La fugue [Libre]

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Spoiler:

-Liam-

Liam avait fugué. Avait-il vraiment fugué ? Il baisse ses yeux enflammés sur de larges pattes encore toute enveloppées d’enfance dans un feu tout adolescent, qui foulent une terre inconnue à son ame. Oui, oui, il avait bien fugué, voilà quelques jours déjà, et son ame si elle soufre était aussi plus lucide que jamais.

Il n’en pouvait plus. Il n'en avait plus pu. Sa vie lui était devenue aussi détestable qu’un bonbon mangé jusqu’à l’écoeurement. Tout ce bonheur, toutes ces aventures calmes, ce support de ses parents, cet amour ! Cet amour doux, pur, constant qui n’enflammait pas les âmes, ne les avait jamais enflammées.

Liam était d’une chance inouïe, il le savait.

Mais à l’aube de la veille (si cela avait un quelconque sens), il avait levé les yeux vers ce ciel qu’il aimait tant, et s’était demandé. Et si sa vie avait été moins chanceuse ? Et si tout ce bonheur adoucissait son ame, le rendait mou comme un chamallow, éteignait peu à peu son feu pour n’en laisser que des braises ? Ceux qui avaient peuplé les contes de son enfance avaient toujours été confrontés à l’épreuve. Monstres ! Bataille ! Perte d’un etre cher ! Tout ceci avait détruit pour mieux construire, avait enflammé leur volonté, leur âme ! Entière !!

Lui n’était rien d’autre qu’une étincelle.
Il se targuait de vouloir attiser chez les autres ce qu’il ressentait, mais devenait plus mou et gras chaque jour. Et dans tout ça, une seule question que des heures de réflexion n’avait pu élucider : Où était sa place ?
Il en était convaincu. Il n’y avait que dans l’épreuve qu’il trouverait la réponse.

Alors, épreuve il était allé chercher ! Mais évidemment, il n’avait pu partir sans un mot, pourtant cette nuit-là son âme et son corps entier brûlait d’une flamme si puissante qu’il n’avait pu imaginer dire à ses parents son départ lorsqu’ils seraient éveillés. Et puis, tout ceci était plus dramatique : Ainsi, il ne partirait pas en voyage, il fuguait ! Et ses pauvres parents ne pourront l’envelopper d’un dernier câlin encourageant, le couvrir d’une foule de provisions, d’outils ou de rituels protecteurs. Il fuguait, se faisait violence et partait sans un au revoir, arrachant son coeur à ceux des siens pour trouver seul sa place.

C’était mieux ainsi, non ?
Mais Liam n’avait jamais voulu voir ses parents souffrir. S’il partait sans un mot, alors ils s'inquiétaient, il en était certain. Pire ! Ils le chercheraient, le trouveraient peut-être même, car Liam se savait lent, trop lent ! Il avait une idée. Un euréka soudain, inspiré de ses livres, le voilà qui se précipite et cherche -en silence !- un morceau de papier. Il y écrit en vitesse :

Cher mère, cher père, chers frères et douce Tiamat,
Je pars. Je fugue. Pas par malheur, mais trop plein de bonheur, par besoin d’aventure et envie d’air frais. Ne me cherchez pas ! Je rentrerai vite.
Je ferai attention, c’est promis.
Je ferai le bien sur le chemin, c’est aussi une promesse !
Je vous aime, tous, fort, et pour toujours.
Liam. (signé d’une manière originale et visiblement travaillée)

PS : Ne me cherchez pas, non ! Mais si vous me cherchez je crois que mon périple passera chez mon ami Marty, un marcheur invétéré qui se trouve être aussi nakhus.

Soulagé de ses mots, si brefs et si intenses, voilà que l’adolescent en mal de voyage vient se gaver de silence. Dans la nuit encore ourlée d’innocence, il part. Pas même un baluchon ! Rien sur le dos, rien dans la tête.
Il partait pour vivre, simplement.

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CHAPITRE 1 : Le bord de mer, ou comment apprendre à marcher

Sa première épreuve, la voilà : Une plage, et le lever du soleil. Il avait toujours préféré le crépuscule, moment si beau où il pouvait épandre tout son amour au ciel de flammes, mais l’aube venait en bon deuxième. Pattes foulant un sable embrasé de chaleur, il faillit bien dix fois s’arrêter pour se tourner vers ce ciel, cette lune couchante, ce soleil timide … !

“Non ! Liam, non, là n’est pas le moment de faiblir. Si c’est après cent mètres que voilà ta première pause, ce n’est pas une fugue mais une ballade !”

