Le sommet - Défi RP & Ao

Wymond

Il avait pris la soirée pour se préparer. Il avait sur son dos son bouclier et une couverture, sur sa tête son heaume, et autour de son flanc un sac. Dans ce sac, une gourde, et des plantes séchés, qu’il pourrait manger au long de son ascension. Ses pattes étaient bandées, pour les préserver du froid de la neige dans laquelle il allait devoir marcher de nombreux jours. Il était prêt. Il avait quelques semaines, avant de partir au combat avec le dragon, alors il allait s’élancer dans la quête d’Ao. Son monde entier était peuplé de dragons, à présent. Il y avait seulement quelques lunes, il pensait que c’était que des légendes.

Il s’en fut du Refuge, traversant les plaines à côté du Lac Azur pour rejoindre les montagnes. Ce ne fut pas compliqué de marcher jusque-là : il connaissait très bien le chemin. Il aimait les montagnes : c’était un endroit à la fois beau à couper le souffle, éprouvant physiquement et regorgeant de plantes qu’on ne trouvait pas ailleurs. En somme : un paradis à Wymond. Mais aujourd’hui, il n’avait pas l’intention d’observer chacune des pousses, de regarder toutes les plantes avec joie et curiosité : aujourd’hui, il avait une quête. Alors qu’il approchait la chaîne de montagne il a regardé à l’œil laquelle était plus haute que toutes. Ce n’était pas très compliqué : entre trois pics, une cîme s’élevait plus haute que les autres. Il paraît être comme le sommet du monde – quand les nuages passent, il disparait complètement.

Il emprunte d’abord l’un des sentiers de montagne qui suit une petite cascade d’eau. C’est de l’eau qui doit venir de la neige qui fond, tout là-haut. D’abord, ce n’est pas très compliqué : habitué de la randonnée en montagne, Wymond gravit les sentiers parfois escarpés, bordurés de part et d’autre par de longues herbes et des fleurs de montagne, qui accueillent de nombreux insectes. Les abeilles bourdonnent autour de lui, pendant qu’il sourit, heureux d’être ici. La tentation d’aller cueillir des fleurs et s’asseoir au milieu des abeilles pour les écouter bourdonner est grande ... mais il résiste. Il aura d’autres moment pour aimer la vie, la nature, la montagne : maintenant, il faut gravir. Alors il avise le chemin le plus pentu, pour monter le plus vite possible, et continue sur sa lancée.

Plus il monte, moins il y a de fleurs, et soudain, il rentre dans une forêt de pins. Il ne doit pas être loin de la sylve, car ils sont très grands, lançant de grandes branches les uns vers les autres, et formant comme un plafond de verdure au-dessus de lui. Mais déjà, les arbres disparaissent autour de lui, et devant lui se trouve la partie qu’il aime le moins : la partie enneigée. Non pas qu’il n’aime pas la neige, mais les plantes avaient plus de mal à pousser ici : c’était un endroit vide de vie, plein de rochers et de froid. Wymond aimerait tant que les plantes puissent pousser jusqu’en haut du monde… mais peut être n’est ce juste pas possible pour elles.

Il se sépare de la forêt de pins avec un regard triste en arrière, puis gravit les premiers rochers. Il s’agit de faire attention à là où il pose ses pattes, à partir de maintenant. Le sol est couvert par une légère mousse qui s’accroche tant bien que mal aux rochers. Heureusement pour elle, la neige a bien reculé depuis l’hiver, leur laissant de nouveau l’accès au soleil. Il sourit à la mousse en passant ; c’était incroyable, de pouvoir renaître après avoir été enseveli par la neige pendant des mois. C’était d’une force incroyable, d’une résilience sans nom : il espérait avoir la même, pour montrer à Ao qu’il pouvait être digne d’être un loup de lumière – un disciple de la dragonne. Il s’arrête un instant, et remplit son sac de mousse. Peut être qu’il pourra la planter, une fois qu’il redescendra.

