quand il n'y a plus de sablés

Priam

quand il n'y a plus de sablés — Yurai Capture_decran_2023-01-22_a_16.10.26

Y’a pas de sablés aujourd’hui. Juste un petit coeur triste. Priam pose son museau sur le rebord de la fontaine, courbant son dos. Les pattes pelucheuses de Mistigri essayent de toucher l’eau, sans y parvenir.
Prudence est partie.
Le lien avec cette mère, avait toujours était particulier. La disciple de Moiro avait toujours conservé ses distances avec lui, lui enseignant quelques trucs sur les Licornes, répondant à ses questions… mais ses pensées étaient toujours ailleurs quand Priam essayait de passer du temps à ses côtés.
Pourtant il l’aimait cette maman.
Comment pourrait-il détester quiconque, Priam ?
Y’a des Nakhus qui pleurent les morts, Prudence… Kerguelen. La plupart tournaient leur colère vers le dragon. Pourtant…

« — … ce n’est pas lui qui les a tué… »

Certes, il s’était installé sur leurs terres, les avaient détruites, mais… mais pourtant il n’était pas responsable de ça.
Pas entièrement.
Larme silencieuse qui coule sur la pierre, alors que les yeux mauves observent l’eau de la fontaine.

« — Je suis si triste Yurai.
Vous aussi.
Je n’arrive même plus à faire de sablés. »

Le coeur n’y est plus.
La musique, les goûters… ça le rendait triste.
Mistigri s’assit à côté de son museau.

« — J’ai peur aussi. Parce que tout le monde veut faire du mal au dragon… mais… moi j’ai pas envie.
Le tuer ça les ramènera pas…
J’ai peur, Yurai, de plus comprendre les Nakhus. Les valeurs qu’ils défendent… »

C’est mal de vouloir faire du mal.
Est-ce que ça faisait d’eux des loups mauvais ?
Est-ce que ça faisait de lui une mauvaise licorne, de vivre dans pareil clan ?
Lentement il se redressa, reniflant alors que sur ses joues coulait des larmes.

« — Je… est-ce que… est-ce que tu veux un câlin ?
Je connais que ça pour plus être triste. »

Il en avait besoin.
Est-ce qu’elle aussi ?

Sa présence augmente petit à petit.
La peine qui règne entre en résonnance avec celle de Priam, et l'ambiance de réchauffe peu à peu.
Il y a une expression triste sur le visage de la déesse.

"Il n'est pas responsable entier, non. Beaucoup de circonstances ont joué."

Rien n'est jamais aussi simple.

"Ça ne les ramènera pas... Rien ne les ramènera."

Certaines âmes renaissent, cela arrive.
Elles, elle l'a sentit, ce ne sera pas le cas, et cela évoque une peine particulière en elle. Son Oracle, partie loin de sa portée.
Bien sûr, elle en a pour lui aussi, perdu.

Elle se penche vers lui, s'arrête non loin.

"Nos sommes les médiateurs, nous sommes les être de compassion offrant refuge, nous sommes le pardon et la rédemption. Nous sommes les loups vifs d'esprits aimant la réflexion. Nous voulons la paix et la cohésion."

Telles sont les valeurs de la meute, telle est le mélange de ses principes et de ceux de Mido.
Et dans ce dragon ?

"Dans ce dragon, il n'y a rien de tout cela. Et il pourrait nous empêcher d'accomplir notre rôle."

Elle inspire.

"Je ne demande pas qu'il meurt. Mais il ne peut rester, continuer de détruire tout ce que vous avez accomplit et vous empêcher de faire plus encore."

Sa peine se met à pulser dans le temple.
La déchirure qu'elle ressent de cette situation, de l'affrontement à venir, de l'aide qu'elle a dû demander à Aka, de la rancœur de Moiro.
De la perte de ses oracles.
Et aussi...

"L'autre part de responsabilité est la mienne, j'ai échoué à les protéger, je ne suis plus assez puissante."

Des ailes de corneilles se déploient et entourent Priam.

"J'ai surtout besoin de force, car c'est tout ce que nous pouvons faire. Faire en sorte que cela ne se reproduise plus. En éloignant le dragon... en devant peut-être accepter sa mort."

Et elle, en faisant mieux.
Pour ces loups qu'elle aime tant.

