Le néant - Priam

Avec Priam

Image par Aeva

Le néant

Elle ne peut plus profiter de l’orage sublime qui éclaire leur ciel depuis sa plus tendre enfance, Nour.
Il ne lui reste que l’odeur saline de l’océan, les cris des oiseaux marins et, sous ses coussinets, la douceur du sable qu’elle savait blanc.
La volonté n’avait pas suffit et la princesse n’avait pas su préserver ses yeux.

La voilà, seule et handicapée sur sa plage. Seule, par ce que Mère à a faire et que Père est parti vers le Nord.
Seule, par ce qu’elle n’est plus une petite fille et que sa place sera bientôt prise par un autre enfant.

C’est une évidence, désormais : Il lui faut trouver un partenaire. Mais qui ? Elle ne connait personne, ou presque, au delà des océans.

Sur sa plage, la princesse s’ennuie et se lamenterait, si elle n’était si fière.

Priam

Le vitiligo s’était propagé. Finirait-il tout blanc, avant son prochain anniversaire ? Par moments il s’arrête, se gratte la joue, ses yeux parcourent un peu inquiet l’orage au-dessus de sa tête, la mer à proximité. Essayes d’utiliser son don sur des coquillages qui roulent sur eux-mêmes avant de les laisser.
Rien ne remplacerait Mistigri.
Le Nakhus se sent si seul sans lui, si démuni.
La vision d’une inconnue au loin le pousse à s’arrêter. Il hésite. Méfiant.

« — … bonjour… »

Ce n’est ni Yurai. Ni Mistigri.
Nerveux, il s'arrête à bonne distance, se grattant la joue d'une griffe.

Avec Priam

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Le néant

Même aveugle, elle perçoit sa présence via son odeur que le vent lui porte.
Il n’est pas d’ici, et parle doucement.
Les loups d’ailleurs sont décidément bien timides.

D’un mouvement gracile et avenant, elle se tourne vers lui : Ces terres sont siennes et elle souhaite une aussi bonne hôtesse que l’est sa mère.

- Je vous souhaite le bonjour également, Sire.

Ses parents l’ont fort bien éduquée et, de ce fait, elle sait se tenir en société.

- Puis-je vous être d’une aide quelconque ?

Priam

Sire. Personne ne l’a jamais appelé Sire. Priam n’avait entendu ce mot que dans les histoire que lui lisaient son grand oncle. Venait-elle d’une autre époque, cette louve qui pourtant semblait avoir un âge proche du sien ?
Nerveux, il se gratte encore la joue.

« — Je- »

Il s’interrompt. À quoi bon parler de Mistigri à une parfaite inconnue ?
Elle ne comprendrait probablement pas.
Ce n’est pas d’une peluche dont on besoin les Nakhus.

« — … je cherche des fruits, pour mon clan… ce qui pousse ici… ne pousse pas chez nous… »

De quoi les changer des baies.

Avec Priam

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Le néant

Ses propos confirment ce qu’elle pense, rien qu’en sentant son odeur : il n’est pas un loup du sud.
En fait, il sent un peu comme cette louve au pelage étoilé.
Nour penche la tête sur le côté et sa longue chevelure caresse le sable.

- Comme des noix de coco, des bananes ou, peut-être, cherchez vous le fruit de la passion ?

Elle plisse les yeux d’amusement.
Il se passe quelque chose, dans sa tête, qui fait trembler imperceptiblement ses paupières : Ne soyons pas sulfureuse avec quelqu’un que nous ne connaissons pas !

Nour aurait aimé s’avancer d’un pas léger, élégant : mais l’entreprise est risquée, lorsque l’on ne voit pas ce qu’il se passe devant soi.

- Je suis habitante de cet Atoll, considérez vous ici comme mon invité, Sire. Sans doute pourrais-je vous aider dans votre entreprise.
Cependant, j’ose avouer que la vue me fait défaut, mais cela ne m’empêchera guère de vous renseigner sur la comestibilité de ce que vous souhaitez rapporter.

Priam

En dehors des noix de coco, le reste… ne dit pas grand chose à Priam. C’est quoi un fruit de la passion ? Est-ce que les siens apprécieraient cela ?

« — … euh… oui ça doit ce genre de choses »

La Licorne essaye de ne pas trop fixer la louve, son museau plutôt tourné vers l’opposé. Peut-être n’aurait-elle pas apprécié qu’il la dévisage, elle et ses étranges fleurs qui poussaient sous ses yeux.
Comme Uma, peut-être n’aimerait-elle par parler de ça.

