Le coût de la liberté - Liam

Elle avait décidé de fuguer. Enfin pas vraiment fuguer - parce qu'elle avait pas l'intention de partir des leurs terres. Elle avait juste envie que ses mamans se rendent compte qu'elle était plus là et s'inquiètent. Physalis avait eu trop d'attention récemment, et il fallait bien que ses mères se rendent compte que ce serait bien plus terrible de la perdre elle, que sa satanée sœur. Fallait pas qu'elles perdent leur priorité de vue, et Ophrys trouvait que c'était le meilleur moyen pour elles de s'en rendre compte.

Alors elle était descendue vers les falaises, elle avait passé l'endroit où se trouvait le temple de Dairo, puis avait trouvé moyen de descendre la falaise pour aller sur la plage qu'il y avait en bas lorsque la marée descendait. Ici, on ne la trouverait pas ! Elle marchait sur le bord de l'eau. Elle s'ennuyait. C'était pas cool d'avouer ça, alors qu'elle était en pleine fugue glorieuse pour faire réaliser leurs erreurs à ses parents.

Après plusieurs tours sur elle même, elle finit par s'asseoir dans le sable et commença à faire des châteaux de sable. Pendant un instant, elle oubliait qu'elle était trop grande et trop stylée pour ce genre de bêtises, et s'amusait franchement à faire un château le plus grand possible.
Parfois elle était toujours plus enfant que ado.

-Liam-

Il y avait une forme, dans l'Océan.
Quelque chose qui flottait, porté par les vagues. Quelque chose qui se rapprochait avec lenteur des Falaises, du sable encore humide de la marée descendante. Quelque chose qui parfois s'agitait un peu, avant de se laisser de nouveau couler. Les vagues sont calmes, et l'apportent avec lenteur sur le sable, baleine qui s'échoue sans même essayer de regagner la mer.

Liam s'était encore essayé à la plongée, sans succès.
Gueule ouverte cherchant quelques poignées d'oxygène, respiration haletante, rauque et humide, le male au pelage imbibé d'eau salée recouvre enfin sa respiration, yeux larmoyants levés vers un ciel bien trop aérien. Un nouvel échec, encore ! Cette réalisation lui plombe l'estomac alors qu'il ne peux bouger, trop épuisé par la nage, trop exténué de s'être tant fait malmener par l'Océan. Pourtant cette fois-ci, il avait tout fait. Tout ! Il avait entendu parler d'algues qui permettaient de respirer sous l'eau, s'était empli la panse de ces plantes visqueuses avant de plonger. Mais, las ! L'Océan le refusait encore.

Alors, il ferme les yeux.
Et silencieusement, se met à pleurer.

Il y avait un corps mort dans l'océan.

Alors qu'elle finissait son château de sable - s'imaginant joyeusement qu'elle était un petit loup de sable, et que les loups et bout de brindille et d'algues qu'elle avait construit devant le château étaient ses sujets - elle leva la tête et vit le truc qui flottait dans l'eau. Trop. Bien.

Elle s'était dit qu'un corps mort ça ferait une super blague à quelqu'un : le genre de blague qu'on oubliait pas de sitôt. Même si la tentation de faire une dissection était tout aussi grande. Elle se leva, et descendit jusqu'au bord de l'eau, puis pataugea jusqu'au corps flottant. Il avait l'air frais en plus, c'était parf- AHHH !

Elle bondit en arrière. Ayant essayé de l’attraper par la peau du cou pour le traîner jusqu'à sur le sable, elle venait de réaliser qu'il n'était pas mort du tout ! Pire que ça, c'était un gars ! Elle le regarda avec dégoût. Grande sur pattes, elle n'avait pas besoin de nager ici - elle avait toujours les pattes sur le sable au fond de l'eau. Elle pencha la tête sur le côté, ses sourcils froncés.

"Tu veux de l'aide pour te noyer ?"
Il faisait pas un super taf. Elle n'aurais - pour une fois- pas de soucis à faire quelque chose de généreux pour un gars.

-Liam-

Quelqu'un approchait. Si Liam n'avait pas été si profondément enfoui dans sa tristesse, noyé par ses pensées, il l'aurait probablement entendu ou senti dans les remous de l'eau. Mes ses longs sanglots couvrent le clapotis des pas, ses oreilles à moitié immergée ne peuvent rien capter et sa truffe engourdie par le sel ne sent pas l'odeur qui s'approche, ni même celle de la frontière à ne pas dépasser. Alors, la voix qui retentit le surprend, sans pour autant le faire bouger.

Un silence passe.
Se noyer. Ha ! Si seulement elle savait.

Doucement, ses pattes s'agitent pour tourner le corps à moitié flottant de Liam vers l'inconnue. Il n'avait pas la force de se relever, ni physique, ni mentale. N'avait que cette tristesse, cet accablement violent qui l'étourdissait, et juuuste assez de force pour battre doucement des pattes et se mettre face à elle. Il essaye de parler -


Mais l'eau lui rentre dans la gueule avec une douceur insupportable, pénétrant de nouveau ses poumons et le faisant tousser. Le solitaire s'agite, sursaut de vit face à l'eau qui manquait de l'étouffer encore avant de rouler sur le dos, dégageant son museau pour tousser, encore, et inspirer l'air pur en regardant le ciel. Finalement, il inspire avant de souffler.