"Si ces valeurs, ces codes moraux, te font de la peine, t'effraient, je comprendrais. Cela ne fera pas de toi quelqu'un de mauvais quel que soit le chemin que tu emprunte."

De ne pas les partager, ou d'y adhérer au contraire.
Elle lui offre un sourire peiné.

"Tout comme j'espère que tu pourras me comprendre."

Priam

La déesse parle. Beaucoup. Approuve de toute évidence la chasse au dragon. Priam sent les ailes de la Corneille sur ses épaules. Quand le dernier mot est prononcé, ses yeux sont humides, alors que Mistigri sert sa patte.
Quelle morale dans tout cela ?

« — … je comprends… »

Priam semble réfléchir un instant, avant de lever son museau vers la déesse.
Les sourcils se froncent, alors qu’il renifle.

« — … non en fait je ne comprends pas. »

Un pas pour reculer. Les oreilles qui se couchent sur son crâne.

« — Nous ne sommes ni médiateurs.
Ni êtres de compassion.
Ni êtres défendant la paix.
Quand vous voulez utilisez la force pour vous débarrasser du dragon. Nous obliger à l’utiliser. »

Quand vous voulez que nous devenions l’opposé de ce que nous défendions.
Il recule encore d’un pas, sert Mistigri entre ses pattes. Les larmes coulent sur ses joues. Il revoit encore Kerguelen s’occuper du potager, partager des madeleines avec lui. Il revoit Prudence, prendre ses bains de soleil parler joyeusement avec les autres.
Son grand-oncle préparer le goûter.
Les jeux avec Echos.

« — Ce ne sont pas les valeurs des Nakhus. Ce n’est pas ça que défendait Kerguelen.
Ni Prudence.
Ce n’est pas ce qu’on m’a appris. »

Licorne ou non.
Le museau légèrement incliné, il recule encore.

« — J’ai emprunté le chemin des Nakhus… » Il marqua une pause, fixant Yurai au travers des larmes. « … mais ce n’est pas moi qui m’en suis éloigné… »

De nous deux… qui est le plus opposé à la compassion ? Au pardon et à la rédemption ? À la paix et à la cohésion ?
Ce n’est peut-être pas au dragon de quitter ces terres, c’est peut-être à nous.
C’est pour ça qu’on cherchait un campement ailleurs, non ?

Quand il n'y a plus de sablés

Le recul qu'il a, les paroles ensuite.
Ses pensées.

Elle murmure.

"Comment puis-je vous faire quitter les terres que vous avez tant aimé ? Que vous avez façonnés ?"

Les larmes blanches coulent de ses yeux violacés.

"Comment puis-je pardonner qu'il ai détruit le jardin de Kerguelen, commencé par sa mère ?"

Elle rapetisse.

"Comment puis-je me pardonner de les avoir vu mourir ? De ne pas être parvenue à les défendre ?"

Son échine se courbe, devant l'enfant licorne.

"Comment puis-je tolérer la violence contre les miens dont il a menacé ? Doit-on toujours fuir ?"

Le museau vers le sol, elle abdique.

"Dois-je vous en faire d'autres, des terres, plus belles, plus florescentes, et laisser tout ce travail que vous avez accomplis ?"

Que doit-elle faire ?
Il a raison.
C'est elle qui s'égare.
Face à la violence, les vieilles part d'elles veulent demander Justice.

Priam

Elle pleure Yurai. Priam l’a fait pleurer… est-ce que ça faisait de lui quelqu’un de mauvais ? Lui qui parvenait à faire pleurer une divinité ?
Je suis une mauvaise Licorne.
Ses pattes tremblent. Yurai, elle, devient plus petite. Hésitant, il fit lentement un pas, puis un autre. Le jardin… il n’existait plus, n’existerait plus. Priam les avait parcourut ces nouvelles terres, détruites et ravagées. Remplacées par des marais boueux et infestés de créatures. Dragon ou non…
D’un geste maladroit, il essuie ses larmes.

« — Tout ça… on peut le reconstruire. »

Un autre pas.

« — … mais une vie… une vie ça se reconstruit pas.
Le dragon.
Kerguelen.
Prudence.
Les autres.
Leur vie, on pourra pas les reconstruire. »

Mais on peut en sauver.

