Comprendre les renards (Maps)

Elle venait et partait du temple bien plus qu'avant. Une sorte de routine instaurée, une pause agréable, même si la déesse n'était pas très bavarde. Elle lui déposait des présents, des prières, des sourires, et dans un pas toujours taquin et ravi, reprenait le cours de sa vie en dehors du temple.

C'était la maison de Nirvana, surtout. Elle l'y croisait de temps en temps, moins étrange qu'à son retour, mais la petite louve au vitiligo lui faisait un peu peur de par sa froideur. Elle n'en restait pas moins que la prêtresse de Dairo, alors elle lui devait tout le respect qu'il fallait.

Peut-être ...
Peut-être qu'elles avaient un lien si privilégié que la Renarde ne se montrait principalement qu'à la fille de l'Alpha. Qu'importait, tout ça faisait parti des habitudes hebdomadaires de la rouge depuis son retour. Un bruit de pas ouvre les yeux de Maps, qui se redresse en pleine rêverie, et son regard rosé se tourne sur la montagne qui entrait dans le temple.

Un regard inquisiteur vers celui qu'elle n'avait qu'aperçu, lui, géant de la meute. Le fils de Sakura, l'une de ses meilleures amies. Un fin sourire, bien que méfiante, se retournant et se redressant en restant très loin du loup.

- T'as besoin d'aide ?

Le géant se montre moins farouche et s'approche aisément, s'assied même proche de Maps qui se sent un peu bousculée. Ses sourcils se froncent un peu devant si peu de délicatesse, mais ne relève pas plus que ça. Un silence tout aussi gênant, et au moment où elle allait lancer des remarques bien visées, il parle enfin.

Connaître Dairo.

Drôle de formulation ceci dit, connaître un dieu. La louve ne perd pas son air intrigué, pas très chaleureux, et tente de comprendre. Alors elle laisse quelques secondes passer, regardant la statue de Dairo. Connaître Dairo ...

- Pour connaître un dieu ... Tu dois pouvoir lui montrer qu'il peut t'faire confiance.

Ne pas sortir des sentiers battus, ne pas faire d'erreur. Quoi que la Renarde était douce et bienveillante, et avait pardonné, sans doute sans oublier.

- C'est à toi d'te présenter à eux avant qu'eux puissent se montrer et se dévoiler.

Ses yeux asymétriques se rivent sur le géant, un peu plus douce. C'était des choses bien peu évidentes lorsque l'on ne s'y penchait pas, là où certains ont une dévotion totale envers un dieu depuis qu'ils sont capables de voir les couleurs, il était normal pour d'autres de ne pas parvenir à comprendre.

- Mais avant ça, tu peux pas apprendre à les connaître. On a plus besoin d'eux qu'l'inverse.

Le poil rouge se dresse un peu sur la naissance de son dos. L'arrogance, le manque de manières de l'enfant de Sakura commençait à lui courir sur le haricot, encore plus si monsieur refusait d'obtempérer un minumum et se montrer consciencieux. Cette fois, c'est un grondement, crocs sortis qui répond alors que son visage aux yeux énervés se tourne sur Ottar.

- Alors dégage de là !

Elle siffle ses mots, les crache presque. Est-ce que son amie laissait passer autant de naïveté de la part de ses enfants ? Elle qui semblait si à cheval sur les règles, aurait-elle manqué à son devoir ? Maps se redresse sans pour autant bouger de sa place, bien que la présence de l'ours l'horripilait beaucoup.

- Montre un peu d'respect envers ceux d'ta meute et leurs dieux. T'as rien à faire ici si t'es pas capable de comprendre.

Un conseil qui étonnamment sonnait comme une menace.

Le géant ne bouge pas. Son comportement de godiche agace encore plus Maps à l'ignorer ainsi. Il n'était pas chez lui, exigeait l'impossible sans rien présenter en retour, dérangeait une prière, et en plus se permettait d'ignorer une représentante de la foi de la Renarde. Alors oui, elle est ronchon d'un coup. S'écarte d'un pas et reprend sa prière, les sourcils froncés, bougonne.

Elle s'excuse aussi des cris dans le temple qui auraient pu être évités, si le fauteur de trouble n'était pas aussi péteux. Un dernier regard sur la statue de Dairo, un regard avec la flamme orange dans les yeux, et elle fait demi-tour pour sortir, non sans un dernier coup d'oeil sur Ottar, un grondement timide à son égard.