Se noyer pour renaitre en poisson.

Il y mettait du sien, c'était impressionnant. Elle n'avait jamais vu un mâle aussi réaliste sur ses perspectives de carrière. Non seulement il tentait la noyade, mais l'étouffement aussi. Elle le regarda avec une note d'empathie. Moui, ça devait donner envie de mourir d'être un mâle. Elle hocha la tête, comprenant la situation. Il était triste d'être un garçon, alors il voulait mettre fin à sa vie. Elle pourrait l'aider : tout faire pour diminuer la population inutile du monde était son rêve.

"Je peux t'aider. Je te croque le cou ?" demanda-elle, sa tête penchée sur le côté.

Elle n'y verrait aucun mal. Après tout, c'était un être inférieur. Elle s'approcha et ouvrit grand sa gueule pleine de crocs blancs pur illustrer son propos.

-Liam-

Les yeux de feux sont rivés vers le ciel, qui épand ses largesse de douceur de quelques nuages volatiles. Qui était-il devenu, pour se laisser abattre si facilement ? Qui était-il, en fait ? Ha, quel malheur que de n'être ni poisson ni serpent, mais simplement loup, trop simplement loup. Les mots de la louve ne le détourne pas du ciel, d'où il tire à la fois une profonde paix et un déséspoir immense. Il aurait aimé, être comme les nuages, se laisser porter par un vent doux et hivernal jusqu'à une destination inconnue, mais sécure. Mais lui était arbre dardant ses feuillages face au vent, lui était lutte, flammèche embrasée sans savoir quoi consumer.

Il soupire, immensément.


Les billes de feux se referment et avec lenteur, les pattes s'agitent avec difficulté pour le retourner de nouveau. La face trempée de l'enfant-lion se retrouve de nouveau submergée, ballotée par les flots calmes, incapable pourtant de taire ses pensées malgré le risque de noyage. Il tourne, un peu, se fait rejeter encore par une vague avant de rouler à la manière d'une baleine sur le sable, un peu plus loin. Là, la réalisation le frappe : Le sol, mouvant et pourtant solide, était sous ses pattes. Le ciel n'avait changé, mais son regard se fait plus déterminé.


C'était une bien trop belle journée pour abandonner. Alors, sa décision prise se répercute comme une onde énergique dans son corps, et il se redresse dìun bond. La flamme était revenue, impossible à éteindre pas même par la mer. Et le revoilà ! Oui ! Prêt à se noyer de nouveau. Mais, peut-être demain. Il regarde autour de lui, ne reconnaissant pas où la mer l'avait amené. Et alors, seulement, l'ironie le frappe : Trop occupé à chercher une direction, il s'était laissé dériver. Il avait été nuage luttant pour aller contre le courant, souffrant à chaque étape. Peut-être, peut-être qu'il devrait apprendre à simplement marcher, plutot que de rester résolument immobile.

...
Non. Pas encore !


Ses yeux se lèvent vers elle, l'inconnue au coeur pur (il en était certain) et continuent, encore, encore, vers le haut. Elle était bien grande !

Elle est déçue, ne nous mentons pas, que l'inconnu suicidaire change d'avis. Elle le suivit alors qu'il se laissait échouer sur la plage en le toisant avec un mélange de dégoût et de curiosité. Qu'est ce qu'il faisait là, par terre ? Décidément, elle ne pouvait pas comprendre les mâles, leur logique lui échappait. Il resta immobile, mais Ophrys avait bien l'impression qu'il retrouvait de l'énergie.... mais de toute évidence pas assez d'énergie pour faire quelque chose. C'était incroyable. Il faisait penser à une chenille qui rampe le long d'une branche : lent, un peu gros, sans doute avait il trop consommé de feuilles douteuses.

Elle le renifla sans faire de manières. Il sentait beaucoup le sel, l'eau de mer et les algues. C'était peut être parce qu'il flottait dedans depuis des heures, mais elle ne décelait pas sur lui la moindre odeur de son clan.

"Ici nous sommes à la frontière des Etelkrus, on appelle cet endroit les Falaises Littorales." expliqua-elle, avec un visage fermé, qui disait qu'elle préférait expliquer des choses à une chenille plutôt qu'à lui. Elle le détailla, essayant de comprendre où il dépensait son énergie vitale. Il était pas tout maigre : de toute évidence il avait des muscles, mais pas d'intention de les utiliser. Est ce que le problème venait de son cerveau alors ? Elle essaya de capter son regard puis pencha une oreille en arrière. Ils étaient bizarres, ses yeux. Peut être que sa tête n'avait pas les torches allumées dans tous les couloirs alors.

Vraiment elle ne comprennait pas. Et moins elle comprenait, plus elle se fâchait.

