Entre deux chapitres | Stendhal

Pashmina essayait de se la jouer cool.

Pandore lui avait dit plusieurs fois qu'elle était trop entreprenante et qu'elle prenait de la place, peut-être était ce un peu trop intimidant pour certains nakhus ? Alors aujourd'hui, elle allait prétendre être une sage et timide créature, ou du moins, elle allait faire de son mieux. La bibliothèque semblait être l'endroit parfait pour faire ce spectacle, surtout que c'était un lieu assez côtoyé, autant que silencieux.

Le concept était étrange en vrai, de se rassembler tous au même endroit et de ne pas converser, mais plutôt lire des mots... et d'avoir ainsi une discussion dans sa tête, en solitaire. La jeune louve frissonna, regrettant déjà son idée. Couchée en face d'une bougie et d'un bouquin prit au hasard, elle attendait donc de croiser un autre visiteur.

Faites que ce soit rapide, car elle n'en pouvait déjà plus.

Pash entendait des bruits de pas, certains qui semblaient s'approcher de sa rangée, pour ensuite s'éloigner.

Cela lui donnait de faux espoirs à chaque fois, mais elle restait positive. Peut-être devrait elle changer d'endroit, se mettre proche de l'entrée par exemple, une place plus logique où elle allait pouvoir croiser des loups... mais peut-être était ce trop évident. Elle allait attendre encore un peu ici, sait on jamais. Au bout d'un moment, ses vœux furent exaucé alors qu'un loup s'en allait vers sa direction. Elle prétend alors de regarder le livre, comme si elle pensait à le lire ou non.

Puis, il la salue, tout en politesse, comme un bon Nakhu. Tous étaient si sages à ses yeux, et l'inconnu ne faisait pas exception.

Ses yeux se promènent entre sa trouvaille et le loup, réfléchissant à la prochaine marche à suivre.

« P't'être bien. Il est intéressant ? »

En vrai, elle s'en fichait du livre, mais si l'avoir voulait dire qu'on lui accordait de l'attention... elle allait pas le donner de sitôt.

« Moi c'est Pashmina, fille de la croque-mort et du capitaine. Toi ? »

Elle se lève, un sourire apparaissant sur son visage.

Fils des Oracles ? Woah.

Pashmina aurait du ajouté le fait qu'elle avait deux maman aussi, pour arriver à sa cheville... mais il était peut-être trop tard, alors tant pis ! Ou peut-être pouvait-elle se rattraper...

Alors qu'elle se battait intérieurement avec ce dilemme, Stendhal ajouta une autre information à son sujet.

Il était sourd.

Et il n'aurait pas pu tomber sur mieux qu'elle, car il y en avait des sourds sa sa famille, sa mère lui avait dit ! Elle se leva, oubliant son livre, et la question qu'il lui avait posé.

« MAIS ÇA TOMBE TROP BIEN ! Ma Mamuma elle -elle parle avec des signes ! Elle nous a apprit à moi et les autres ! »

Elle ria, contente que ses cours servent à quelque chos-

« Ah, oups. »

Elle se raclât la gorge, un peu timide tout d'un coup, levant les pattes en l'air.

~ Je connais la langue des signes aussi ! On peut communiquer comme ça si tu préfères ! ~

Ses signes étaient un peu lent, mais la vigueur ne manquait pas.

Reste à savoir si c'était un moyen de communication qu'il utilisait.

Sauf que le loup ne relève pas, ne semble pas comprendre.

Il ne connaissait pas cette langue, mais ne semblait pas contre l'idée de l'apprendre. Sauf que Pashmina était malheureusement pas la louve pour cela, elle-même en plein apprentissage. Elle ne voulait pas lui nuire en lui montrant des signes erronés, mais en même temps, elle voulait temps parler avec lui.

« Oh. », fit-elle finalement.

Sauf qu'il en fallait plus pour la décourager, la petite. Elle s'approche de lui en un geste, tout sourire, avant de le prendre dans une étreinte, dans le but de le rassurer, lui dire que tout allait bien aller.

« Chhh, ça va aller. », fit-elle en tapotant son dos.

La pirate était trop habitué au contact, et le fait de connaître tout le monde, alors elle n'y voyait aucuns inconvénients à entrer dans la bulle de l'inconnu sans prévenir.

C'était son ami-qui-ne-la-comprenait-pas à elle maintenant.

Pashmina tapote son dos de plus belle alors qu'il lui demandait si c'était elle qui avait besoin d'un câlin.

Au contraire de sa crête qui semblait très raide, son poil était doux, et il portait la forte odeur du clan de sa mère. Ce n'était pas désagréable, au contraire, juste différent. Elle lui indique de sa patte de regarder son visage.

« Ma mère, elle peut t'a-pren-dreuh. », dit-elle lentement et en mimant ce qu'elle disait du mieux qu'elle pouvait.

Parce qu'il comprenait quand même, la preuve étant qu'il savait parler. Elle se demandait si ses grand-parents comprenaient juste en lisant les mots sur les lèvres, ou si c'était seulement par des geste. Elle n'allait jamais le savoir, et cela la désolait.

« U-M-A », dit elle en dessinant les lettres au sol.

Si elle pouvait l'aider à améliorer sa communication avec les autres - et avec elle en même temps, cela serait merveilleux !

Ah ! Évidemment qu'il la connaissait sa mère !