Ragaillardi par ses propres mots éclatants dans la nature qui s’éveille, le voilà repartir sans adresser un seul regard au ciel. Ha ! Qu’il faisait bien terrible amant ! Il s’en voulait, terriblement, mais voilà : il le décide, c’est une rupture. Il cesserait de regarder le ciel, cesserait de s’attarder devant la beauté, et apprendrait à marcher. Deux ans, et voilà qu’il lui semble faire ses premiers pas !

Son rire déchire un silence déjà taché de cri d’oiseaux. Le voilà bien ridicule.
La marche avait duré, sans toutefois apaiser son ame. Pire, il lui semble que son feu encore engourdi par son sommeil s’était pleinement éveillé, prenant son corps tout entier et demandant plus, toujours plus. Alors il accélère, s'essouffle (n’avait jamais été grand sportif), doit s’arrêter vaincu par ses poumons en feu. Il se consumait de l’intérieur ! N’y avait-il donc rien qui pouvait l’apaiser ?

Il avait soif, voilà.

La mer à son flanc ne pouvait le satisfaire, trop salée pour son corps si fragile. Fragile ! Il s’y dresse, ostentatoire, fou d’aventure et d’insatisfaction.
C’est une mouette, qui vient déranger son délire silencieux. Un cri d’alerte, et Liam lève les yeux. Il est heureux d’abord de la voir, un signe ! Une vie, une nature tendant une patte vers lui pour le guider ! Pattes s’ouvrant sur un coeur à nu, le voilà larme à l'œil pour accueillir l’inconnu. Enfin, l’aventure !

Mais lui qui espérait douceur n’est accueilli que par des coups de becs. Il sursaute, alors que l’oiseau jaillit vers lui et le griffe. Le griffe ! Il peine à réaliser. Il n’avait rien fait, pourquoi tant de haine ? Pourquoi tant d'agressivité ? Oh, ce monde n’était-il donc point fait pour son aventure, devait-il déjà se battre contre la nature même pour pouvoir survivre !
Ignominie.

Mais ! C’était ce qu’il voulait, non ? Il se recroqueville sous l’assaut, sentant son ame s’enflammer. Point le temps de penser, de réfléchir, de tourner en rond ! Il devait agir, maintenant, là ! Mais que faire ? Oh ! Quelle horreur. Il ne savait pas quoi faire, alors s’insurge :

“Oiseau arrête ! Je ne suis pas ton ennemi ! Par pitié laisse moi traverser cette plage !”

Mais rien n’y fait, comme si la mouette ne comprenait pas sa langue. Un comble, pour le loup qui aimait tant parler ! Un nouveau coup le fait geindre, et il doit se résoudre à la violence en battant l’air des pattes pour essayer d’éloigner l’animal. Rien n’y faisait ! Son courage et sa hargne l’impressionne, mais lui qui en faisait les frais n’avait pas le temps de s’y attarder. Un nouvel assaut, et ce sont ses pattes qui l’obligent. Il fuit …!

Il fuit ! Courre, marche, galope vers l’intérieur des terres ! Jamais il n’avait ainsi courru, et même lorsqu’il eut enfin mis une distance suffisante entre lui et l’oiseau, même lorsqu’il sentit que sa vie n’était plus en danger, il continue, encore, encore ! Une course salvatrice qui lui arrache le coeur, lui brûle les pattes sans qu’il ne puisse s’arrêter. Il courrait ! Il avançait ! Il-

Il avait appris à marcher.

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CHAPITRE 2 : Les terres arides, ou comment apprendre à manger

Quelques jours plus tard, oui, sûrement, le loup avait erré et rencontré. D’abord, Mylo ! Le jeune etelkrus avec qui il avait du réapprendre à parler. Cette rencontre ne l’avait pas arrêté, loin de là : Il avait appris à fermer les yeux, à courir lorsque les choses devenaient trop interressantes, à arrêter de penser en rond comm un loup qui veut attraper sa queue. Il marchait, à présent ; Se concentrait sur ses pas, pleinement.

Cela lui faisait du bien.
Souvent, il pensait à sa famille, se demandait si elle l’attendait, si elle s’inquiétait. Puis, se projetait en avant et pensait à son marcheur ! Il irait assez loin, oui ; Car son feu brulait encore, toujours aussi fort, pleinement et pourtant ! Dans la solitude il se faisait réservé. Liam apprenait à le voir, no npas comme moins puissant, plus vain, mais concentré. Il devenait focalisé sur un seul et unique objectif : Vers le Nord.

Le Nord ! Il s’était toujours imaginé des contrées de glace et de neige, comme dans les contes sur ce pôle bien lointain. Mais plus il avançait, plus il se trouvait à transpirer des coussinets, à haleter d’une gueule aux crocs tordus. Où était donc ce Nord, si difficile à vivre et à survivre, où les vrais héros des anciens temps se formaient ? Où était ce froid qui endurcissait l’âme et attisait le feu, où était cette glace qui pilonnait le corps pour le rendre aussi résistant que du diamant ? Nulle part ! Rien qu’une chaleur étouffante, à en crever, à en haleter ses poumons pour le jeune loup qui apprenait, à peine ! Comment marcher.

