À fleur de peau | Edessa

Arbre a écrit:

Il y a des sales bêtes qui te mordent sous ton pelage et ça te gratte affreusement. Mimë, c'est la première fois que tu te retrouves confronté aux puces et les demangeaisons incesantes c'est en train de te rendre un peu zinzin.
tu as tenté de te rouler dans le sable, de prendre des bains d'eau de mer. Rien n'y fait. ces sales insectes ne veulent pas te lâcher.
Un jour ça en est trop. Tu n'as pas la patience d'attendre le retour de Nael ou d'Astrid pour te soigner. et tu décides de prendre les choses en main par toi même.
Tu te rends donc dans la tanière du maître des rituels en quête de quelque chose pour te débarrasser des puces une potion, des plantes à macher.. de l'acide. N'importe quoi tant que ça arrête de gratter ! pitié !

Au début, c'était une piqûre ici et là, rien de trop dérangeant.

Plus tard, une impression de petites choses qui se promenait sur le bas du dos.

Et puis, les démangeaisons incessantes, qu'une gratouille ou deux ne pouvaient mettre fin.

Il fallait se rendre à l'évidence, des parasites avaient pris contrôle sur ellui.

Ils ne se nommaient pas Mélissandre, Pandore, Pashmina ou Phantom, c’était bel et bien des insectes, des puces, des monstres qui lui mangeaient la peau, jour après jour. Pas une seconde ne se sentait-iel à l’aise, toujours une démangeaison à l’horizon, l’obligeant à se gratter incessamment, à se rouler dans le sable ou à tout simplement grimacer d’agacement. Jamais encore n’avait-iel été victime d’une pareille situation, et iel ne le souhaitait à personne, quoique peut-être l’etelkru qui lui avait fait la vie dure. Une fois la nuit tombée, c’était encore plus pénible, ayant presque l’impression de les entendre ramper contre sa peau, suçant et se délectant de son sang d’hybride, riant de son malheur. Ce n’était donc pas surprenant que Mim commençait à perdre sérieusement patience, et que le sommeil lui manquait profondément. L’allure plus aigre que d’habitude, les cernes si foncées que même sa poudre blanche ne pouvait masquer, iel évitait le regard de tout le monde, tentait de se débarrasser de cet ennemi tenace en solitaire. Comment de si petites choses pouvaient autant le faire chier ? Il n’en pouvait plus, et commençait à perdre la boule. S’en était presque qu’iel allait se mettre à pleurer, la queue entre les jambes. Horrible. Le pire dans tout cela, c’est que lea pauvre n’avait aucune idée de comment iel avait pu chopper cette malédiction… pourquoi avait-iel l’impression que c’était tout simplement un affreux hasard ? Putain.

De plus en plus, la figure chaleureuse de sa mère flottait dans ses pensées, tout autour de lui, car cette dernière, contrairement à ellui, était toujours propre, le pelage blanc comme neige, le visage décoré de maquillage et la chevelure soyeuse. Elle avait sûrement une solution à ces puces, bien qu’elle devait jamais n’en avoir eu, mais Mimë ne se sentait pas apte à faire le grand voyage, et encore moins voir son regard horrifié sur ellui une fois arrivé-e au cimetière. Elle allait perdre connaissance si elle le voyait ainsi, déjà que ses cheveux gras l'avaient toujours fait sourciller. Mimë se souvenait lors de son enfance que sa mère tentait parfois de lui laver les cheveux dans son sommeil, tellement que la propreté était quelque chose d’important pour elle, contrairement au petit monstre. Alors lea jeune Mim se laissait faire, prétendant de dormir d’un sommeil profond. Cette drôle de situation n’avait pas eu lieu depuis des lunes, car iel résidait maintenant à Morne-Oeil, un océan les séparant. Peut-être que l’absence de sa touche maternelle expliquait son état lamentable… non, seule sa négligence était à pointer du doigt.

Regrettant de réaliser un peu trop tard que l’hygiène personnelle était quand même un minimum important, Mimë était prêt-e à accepter n’importe quelle astuce pour redevenir comme avant. Et si l’on se moquait d’ellui un peu trop, iel n’aurait aucun regret à partager ses puces avec le malheureux, le faisant regretter de ne pas l’avoir aidé à la place.