Elle était si célèbre et respectée après tout, oui oui oui. Elle lui donne un grand sourire, ignorant les souvenirs qui l'habitaient en ce moment. Les nakhus passant du temps avec sa mère ne passait généralement pas un bon moment, vu les circonstances. Sauf que Pashmina n'avait pas penser à cela de cette façon, croyant dur comme fer que sa mère était une louve extravertie avec un tas d'amis et de fans.

Le refus de suivre son conseil la prend par surprise, encore plus lorsque le mâle suggère que peut-être cela pourrait être plutôt elle (!) qui pourrait devenir sa tutrice. Cette dernière hoquète, honorée.

Mais... serait-elle à la hauteur ?

« ... J'ai toujours du temps pour les amis ! »

Vu comme cela, il était bien plus marrant d'apprendre ensemble ! Et puis, s'il ne connaissait strictement rien comme il disait... il n'allait pas pouvoir remarquer si elle lui apprenait quelque chose d'erroné. En réalité, il y avait peu de chance que cela se passe si mal que cela, et en urgence, elle pouvait toujours demander à son adelphe ou sa mère pour plus de renseignements complémentaires. D'accord, elle avait le goût d'embarquer dans cette aventure !

Elle regarda le loup à crête avec adoration, heureuse de pouvoir aider son prochain - un nakhu qui plus est !

« Tu veux bien l'être ? Mon ami ? »

Et qui sait, peut-être que leur affection pourrait évoluer. Il serait pas mal comme premier petit copain...

Le sang monta à ses joues, oh là là !

Son expression semble mimer la sienne, et c'est très bon signe.

Puis, après l'avoir remercier, voilà que son sombre museau s'approchait de son visage, posant un petit baisée sur sa joue. Alors qu'il revient à sa place, Pashmina pose une patte sur la joue humide, un peu sous le choc. Qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Avait elle à présent plus qu'un simple ami ?! Elle se raclât la gorge, ne voulant pas laisser cette situation s'éterniser, et encore moins lui démontrer qu'elle n'avait pas trop d'expérience pour ces choses là.

Elle allait devoir demander conseil à sa soeur Pandore, elle savait surement plus qu'elle.

Puis, il lui demanda comment signer ami, et Pashmina retourna à son allure professionnel. Elle s'assit, lui présentant le signe, qui était un peu semblable à une poignée de main que l'on faisait à soi-même.

« Ami. »

Elle répéta le geste encore quelques fois, sachant que bouger les pattes de cette façon était très étrange si on était pas habitué. Sa mère était la plus douée, suivit de Mimë. Pashmina était encore trop brusque et peu claire, mais cela s'améliorait de jour en jour.

« Bonjour ami. », continua t'elle, ajoutant un signe avant.

Peut-être que sa mère avait un livre sur les lettres de l'alphabet, et pleins d'autres livres. Qui sait, peut-être en avait elle même écrit certains depuis son arrivée ici !

Elle arrêta, voulant voir avec plus d'attention comment le nakhu se débrouillait.

Oui oui oui !

Pashmina applaudit, très fière de son élève. Décidément, elle avait peut-être trouvé sa carrière ! Peut-être qu'il était un peu trop brusque dans ses signes pour le moment, mais plus il allait reproduire les mouvements, plus les gestes allaient devenir faciles et fluides. C'était comme toute bonne chose, il fallait de la pratique et de la volonté !

Allez, il pouvait en prendre encore un peu.

La louve lui indiqua en silence de la regarder, et puis elle se mit à signer.

« Ça va ? Oui. Non. », fit-elle, prenant une pause entre chaque mot et signe, pour ne pas qu'il soit perdu. Il allait falloir qu'il plie ses doigts pour former cette question, et cela pouvait être un défi.

Lui laissant le temps d'absorber l'information, elle ajouta un autre mot à son vocabulaire, qui allait certainement lui être utile.

« Je t'aime. », dit-elle en faisant le signe.

Ehehehe, mais ce qu'elle était maligne !

Ainsi, au bout de quelques minutes, ils s'échangeait les quelques signes appris, les répétant encore et encore.

Cela avait bien été la fois où Pashmina avait été le plus silencieuse dans sa vie, car elle aussi elle était concentrée sur la tâche, s'assurant que les mouvements étaient clairs et que Stendhal comprenait bien ce que cela voulait dire. Si sa mère avait été là, elle serait si fière de voir ses deux là en train de communiquer de la sorte.

Elle ajouta encore quelques signes - Merci, Au revoir, mais savait que trop d'informations d'un coup n'allait pas être productif, alors elle arrêta pour aujourd'hui.

Elle avait confiance en son élève, tout en sachant que d'enregistrer tout ces mouvements était laborieux, demandant une partie du cerveau qui s'apparentait parfois plus à la danse qu'au langage. Former des phrases était une chorégraphie, mais Stendhal avait le rythme dans le sang. Elle arrêta tout, voulant avoir son attention et lui faire savoir que la séance était terminée.

« Il y a des... livres. »

Elle signa le mot pour livre - un signe de plus ne pouvait pas faire de mal surtout lorsque celui-ci qui était assez explicite.

« Il faut pratiquer, pratiquer, pratiquer ! », ajouta t-elle en articulant bien.

Sans attendre son approbation, elle cherchait le rayon des langages, certaine d'y trouver quelque chose. S'il faisait ses études sérieusement, il allait apprendre rapidement et sans grande difficultés, la pirate en était persuadée.

Elle trouva deux livres assez basique, mais c'était parfait pour débuter. Elle y fourra son museau quelques instant, y apercevant les mots qu'elle venait de lui partager. Voilà qui allait être bon pour la révision !

Un bon début pour son nouvel ami.