Les terres clémentes du bord de mer avaient laissé place à un sol aussi sec que ses lèvres crevassées. Le loup n’était pas quart-poisson pour rien : ses vibrisses, avant sensibles et alertes, s'étaient affaissées sous l’effet de la soif. Ses oreilles sifflaient, sa respiration n’était plus qu’un rythme constant soufflant sur ses braises pour l’empêcher de s’arrêter. S’arrêter ! S’il le fait, il ne repartira pas. Et alors, sa famille le trouverait, l'envelopperait d’amour et de soins, comme avant ! Comme avant ! Comme avant …

Il ne regretterait pas son départ.
Mais il devrait regarder la vérité en face : Il était assoiffé. Affamé. Son corps, ses besoins qu’il avait ignoré des jours pour ne pas s’arrêter de peur de ne savoir repartir, se rappelait à lui. A l’instar d’un enfant qui apprend à nager, il avançait sans savoir ralentir, trop apeuré de couler. Etait-ce noble, Liam ? Il grogne ! Ralentit. Non ! Accélère de nouveau, poussant sur ses muscles endoloris et assoiffés. DEVRAIT-IL REVENIR SUR SON CHOIX ?

Jamais.

En un souffle, il s’écroule.
En un râle, le voilà vaincu. Vaincu ! Faim, soif, fatigue, et ce feu qui brûle encore en lui ! De boussole infatigable, il se fait impérieux, de moteur il se fait bourreau. Avancer ! Toujours ! Parvenir à ses fins sans se soucier du corps. Couché face contre cette terre poussiéreuse, à deux pas d’un énième crevasse où se tapissaient les monstres à plumes, Liam ferme les yeux.

Il devrait apprendre les concessions.
La première, celle de boire. La deuxième, de manger. La troisième … De prévoir. La mot lui arrache une grimace. Prévoir, c’est contre sa nature. Il n’a jamais prévu, suivant sa flamme et sa volonté. Il n’a jamais prévu, mais cela lui avait-il réussi ? il repense au désert, et au corps de sa soeur évanouie.
Cette fois-ci, il prévoirait.

Lorsqu’il rouvre les yeux, le voilà plus calme. Composé, presque. Une émotion rare chew le loup, exacerbée par la fatigue. Il devrait trouver de l’eau, oui, mais comment faire ? Tout ici lui rappelait sa fuite, sa fugue vers des terres inhospitalières. Ils étaient loin ! Les bras de père et mère, leur embrassade réconfortante, leurs repas qui réchauffaient le coeur et l’âme. Ici, personne pour se soucier de lui !

Personne, à part lui-même.

Sentant qu’il touchait une vérité, peut-être, Liam se relève. Il inspire, avant de s’asseoir et de fermer les yeux. Ses vibrisses fatiguées se dressent et écoutent, de la manière dont il sait le mieux le faire : avec son cœur. Un bruissement d’animaux, un roucoulement d’eau, et le voilà parti en quête d’une pauvre flaque, d’eau croupie ou même de pisse si cela pouvait le faire tenir encore quelques heures.

Il avait trouvé de l’eau. De l’eau ! Un goût d’algue et de mort, une couleur de vomi, pourtant la voilà qui dévale son gosier avec la saveur des meilleurs amuse-gueule. Il avait tout bu, d’une traite, assoiffé de vie et tout court, et elle lui avait éclaircit l’esprit d’un coup. Tout était clair, voilà ! Ainsi arrêté, le voilà qui réalise que plutôt qu’atténuer sa flemme, chaque étape pour ragaillardir son corps renforçait encore sa détermination. Immobile et centré vers son intérieur, il observe avec émerveillement, avec une conscience pleine l’effet que cette pause avait eu sur lui. Pour la première fois, l’eau attisait le feu !

Il n’allait pas s’arrêter là. Il mangerait ! A ces mots, son estomac gargouille et lui redresse la tête. Il nourrissait son corps comme l'avaient fait ses parents, devenant son seul responsable et celui qui soufflait sur ses braises, seul. La puissance de sa fierté n’a pas d’égale. Il était fier, oui, fier !
Adulte, il devenait.

Il chasserait ! Il savait le faire, en théorie, car c’est bien la première fois qu’il le faisait par nécessité. Truffe plaquée au sol, un peu trop brusquement, il flaire. Les odeurs sont si différentes, si nouvelles qu’il manque de défaillir. Comment reconnaître un lapin, dans ce bazar coloré de choses olfactivement inconnues ? Malheur ! Il essaye une heure, deux, résiste, prouve qu’il existe, mais rien n’y fait : Il doit de nouveau s’écrouler, vaincu.

