Sociabiliser un peu | ft. Mylo

De retour au Castel.
Ils passent toujours le plus clair de leur temps à la Moere, mais ils grandissent - Un peu. Pas assez ! Trop ? - et se retrouvent plus souvent à la grande forteresse de pierre.
Il sait pas trop, Mylo, s'il veut grandir plus vite pour pouvoir faire plus de choses et qu'on lui fasse davantage confiance pour prendre son envol, ou bien si ça lui fait un peu peur. Une partie de lui a espoir d'enfin développer des aptitudes, de pouvoir se démarquer et faire des choses cool, lui aussi !
L'autre partie... L'autre partie, elle sait que quand on devient adulte, ça veut dire plein de choses qu'il trouve pas marrantes et pas faciles. On a plus le droit d'être autant insouciant, il pourra plus passer des journées entières allongé près d'un étang, oisif, à capter les tâches de soleil qui traversent les feuilles et à regarder les libellules passer et le ballet des petites créatures. Il sait que plus il grandit, plus il se rapproche des exigences qu'ont les Grands. Se trouver un rang, une utilité, un mentor.
Et lui... Lui, il sait pas du tout c'qu'il veut faire, pour l'instant, quand d'autres sont si sûrs de leur avenir grandiose.

C'est dans ses pensées un peu moroses qu'il mijote, la tête posée sur les pattes avant et allongé contre un mur. Il a pas trop d'énergie. Le louveteau pousse même un gros soupir après avoir gonflé sa cage thoracique au maximum de sa capacité - avant de sentir une présence silencieuse se rapprocher soudain de lui.
Les poils de son dos se hérissent un peu par réflexe et il dresse une oreille, plus alerte. C'est une autre jeune-mais-moins-jeune, très grande, comme l'autre dans la salle des Trônes, qui s'est plantée à côté de lui et le regarde sans lui décocher un mot. Elle profite d'être beaucoup plus haute que lui et ça se voit.
Mylo sent quelque chose le titiller et monter en lui, une chaleur qui tend son corps et fronce son museau sur une moue de défi. Elle lui veut quoi, celle-là ? Si elle est de la même engeance que l'autre grande à cornes, ça promet.
Mais il s'laissera pas faire.
Il pousse sur les muscles de ses pattes pour se redresser et lui faire face sans baisser les yeux, prêt à engager ce combat de regard aussi longtemps qu'il le faut, mais finalement, elle parle. Et elle a même pas l'air si agressive et dédaigneuse. Ah.
Il n'empêche qu'il est encore sur la défensive et tout hérissé, Mylo, et qu'il sait pas trop si derrière cette question ne se trouve pas peut-être une critique à peine voilée.

—   Bah chui né comme ça, c'est tout. Mon père a les mêmes. Toi j'imagine tes cornes t'les as pas trouvées par-terre non plus ?

Sourcils légèrement froncés et torse bombé, il ne se défile pas.

Il maintient sa respiration bloquée et son regard verrouillé dans celui de la plus grande tout le temps qu'il faut pour entendre sa réponse. Mylo s'attend à moitié à une escalade de conflit, persuadé qu'elle vient lui chercher des noises, et il est prêt à aller aussi loin qu'il faudra : mais quand elle reprend la parole c'est pas si pire. Ouais bah y sait pas si ça pousse les cornes il en a pas lui. Mylo décide de garder les mâchoires serrées et d'ignorer cette phrase, parce qu'il sent qu'elle a pas fini de parler, et peu de temps après elle se présente.
Puisqu'elle même a relâché un poil de tension et qu'elle livre son prénom il s'apprête lui aussi à se détendre, jusqu'à ce qu'à... Fille de Pomelo et blablabla et disciple de machin et blablabla.
De nouveau agacé, le louveteau ne se cache pas en roulant des yeux et en tirant une langue entre ses crocs.
C'est fou ça, pourquoi les gens tiennent tant à parler d'leurs parents comme si ça voulait dire qu'ils sont forcément pareils ? Ils doivent juste au hasard d'être né ici et pas ailleurs, c'est tout. Ça les rend pas plus spéciaux d'avoir des parents connus qui ont fait tel truc dans leur vie.