Le soleil était à son plus haut, et voilà que l’enfant du capitaine faisait les cents pas, faisant des allers-retours de la plage à la mer, mais rien n’y faisait, l’eau salée n’était pas assez agressive sur son pelage, surtout qu’iel avait un poil imperméable. Allait-iel devoir se raser complètement ?! Plutôt mourir cent fois que de ressembler à un rat nu, l’hybride avait tout de même ses limites… Son regard de reptile voyage à l’horizon, jusqu’à se poser sur une grotte en particulier. L’antre de feu Ann, la compagne de son tout autant disparu grand-père, qui avait été rapidement reprit par le fils de ses derniers, Nael.

Nael était un curieux personnage, pas aussi intimidant que sa sœur Susie ou pas aussi déterminé qu’Astrid. Il était tout de même très intelligent, et rempli de ressources. On pourrait presque dire que Mimë le respectait, à condition qu’il se mêlait de ses affaires. Iel se souvenait du jour où son oncle l’avait repêché en mer, après son altercation avec un etelkru cinglé, lui posant mille et une questions, alors que l’hybride voulait tout simplement rejoindre l’île. Sauf que peut-être que pour un autre type de problème, une infestation de puces par exemple, était-il la meilleure personne à demander de l’aide. Certainement qu’il y avait une potion qui traînait quelque part, ou même un rituel, Mim était ouvert-e à toute éventualités, tant que cela fonctionnait.

Iel entra dans la caverne tel un rat, ne faisant même pas de signe particulier - depuis son arrivée ici, iel prenait tout les endroits pour acquis et libre d’accès - iel était un pirate après tout, et se mit à chercher. Personne ne semblait être là pour le moment, ce qui était à la fois un avantage et un désavantage. Car iel pouvait fouiller partout sans emmerdes, mais à quoi ce privilège lui servait-iel si lea pauvre ne savait pas quoi chercher ? Un râle sortit de sa gorge, complètement découragé-e. Iel s’assied, regardant autour d’ellui, ignorant par ou commencer. Son museau explora les bocaux de gauche, certains verres étaient identifiés par des indications, des noms, ou même des images, mais rien qui disaient clairement : « ceci est un chasse-puce », « ceci tue les insectes » ou « remède contre les problèmes de démangeaisons ». Iel remarque un fond d’alcool au sol, et le prend cul-sec, ayant besoin de se calmer un peu avant de continuer. Sa gorge était brûlante, et son esprit était un peu plus vif - ou du moins, iel en avait l’impression. Il fallait à présent se mettre sérieusement au travail.

Avec cette nouvelle dose de courage au ventre, lea mousse (ou plutôt chapardeur-se, mais ce rôle lui donnait des responsabilités au cul, donc moins attrayant) se mis au travail. S’appropriant de plusieurs fioles et boîtes, lea loup-ve s’assurait au minimum que rien de mortel allaient se poser sur son pelage. Sauf que la barre était très basse, car comme dit précédemment, l’hybride était tout simplement désespéré-e. Évitant les trucs avec les têtes de mort ou les images de feu, Mimë se commença un shampoing improvisé. La substance était d’un vert vaseux, et la texture était loin d’être celle de quelque chose qui allait s'imprégner au pelage. Pas trop con, lea bleuté-e fit un test sur son avant-bras, juste pour voir si rien de bizarre se passait, et pour ne pas empirer sa situation. Un autre mélange se fit, et iel le déposa sur son autre bras, et ainsi de suite, à présent les quatres membres enduits de différents produits. Rien ne semblait changer, et bien que quelques-uns de ses tests lea piquait la peau, ce n’était rien comparé aux puces. Pourquoi avait-iel l’impression que ses efforts étaient inutiles ? Frustré-e, Mim lança ses tests au mur, criant presque pour la première fois de sa vie.