Vaincu par une odeur ! Vaincu, non pas par un monstre, un loup démoniaque, un grand méchant de livre mais … (Il regarde autour de lui) Une terre aride ! Une patte sur son front, il gémit. Il faisait bien piètre loup ! Fantôme de ses ancêtres, honte de sa race ! Le voilà qui se roule, spectacle pantomime d’un malheur immense, quand soudain … !

Ses yeux s’ouvrent sur un lézard. Il est si petit ! Mais il est quelque chose. Il ne l’a pas vu, Liam le croit, alors il se redresse. Le sort lui donnait une seconde chance, et il s’en saisirait ! Il s’avance, se tapit, envisage son angle d’action. Il se fait serpent ! Il se fait requin ! Il en appelle à tout ce qui était prédateur dans son sang avant de s’élancer … !

Et de toucher !
Le reptile ouvre sa gueule, Liam se prépare à la poursuite, mais il déploie sa crête et contre-attaque. Surpris, Liam recule mais sent les crocs de l’animal (étrangement plus gros vu de près !) se planter dans sa chaire. Il grogne, fait claquer ses crocs tordus, érafle l’animal qui tente une seconde fois de l’attaquer. Alors, il évite ! Et s’engage une danse animale, gauche, droite, petit pas devant, grand pas derrière, regard fixé sur sa proie, mâchoire qui claque …

Quel combat épique ! Un loup gras comme la lune et son ennemi homérique, un lézard de cent grammes ! Liam en aurait pleuré. La danse se poursuit quelques douloureuses minutes lorsqu’enfin, le solitaire parvient à refermer les crocs sur sa proie. L’instinct le submerge, et il dévore le lézard en quelques bouchées salvatrices. Au fond, la honte de s’être laissé presque dominer par un si petit animal laisse peu à peu place à une sensation de fierté plus puissante. Il avait chassé, seul, et par nécessité pour la première fois.

Il avait appris à manger.

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CHAPITRE 3 : Les plaines inconnues, ou comment apprendre à échouer

Après avoir appris à marcher et à nourrir son corps, le voyage était devenu plus facile. Plus monotone, aussi. Monotone ! Jamais il n’aurait cru dire une telle chose, alors même qu’il était parti pour l’aventure ! Pour découvrir, pour penser, pour apprendre ! La vérité était que monotone n’était pas vraiment le mot. Il avait découvert avec délice la manière dont la vie reprenait ses droit sur les terres arides, détaillé de longues minutes les formes sèches des montagnes coupant le ciel à la dague de leur roche, rit devant les arbres aux feuilles rondes abritant chants qu’il n’avait jamais entendu. Non, le voyage n’était pas monotone !

Le mot qu’il cherchait était solitaire. Issu d’une si grande famille, Liam n’était jamais vraiment resté seul plus de quelques heures. Toujours, il revenait au logis une fois la nuit tombée et toujours il y trouvait une animation certaine, rires et histoires à écouter, jeux auxquels participer, corps auprès desquels se blottir. C'était sa famille, qui lui manquait, aussi cruellement que s’il en avait été arraché sans avoir eu le choix. Il l’avait voulue, cette solitude ! Pourquoi lui faisait-elle aussi mal ?

Il savait s'arrêter, à présent. La survie était plus facile dans les terres humides, l’eau plus saine et facile à trouver. Les buissons de baies se trouvaient nombreux, les proies aussi, et surtout, les poissons qu’il savait pêcher grâce à une ascendance marine. Mais cette solitude … ! Il avait commencé à redouter ce silence qu’il cherchait avant avec goût, comme un bonbon au creux de ses journées. Silence si pesant, silence de l’absence, silence horrible où seules résonnent ses pensées en boucle, en boucle ! Quand reviendrait-il ? Qui était-il ? Que ferait-il, une fois revenu !

Il savait que deux promesses le tenait aux frontières etelkrus, mais cette solitude le tenait au corps et éteignait sa flamme. Et s’il ne choisissait jamais ? Et s’il choisissait, mais qu’éloigné de sa famille, son feu s’éteignait comme dans les cauchemars racontés par son marcheur ? Il s’épuise à ne pas compter les jours, se fatigue à regarder autre part qu’en avant, à l'affût de la moindre silhouette, n’importe laquelle venue briser sa solitude. Elle était loin ! Sa rencontre avec cette etelkrus, ce moment si étrange de connivence de leurs âmes. Loin, plus, encore ! Ce Myro sur la plage.
Et plus lointain encore … Sa famille.