« — Alors que les graines on peut en planter partout. »

Priam ne sait pas trop si les mortels ont ce droit, si lui surtout en a le droit. Il passe ses pattes autour du cou de la Corneille, enfouis son museau dans les poils mauves. Il repense à son Oncle, son mentor si fort, capable de braver tous les dangers, qui n'avait peur de rien... quand lui, était terrifié par tout.
Fuir… c’était pas forcément une mauvaise chose.
Parfois, ça permettait de survivre.

« — … on peut reconstruire en mieux… en plus beau… sans faire de mal… »

Loin d’ici.

Quand il n'y a plus de sablés

Une vie ne se reconstruit pas.

"Et j'ai échoué à les protéger."

Elle s'effondre contre lui.

"Je ne peux pas vous emmener ailleurs et faire comme si de rien était, je m'en rend compte désormais."

Pas quand d'autres, comme Moiro, s'en souviendront.
Tant qu'elle-même s'en souviendra.

"Je ne puis plus vous demander de combattre. Je ne puis en empêcher ceux qui le voudront, cependant... Votre libre-arbitre prime."

Elle se détache finalement, et le regard violet dans le sien, murmure.

"Soit la voix de ceux qui iront au Plateau du Soleil, continuer de planter et alimenter le jardin entamé là-bas. Plus beau, en leur honneur."

Par les plantes récupérées du jardin d'Hanna, Kerguelen, par les graines apportées de Marty.
De ceux qui seront pour la paix et la rédemption.
Qu'il rappelle la compassion, sans oublier la sagesse d'avoir oreille pour les opinions divergentes, elle l'espère.

"Quant à moi... Je dois réparer mes fautes, récupérer ma force, pour ne plus échouer."

Parce qu'une vie ne se reconstruit pas.
Un hoquet la soulève, elle regarde vers le ciel.

"Affronter le passé."

Et ses peurs.
Elle aurait dû le faire bien plus tôt.
Soudainement Corneille, il y a un bruissement d'aile, puis sa silhouette qui s'éloigne dans le ciel.

Priam

Priam laissa la déesse se reposer sur lui. L’écoute parler d’avenir, de ce qui aurait dû et ne serait pas fait. Ce n’est pas grave, si ils n’ont pas pu aller ailleurs à temps. Ce n’est pas grave si les terres maintenant sont détruites.
C’est peut-être juste l’ordre des choses.
C’est peut-être nécessaire.
Ailleurs, y’avait d’autres terres, plein d’autres endroits à explorer, ensemble. Quel intérêt à rester ici ? Quand la Corneille se détache, Priam tend une patte, cherchant à la retenir. La tristesse dans ses yeux. Cela lui faisait tant de peine, de voir toute cette douleur.

« — … Yurai… »

Elle parle de récupérer des forces. Priam cherche à resserrer son emprise, alors que de l’autre patte, il soulève Mistigri. Un sourire triste qui étire ses babines.

« — … Yurai attendez ! »

Du museau pousse sa peluche chat qui grimpe sur sa patte, pour s’accrocher à la Corneille. Un pas pour reculer, alors qu’il voit son meilleur ami sur le dos de la déesse.
C’est mon bien le plus précieux.
Il y a un peu de Prudence en lui, un peu de tous les Nakhus aussi.
Un reniflement, alors que malgré les larmes qui coulent sur ses joues, il s’efforce de sourire au fur et à mesure que la déesse semble s’éloigner.

« — … vous me le ramenez d’accord ? Comme ça, vous êtes pas toute seule.
… ramenez-moi Mistigri quand vous irez mieux. »

Sa peluche lui fit un signe de la patte.
Priam sent ses pattes tremblantes, alors qu’il voit partir la déesse et son ami pelucheux. Fallait que Yurai revienne, elle avait pas le choix, parce que les Nakhus comptaient sur elle, pour les guider plus que pour affronter ce stupide dragon.
Faut que tu reviennes Yurai, t’as Mistigri avec toi.

» Quand les mots manquent ഛ Yurai si possible [ARCHIVER]
» « Dame Yurai, je suivrais votre voie » [PV Yurai]
» Il faisait ZIP quand il roulait BAP quand il tournait ! l P.V. Seo
» p'tits sablés — Echos
» le dragon a mangé les sablés — Dysis & Séléné