Iel se laissa tomber au sol, tentant de reprendre ses esprits. Ses paupières étaient lourdes, et ses postérieurs tremblaient, fatigués de se gratter, encore et encore. L’hybride pouvait voir son reflet misérable dans le gros chaudron de la sorcière, et envisageait presque à se préparer un bain bouillant, peu effrayé-e de finir comme un crabe cuit. À ce stade, c’était probablement la seule solution. Respirant d’un grand coup, iel se releva, et prit un sceau, faisant des aller-retour de la mer à la grotte afin de remplir le pot. Avec quelques essais, voilà que le feu était bien vivant, l’image des flammes lui rappelant son mentorat avec Violette, dans le Nord. Est-ce que la chaleur était la meilleure solution, ou se trompait-iel complètement ? Qui sait, iel allait bientôt le savoir.

Le bruit des bulles se fit entendre après quelques minutes, l’indiquant que l’eau était enfin prête. Lea loup-ve posa ses accessoires sur le côté, et se rapprocha de la soupe. Soupe dont iel était l'ingrédient principal. Son doigt de patte plongea dans le liquide, et se retira aussi rapidement, réalisant que la température était bien trop haute, et qu’iel n’allait jamais ressortir du chaudron. Avec le reste d’eau du sceau, lea chapardeur-se se mit à éteindre le feu, regardant son stupide plan. Peut-être dans une dizaine de minutes, entrer dans la soupe serait moins suicidaire…

Le temps passait lentement, et à présent debout sur ses postérieurs, Mimë se gratte tel un ours contre les parroies de la grotte, fixant comme un fou le gros bol noir. Tellement dans sa folie, iel n’avait pas réalisé qu’iel n’était plus lea seul-e dans la tanière.

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Haut, bas, haut, bas, l'hybride tentait d'apaiser ses démangeaisons, les murs de la tanières pas assez piquants à son goût.

Iel voit alors Edessa s'approcher, et ne cesse pas sa tentative faiblarde d'arrêter son mal. Iel n'entend rien qui sort de sa gueule en premier, n'étant pas très concentrer sur cela, mais par la suite, iel comprend sa proposition d'aide. À ce stade, il n'était aucunement question d'être fier-e, et encore moins si c'était pour l'extirper de sa misère.

« O-Oui... », dit-iel finalement, vaincu-e.

Iel n'arrêtait pas son manège cependant, pas avant qu'elle lui propose une alternative du moins.

Edessa semblait satisfaite qu'iel accepte son aide, et en vrai Mimë en avait rien à faire, tant que le problème se règle rapidement.

Peut-être allait elle lui demander un service en échange, ce qui expliquait son air, mais à ce stade, l'hybride ne pouvait pas y faire grand chose. Iel se contenta de focusser sur le présent - ou plutôt le passé, à une époque où son poil n'était pas un problème. La voir réfléchir ainsi lea rendait fou-lle, n'avait elle pas déjà une solution en tête ?

Iel soupira lorsqu'elle lui donna l'ordre d'éteindre sa soupe, était elle en train de lui dire que ses efforts avaient été vains ? Et que voulait elle dire par « j'aime pas toute cette sorcellerie » ? Oh et puis, iel s'en foutait, pourquoi se posait iel autant de questions... hm, surement pour ne pas penser aux puces.

Elle avait réapparu devant ellui avec des ingrédients, et Mim accepta de la suivre à l'extérieur, trouvant qu'elle ne cuisinait pas assez vite ! Ne comprenait elle pas que ça démangeait ?!

La Seconde n'avait pas à se répéter, car voilà lea pauvre était déjà en train de se mettre la mixture partout.

Éviter le contact avec les autres ? Ça, iel pouvait faire sans problème.

C'était bien le seul avantage à avoir ces monstres sur le corps. On allait certainement pas lui demander de faire du boulot aussi, de peur de se promener partout et de partager ses puces.

« Se... peigner ? », répéta t-iel en mimant l'action.

La dernière fois que l'hybride avait fait une chose pareil - ou plutôt que sa mère l'avait fait, datait de son enfance. Ce n'était pas... désagréable, mais Mimë n'en voyait pas trop l'utiliser. À quoi bon remettre les poils en place, alors qu'ils allaient être de nouveau bordéliques quelques heures après ?

Sauf que sa situation actuelle lui demandait d'être bien plus soigné-e qu'à son habitude. Et de peur que son mal reste à jamais, iel était prêt-e à faire les efforts.

Iel hocha la tête, vaincu-e.

Un mot commença par m et se terminant par erci frôlait sa langue, mais aucun son se fit entendre.