Il s’écroule encore, accablé de soudains sanglots. Appelle père et mère, promet de revenir, de rester enfant pour toujours, de ne jamais cesser d’avoir besoin d’eux. Mais il se mentait à lui-même ! N’en avait-il pas honte ? Honte, honte, honte, le voilà qui s’énerve, se couvre de jurons et tourne sur lui-même comme pour se rattraper. Il n’avait pas été élevé pour rester bébé. non, il survivrait, reviendrait, déciderait en temps et en heure, et serait heureux !

Sa flamme n’était pas morte. Simplement étouffée par ces trop nombreux liens qui le retenaient par peur de les briser. Des chaînes aussi douces que solides, une cage heureuse, des menottes en fourrure ! Il secoue la tête. Non, il devait apprendre à être seul, seul et fier de l’être. Voilà tout.

Mais cette solitude n’avait pas d’effet que sur ses émotions. Voilà que, après quelques jours de disette, il se retrouve face à un parterre à l’apparence de délicieux bubons jaunâtres, à l’odeur champêtres et aux formes avenantes. Des champignons ! Assez pour s’en faire un repas. Il les inspecte et se souvient des mots de mère : ne jamais manger ce qu’on ne reconnaissait pas.

Il fronce le museau. Était-elle là, avec lui, le tenant dans son emprise jusqu’à ces terres du Nord au point de l’empêcher de se nourrir, de l’obliger à rentrer ! Oui ! Voilà l’effet de ces liens, un élastique le ramenant toujours à la maison ! Il s’en arracherait. Et de rage, dévore toute la tâche de champignons en une seule fois !

Oh, qu’il le regrette, cet accès de rage. Abattu de maladie, jaune de nausée à se vider de son eau toute la nuit durant. C’est dans son accès de fièvre qu’il réalise, une fois encore, une autre vérité : Cette erreur avait été la sienne. Ces champignons, mangés par défi, cette punition, il l’avait méritée, oui ! Et dans son coeur, savait qu’il pouvait n être au moins un peu fier. Une erreur qu’il n’aurait faites s’il n’avait été seul ! Une erreur qu’il faisait sienne, dès maintenant, et en tirait une expérience rien qu’à lui.

Il avait appris à échouer.

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CHAPITRE 4 : Les terres gelées, ou comment apprendre à choisir

Enfin ! LE NORD !
Les premiers flocons avaient déclenchés en lui une folie passagère, un élan d’énergie, une explosion de feu si soudaine et puissante qu’il avait dansé pendant une heures avec la neige qu’il voyait pour la première fois. Douce et froide ! Humide et moelleuse ! le tapis qu’elle créé le rend fou, il bondit et elle le poursuit, il jappe et elle absorbe ses sons comme si elle l’écoutait. Il s’était roulé ! En avait mangé ! Redevenu, un instant, louveteau, il avait goûté avec toute la puissance de l’innocence ce moment pur et doux, cette énergie enfantine et joueuse.

Le froid l’avait bien vite trouvé. Grelottant, il avait dû s'abandonner sous un arbre au soleil pour essayer de se sécher. La neige était encore fine et pourtant, il sentait son organisme attaqué par ce froid, cette humidité. Cela ne le rendait que plus motivé encore ! Fort de ses choix, de son avancée, de ses erreurs, il savait qu’il ne s’arrêterait plus avant d’avoir appris à choisir. Choisir ! Un choix qu’il touchait du doigt, oui, sans pour autant l'atteindre. Il sentait que la question de sa place n’était pas vraiment la bonne;

Il y penserait une autre fois. Après encore quelques jours, voilà que les terres se parents d’autres couleurs. Enfin, le voilà ! Le Nord, le vrai, et sa neige perpétuelle, et sa glace bleutée ! Et comme prévu, tout est plus difficile. La survie devient une affaire de chaque instant, mangeant son corps golument. Il ne peut plus chasser, se rend malade à manger de la glace, doit s’arrêter si souvent qu’il en a honte. Honte ? pas vraiment.
Il vivait, tout feu tout flamme, dans sa première véritable épreuve.

La suite viendra assez vite. Avançant avec difficulté sur le flanc d’un mont noir, un son vient gronder dans ses pattes. Il redresse les oreilles, et écoute. Un monstre ? L’excitation le gagne. la voilà, sa grande épreuve ! Son combat fantastique, son heure de gloire ! Il se sent soudain galvanisé d’une flamme immense, d’un feu, d’un incendie prêt à vaincre ou à mourir en héros, et se met à hurler contre le vent, appelant le bruit :

“Viens donc, monstre des neige ! Cela fait des semaines que moi, Liam, t’attend !”

Et sans le réaliser, le voilà qui comprend.