Le soleil était déjà en haut du ciel. Une demi-journée écoulée. Il s’assit, et mangea quelques champignons séchés, but un peu d’eau, puis reprit la route. Les rochers continuaient encore et encore, mais la neige faisait également son apparition. Les chemins avaient disparu, il n’y avait que lui, les rochers, et la neige. Il crissa des dents. A partir de maintenant, il n’y aurait plus d’autres animaux que lui, plus d’autres plantes. Ce serait lui et l’immensité. Il marche dans la neige, elle ne monte pour le moment pas très haut, il peut facilement l’enjamber. Ses pattes se sentent froides, alors il sort de son sac la mousse prise sur les façades sans neige. Il défait ses bandages, puis mets la mousse contre ses pattes, les réenroulant autour pour se faire des protections plus fortes au froid. Il est reparti. Il n’y a plus grand-chose à racconter, plus grand-chose à regarder – la neige et les rochers. Il ne peut pas non plus rêvasser, penser à autre chose, car il doit aviser, de plus en plus souvent, quel est le bon chemin à emprunter sur la neige. Quelle neige est assez solide pour prendre son poids – car maintenant qu’elle est très épaisse, il ne peut tout simplement pas l’enjamber – quelles pierres risquaient de tomber, quels endroits étaient sécures, et lesquels étaient dangereux. Une ou deux fois, il s’enfonce jusqu’au museau dans de la neige trop fraîche et panique – mais petit à petit il apprivoise la montagne. Plutôt, la montagne lui montre ses règles. Et il les suit.

La nuit tombe, et il trouve un espace rocheux pour s’abriter. Il pose son bouclier sur la neige, lui dessus, puis la couverture par-dessus encore, et s’endort de fatigue. Lorsque le soleil se lève, il ouvre les yeux, mange un morceau, re-remplit sa gourde à partir de neige qui fond, et il est reparti. La montée se fait déjà interminable : il n’y a que lui, le ciel et les rochers plein de neige. La solitude, qui était jusque là son amie, devient dure à supporter. Certes, il ne cherchait pas la compagnie des autres loups, mais il avait toujours eu la compagnie des plantes, des animaux, des insectes. Maintenant, il n’y avait personne de tout ce monde qui peuplait sa vie. Il rentre dans un nouvel état : des jours passent, il continue de monter, sans faiblir, conscient qu’il a un temps fini pour arriver en haut de la montagne, puis pour repartir. Ses pattes, qui lui faisaient mal à cause de la dureté de la montée sont comme anesthésiés à la douleur. Le froid ne lui fait quasiment plus rien, habitué comme il le devient.

Une semaine passe. Il ne dort plus. Respirer devient de plus en plus dur, il sent qu’il se ralentit, qu’il doit faire des pauses plus souvent. Il ne mange quasiment plus, l’altitude se joue de lui. Un jour, il fait une grande partie de montée, mais doit redescendre, pour reprendre sa respiration et ses esprits. Il avance plus doucement, il respecte mieux ses limites de jour en jour. Alors que le froid ne lui fait plus rien, bientôt les pauses se raccourcissent, il avance à un meilleur rythme. Plusieurs jours passent de nouveau. Il voit son progrès : le monde paraît maintenant tout petit, il distingue la mer à l’horizon.
Mais il se fatigue – la nuit, il n’arrive plus à dormir, c’est compliqué à des altitudes aussi hautes que celles qu’il dépasse déjà. Il passe les nuits dans le noir, avec sa couverture sur lui, les yeux à moitiés clos, en écoutant les craquements qui retentissent dans les montagnes. On dirait qu’elle se fissure de l’intérieur – dans ces nuits, la peur n’a plus vraiment de place : la vie est la peur. Il ne fait plus de distinction. Mais s’il vit, il vit avec la peur, alors elle devient comme son amie. Elle lui prouve qu’il n’est pas encore mort, seul, dans le froid.

