Titi et Mimi (Milo)

De son rôle de croque-mort, Uma était plutôt habituée à s'occuper de l'après.

Du « trop tard », du « il était temps » ou encore du « oups ». Elle ramassait et s'occupait ce que personne ne voulait toucher - à l'exception de ces deux loupiots chelous de la dernière fois, mettant au repos le corps inerte des loups ayant passé de l'autre côté. Les raisons de leurs morts étaient variées et elle en avait vu des choses. Sans pour autant être de glace à la vue de cadavres, elle était néanmoins familière avec ce qui l'attendait et avait une force calme, focussant plutôt sur l'aspect technique.

Son travail la plaisait, en gros.

Sauf qu'aujourd'hui, la louve allait faire quelque chose de bien différent. Soit d'éviter la catastrophe.

Ayant fini sa journée de travail, elle décida d'aller se prendre un nouveau roman à la bibliothèque, désirant lire une histoire d'amour, voulant se plonger dans une aventure pleine d'émotions et de drames. Elle se souvenait qu'à la vue de ses sélections de lectures, Mimë la regardait de travers, trouvant ce genre de choses sans intérêts. Peut-être qu'avait-iel changer d'avis avec le temps, qui sait ?

Son souvenir fut interrompu par le son de cris stridents et son poil se redressa aussitôt, tentant de trouver la direction du bruit. Cela ne venait pas de la bibliothèque, mais ce n'était pas bien proche... Son instinct maternel était à son plus fort, tentant de réagir le plus rapidement possible.

Son cœur manqua un battement alors qu'elle trouva enfin la source des glapissements, soit une petite silhouette dans la mer. Elle se mit à courir, enlevant sa cape et plongeant dans la mer.

« TIENS BON ! », cria-t-elle au petit.

De ses nombreux voyages dans l'eau, elle était assez rapide comparé à un loup normal. Puis, une fois à ses côtés, il n'y avait pas de doute, c'était un petit d'Astrid. Uma était outrée, l'adrénaline habitant la totalité de son corps.

Avant de passer aux questionnements et de comprendre ce qu'il se passait, il était mieux de l'amener en sécurité, ce fut donc ce qu'elle fit, nageant vers la plage.

Ignorant qu'il n'était pas seul.

À peine de retour sur la terre ferme, que le petit se met à gigoter de partout.

Uma a peur pour un moment, peur qu'elle soit arrivée trop tard. Sauf qu'elle réalise assez rapidement que c'est en fait de l'énervement, de l'adrénaline qui habitait la jeune âme. Il lui gueule après, plus alerte que jamais.

Tiamat.

La croque-mort réalise au bout de quelques secondes l'erreur qu'elle avait commise, celle d'oublier quelqu'un derrière eux. Elle offre un regard sévère à l'enfant, l'ordonnant en silence de rester sur la plage, de ne rien faire de stupide. Prévenir que sa soeur était en danger avait été le plus qu'il pouvait faire pour le moment, et Uma fit demi-tour sans attendre, plongeant de nouveau dans la mer. En temps normal, elle aurait été à bout de souffle, mais l'urgence faisait d'elle une louve instoppable, surtout lorsqu'il était question de sauver la vie d'enfants.

« TIAMAT ?! TIAMAT ! », cria t-elle.

Sauf qu'elle n'entendait rien, à part le bruit des vagues contre son torse. Elle plongea, tenta de localiser une silhouette dans l'eau grise. Encore rien, et alors qu'elle perdait espoir, elle senti quelque chose lui frôler les pattes arrières. Elle replonge et attrape la peau du coup de la petite, la ramenant à la surface. La louve fait demi-tour, avant de déposer l'enfant sur le sable. Elle était inerte, une situation bien plus critique que son frère.

La louve se mit à faire des tentatives de réanimation, poussant sur le petit ventre, et soufflant de l'air dans sa gueule.

Elle entendait son pouls dans ses oreilles, sa vision complètement scotchée sur Tiamat. Elle n'arrêterait pas, tant que la petite n'ait pas reprit conscience.

L'entendre tousser la fit pleurer de joie.