« — … tu- vous… vous pouvez vous appuyer sur moi… pour marcher… »

… l’idée qu’une inconnue puisse le toucher, cela stressait encore plus le Nakhus. En tant que Licorne, il préférait éviter le contact de ceux qu’ils ne connaissaient pas, mais pouvait-il laissé une louve aveugle risqué de se blesser ?
Une fois encore, il détourne le museau, cherchant à ne pas croiser son regard. Nerveusement gratte les cristaux à sa joue.

Avec Priam

Image par Aeva

Le néant

- Quelle attention élégante, soyez en remercié.

Puisqu’elle l’invite à le faire, elle vient appuyer son épaule contre la sienne.
La nervosité du mâle ne lui échappe pas : Est-ce la première fois qu’il a affaire à une jeune fille ? Ceci dit, et elle plonge dans ses souvenirs avec amusement, il lui semble que c’est la toute première fois qu’elle se trouve en contact avec un jeune mâle.
C’est divertissant.

- Ma présence vous perturbe t’elle a ce point, pour mériter tant d’embarras, Sire ?

Elle lève le nez, comme pour flairer l’odeur des fruits convoités, mais guette surtout avec impatience la réponse qui lui viendra.

Priam

Lui est si grand en comparaison. Bien plus grand que tout ceux qu’il a rencontré jusqu’ici. Prudence l’avait déjà comparé à sa tante Agathe, qu’il n’avait pas encore eu le plaisir de rencontré.
Lentement, Priam avance, essayant de ne pas faire perdre l’appuie à… oh.

« — … pardon… je ne me suis pas présenté… Priam et- » Il se stoppa, s’apprêtant à présenter Mistigri avant de se rappeler soudainement son absence. « … et vous ? »

C’était bizarre, d’être aussi sérieux avec une autre louve de son âge. À la question, le Nakhus est content qu’elle ne puisse pas voir les oreilles couchées sur son crâne ou son regard fuyant.
Ce n’était pas le fait que ce soit une louve à ses côtés qui le dérangeait.
Juste le fait que ce soit quelqu’un.

« — … généralement je préfère éviter d’être en contact… avec des inconnus… »

Loup ou louve.

Avec Priam

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Le néant

- Je suis enchantée de faire votre connaissance, cher Priam. Je me prénomme Nour.

Elle se demande un instant si le nom du mâle évoque quelque chose de particulier dans un langage inconnu. Elle est la lumière de quelqu’un : Est-il le trésor d’une autre ?
En attendant, la fine louve apprécie sa carrure haute et la douceur de son poil.

- Pardonnez moi de vous mettre dans un tel embarras. A votre inverse, les contacts me sont devenus précieux : Sans la vue, l’on ne peut guère imaginer à qui l’on a à faire.
Vous, devez être tout à fait charmant.

Priam

Nour. Bien au moins, il pouvait mettre un nom sur un visage. Priam ne se sentait pas capable de l’appeler Lady ou Demoiselle. Il continue d’avancer, alors qu’elle prend la parole de nouveau.

« — … ce n’est pas grave. »

Il n’en mourrait pas. Enfin…
Charmant. Cette remarque vient lui chauffer les joues, sans qu’il ne comprenne trop pourquoi. Jamais il ne se serait qualifié de charmant. Les autres non plus, ceux qui connaissaient Priam, savaient qu’il était assez apeuré de tout. Derrière sa grande taille, ils devaient surtout voir un gamin apeuré…
Devait-il la remercier ?

« — … je- vous… vous aussi vous l’êtes… charmante- enfin jolie… »

Il s’engage sur un terrain trop glissant pour lui, préfère garder le silence un moment, tournant son museau vers les arbres portant des fruits. Sans brusquer Nour, il s’arrête, tournant finalement sa tête vers elle.

« — Qu’est-ce que c’est ? »

Avec Priam

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Le néant

Il est embarrassé.
Elle rit, c’est un rire frais et délicat comme ceux qu’ont les jeunes filles que l’on a élevé pour qu’elles se tiennent convenablement en société. Cela l’amuse, réellement, pourtant.
Il est difficile de savoir si le compliment est sincère : Il reste dans ses souvenirs de son reflet, l’image trouble d’une jolie louve. Mais peut-être qu’elle s’est enlaidie, avec le temps, et que les paroles de ses parents sont dénuées d’objectivité.

Si seulement, je pouvais retrouver la vue.

- Soyez remercié, si telle est là votre pensée.
Votre âme est lumineuse, Sire. Je ne vois pas la couleur de vos yeux, mais la pureté de votre âme est surprenante.

C’est tout ce que l’on lui a laissé, de voir les âmes des loups qu’elle croise.
Le loup s’arrête doucement, sans la brusquer.

- Auriez vous la bonté de les cueillir ? Ainsi, par leur forme et leur odeur, je pourrai vous renseigner.

