Notre projet - Blizzard, Lucian

S’il avait quitté la bibliothèque ce matin, c’était uniquement parce qu’il y avait été invité pour clarifier des termes du contrat. Il avait alors abandonné la bâtisse armé d’encrier et d’un livre, Il portait toujours à sa ceinture.

Pour l’occasion, il n’avait porté aucun soin particulier à ses plumes ou à sa chevelure, tout au plus les avait-il ordonné afin qu’ils ne viennent obstruer sa vision. Il ne s’agissait pour lui que de parler affaire, une affaire qui certes avait une certaine importance à ses yeux, mais qui ne dépendant d’aucune fioriture.

Arrivant sur le lieu du rendez-vous, il se retrouva sans surprise face aux deux individus. Lui paraissait fatigué, préoccupé par sa dernière entrevue avec lea Déité Indigo qui l’avaient laissé pantoise. Non pas qu’il avait eu l’habitude d’être rayonnant, mais il semblait particulièrement sombre. À son arrivé, il ne pu que constater une atmosphère qu’il pré-sentit comme particulièrement pesante.

« Bien le bonjour Mes dames. »

Blizzard semblait changée, non, elle avait changé. La louve si avenant qui avait accepté dans danser une valse silencieuse avec lui et l’avait accompagné à travers la sylve, semblait avoir ternie elle-aussi, un peu comme s’il avait par mégarde déteint sur sa belle fourrure blanche. Quelque chose avait changer, en témoignait la couleur de son glowstick.

Aiiro, une nouvelle fois.
À n’en pas douter.

Un frisson lui parcourut l’échine en pensant à ce qu’iel avait fait de son frère et leur petite escapade dans les bois, mais il n’en fit aucune démonstration devant ces dames, vint se placer face à Ielles, formant le dernier sommet d’un triangle. Ses yeux couleur de lune passèrent de l’un.e à l’autre, ne sachant qui mènerai la discussion, il les interrogea du regard sans rien dire. Après tout, c’était lui qui avait été invité à se joindre à Ielles.

L’heure était grave, le loup poivre et sel focalisa son attention tour à tour sur les deux individus présents, cela lui demandait plus d’effort que lors d’une simple confrontation, mais il tenait à faire preuve de vigilance quant aux termes qui allaient les liens tout trois. Alors pour n’en perdre le fil, il se devait faire preuve d’un effort considérable, limitant ses écrits à quelques lettres volubiles qu’il saurait déchiffrer plus tard.

S’il n’avait possibilité d’écoute, il cherchait du regard sur ses lèvres, le décryptages de ses mots, les sens cachés, les tournures de phrases, tout ce que par mégarde, il aurait pu manquer par l’absence de tonalité, de son, de nuances. Aujourd’hui, rien ne devait lui échapper. L’affaire était trop importante pour en faire une occasion manquée, une déception en somme.

Des questions.
Bien évidemment qu’il en restait en suspends. Des questions auxquelles, il n’aurait su seul trouver des réponses puisque ce n’était qu’à trois qu’ils pouvaient s’y confronter. Alors il tendit le museau, posant sa plume entre ses pattes avant.

« Je suis tout ouïe »

Surpris par ce qu’il ne devait être une question, il eut un soubresaut, parut interloqué d’abord, s’ébroua ensuite et considéra qu’il valait mieux préciser.

« Je n’ai pas vocation à porter des enfants. Sans façon. »

Un refus catégorique, claire, net et précis qui mettrait fin à toute discussion future. Il n’avait voulu avoir des enfants seul pour s’éviter ce genre d’inconvénient majeur, alors ce n’était pour aujourd’hui remplir le rôle qui serait celui de Blizzard de tout évidence. Un rôle qui lui cédait volontairement, sans demander son reste.

Les déclarations de la louve blanche et prune virent combler quelques lacunes organisationnelles, quelques vides qui lui manquaient, mais plutôt que combler sa soif de réponse, ils ne firent que complexifier ses interrogations.

Ainsi le temps serait divisé.
8 heures par jour lui serait allouées, exclusives.

