur un bâton, massacre son extrémité pour le rendre pointu comme ce qu'avait conseillé Asaravos. Ce n'était pas très bien fait pour être honnête, Nei était trop brouillon et impatiente pour vraiment faire les choses correctement, au moins le jeune mâle sombre n'aurait pas à se salir les pattes lui et comme il ne comptait pas non plus attraper le rat lui même, ça serait le problème de sa sœur, pas le siens.

« Il faut suivre les lignes »

C'est ce que Maman disait. Bon en général elle parlait de la magie quand elle disait ça, qu'il y avait des lignes de forces dans ce monde associées à telle ou telle puissance et de laquelle chacun y tirait son énergie, comme ici c'était plutôt une ligne liée à la magie des fée. Mais de manière plus concrète, il y avait les chemins tracés tout bêtement par le passage des animaux. Tout le monde reprenait toujours les mêmes chemins -sinon ça serait sacrément le bazar- et forcément le rat avait lui aussi ses lignes.
Asaravos chercha quelques instants avant de soulever quelques feuilles qui cachait un petit tunnel qui s'était creusé entre les feuilles et les herbes à force d'être emprunté.

« Tu vois, ça c'est une ligne de rat, faut la suivre jusqu'à un terrier. »

Asaravos
& Emilitia

Sa sœur marche plus vite malgré qu'elle soit clopinante à cause de la coordination approximative avec Morbus. Peut-être parce qu'elle trottine plus qu'elle ne marche et que lui s’emmêle dans les ronces en râlant. Fichu nature, la forêt brûlée était bien mieux car nettoyer de toute végétation forestière basse et moyenne. Evidemment il n'avait pas non plus hérité de la si pratique nécrose de Maman. Au moins ce n'est pas lui qui avance truffe au sol et qui ouvre le chemin, c'est déjà ça.
Nei hurle, elle a trouvé et déjà elle farfouille le museau dans le terrier. Il entends, Asaravos, la bête hurler lorsque sa sœur le perfore sans doute avec sa pique et elle l'extrait du terrier avec toute la brutalité qu'elle est capable d'avoir, brisant probablement les membres et écrasant les organes au passage.
Asaravos lui s’assoit et retire les petites plantes qui s'étaient accrochées à ses cheveux et à sa queue.

« Voilà, tu l'as ton rat. »

Asaravos
& Emilitia

Nei avait tué le rat. C'était une chose attendue en réalité, sa sœur était si brute mais elle apparemment, elle n'avait pas pris ce risque en compte, exprimant toute sa peine dans un cri aiguë qui tira une grimace allant de paire à l’expression blasée face à la situation.

« C'était sûr, t'as tiré trop fort dessus. »

Asaravos s'avança tout de même pour regarder l'état du rat. Il en manquait la moitié et une partie était étalée dans longueur du terrier où il avait été tiré à l'endroit où il avait été lâché. C'était sale, barbare auraient pu en penser certains si Neisseria ou Asaravos avaient pu connaître ces fameux certains.

« On peut toujours essayer d'enfermer des asticots dedans, comme ça je recouds là et ça le fermera. Il sera pas vivant mais il bougera quand même un peu. »

Le temps que ça durera, jusqu'au moment où les asticots auront mangé la totalité de la chaire du cadavre en ne laissant que les eaux et la peau telle une vieille momie desséchée.

Asaravos
& Emilitia

Sa sœur était capricieuse, alors forcément elle boude, elle fait la moue alors qu'Asaravos lui demande quelque chose même si c'était pour elle, même si lui n'arrêtait pas de répondre à ses envies à elle. Mais heureusement, Neisseria était aussi ce genre de sœur qui trouvait rapidement de nouveaux centres d'intérêt il suffisait simplement de contempler l'intérieur d'un rat coupé de moitié pour qu'elle retrouve sa bonne humeur.

«C'est le foie. »

Le jeune mâle vint trifouiller un peu les entrailles, sortant les organes les moins abîmés.

« Là c'est la rate, le cœur, l'estomac, les poumons. »

Toutes ces choses qui permettaient de maintenir un être en vie, toutes ces choses qui par conséquent, qui forcément, devaient être remplies d'une forme de magie à sacrifier. Il avait du le lire dans un des rares livres que Maman avait rapporté.
L'ombre de cette dernière fit d'ailleurs son apparition entre les buissons.

« Neisseria, Asaravos, nous rentrons. »

Une simple phrase, l'ordre d'une mère qui signifiait la fin de cette sortie, avant qu'elle ne les laisse au sein de cette forêt brûlée qui était leur maison, à l'abri à l'intérieur des runes, le temps qu'elle disparaisse pour revenir avec peut-être une proie ou un présent.