Mylo trouve même ça plus embêtant qu'autre chose, de subir cette pression qu'il a pas demandé mais que d'autres lui imposent du simple fait d'être l'enfant de loups importants - et c'est même pas ses parents qui l'a lui infligent, cette pression, d'ailleurs.
C'est des loups comme elle, qui ont besoin d'emprunter le nom des autres pour parler d'eux même.
Et pour finir sa tirade, voilà que la Physalis mentionne maintenant sa fratrie et euh...
Il se fige un peu, le visage toujours verrouillé sur des yeux qui luisent de défiance et une moue malaimable.

... Elle a insulté son frère et sa sœur là où quoi ? Enfin pas vraiment, mais si lui est mieux elle sous entend qu'ils sont nuls. Et si Mylo est peut-être prêt à lui concéder généreusement qu'il est en effet meilleur que 'Zil, il aime moins qu'elle critique gratuitement ses sœurs qu'elle doit même pas connaître.
Mylo sait pas trop comment réagir et reste bloqué quelques secondes encore, avant de froncer les sourcils et de décider de prendre les choses dans l'ordre.

—   J'les connais pas tes parents, m'en fiche que tu sois leur fille et pas celle de euuh- Ottar.

Il a sorti un nom au pif parmi ceux dont il se souvient quand sa mère lui présente des loups qu'ils croisent de près ou de loin, lors des venues au Castel, et avec sa grande taille et ses cornes il fait partie de ceux qui sont particulièrement faciles à retenir.
... Avec sa grande taille et ses cornes il fait d'ailleurs probablement partie d'la même famille que l'adolescente en face de lui, en fait, p'têt bien même que MamAnita le lui aura expliqué mais il peut pas tout retenir non plus.
'fin bref, passons, ça change rien au point qu'il essaie de prouver.

Il fait un pas en avant, loin de se démonter, même on ne peut plus motivé à ne rien céder face à l'attitude toute aussi provocante de Physalis.

—   Moi j'suis Mylo. Juste Mylo. Et même si j'suis p'têt bien l'plus cool des quatre, mes sœurs et mon frère sont plus intéressants qu'tous ceux qu'j'ai croisé ici jusque là donc t'avises pas d'les insulter, Physalis.

Droit sur ses quatre pattes et sa queue dressée battant de lents mouvements, Mylo garde ses yeux plissés dardés dans ceux de la grande enfant, un rictus à peine dessiné au creux des lèvres.
Il la met presque au défi de le contredire.

Lui aussi reste bien concentré sur ses réactions à elle, prêt à s'adapter à la situation et peu désireux de s'retrouver à la traîne dans cette interaction où tous deux se jaugent et se découvrent. Les yeux de la fille ne le lâchent pas, ni le sourire un peu amusé accroché à ses lèvres : et s'il fait d'son mieux pour pas le laisser voir, il aime pas son p'tit manège qui essaye de le percer à jour et de le pousser dans ses retranchements. Si elle croit l'connaitre au bout d'cinq minutes, alors là ! Elle s'met une de ses grosses pattes dans l'œil.
En tout cas Mylo reste campé sur ses quatre pattes, et chaque mouvement de recul de l'autre adolescente lui donne l'occasion d'occuper un peu plus d'espace pour bien lui signifier qu'il est pas son jouet et qu'elle l'impressionne pas.
Lui qui pense ça ?! Il sent une nouvelle petite montée d'énervement en lui qui lui fait serrer les articulations du poing, et il craint un instant que des étincelles rouges viennent crépiter autour de lui - mais non, aucune lumière ne se déclenche et le coup de sang s'en va aussi vite qu'il est venu. Il la laissera pas mener les choses si facilement ! C'est comme avec 'Zil ; elle fait exprès de le piquer pour l' faire réagir. Suffit de prendre la main.