Il n'a pas le temps d’y réfléchir. Le monstre gronde au dessus de sa tête, et le voilà qui déboule, nuage de neige et de glace soufflant et aussi énorme qu’une mer. Liam capit, et d’un coup, se fait emporter. Le demi-raeder n’avait jamais vu d’avalanche ; Le voilà qui se fait dévorer.
Lorsqu’il reprend conscience de lui-même, il est enveloppé de glace. Il bouge, à peine ! Au prix d’un effort immense. Ni le haut ni le bas ne peux se décider, tant est si bien qu’il se croit mort. Mais, non ! Il a mal aux articulations, et à la tête, et n’est pas assez stupide pour ignorer que la mort n’est que douceur. Il grogne et se débat, ramène ses pattes et comprend qu’il est pigé dans une montagne de neige.
Un vertige le prend. La mort n’était peut-être pas loin, car il était entièrement piégé.

Il se débat encore pour repousser la neige, la tasser jusqu’à dégager une petite zone, sphère plus solide où son corps peut à peine se mouvoir. Allait-il manquer d’air ? Il ne le savait pas. Son feu, sans oxygène, s’éteindrait à la première occasion. Il grogne. Il n’allait pas mourir dévoré par un monstre ! La voilà, son épreuve. La voilà, sa survie.

D’abord, il souffle une fumée blanche et en regarde le chemin, pour retrouver son sens. Haut, bas, gauche, droite, le voilà qui vérifie, doute, s’assure car l’erreur n’est plus permise. Et puis, il creuse. Son énergie s’affaire à créer un tunnel vers le haut, tassant et remuant la neige pour constituer son conduit. Il avance, petit à petit, mais la couche semble infinie. Infinie ! Il s’épuise. A faim. La douleur de ses membres et de sa tête ne fait qu’augmenter. Il s’essouffle. Il gèle. Son feu persiste, mais se ramasse, faiblit.

Il mourait.

Épuisé, il s’affale dans son trou. L'espoir s’amenuit. Les braises ne font presque plus de chaleur. Il ferme les yeux. Il ne veut pas abandonner. Il ne peut pas abandonner ! Sa famille l’attend. Ses promesses aussi. Son choix …

Il réalise, alors. Tout son périple devait servir à lui trouver une place, un nom, une identité. Mais, face à l’épreuve, il s’y était mis avec aisance. Un nom : Liam ! Une place : lui-même. Peu importe ses choix, son clan, sa famille, rien ne lui enlèverait ce nom. Donné par ses parents, rejeté par son adolescence, il l’avait fait sien. Le choix, à vrai dire, n’avait jamais vraiment importé. Il pouvait alors le faire par poussée passagère, par hasard ou pas envie.
Il sourit à la neige, sourit à la pénombre ouatée.

Il avait appris à choisir.

3 968 mots
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Ce n’était pas la fin de l’histoire pour celui qui avait choisi de s’appeler Liam. Des heures, il reste dans son trou, épuisé, mais n’abandonne pas pour autant. Il devait rentrer : Il n’avait pas le choix. Dès lors qu’il réalise que son identité choisie était plus forte que tout, il accepte de demander de l’aide dans son épreuve.
Alors, des heures, de jours durant, il appelle à l’aide à travers la neige.
Et prie pour qu’on le retrouve.

[DoB : 12/09/2019]

Il était rare qu'elle revienne ici.
Pour elle qui affectionnait le printemps, la chaleur et le soleil, les terres du Nord n'avaient jamais été un premier choix pour aller prendre l'air en-dehors des frontières. Oh, elle avait certes regorgé de mystères excitants des années auparavant, cette étendue de glace qui naissait plus haut encore que le territoire Nakhu : et sans doute en portait-elle encore de nombreux en son sein. Mais ce n'était plus tellement de son âge de s'adonner à les débusquer, enfin... Pour Anita, bien plus qu'une préoccupation d'âge, il s'agissait simplement de temps et de priorités.

En bref, la Prêtresse n'était pas tout à fait sûre de pourquoi elle était venue se perdre jusqu'ici, là où le froid venait s'immiscer en elle et où le givre couvrait ses ailes d'une fine pellicule.
Peut-être qu'il s'agissait tout simplement d'un besoin de se repousser un peu dans ses habitudes, de casser celle-ci, pour une louve comme elle qui refusait de se voir vieillir. Car d'énergie elle possédait encore, assez pour même s'aventurer aux confins de ce continent, la preuve !
Peut-être aussi qu'elle avait simplement envie de marquer le coup en allant loin, elle qui avait toujours aimé parcourir régulièrement les terres libres mais avait du se contenter de promenades plus restreintes quand ses enfants n'étaient pas encore assez indépendants.

Loin d'être une parfaite novice des lieux, Anita avait tout de même pris le soin de revêtir sa vieille cape pour son excursion.
Ses pattes finirent par rencontrer la neige quand d'un piqué fluide elle regagna le sol, et redressa ensuite la tête, poitrine bombée et sourire aux lèvres, le sourire presque conquérant en inspirant l'air glacial et en contemplant ces étendues à la beauté désolée.
Et ainsi commença-t-elle à marcher, curieuse mais prudente - elle se souvenait de quelques mésaventures - en laissant s'écrire l'histoire de sa présence de fines empreintes à la surface immaculée.