Il reprend, ce jour-là, et regarde autour de lui, en mâchant sans conviction un morceau de champignon séchés, et en respirant à son rythme devenu habituel – très rapide. Autour de lui, il ne voit plus la terre. C’est seulement une mer de nuage, percés par des pics de glace et de neige. La beauté à cette altitude, est hors de ce que peuvent comprendre les loups mortels : on dirait que ce lieu a été fait que pour l’œil du divin. Wymond a l’impression d’être hors de sa place habituelle de loup mortel, sur cette quête de divinité. Son regard se perds un instant à l’horizon. Que donnerait-il, pour voir un arbre feuillu ? Pour entendre le bruit des oiseaux ? Être à l’intérieur de sa grotte dans le Refuge ? Il se sent fou, complètement fou, d’être venu jusqu’ici. Ce n’est pas ici, que doivent vivre les loups. Il fronce ce qui lui sert de sourcils. Être ici, c’est un combat. Cette quête est un combat. Mais un combat contre lui-même.

Il range ses morceaux de champignons séchés, et boit de l’eau de nouveau à la gourde de Vanhir. Elle le rassure. Lui rappelle qu’il y a d’autres êtres vivants, sur ce monde – même si à cet instant même, on ne dirait pas. Il reprend son ascension. Elle est raide, pleine de neige, mais enfin, il arrive à une cîme. A partir de là, il va continuer sur le bord de la montagne, là où un versant devient l’autre. Il n’y a pas de doute pour lui : s’il tombe de l’autre côté par mégarde, il n’y aura plus de Wymond. Il avance dans la neige, ses mouvement plus confiants de très loin qu’au début de son périple. Mais soudain, il s’arrête, et il hésite. Ici, l’espace sur lequel il peut marcher est réduit. Réduit à quasiment rien. Cependant, le sommet n’est plus loin – il le voit, à quelques centaines de mètres seulement de là où il se trouve. Il y a seulement ce passage qui va lui donner du fil à retordre, puis le reste ne sera pas du tout aussi dangereux. Il ne bouge pas. Il est réaliste : il ne passera pas, sur ce côté-là, même en se collant à la paroi. Sur l’autre versant, la pente est tout aussi abrupte, mais les rochers sont couverts qu’une très épaisse couche de neige fraîche : il va tomber, ou pire, risquer l’avalanche. Personne ne viendra le sauver, ici. Sa mère, ses sœurs, son frère, ses amis – tous les loups qu’il aime ne le reverraient plus jamais. Et lui, la dernière âme vivante qu’il aura vue était la mousse.

Il se résigne, et détache de son dos son bouclier – son précieux bouclier, fait de sa propre patte – pour le caler entre deux rochers. Il enlève également son heaume, se servant d’un long morceau de lierre pour attacher ses cheveux derrière sa tête. Il a besoin d’être le moins large possible, et le plus maniable possible. Il garde seulement la couverture, qu’il attache autour de ses flancs avec sa lanière de cuir.

Puis, il s’avance. Tout, tout doucement. Il pose ses pattes lentement sur les rochers, avec le plus grand soin. Sa respiration est tout ce qu’il entend, bruyante, rapide dans ses oreilles. Son cœur, affolé par l’altitude, ne pourrait pas aller plus vite même s’il le voulait. Lentement il s’avance, sentant avec ses coussinets les endroits, transférant lentement son poids d’une patte à l’autre. Après quelques heures qui paraissent des années, il se détends. Il a traversé le plus dur. Seulement une demi-journée plus tard, il arrive au sommet. Le pic de roche qui dépasse le monde entier. Il monte dessus – elle est étrangement pas complètement courte de neige, puis regarde autour de lui.


« Ao » dit-il, en regardant le ciel.

Est-ce qu’il avait vraiment été fou ? Est-ce qu’il avait tout rêvé ?
Il regarda autour de lui. Comment trouverait-il ce symbole, maintenant qu’il était si loin du reste du monde ? Il n'y avait aucun bruit autour de lui. Le silence du sommet.

mots : 1993

C'est pendant qu'il regarde - presque sans voir - autour de lui qu'il t’aperçoit enfin. Toi qui a survécu malgré le froid, la neige, le vent, la douleur. Petit arbre.