Qui sait si sa solution allait fonctionner de toute façon !

L'hybride n'hésite pas un instant alors qu'elle lui tend le peigne.

Iel l'avait bien regardé faire, et bien que son poil à ellui était moins texturé, cela faisait le travail aussi. Les tiges du peigne faisait ressentir à Mimë une satisfaction sans égal. Jamais de sa vie n'avait-iel été aussi attentionné-e face à son corps, mais voilà qu'iel menait au peigne fin son génocide de poux. Le temps était rapide et lent en même temps, l'enfant du capitaine bien sérieux-se et dans son petit monde. À chaque fois qu'iel attrapait quelque chose, Mim l'enterrait dans le sable, ou le jetait dans la mer, n'ayant aucune pitié pour ces insectes.

Rincer, se peigner, répéter.

La tâche se passait bien, l'hybride pouvant déjà ressentir la différence.

Iel prit en note qu'Edessa était douée pour ce genre de choses, et n'hésiterait pas à revenir la voir si un autre problème du genre faisait son apparition. Parfois les trésors n'étaient pas seulement matériel, cela pouvait être du savoir aussi. La Seconde brise le silence au bout d'un moment, et Mim se retient de soupirer. Iel lui devait de sa patience, déjà qu'elle avait réglé son problème... ugh, ce qu'iel détestait cette situation.

« Continent, oui. Loups, non. »

Iel n'était pas Astrid après tout. Quoique, Mim s'en foutait de qui voyait qui, tant qu'iel avait la paix une fois dans sa tanière. Le clan s'agrandissait trop vite à son goût, et ne comprenait pas pourquoi certains étaient si bruyants. Bref, l'hybride était de ceux que l'on appelait introverti, indépendant, sans pour autant être solitaire. Iel avait besoin d'une certaine protection par moment, et de la facilité... un être profiteur quoi.

Sa simple réponse allait devoir la satisfaire, car lea raeder ne papotait pas dans la vie.

Edessa ne lâchait pas le morceau, et Mim se mordit la langue.

Iel continua sa toilette, laissant le silence revenir. Sauf qu'iel savait qu'ignorer sa question n'allait mener à nul part, alors iel fit semblant de réfléchir profondément, comme s'iel tentait de se remémorer les contacts qu'iel avait pu avoir avec d'autres.

« P't'être l'un de tes enfants, qui sait ? »

Voilà qui allait la rendre folle de rage, ou lui clouer le bec. Les deux options lui allait, en vrai.

Sa réponse avait en partie fonctionnée, mais la Seconde continua sur la même lancée, voulant décidément lea faire parler pour rien.

L'hybride soupira, tentant de voir la prochaine étape à suivre. Autant continuer d'enfoncer le couteau dans la plaie, cette fois-ci en y allant plus agressivement.

« Oh, sans doute Pashmina... elle met son museau partout, parle à tous sans se soucier de rien. Elle a surement prit ça d'un Etelkru. »

S'il y avait bien une chose qu'un pirate détestait, c'était ce clan de guerriers sans cervelles. Autant semer un doute chez la mère, et la faire croire que son enfant s'aventurait où il ne fallait pas. Iel se retint de sourire, content-e de son mauvais coup.

Mimë pouvait ressentir les montagnes russes émotionnelles que vivait Edessa en ce moment.

Enfin, elle avait mordu à l'hameçon... mais l'hybride réalisa qu'iel s'en foutait un peu de sa réaction en fin de compte, car iel voulait tout simplement en finir avec cette discussion. Était ce trop demandé ?

« J'serais pas surpris-e, c'est tout. »

Sa petite soeur était de ceux qui ouvrait leur cœur à tout le monde, se foutant du gros bon sens et de l'histoire des pirates. Autant qu'elle allait ramener des alliés, autant qu'elle allait être un aimant à problèmes, Mim pouvait le sentir. Qu'elle aille sympathiser avec Moiro, juste pour voir.

« Bon. »

L'hybride s'étira comme un félin, avant de s'éloigner, sans mots. Iel était fatigué-e, et voulait à présent qu'on lea laisse tranquille.

Iel lança un dernier regard à sa belle-mère, restant tout de même poli-e. Sa fourrure allait redevenir sienne en moins de deux grâce à ses conseils.