Quand il lui sembla entendre une voix, elle fut d'abord persuadée d'avoir rêvé.

Ce n'était qu'un son étouffé, pas tout à fait reconnaissable : avec le vent qui ici soufflait parfois fort et la géographie du lieu qui repercutait les sons d'une manière différente, son oreille avait dû halluciner.

Mais ça recommençait.

Cette fois, Anita fronça les sourcils et se mit en alerte, cherchant autour d'elle une silhouette. Rien, mais elle décida de faire confiance à ses sens et à son instinct. Le danger était parfois caché, ici.
Bien plus attentive à son environnement, l'Alpha explora les alentours en tendant l'oreille, se guidant de ce son étouffé qui parfois perçait de nouveau jusqu'à elle.

Elle se rapprochait.

Cette fois, à quelques mètres, elle était persuadée qu'il y avait quelque chose.
La neige semblait plus fraîche qu'à côté, pas tout à fait lisse, et elle s'était retrouvée au pied d'une montagne.
Un loup avait-il été victime d'une avalanche ?
Quand la voix revint, elle put définitivement localiser sa source et commença à creuser, un peu en panique.
Plus encore quand une réalisation brutale la frappa : cette voix qu'elle entendait maintenant presque clairement, elle la connaissait.

— Liam ! Liam, continue à appeler, j'y suis presque !

Et à toute vitesse, le cœur affolé mais gardant son calme, Anita se mit à déblayer la neige qui avait commencé à se solidifier.

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-Liam-

Il hurle, encore et encore. A s'en casser la voix, à s'en brûler les cordes vocales. Et lorsqu'il doit s'arrêter, car il n'a plus la force, il se roule en boule et dort quelques heures, gardant comme unique chaleur celle de son feu intérieur. Mais le froid l'attaque ! Incessant ! Et sa voix, son seul salut, se fait de plus en plus faible, de moins en moins résistante. Pourtant il n'abandonne pas. Comment le pourrait-il ? Il y a quelque chose d'autre en jeu que son honneur, à présent, et l'enfant qui ne craignait pas la mort est depuis longtemps mort en lui.
Il ne pouvait laisser des parents endeuillés derrière lui.
Alors, il hurle.

Les jours se confondent, les heures s'écoulent comme des secondes, jusqu'à ce qu'il croit rêver.
Une voix.
Une voix ? Il tend l'oreille. Un mirage ! Non, non, l'espoir s'enflamme en lui, gonfle sa poitrine, lui arrache une larme, lui arracherait une larme s'il lui restait la force de pleurer. Non ! Et s'il avait halluciné ? Non ! La voilà encore. Elle est réelle ! Il allait être sauvé, on le sauvait, on venait pour lui ! Il ne se tens plus. De Liam ne reste qu'une boule écorchée de glace et de ce qui reste de son feu, braises plus brûlantes que jamais. Et, encore, il hurle, forçant sur sa fois cassée, éreintée, jusqu'à la forcer à sortir quitte à se taire ensuite à jamais.

ICI ! JE SUIS LA !

Où que soit ce là, tant que ce n'était plus seul.

[DoB : 12/09/2019]

Guidée par sa voix qui continue de l'appeler - de plus en plus fort, d'ailleurs, le jeune loup sans doute revigoré par l'espoir d'avoir enfin été entendu, Anita continuait de dégager la neige sans relâche. Elle commença à ressentir le froid d'ainsi y plonger ses pattes, mais elle n'y prêta guère attention - et de toute manière, elle dépensait tant d'énergie à ainsi creuser la neige tassée qu'elle finit paradoxalement par se réchauffer malgré la sensation d'engourdissement qui avait envahi ses doigts.
Après une certaine profondeur, elle sentit la masse de poudreuse devenir si solide qu'elle se savait approcher du but. Et, en effet, ses griffes finirent par percer la cavité pour dévoiler quelques premières touffes de poil brun, presque méconnaissable tant il se trouvait moucheté de flocons et de givre.

Une exclamation soulagée s'échappa toute seule dans un jappement.

— Liam !

