Go outside - Liam.

C'est une journée de plus qui pour lui ne débute pas à l'aube, mais un peu quand il en a envie, et une journée de plus pour laquelle il tourne ses pensées non pas vers une tâche à accomplir au clan, mais vers les terres qu'il a toujours envie d'explorer.
Il y a tout un monde, autour de chez eux ! Depuis sa première sortie, il a pris goût à l'idée d'en découvrir davantage. Il n'y a qu'une frontière à franchir, et un monde tout entier qui s'offre à lui.
Un monde dans lequel il a moins à penser à ce qu'il est censé faire et où il peut simplement se laisser aller à ses pensées décousues, un monde peuplé d'autres loups que des Etelkrus obsédés par leur réussite et dont il a envie de connaître les visages. Si l'inconnu a pu lui faire peur au début, maintenant, c'est plutôt l'inverse : la routine qui le mène lentement mais sûrement vers l'âge adulte au sein de la meute et toutes ses responsabilités le font flipper, quand l'éclat exotique de tout ce qu'il ne connaît pas l'attire comme le plus brillant des bijoux.
Puis son corps commence à changer, il r'ssemble moins à un enfant - enfin ! - et il a bien poussé, même s'il sera jamais bien grand, 'semblerait. Toujours est-il qu'il fait toujours en sorte de pouvoir se libérer un maximum de temps tout en laissant personne s'inquiéter : ya toujours quelqu'un d'sa famille qui est au courant, quand il s'éloigne un peu.
Il a dit qu'il irait aujourd'hui à la plage.

Il avoue qu'leur première excursion en famille l'a marqué, et qu'il espère peut-être revoir l'un de ces autres jeunes qu'il sait au moins être des premières connaissances positives. Il peut au moins compter sur leurs parents, pour commencer, en cad d'pépin - et ça a quelque chose de rassurant.
Mais pour retourner à l'océan, il ne désire pas prendre le même chemin chaque fois : alors cette fois, c'est depuis l'opposé des terres Etelkrus qu'il part et s'engage vers la liberté.
Sa foulée est allègre, son regard défiant et enflammé quand il se pose partout sur l'environnement : il se sent en pleine forme, donne des coups de patte dans le sable qui s'envole, s'élance dans l'écume et claque des crocs dans les vagues.

C'est cool, quand même, d'être libre.

Son aventure au milieu des vagues dure encore de longues minutes, durant lesquelles l'adolescent prend la houle à défi et se jette dans les rouleaux - parfois vainqueur ; souvent remballé par la force de la vague qui l'envoie manger le fond.
C'est pantelant mais toujours aussi heureux qu'il finit par s'extraire de l'eau pour prendre une petite pause, trempé - et il réalise bien vite qu'en ne s'agitant plus, ben... Il fait un peu froid, quand même. Mylo s'ébroue et reprend un trot rapide pour se réchauffer de nouveau - la honte s'il rentre avec un rhume - et il s'éloigne un peu de l'eau, rentrant davantage les terres quand une voix le surprend et le fait bondir, ses yeux cherchant partout autour de lui.
C'est finalement sur le sol qu'il arrête son regard, sourcils haussés en y découvrant un loup dont le regard brûlant est posé sur lui.

Ah, ouais, il le connaît celui là. Liam. C'est celui qui parlait beaucoup et lui avait laissé une impression mitigée, avec tous ces mots alambiqués dont il savait pas trop quoi foutre. Mais il s'approche de celui rencontré des mois auparavant et qui est maintenant bien adulte quand lui reste jeune adolescent, prêt à retenter l'expérience dans ce contexte qui les laisse à deux plutôt qu'au milieu de tout un groupe où fusent les interactions. Il s'avoue curieux, et n'est-ce pas de toute manière aussi pour croiser une autre âme que ceux de son clan qu'il s'est une fois de plus aventuré hors de leurs frontières ?
La tête presque retournée pour essayer de voir à l'endroit celui qui est par-terre, il s'arrête à quelques pas, sans trop savoir encore quelle attitude adopter - c'est néanmoins avec assurance et nonchalance qu'il répond.

—  Ouais, c'bien moi. Qu'est-ce tu fous par terre ?

Ses babines s'ouvrent sur un sourire un peu railleur.

Un pas en arrière pour lui laisser l'espace nécessaire à ce qu'il se redresse, Mylo garde ses oreilles braquées sur le loup au pelage brun sombre, quelque peu impatient d'avoir une réponse à sa bonne question.
Et... Il se retrouve à pencher la tête de nouveau quand commence l'explication et que s'enchaînent les mots, ouvrant des yeux un peu plus ronds et étonnés à certains passages - fugué ? Comment ça, fugué ? Et c'est quoi c't'histoire de patte amoureuse du ciel puis d'une racine - avant de finalement commencer à froncer museau comme sourcils, son regard s'assombrissant légèrement. Et voilà, il recommence à sortir des trucs chelous au lieu d'parler juste normalement. C'est une mode pour lui ou bien ? Il essaye encore de décider si le mâle en face de lui essaye de se foutre de lui ou si c'est juste lui qu'est trop con pour comprendre, jusqu'à ce que d'un pas théâtral Liam referme la distance entre eux et lui demande, avec un sourire béat, pourquoi il est... Debout.