Alors il se contente d'être désinvolte et de claquer la langue d'un tch qui balaie sa remarque. Ses oreilles restent droites pour écouter la suite et se préparer à contrecarrer sa prochaine attaque et euh-
Devenir amis ?! Mylo manque un peu de s'étrangler, décontenancé, mais se reprend bien vite pour laisser son rictus s'agrandir et dévoiler tous ses crocs étincelants.
Ah ouais il s'y attendait pas à celle là. À moins qu'ce soit encore une stratégie de sa part pour l'amadouer et qu'ça s'retourne contre lui ?!
Il ne perd pas tout à fait ni sa méfiance, ni la lueur de défi dans ses iris grenat.

—   Ah ouais ? Amis, hein ? Et pourquoi t'voudrais traîner avec moi ?

Ses yeux se plissent sur des fentes, prêts à analyser la moindre de ses réactions. Il compte bien être très attentif à son argumentaire - juste dire qu'il y a pas beaucoup d'autres jeunes c'est pas un super argument à lui tout seul, selon lui. Puis surtout, ça le place comme un genre de défaut ; comme si elle avait pas trop l'embarras du choix et s'contentait de c'qu'elle trouve.
L'autre pimbêche à cornes - qu'il soupçonne très fortement d'être sa sœur - n'avait pas mis longtemps à révéler ses vraies couleurs, par ailleurs.
Alors pour l'instant, rien lui prouve qu'elle essaye pas ELLE AUSSI de s'payer sa tête.
Alors elle a intérêt à s'montrer CONVAINCANTE.

Gardant un sourcil arqué et une moue pas impressionnée, Mylo ne détache pas ses yeux d'la plus grande et reste toujours aussi confiant dans sa position. C'est à peine s'il cille et respire dans cette confrontation qui n'en est pourtant pas vraiment une - mais bon, hein, on sait jamais avec les timbrés du Castel.
Surtout ceux (celles) qui ont des cornes et font trois mètres de haut.
Voilà qu'elle commence son argumentaire, et la mention de sa sœur (qu'elle gratifie d'un qualificatif qu'elle ne mérite pas en parlant de conversations intelligentes) envoie ses yeux rouler presque derrière son crâne en poussant un soupir (un râle, finalement) exagéré. La courbe de ses lèvres prend la direction inverse à celle d'un sourire et ses babines, ainsi tordues, dévoilent les crocs de tout un côté de sa mâchoire.
Il ne réagit que mollement au mouvement de jeu et au contact initiés par la grande adolescente, pour le moment juste blasé.

—  Ouais ouais c'bon j'la connais ta soeur, l'est pas juste nulle et ennuyeuse c't'une connasse hein.

M'enfin elle doit déjà l'savoir. Et il a pas peur d'lui dire en face à elle, non plus : c'est juste la vérité, on verra bien si elle veut toujours traîner avec lui si elle sait pas encaisser une vérité. Puis autant que ce soit clair entre eux aussi si jamais ils s'retrouvent vraiment à dev'nir potes. En tout cas, Mylo ne frémit pas un seul instant à l'idée du possible conflit imminent - une arrogante lueur de défi est même revenue enflammer le rouge sombre de ses prunelles.
Il vient d'insulter sa sœur, certes. Mais lui avait de bons motifs.

—  'fin bref, t'es vachement mieux qu'elle, Physalis fille de blablabla. Et t'as raison, j'suis un très bon choix d'compagnie. Sans doute l'meilleur, même.

Ses crocs se découvrent une fois de plus quand son rictus repart dans l'autre sens, mi-provocant mi-charmeur, dans l'assurance qu'il déploie en venant la bousculer à son tour d'un coup d'épaule.

—  T'veux aller faire chier un vieux ?

Histoire de voir si elle a pas que d'la gueule et rien dans l'ventre, elle aussi.