Ses yeux s’agrandissent soudain de joie, sans qu'il ne bouge pourtant. Est ce qu'il y a vraiment un petit arbre ici ? Alors qu'il se pensait seul être vivant au monde ? Un oiseau blanc s'envole des branches, quittant son nid, alors que Wymond cligne des yeux, essayant de décider s'il hallucine ou si il est vraiment touché par la chance des dieux. D'un coup, il réalise que la plante est vraiment là. Ici, en haut du monde. Avec lui.
Les larmes lui piquent les yeux, puis coulent sur ses joues, alors qu'il s'approche et s’assoit sur un rocher pour regarder ce fragment de vie, si haut qu'il ne devrait pas pouvoir survivre.
Toi, tu es là, avec moi.

Il ferme les yeux, souriant, et lève son museau vers le ciel. Il n'est pas seul, il y a de la vie ici. C'est ce qu'il aime par dessus tout : la vie. Les animaux, les plantes, les insectes : il veut les voir vivre aussi bien que possible. Il soupire, rassuré, la tristesse, la solitude de la montée le quittant peu à peu.
Soudain, une pensée le taraude.

Pourquoi y a t'il un arbre ici ? Pourquoi es-tu venu ?

Il rouvre ses yeux, et regarde autour de lui. Il n'y a pas d'objet en forme de dragon. De dragon avec des feuilles, enfin. Des feuilles ! Peut être le dragon est-il dans l'arbre ? Il cherche dans les branches, son regard d'attardant avec affection sur le nid de l'oiseau, dans lequel se trouve trois œufs. Sans doute le parent reviendrait bientôt pour s'occuper de ses enfants. Il recule un peu, cherchant, quand soudain son regard accroche le signe sur le tronc de l'arbuste. La dragonne. Ao.

Il reste inerte, a regarder la marque. Sous le choc, rien ne semble l'atteindre pendant un instant. Ni le froid, ni la tristesse, ni la douleur, juste le vide. Puis arrivent les émotions, la fureur, d'abord. C'est comme un frisson qui parcourt tout son corps. Comment peut elle OSER briser quelque chose qui a eu tant de mal à vivre, tant de mal à déployer ses branches, à trouver l'eau qu'il lui faut parmi la neige et la glace ? Comment peut-elle ? Si elle apprécie autant la détermination, pourquoi détruire cet arbre qui est plus déterminé que elle ? Qu'est ce qu'elle, elle faisait, campée dans sa grotte a siroter sa fontaine, alors que cet arbuste avait tiré de la vie là où nul autre n'aurait pu ? Il aurait bien marché pour se vider la tête, mais ici, il n'avait pas la place.

Il grogne - c'est rare, pourtant - puis la colère se dissipe. Il pense à l'oiseau. Il n'y a que de la tristesse dans ses yeux, à présent. Si il bouge le nid, elle ne reviendra pas. Mais reviendra-elle, en l'ayant vu, aussi grand prédateur, près de son habitat ? Est ce une véritable idée, ou juste le fait qu'il essaie de se rassurer ? Son cœur se serre, et il va délicatement piocher dans le nid les trois petits oeufs. Il déchire un bout de sa couverture et l'enroule avec délicatesse dedans, avant de les metttre dans son sac, contre lui. Il les gardera au chaud, le temps de retrouver la terre. Ensuite, il les confiera a quelqu'un qui saura mieux s'en occuper que lui.

Il prends le nid, et le pose délicatement sur le rocher. Qu'est ce que c'est beau, un nid : faire quelque chose d'aussi travaillé avec des brindilles ... lui n'y arriverait jamais. Il espère au fond de lui que l'oiseau ne reviendra pas - ne constatera pas ses enfants perdus.
Il a promis à la dragonne. Et au fond, si il réussit à ramener l'arbre en bas de la montagne - si il survit, il lui offrira une meilleure vie: une vie où il fait moins froid.