Une journée qu’il se devait de compiler avec ses autres activités, il fit la moue brièvement, se devait-il d’avouer qu’il n’avait aucune idée de comment il devait s’occuper d’enfants, qui plus est dans leur plus jeune âge. Il se voyait déjà livré à lui-même face à trois boules de poils. Il se contenta d’apparaître un peu chagriné, le museau légèrement replissé et la gueule un peu tordue. Avant qu’il n’amena une suggestion qui résoudrait une partie de son problème.

« Je propose de vous confier une garde quasi-exclusive les premières semaines, je ne sais pas comment vous comptez les nourrir, mais je crains de m’en trouver débordé. »

Après tout, il n’avait que deux yeux comme seul repère, sa surdité pouvait avoir ces désavantages de le priver des cris d’alerte. Il ne s’agissait alors que préserver au maximum sa progéniture. Il aurait eu l’air bien fin, si par sa faute, ses héritiers n’arrivaient pas au terme de leur premier mois. Il ne s’agissait alors pour lui que de prudence, de simple précaution. Il valait mieux.

« De plus, je me dois de poursuivre mes recherches. Mido me met à l’épreuve actuellement, je ne saurais le décevoir et pour ça, il me faut partir à la recherche de plus d’ingrédients pour mes décoctions. Je ne peux vous garantir ma présence constante sur le territoire, mais je vous en avertirai. »

Il se devait de les mettre en garde, puisque c’était la réalité qui s’imposait à lui, il n’aurait été honnête de se dérober, d’omettre ces quelques informations pour son propre compte.
« En cas de besoin, ou dans le cas d’une décision importante les conservant, tu pourrais toujours me quérir par l’utilisation de cette pierre, Blizzard. »

D’une sacoche, il sortit une pierre, elle semblait tout à fait ordinaire et pourtant, il lui connaissait un pouvoir étrange obtenu dans un songe.

Spoiler:

« Aussi j’aimerai leur transmettre l’enseignement de Mido, si cela ne vous dérange pas. »

Il avait bonne espoir que certains choisiraient de se ranger à cette voie, voulait garantir toutes les chances de son côté pour parvenir à cette conclusion.

« Je n’ai pas d’objection à formuler. »

Pour l’instant.

Il n’avait aucune idée de comment l’on choisit de nommer, regretta l’espace d’un instant de n’avoir demandé à ses parents comment ils avaient arrêté leur choix sur Stendhal et Lucian, ses yeux s’affinèrent alors qu’il se tint immobile, concentré sur ses interrogations qui n’avaient pourtant que peu d’impact direct sur la conversation et sur le contrat, s’ils désiraient qu’il donne des noms, il y réfléchirait. Peut-être trouverait-il une idée au détour des pages d’une encyclopédies ou bien ailleurs, par le plus grand des hasards. Ses moustaches frémirent Alors que son regard se posa sur la louve fièrement ornée d’or et de bijoux, son mécontentement ne pouvait lui échapper alors même qu’il n’en connaissait l’objet. Le corbeau redressa le museau, levant le nez de ses feuilles pour se concentrer sur elle. Peut-être l’avait-il vexée en n’apportant pas de cadeau à lui remettre, peut-être aurait-il du faire un détour par le nouveau jardin pour lui amener quelques fleurs, mais était-ce seulement nécessaire ou bien vu que d’offrir des fleurs à une louve proche de son amie.
peut-être avait-il fait une bévue, qu’il aggraverait plus encore par plus d’inadvertance. Il ne témoigna pourtant d’aucune agacement, ne souhaitant répondre à ce qui aurait pu sembler être une menace à son encontre, il se contenta de revenir sur le sujet de leur empressement.

Ses yeux, il finit par les détacher de la louve porteuse de rose, c’est un enchaînement de glyphes, de spirales et de courbes que le corbeau couchaient sur la papier de la pointe de sa plume, il savait faire preuve d’une certaine précision lorsqu’il s’exerçait à la calligraphie. Une mise en œuvre qu’il exécutait avec toute la facilité qui était sienne pour les apprentissages, mais il lui était rendu difficile lorsqu’il s’agissait de suivre le discours de plusieurs personnes à la fois, obligé qu’il était, à marquer de grandes pauses pour lire les paroles, attraper les mots au vol, ceux qu’il saisissait par ses lectures du moins, il reposait parfois sa plume pour pauser son regard ciel et aube sur ses deux interlocutrices.eurs. L’on aurait pu croire qu’il cherchait ses mots, qu’il n’était pas certain, pourtant lorsqu’il était seul, son efficacité redoublait.