Mylo a un mouvement de recul, l'une de ses babines se tord pour révéler une canine circonspecte.

—  Euh... T'essayes de t'payer ma tronche ou quoi en fait ?

Son corps s'est tendu vers l'arrière et l'une de ses pattes avant s'est levée comme s'il s'apprêtait à partir tandis que ses yeux grenat brillent d'un éclat un peu plus défiant que curieux, maintenant ; même si c'est encore la confusion qui règne en premier lieu dans son esprit.

Mylo sent que d'lui-même, son cœur s'est mis à battre un peu plus fort - et il reconnaît que trop bien ce sentiment, celui qu'il aime pas trop mais qu'il sait pas maîtriser. Pas d'quoi faire danser des éclairs autour de lui non plus, rien d'encore assez fort pour déclencher l'ire de cette lumière inoffensive, mais juste assez pour faire pulser plus vite son sang et tendre ses muscles et figer son corps dans une tension désagréable. Parce qu'il s'attend d'jà au pire, un peu, en voyant le Liam porter sa patte à son torse et chercher ses mots. Il s'attend à c'qu'on s'joue d'lui, à ce qu'il reprenne son charabia et lui prouve qu'il le prend pour un abruti, à ce qu'il...
Il s'assoit. Et secoue la tête.
... Et parle normalement.
Mâchoires serrées et joues gonflées, Mylo ne dit rien en le fixant toujours d'yeux méfiants, s'attendant à tout moment à ce que vienne le revirement qui donnerait raison à ses émotions blessées.

Mais la phrase qui vient après, une phrase qu'il comprend et qui lui donne pas l'impression d'être le plus idiot des cons, agit finalement comme une vague venue éteindre les braises aussi rapidement qu'elles s'étaient allumées.
L'ombre disparaît de ses yeux grenat, qui se font de nouveau plus fougueux alors que son corps se délie et s'avance un peu, le cou tendu vers l'autre loup et sourire railleur aux lèvres.

—  Ha, c'est con ça. Ravi qu't'aies réussi à t'rel'ver.

Du bout d'une patte, Mylo se gratte derrière les oreilles et ébouriffe un peu plus ses mèches bordeaux déjà désordonnées par le sel de la mer et les embruns.

—  Moi euh... 'Chais pas, j'me balade.

Y'a pas vraiment d'autres raisons à c'qu'il soit ici et euh... Debout.

—  Pourquoi t'es parti d'chez tes vieux ? Ils t'font chier ?

Jouant du bout des griffes avec un coquillage qu'il vient de découvrir à moitié enseveli dans ce sol où se mélangent terre, sable et herbes sèches, il garde sur Liam un œil maintenant curieux quand son sourire se mue sur une forme... De compréhension.

Ha ?
Mylo arque un sourcil, un peu décontenancé par l'aveu que lui livre le mâle sombre. Si sa montée en tension venait déjà de redescendre, voilà qu'elle s'éloigne plus encore en l'espace de ces quelques secondes où se dresse une évidence pourtant insoupçonnée jusqu'alors. Ils ont p'têtre davantage en commun que c'qu'il avait cru de prime abord. C'est pas non plus tout c'que dit Liam qui résonne chez lui, mais certains mots, certaines impressions font mouche et changent une fois de plus son expression faciale. Ses oreilles se sont braquées de l'avant et il a cessé un instant de tripoter le coquillage, regard qui se fige sur son interlocuteur, dans l'attente de plus.
Ça fait mal, conclut l'autre adolescent.
Encore une fois un peu surpris par tout ce qui se dévoile en l'espace de quelques secondes, Mylo a une grimace qu'on pourrait qualifier de compassionnelle.

— Eeehh, euuh... Ouais. 'Fin... J'vois bien, ouais.

Il passe encore une fois une patte derrière une oreille, à la base de ses cheveux, qu'il ramène ensuite à son museau pour venir en entortiller les moustaches pensivement.
Lui n'est pas encore très fort, pour exprimer ce qui trouble ses pensées. Au contraire de l'autre qui a l'air d'en connaître beaucoup, des mots. Il le sent d'ailleurs bouillonner, cet élan lyrique qui l'avait d'abord rebuté : mais maintenant qu'il semble d'un seul coup (un peu brutal) avoir accédé à une meilleure vision de cet autre, ça l'gêne plus. Qu'on soit bien clairs, même : Mylo n'a rien contre ce qu'il perçoit d'excentrique dans cette personnalité du brun, bien au contraire. Tant qu'il ne s'agit pas d'un outil contre lui.
Il croit bien avoir compris qu'c'est pas l'cas, maintenant.

Et ses mots n'arrêtent pas de tourner dans sa tête alors que ses yeux se sont perdus dans le vague, et que du bout des doigts il recommence à malmener le coquillage dans ce besoin constant de s'occuper les pattes.