Priam

Priam fuit son regard encore une fois, oubliant qu’elle ne peut pas le voir (ce qui n’était pas plus mal, piètre spectacle qu’il offrait). Un sourire toutefois qui vient étirer ses babines. Entendre rire les autres, cela avait toujours eu un effet apaisant sur lui.
D’une griffe vient se gratter la joue, avant de répondre à sa remarque.

« — Je… Je ne mens pas… » Priam marqua une autre pause, encore plus embarrassé. « Je ne le dirai pas sans le penser. »

Pouvant-on mourir de gérance ?
Voilà que Nour évoque les âmes, cela éveille sa curiosité. En avait-elle vu des âmes qui n’étaient pas pures ?

« — … À quoi ça ressemble une âme ? Juste une lumière ? »

Il veut comprendre. À sa demande, se décolle doucement pour allonger son corps en prenant appui sur ses pattes arrières et tirer doucement sur un fruit suspendu à la forme ronde. Priam s’écarte pour s’approcher d’un autre arbre, recueillir un exemplaire de ce qui semble être un fruit. Parfois donne vie à un petit bâton pour qu’il tapote sur la base du fruit afin de le faire tomber.
Maintenant que Mistigri n’est plus là…
Espérant ne pas s’être absenté trop longtemps de Nour, il revient, posant à ses pattes plusieurs fruits aux formes et couleurs étranges.

« — Je n’en ai pris qu’un de chaque… pour ne pas gaspiller… »

Ce serait dommage.

Avec Priam

Image par Aeva

Le néant

- Certains individus ne sont pas capables de recevoir un compliment sans sentir l’obligation imminente d’en offrir un en échange : Quel dommage.
Je ne doute pas de la sincérité de votre pensée, ceci dit, et n’en suis que plus flattée encore.

Il est toujours embarrassé, elle le sent s’agiter sans qu’il ne cesse pour autant de la guider.

- Une âme c’est une petite flamme. Elle est souvent grise, associée à des individus qui ne sont ni bons ni mauvais : qui chassent pour se nourrir et vivent de façon plus ou moins saine, seuls ou en collectivité.
Ces niveaux de gris varient et parfois, deviennent des ombres. Leurs porteurs sont-ils des monstres pour autant, ou ont ils commis une seule très mauvaise action isolée ? Je l’ignore, mais m’en méfie.
La plus surprenante est encore celle de ma mère : Une âme claire, ou se dessine un fin liseré gris foncé. Mais elle, à toute ma confiance.

Mais leur histoire n’est pas commune, il lui semble.
Son âme à elle est entière à sa base, mais se sépare en d’autres petites flammes qui y sont agglutinées. Comme… endommagée ? Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle l’aperçut, la première fois, dans son reflet.
Quand à sa couleur… Elle sait qu’elle n’est pas une louve bien et totalement désintéressée.

Elle attrape les fruits et les manipule.

- Votre délicatesse est touchante, Sire Priam.
Voici une banane, dont il faudra retirer la peau épaisse pour découvrir un fruit à la chair douce et sucrée. Ici, vous avez une noix de coco, à la carapace épaisse mais qui cache en son coeur une boisson désaltérante et une chair à la saveur agréable.
Le dénommé, ici, fruit de la passion… J’ignore d’où il tient son nom, mais vous feriez bien d’y gouter. Peut-être que nous pourrions en partager un ?

Et ainsi, encore un peu de temps ensemble ?

Priam

Cette fois, Priam ne relève pas, se contentant d’un hochement de museau pour ne pas paraître impoli ou blesser la petite louve. À son explication sur les âmes, la licorne prête une oreille attentive. Lui imaginait beaucoup plus de couleurs, comme un petit arc-en-ciel, chaque nuance qui permettrait de définir l’identité d’un loup.
Tout était bien plus simple en réalité.

« — Est-ce que les âmes peuvent changer de couleurs… lorsque leurs porteurs entre en contact ? » Le Nakhus réfléchit. « Si une âme lumineuse et une ombre se touchent, est-ce que cela changera votre perception, les faisant tout deux devenir gris ? Ou chacun conservera sa couleur ? »

De la curiosité dans la voix du cornu, qui se coupe aussitôt, retournant nerveusement le sable.

« — …pardon…j’espère ne pas vous importuner avec toutes ces questions… »

À défaut de s’intéresser aux monstres ou aux animaux dangereux comme sa mère…
Attentif, il écoute la louve nommer tour à tour les fruits. Des saveurs biens différentes, du sucrée à l’acidité. À la proposition de Nour de partager un fruit, Priam se gratte la joue, ses babines s’étirant en un sourire.

