✡ ✴ Le créneau de Basilic

« A'ha... »

C'est vrai, qu'il aime se battre. Se battre décharge ses émotions. C'est aussi un langage universel, qui ne nécessite pas de trop parler. Tout le monde comprend, quand on veut attaquer. Esquiver est aussi une réponse simple.
Ouais.
Il aime bien ça.
Ca le canalise, il est un peu moins énervé depuis qu'il s'entraine.
Ca trotte dans un coin de sa tête, il se permettra d'y penser un peu plus après l'exploration.

D'ailleurs !

Papa Dez a trouver quelque chose d'intéressant, qui le fait s'approcher.

« OH ! 'e vais 'a pren're. »

Pour coller des plumes ou bien des feuilles, il sait pas encore trop...
Il crut d'ailleurs en trouver plus encore, dégueulant d'un trou sur un arbre, mais-

« Celle-ci est acide. Elle n'est pas utile.»

Le conseil donné, le fils se détacha de l'arbre et se contenta d'amasser sur des feuilles, ladite salive collante. De quoi pouvoir en faire quelque chose...
Ceci fait, ils purent reprendre.

Désastre guettait une bête utile pour le cuir. C'est une fois en cette possession que le fils consentirait à rentrer, il croit.

« Mfh.
- AH, Papa, sssa va ? »

Son père a glissé, ce n'est pas trop bon à son âge. P't'être qu'il commence à être trop fatigué... Son coeur se pince un peu, devant cette réalisation.
Il voulait tellement tuer une bête avec lui, qui servirait à l'élaboration de son armure !
Mais...
Mais peut-être que ça ne serait pas une bonne idée.

« Oui. »

Son Papa a encore l'air d'aller bien. Il sait mieux que lui, s'il va bien.
Alors, non sans un dernier regard, Basilic reprit son exploration.

Plus que le sol glissant, des orangs-outans leur lancèrent une première pierre, avant d'enchainer avec d'autre.
L'attitude l'agace.
Il aboie à leur encontre, déployant les ailes écarlates de Quetzalcóatl pour les intimider.

« Pour'oi 'y ffont sssa ?
- Nous sommes sur leur territoire. Je crois. »

Cela ne l'empêchera pas de les attaquer pour les dévorer, s'ils recommencent à leur lancer des cailloux.

« Mgh... »

Il se détourne donc des singes roux, et suit son père pour revenir sur leurs pas. Enfin, il lui semble : ils sont déjà passé devant cet arbre, celui avec la sève acide.
Ca lui fait avoir une petite contraction des babines.

L'impatience monte doucement et il grogne.

« Ou esss'sont 'è e'mis pour 'e 'uir... »

Cela ne vaut qu'un haussement d'épaules à son père.
Mais lui veut trouver vite-
Son créneau va bientôt être fini, et il n'aura finalement rien pour faire son armure.

Il sent son fils arriver au terme de sa patience. Bientôt, il se frustrera, s'agacera et s'énervera : il risquerait, alors, de partir sans forcément prévenir.
Pour l'aider, Désastre fouilla un peu plus les environs...
Jusqu'à voir ce croc, résidu d'une bête de l'ancien temps venu un jour jusqu'ici.

« Basilic, regarde. Un croc, pour faire une autre partie d'armure, ou améliorer celle que tu veux faire.
- OH ! 'rop bien ! »

La lumière est revenue dans ses yeux.
Basilic passait souvent d'un état à un autre, le rendant parfois déstabilisant.

Oh oups !
C'est au tour de Papa Dez, de s'embourber, cette fois.
Mais bon.
Il s'en sort assez vite, usant de la même technique qu'apprise précédemment, et ils peuvent rapidement se remettre en route...

Son inquiétude révolu, il se mit à chercher plus proche des fourrés, humant tant de son nez que par sa langue filtrant entre ses crocs.
Une odeur forte.
Digne d'être celle d'un ennemi !

Mais en s'y approchant... Il n'en trouva que les poils.

« Nous pourrons en faire du fil. »

Basilic pousse un petit râle. Bon ! C'est utile, c'est vrai. Mais ce n'était pas vraiment ça, qu'il cherchait.

Désastre constatait à quel point son fils disposait de plus d'énergie que lui. Il semblait prêt à retourner la moère entière, pour trouver ce qu'il désirait.
Mmh.
Son créneau laisserait bientôt place au suivant. Il pourrait décaler un peu son tour des frontières, en commençant d'ici, acceptant ce changement pour le bien de l'enfant.
Mais vint un moment où il devrait toutefois le ramener, ou bien ou lui-même fatiguerait.