« Bien évidemment, je vous transmettrais ce qu’il est d’usage de transmettre. »

Lui qui n’aspirait qu’à la liberté. Ne se sentait-il pas comme étouffé sous un amas de règles et de bienséances.
Ne se trouvait-il point enchaîné, pied et poing lié, se devant de se ranger à l’avis du plus grand nombre pour ne point être raillé. N’était-ce qu’il avait toujours fuit, les responsabilités, les consignes et les règles. N’était-ce pas contre sa personne que d’éteindre son libre arbitre au profit des autres. Ne pas sortir, ne pas les emmener, toujours dire où il se trouve et ce qu’il fait. Était-il seulement suffisamment sage pour toujours respecter les règles prés établies ? Il noya quelques doutes dans son esprit, les classant pour de futurs analyses, pour les retrouver plus tard.

Il sentit son corps se tendre, réagissait à toute cette pression nouvelle, peut-être commençait-il à peine à prendre la mesure de ce que cela allait impliquer comme partage. Peut-être était-ce là qu’ils trouveraient une forme de cohésion comme le désirait Mido. Sans doute.

De plus, un autre question restait en suspens, où pourrait-il emmener les enfants, où pourrait-il s’installer et vivre ? Une officine, ses remèdes et ses poisons semblait bien peu convenir pour des louveteaux, et la vieille grotte aux cristaux était devenu bien peu confortable pour y élever une famille. Cette vie d’ermite vivant toujours en marge lui contenait, mais il ne savait si elle conviendrait à de tout jeune enfant, si elle leur conviendrait à elles, qui aujourd’hui se faisait seules juges de sa personne. Les aigrettes tressaillirent, il lui restait tant de questionnement à tourmenter son esprit, qu’il ne savait par où il devait commencer.

Peut-être par là. Parce qu’il avait une bonne et une mauvaise nouvelle. Alors devait-il commencer par la bonne ou la mauvaise. Il ne savait pas. Sa langue, il claqua contre son palais, à la recherche d’une prise de décision rapide, avant de claquer ses mâchoires une fois.

« Lors d’une entrevu avec Aiiro, l’entité m’a confié qu’elle accepterai de me rendre service en échange d’un bourgeon de pomme d’or intact, cependant, il y a un contre-temps. »


Il n’était pas responsable de tout ces contres-temps, peut-être un peu.
Il baissa les yeux au sol, scrutant la couverture de son livre et la plume qui gisait à ses côtés.

« Mido m’a mis à l’épreuve et je doute qu’il accepte une nouvelle entrevue avec la déité, cela risquerai de sonner le glas de mon épreuve. »

Cependant, il se voulait apporter solution à leur problème d’une quelconque manière.

« Il existe certainement un autre moyen cependant peut-être par le biais de l’alchimie, ou bien d’un rituel.»

Sans trouver totale harmonie, on ne pouvait dire qu’ils nageaient en pleine cacophonie, Lucian se faisait sourd aux provocations de lea porteux.se de rose, dont il se plaisait à ignorer les grimaces et les regards sarcastiques, ne gardant à l’esprit que les courbettes et l’étrange proposition qui semblait se profiler, celle de lui apporter son aide dans la mise en œuvre de ses divers travaux.

Lorsque le regard de la louve blanche se posa sur lui, il eut des picotements dans la fourrure, se sentant presque envahi par son expression entre incompréhension et courroux. Se redressant, éclaircissant sa voix, pensant qu’il allait devoir se répéter, ou apporter des pressions. Le corbeau se fait plus sérieux sans se refermer totalement sur le désarroi qui aurait pu faire s’effondrer tout équilibre délicat qu’ils tentaient de conserver. Lorsqu’elle s’exprima, il eut un tremblement, un de ces tressaillements qui vous parcourt le dos sans que vous ne sachiez vraiment pourquoi, une drôle d’impression qui semblait vouloir s’installer alors même qu’elle l’interrogeait du regard. Voulait-elle savoir s’ils l’autorisait à se rendre seule au près de sa déité ? Qui était-il pour lui retirer un tel droit ? Qui était-il pour lui dire ce qu’elle devait ou pouvait entreprendre, il n’était rien, rien de plus que l’autre parti d’un contrat dont les premiers paraphes venaient à peine d’être couché sur le papier. Il n’était rien, rien de plus que celui qui s’interrogeait maintenant, cherchant à comprendre ce qu’elle attendait de lui, autorisation, permission, ou simple réponse à ses interrogations.