« — Oui, avec plaisir, Nour ! »

Ne sachant trop comment s’y prendre avec ce fruit, le Nakhus laissa la solitaire l’ouvrir. Au moins, ne prendrait-il pas le risque de la salir…

Avec Priam

Image par Aeva

Le néant

La louve secoue la tête.

- Non, tout ceci ne fonctionne pas comme cela. Une âme pure n’est pas corrompue par une âme sombre… A moins que cette dernière ne profite de sa bonté pour lui faire commettre des choses terribles, ou à la morale douteuse.
La preuve : Epaule contre épaule, nos âmes se touchent, Priam, et pourtant votre âme reste éclatante. Je ne prétend pas à autant de pureté.

Elle sourit, doucement.

- Vos questions ne m’importunent pas, soyez rassuré.

De ses pattes, elle cherche une pierre assez tranchante et ouvre le fruit.
Délicatement, et au lieu de se servir la première, elle porte aux babines de Priam la moitié du fruit.
Une tentative de séduction, parmi tant d’autres.

Priam

Priam trouvait cela si triste, de ne pouvoir voir qu’un monde sans couleur, composé que de gris et de blanc. Pour autant, il n’a aucunement l’intention de blesser ou d’attrister Nour, garde donc ses remarques pour lui.
Je ne prétends pas à autant de pureté.
Sans que le Nakhus ne sache trop pour quoi, sa griffe vient gratter sa joue, tic nerveux. Avait-elle fait du mal ? Était-elle quelqu’un de mauvais ? Il n’en avait pas eu l’impression… peut-être était-il un peu naïf ?

« — … votre âme pourrait le devenir éclatante… ou gardera-t-elle toujours la même couleur ? »

Est-ce que les loups peuvent changer ? Cette histoire d’âmes fascinait réellement le cornu, qui en vient même à se demander…
Yurai, de quelle couleur est-elle votre âme ?
Attentif, il étudie les gestes de la louve, est surpris quand elle porte le fruit à ses babines. Étais-ce une sorte de coutume ici ? Avait-elle peur qu’il ne parvienne pas à manger seul ? Tout cela perturbe Priam, qui ne sait pas trop comment réagir, lève une patte pour se saisir de lui-même du fruit, avant de se raviser, de peur de froisser son hôte. Tenant le fruit entre ses crocs, il vient toutefois doucement repousser la patte.

« — … c’est… acide… »

Comme les bonbons lors de la fête d’Halloween.

Avec Priam

Image par Aeva

Le néant

Sire Priam est charmant mais bien peu dégourdi, lorsqu’il s’agit de comprendre là ou elle veut en venir.
Ou alors, il n’est pas encore réceptif et elle se doit d’oeuvrer davantage pour l’attirer dans ses filets.

- Je l’ignore. Mon existence est encore si courte et j’ai bien peu voyagé, à cause de ma condition. Je pense que c’est mon essence même, qui a teint mon âme, mais soit, je m’en accommode. Je n’ai jamais commis d’actions contestables, il me semble.

C’est peut-être à cause de son sang noir, à l’odeur si forte, qu’elle n’est pas éclatante.
Ou peut-être par ce qu’elle s’amuse un peu de ce jeune mâle immaculé. Parviendra t-elle à griser, même un peu, son âme ? L’expérience promet d’être divertissante.

En attendant, il accepte qu’elle porte le fruit à ses babines. Elle le sent encore un peu perturbé mais ne sait pas si il aime.
Elle, est joueuse et curieuse.

- Acide, mais succulent, à mon humble avis. Je me demande si il tient de son nom de la passion qui peut unir deux êtres… De ce que je sais, c’est quelque chose d’exaltant.

Priam

Oui, ne pas voir, ne devait pas faciliter les choses pour se déplacer. Le Nakhus pencha son museau sur le côté. Nour ne semblait pas si jeune que ça… enfin… Priam préféra ne pas faire de commentaires, évitant ainsi de la vexer.

« — … cela doit être un peu effrayant… d’être sur cette île au milieu de l’océan… »

Lui n’aurait pas aimé.
Voilà que déjà la louve part sur un autre sujet. Celui de fruit.

« — … »

Tout cela sonnait comme vide, dans l’esprit de Priam, sa connaissance des fruits exotiques, était bien limitée (sans compté qu’il ne comprenait pas le message sous-entendu).
D’une griffe, vient se gratter la joue, un sourire gêné aux babines.

« — …oui… c’est bien d’être passionné par quelque chose… et de partager cela avec d’autres loups… » Priam marqua une pause, relevant le museau. « … mais je ne vois pas le rapport avec ce fruit, Nour. »

Mieux valait être franc…

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