Il se redresse enfin, et prends la base de l'arbuste avec ses crocs. Il est si fin, si fragile. Il tire dessus, délogeant avec maintes difficultés les racines qui se sont glissés entre les pierres. Après plusieurs moments à tirer, il le libère, non sans amocher certaines racines. Il l'enroule dans le reste de sa couverture, et l'attache à son dos avec la lanière de cuir. Il rassemble toutes ses affaires, maniant le sac avec les oeufs avec le plus grand soin. Puis, il jette un dernier coup d'oeil attristé à l'endroit ou l'arbre avait poussé. Il se souviendra. Même si tous les autres oublient. Et comme ça, il vivrait toujours ici, en haut de la montagne.

Wymond se retourne et commence la longue descente, qui le conduira à ses affaires, puis dans les sentiers creusés par ses pattes dans la neige, puis sur les rochers, les mouses, la forêt, le lac puis la cascade de la déesse. Pensé comme ça, cela paraît pas si long.
Mais ce sera tout le contraire.

Il sentait, même alors que l'arbre était enroulé correctement, qu'il flétrissait à une vitesse terrible. Une vitesse inhabituelle. Il ne survivrait pas la descente. Wymond, au début, essayait de l'ignorer. De se dire que tout irait bien, que ses impressions étaient fausses.

Il descendait les coulés de neige, ayant pu récupérer au passage son heaume et son bouclier, ainsi que le reste de ses affaires laissés avant le passage vertigineux. Sur le retour, cela avait été moins complexe, dans le sens de la descente, les roches faisaient presque des marches sur lesquelles garder son équilibre n'était pas trop complexe. Dans la neige, il avait pris toutes les peines pour ne pas secouer l'arbre, ne pas glisser, ne pas l’amocher du tout. La même chose allait pour les oeuf, il y mettait le plus grand soin. La première nuit - il voyait encore facilement le sommet, et le chemin qu'il avait fait pour descendre - i se trouva un endroit pour dormir près d'une grosse roche, et jetta un coup d'oeil à l'arbre.
Il ne survivrait pas.

Il ferma les yeux un instant, sentant le froid autour de lui, contre son pelage, ses pattes. Il sentait aussi la douleur - une douleur qui venait de son coeur. Il faisait quelque chose qu'il n'aurait pas voulu faire. Dans un monde idéal, il n'aurait jamais touché à cet arbre. Il l'aurait laissé vivre sa vie, au sommet du monde.
Mais il était ici, avec lui. Il avait fait une promesse à la déesse. Et parfois, les promesses devaient être tenues malgré le idéaux.

Il resta un instant en silence, puis s'allongea. Il n'arrivait pas à dormir à cette altitude, et encore moins avec tant de choses qui le taraudaient. Le soleil levé, il refit ses affaires, et reprit la descente. Des jours, il descendit dans la neige, de rochers en rochers, en s’allongeant la nuit en marchant le jour. Il descendait bien plus vite qu'il n'était monté - c'était agaçant, tant d'effort à l'aller pour tant de facilité au retour. En quelques jours seulement, il retrouva les étendues rocheuses, puis, une demi-journée plus tard, la mousse. Il enleva la mousse morte de ses bandages, mais la garda - une mousse aussi épaisse lui serait peut être utile pour d'autres choses.
Un jour plus tard, il était dans la forêt. La joie qu'il ressentit à retrouver les arbres était si grande qu'il en oublia un instant qu'il avait brisé le plus déterminé des arbres au nom d'une promesse. Il s'assit pendant plusieurs minutes sous un pin, et ferma les yeux, pour respirer l'odeur du pollen, des branches, des animaux, de la forêt... Il retrouva un peu de sa bonne humeur.

La où les premiers jours de descente avaient été teintés de détermination sombre, les derniers se réjouissaient lentement. L'arbre qu'il avait sur le dos ne revivrait jamais, et cette pensée lui serrait toujours le coeur, en sachant que c'était lui, le responsable de cette mort. Mais sa quête était complète, et les oeufs dans sa sacoche ne s'étaient pas brisés.

Il quitta la forêt et prit le chemin de la cascade de la dragonne, pour lui donner son présent.