Un bruit.
Une odeur.

Désastre se retourna, pour toiser l'animal pacifique qui broutait plus loin. Un Koridé, comme celui de Narcisse. Mais ce n'était pas, celui de Narcisse.
Il le montre au fils ; il se doit de finalement lui demander.

« Est-ce d'un animal comme celui-ci, dont tu veux le cuir ?
- OUI !
- ...Nous pouvons le chasser ensemble. »

Basilic opine, et se plaque au sol, mimant la position de son père. Avec lui, il encadre l'animal...

Oh oups !
Son père lui indique d'attraper une patte, pour ne pas qu'il puisse s'enfuir et les semer. C'est ce qu'il s'appliqua donc à faire, ses crocs espacés mais pointus prêt à lacérer la peau dur de l'animal.
Et puis !
C'est qu'il ne fallait pas trop abimer son flanc, s'ils voulaient le garder pour son armure et plein d'autre trucs.

Qu'il avait hâte !
C'était encore mieux que de gagner contre une morve, ça.

Aussi loin que portait sa mémoire, Désastre n'avait jamais vu autre Koridé que celui de Narcisse. Celui-ci semblait plus grand, en plus de ne pas porter son odeur.
Peut-être était-ce une espèce rare ; mais la rareté d'une espèce ne suffisait à ce qu'il choisisse de l'épargner.
Une proie était une proie.
Et ils avaient déjà commencé sa mise à mort.

Si le fils mort, lui en fait de même.
C'est l'arrière de son coude, qu'il vise, pour mieux l'invalider d'une patte avant, celles dont les griffes acérées leur faisait courir le plus grand risque.

En retour, l'animal se voulut le dégager d'un coup de tête.

Le cheval chelou se défend, et envoie valser Papa Dez d'un gros coup de tête. Le loup gris roule au sol, et le petit loup blanc fronce les sourcils.
Argh !
Il peut pas laisser son père s'faire avoir comme ça !

Galvanisé par les compliments qu'il aura obtenu de son père, il se faufila prêt de l'adversaire pour lui porter un coup de crocs là où son père avait déjà mordu, voyant ce tendon comme une prise de choix.
Ca ne devait pas être un hasard, si son père avait mordu là...

Basilic ne se laisse pas impressionné par le dégagement qu'effectue le koridé, et s'en va prendre la place qu'il occupait jusqu'alors. La morsure qu'il inflige, au sang qui jaillit alors, est profonde, et l'une des pattes de l'animal semble être devenue invalide.
Il lui en reste encore trois.
Surtout.
Il lui reste un antérieur, qu'il lève et abat sur son enfant.

Il ne lui en faut pas plus.

Désastre se relève et bondit sur la proie, ouvrant sa gueule pour venir chercher le cou.
Il se doit de l'abattre, cette fois-ci.

Il en allait de la sécurité de l'enfant.

Son père se propulse sur ses postérieurs. S'il avait pu parfois douter de sa forme, là, il peut voir la façon dont il a terrassé un dragon. Le koridé n'a même pas le temps de le toucher de ses griffes, pour le dégager de là où il se trouve, que son père, déjà, lui ouvre la gorge.
Il tombe raide et mort.
Ils ont gagnés.

« ON A GA'NÉ ! On est vraiment 'rop fort, hein Papa ?
- Oui. »

Parfois, il aimerait plus qu'un oui. Mais bon. C'est comme ça.

« Nous allons le ramener au castel, pour en préparer le cuir et en récupérer la viande.
- Et 'es poi' ?
- Si tu veux. »

Il en caresse la crinière épaisse, se demandant s'il pouvait s'en faire de faux cheveux- Ou bien, quelque chose à mettre en doublure, comme sur le manteau de Papa ? Lui aussi avait froid, en hiver.
Et cela avait l'air de tenir chaud.

L'animal étant lourd, Désastre finit par l'envoyer solliciter l'aide d'un Épée, pour qu'à eux trois ils puissent ramener le corps du koridé jusque dans la tanière de Papa.
C'est là, qu'il lui annonça la fin de son créneau.

Avec la promesse de travailler, dès demain, le cuir et les parties de l'animal pour initier la conception de ce qui ferait définitivement de lui, un guerrier Etelkrus.

Comme le furent ses grands-mères.