Perdue - Ottar

Ce sont les terres qui ont vu naître mon père.
Je n’ai rien à faire ici, bon sang !!

Plus que jamais, les fragments de son âme partent en des directions opposées : L’un est exalté, et l’autre terrifié par ce qu’il est en train de se passer.
Dans tous les cas, Nour n’a pas forcément souhaité se retrouver ici : C’est dangereux, et elle veut vivre le plus longtemps possible.
Elle espère que c’est son oncle, qui la trouvera et la ramènera sur son Atoll…

En attendant…
La jeune louve est arrivée ici un peu par hasard : Il est difficile de savoir où l’on va, sans guide et ce hasard fut assez cruel pour la faire tomber à l’eau tempétueuse.
Malvoyante, elle ne sut regagner la berge et fut emmenée par les flots, loin (?) de chez elle.

Et maintenant ?
C’est la peur, qui prend le dessus : Elle sent cette odeur, celle d’une terre marquée par bien des loups qui revendiquent cette plage comme étant la leur.
Nour n’est pas une envahisseuse, mais il suffit d’un simple malentendu…

Ses pattes fines foulent le sable, ses oreilles se poitent vers l’océan dont elle reconnait le bruit des vagues, et l’odeur saline. Peut-être qu’en s’y replongeant à nouveau…
Elle s’y noiera.

La louve serre les crocs, peste contre elle même et cette part de son âme bien trop aventureuse pour être raisonnable.
Fait taire, l’envie d’explorer.

Elle veut retrouver son Atoll.
Et également s’amuser un peu ici

Rustres sont ceux qui vivent en ces terres, dit Père.
Mon oncle, pourtant, m’est tout à fait agréable.

Ce qui parvient à ses oreilles, et les lui fait plaquer en arrière, placerait le nouvel arrivant dans la première catégorie : Ce que dit Père des Etelkrus, plutôt que ce qu’elle a pu constater.
Cependant, et là encore, son opinion se déchire entre l’outrage qui est fait à sa personne (Jamais quelqu’un ne m’a appelée Louve ! et la compréhension.
Nour n’oublie pas les paroles d’Iris : Nombreux sont ceux qui souhaitent faire du tord à cette meute. Leur méfiance est légitime et, d’ailleurs, Père non plus n’aime pas que des inconnus s’approchent trop de leur palais.

Aussi, Nour a reçu une éducation convenable : Celle d’une jeune fille qui se doit d’être courtoise, plus qu’enflammée.
Elle reconnait ses tords, l’expression désolée.

- Je vous présente mes excuses, Sire. Je n’ai pas voulu vous incommoder de ma présence et comprend votre méfiance. Hélas, la vie m’a ôté la vue et, parmi les flots, je serais bien incapable de retrouver l’Atoll où je réside.

Elle lève vers lui ses yeux blancs.
Seriez vous assez commode pour venir en aide à une demoiselle en détresse, Sire ?

- N’y sommes nous pas déjà ? Oh non, je crains de m’être enfoncée davantage dans vos terres que ce que j’avais prévu… J’espère sincèrement ne pas vous attirer d’ennuis.
Pourrais-je abuser de votre bonté et vous prier de me mener jusqu’à mon Atoll ? J’ai dérivé peu de temps, je pense qu’il n’est pas très loin de votre plage.

Sa voix se fait suppliante.
Ses intentions ne sont, de toutes manières, pas mauvaises : Et si l’on lui refuse cela, elle ne manquera pas d’évoquer son lien familial avec l’Alpha.
Qu’il sache qu’elle n’est pas n’importe quelle solitaire.
Cependant, la louve préfère d’abord jouer la carte de la sympathie : Ce garçon n’a pas l’air méchant.