"Pourquoi t'es aussi mou ?" s'agaça-elle en lui donnant un coup de patte pour le rouler avant de lui attraper la peau du cou et tenter de le balancer dans l'eau.

-Liam-

La frontière etelkrus.

La frontière etelkrus.

LA FRONTIERE ETELKRUS !

L’énergie à peine revenue du male se tend d’un coup. Il avait erré trop longtemps ! Il s’était perdu bien trop loin ! Il avait fauté, allait attirer les foudres des Dieux continentaux sur la pauvre caboche de sa famille ! Catastrophe, en voulant s’emporter il allait emporter tous ses frères, non …!
Sa chère et tendre Tiamat … !
IL NE LES LAISSERAIT PAS FAIRE !

Elle l’aggripe par le cou, le lance et lui roule avant de bondir sur ses quatre pattes. Epuisé ! Il l’était. Enflammée ! était son ame. Pour sa soeur ! Il se battrait. Il se campe dans le sable, regard suppliant, laissant l’Océan allié lui lécher les pattes fatiguées. Et puis, et puis, oui ! Il devrait plaider sa cause.


Envolée sa tristesse, car il fallait se battre ! Hauts les coeur, étendards de leur volonté ! Le voilà qui frappe son torse, puis abaisse sa tête mouillée.
Il goutterait sur le sable, tant pis.

Elle le regarda essayer de se lever, de rassembler son courage pour une dernière bataille. Hah ! C'était déjà un peu moins méprisable. Elle sortit de sa pose de guerrière pour se redresser et se secouer un peu.

"Pff ! Toi, un Héros ?" s'exclama-elle avec un sourire plein de crocs avant de rire, moqueuse. Le machin tout mou, là. Quelle blague. Non, il n'y avait pas de Héros dans ce monde, seules des Héroïnes. Et si bien même les mâles avaient du pouvoir en eux, celui-ci en était certainement le pire exemple. Elle le voyait même pas digne d'être serviteur.

"Non je crois pas. Dis moi plutôt pourquoi tu es utile ? Qu'est ce que tu sais qui m'empêchera de demander à la prochaine patrouille de te transformer en descente de lit ?" proposa elle en s'approchant du loup suicidaire. Elle le toisait de haut, son regard rouge-rose doublé de ses cornes noires ne faisant allure qu'à très peu de gentillesse. Même envers les chenilles.

-Liam-

Elle l’attaque de ses mots, rétorque dans son role, cherche à éteindre sa flamme mais ne fait que la renforcer. Oui ! Il avait manqué de se noyer dans la tristesse et dans l’océan. Oui ! Il était incapable de respirer sous l’eau. Oui ! Il avait failli abandonner et à sa tache, celle de garder sa famille sécure. Mais allait-il se laisser abattre ?
Il était phoenix ! Il se voulait phoenix, simplement oisillon campé pour faire face, cou à moitié déboité par cette si grande louve. Il ne se laisserait pas impressionner ! (un peu quand même)


Il reprend son souffle, semble vouloir ajouter quelque chose mais se ravise. Les etelkrus avaient-ils utilité à ces compétences que l’adolescent avait à peine développées ? Peu importe ! Il frappe son coeur, avide.

Elle le regarde avec ennui. Elle qui croyait qu'il pouvait lui être utile ... tss, voilà un autre loup qui ne servait à rien ... quand soudain un de ses oreilles tiqua. Rituels ? De quoi parlait-il, alors ? Elle le toisa un instant avec un peu plus d'intérêt et elle approcha sa tête de la sienne.

"Rituels ?" demanda-elle en faisant un pas vers lui, et en plissant ses paupières.

Son attention était captée. Est ce qu'il avait des clefs, dans ce combat de sa vie contre les mâles inutiles ? Contre ceux qui la dérangeaient, qui allaient à l'encontre de ce qu'elle voulait accomplir ? Ce serait paradoxal, qu'un mâle suicidaire lui donne ce gens de connaissances, alors que c'était contre les mâles qu'elle désirerait utiliser ses capacités. Mais il semblait assez bête pour ne pas comprendre ses desseins. Oui, il pourrait être convaincu de lui livrer ses secrets.

-Liam-

En avait-il trop dit ? Ses yeux papillonnent, se fixent sur le cel, les nuages, la mer et enfin sur l’etelkru d’en face. Sa mère lui avait montré quelque uns de ses rituels, mais il n’était pas sorcier, lui, non ! Trop distrait, trop attentif, trop bavard, pas assez mystérieux ! Il passe une patte sur son front, s’agite, se tend.


Oui, oui, il était fils de sorcière, cela coulait dans son sang. Mais les compétences pouvaient-elles vraiment s’hériter ? Sans ses parents pour répondre à ses questions, il bafouille et s’embourbe, suppose et théorise sans jamais prouver. Que diable ! Il ne serait pas enfant toute sa vie. Il était temps qu’il essaye par lui-même !
Confiance ragaillardie, le voilà qui s’enflamme d’un concentré de lave.