Il joua un instant, fit tourner la plume noire entre ses doigts, sous sa patte. La mine sévère. Il cessa lorsqu’une patte vint le frôler, rougissant sous sa fourrure sombre de ce contact inattendu qu’il eut compris comme implorant son autorisation. Il était géné.

Mido ne devrait pas être en colère contre elle, après tout c’est moi qui fut mis en demeure.

« Tu es libre de te rendre au près de ta déité. Pour quelques raisons que ce soit. »

Lui seul était l’objet de cet interdiction.

Il n’était pas là pour lui tenir conseil. Il n’était là que pour les conditions du contrat, pour les rédiger, pour donner son accord sur certaines choses. Tout au plus, pour entreprendre une discussion et un avenir commun.


c’est ce qu’il s’était donné comme devoir.


Il fronça les sourcils, pointant le museau vers les deux protagonistes, une forme de mise en garde contre les étourderies et les précipitations.

De bien belle supposition et un peu de spéculation pour amuser les foules. Pourtant, il ne doutait pas que cela puisse être possible, bien plus qu’il supposa ce ne soit envisageable par ses deux comparses, c’était l’option que lui aurait choisie, celle à laquelle il aurait cédé de lui-même, puisque c’était ce qui se rapprochait le plus de sa façon d’appréhender la vie et de ses convictions. L’alchimie était ce vers quoi, il voulait tendre, un leitmotiv qui le poursuivrait ces prochaines années sûrement et peut-être même jusqu’à la fin de sa vie.

Son regard ensuite se pose sur lea rose qui se tenait à ses côtés, sur l’autre flanc.


Il accepte, après tout iel était tout autant concerné.e par cette histoire et ses rebondissements, il se devait bien de leur donner à tout deux une place et un rôle à jouer.

Il ne comprend pas bien, Lucian. Il y avait quelque chose qui ne tournaient pas rond dans cette conversation, dans cet entretien qui aurait du paraître une bénédiction pour eux-tous, une sorte d’ambiance pesante qui s’était installée, venant se lover dans l’esprit de tous comme un serpent autour d’une branche, Peut-être aurait-il pu savoir ce que c’était, en avoir quelle qu’idée que ce soit, un insignifiant indice pour le mettre sur la voie, s’il avait été plus attentif, s’il avait su voir et reconnaître les signes de ce mal-être persistant qui accablait la louve blanche, qui l’accablait peut-être aussi un peu comme par découlement. Mais capable, il ne l’était pas tant en ce qui concerne ce genre de relation. Alors c’est quelque chose qu’il laissa couler au plus profond de son être.

« Bien évidemment, les possibilités sont infinis »

C’était le principe même de l’alchimie, repousser les limites de l’imaginable.

Il n’y avait que l’omission et l’absence. L’absence d’un sourire qu’il aurait du remarquer, et l’omission d’en faire la remarque.
Son regard glissa de l’une à l’autre. Puis, il finit de rédiger à la hâte, avant de tendre quelques notes dressées sur un papier froissé à la louve blanche. Une attention. Qui ne serait certainement pas suffisant pour combler l’absence d’empathie, l’absence d’inquiétude face à ce malaise grandissant. Mais une attention tout de même, afin qu’elle n’oublie pas.


« Lucian, tu peux faire les recherches, oui. Moi, j'aimerai parler à Aiiro »
Ils semblaient en accord et c’était tout ce qui comptait n’est-ce pas ?

« Prend tous le temps dont tu souhaites disposer. »

Il n’était pas pressé par le temps après tout, il était même plutôt occupé, suffisamment pour que l’attention ne lui semble pas trop longue finalement. . Il se lève sur le départ.

« En avons-nous fini ? »

Il ferma son livre, après y avoir glissé feuilles et plumes.