Sans perdre en rythme car son travail n'était pas tout à fait terminé, et le jeune loup pas encore sorti d'affaire, Anita continua d'agrandir le trou en prenant garde à ne pas y renvoyer de nouvelles projections de la neige qu'elle venait tout juste de dégager et qui s'accumulait autour en tas d'une hauteur respectable.
Enfin, elle estima avoir créé une ouverture assez grande pour le libérer de sa prison de glace. Sans ménagement, l'Alpha plongea de l'avant pour saisir la fourrure épaisse au col de Liam et commencer à tracter de toutes ses forces pour l'aider à s'extraire. Poussant sur ses postérieurs, battant de mouvements vigoureux des ailes, elle ne s'arrêta que lorsqu'il fut enfin revenu sur la terre - enfin, la neige - ferme. Sans se laisser le temps de prendre une pause, elle retira ensuite de gestes méthodiques son manteau et le glissa par-dessus le fils de son ami pour l'en envelopper au mieux, espérant qu'il puisse commencer à se réchauffer.
Ce fut seulement à ce moment qu'elle s'autorisa à respirer et qu'elle fit un pas en arrière, pantelante. La tête lui tournait un peu mais elle se remit rapidement de ses émotions, contemplant Liam, mesurant la chance inouïe qu'il avait eu d'être secouru en pareil lieu, dans cette terre si désolée et inhospitalière qu'on y croisait bien moins de vies canines que d'autres animaux.

— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais ici ?

Il lui fallait plus de temps que dans sa prime jeunesse pour regagner tout son souffle après un effort physique. Sa voix devait trahir sans mal son inquiétude, mais surtout son incompréhension - il était bien loin des terres au temps clément qui l'avaient vu naître - alors que dans sa tête se formaient cent questions.
Pourquoi être parti si loin ?
Pourquoi seul en des endroits dangereux et inconnus ?

Depuis combien de temps était-il là-dessous ?

Elle n'était pas ses parents, et ne pouvait pas se mettre en colère. Ce n'était pas non plus dans son caractère de juger trop sévèrement les divagations de jeunesse.
Mais dans son cœur de mère, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir la douleur, entraînée par son esprit qui de lui-même se projetait à imaginer que cela puisse arriver à l'un de ses propres enfants.

Sujet: Re: La fugue [Libre] Dim 03 Mar 2024, 17:41

-Liam-

Un trou ! Un trou !! La lumière l'aveugle, jette sur son trou, sur sa bicoque de fortune, sur sa geôle un éclair d'argent si violent qu'il doit plisser ses yeux de feux pourtant tant habitués à être écarquillés. Il ne voit rien, l voilà aveugle ! Aveugle, il l'aurait bien mérité, d'avoir été si stupide, d'avoir cru pouvoir survivre seule, connaître et arpenter ce Nord dont il ne savait rien. Mais la voix, les bruits de pattes, tout l'agresse et le ramène au monde dans une folie salvatrice, dans un soudain trop-plein de choses qu'il avait presque oubliées.

On le tire ! On le prend ! On lui parle, on l'embrasse, on le réchauffe, et lui ne peut que balbutier quelques mots tant la violence de la vie se rappelle à son corps qu'il avait cru mourir. Les yeux, enfin, s'habituent à la lumière pour découper la silhouette de son Ange à lui, de ses ailes arrachées à un ciel trop bleu, de ses yeux violets brillants et de son glowstick comme celui de papa.
Il crut, un instant court, que c'était lui qui viendrait à son secours.

Groggy par le froid, tremblant, haletant, il y eu un instant de silence lorsqu'enfin l'adrénline le laissât réfléchit; Juste une seconde ! C'st tout ce qu'il fallut pour le soulagement, la tristesse, la peur, la joie, tout à la fois de passer dans son coeur, de déborder sur son visage, d'emplir ses yeux d'eau brûlante alors qu'en un soupir, il s'abat en larges sanglots dans les bras de l'etelkru.

Oh, Anita ... ! Anita, Anita, A-

Il pleure, il pleure, il meugle et geint comme un enfant, s'affaissant d'un coup dans les bras en serrant la chaleur de la mère-des-autres comme s'il s'agissait de la sienne, de mère. Il n'eut pas pleuré tout son saoul que les paroles se frayent un chemin trop rapide à travers ses crocs tordus. il n'avait eu le temps de les penser !
Elles venaient du coeur.

Tu m'as sauvé la vie, tu m'as sauvé, j'ai cru que mes parents devraient m'enterrer, j'ai cru que-

Il geint, se redresse, s'abandonne, renifle. Une aventure d'émotions, une vague de tout, de trop, qui empêtre son histoire alors que les mots continuent d'être vomis sans ménagement.

J'ai voulu explorer le Nord, j'ai voulu fuguer ! Survivre, connaître la peur, la douleur, connaître ce qui fait un homme ! Que j'ai eu tord, Oh, j'ai cru qu'à jamais je serais condamné à erre ! Ici, sur ces terres arides, en tant que fantômes, sans donner même le repos à mes parents qui toute leur vie durant me chercheraient ... !

la vision est trop difficile, l'étrangle, brouille ses yeux lorsque ses paules s'affaissent de nouveau en un tremblement incontrolable et dramatique.

[DoB : 12/09/2019]

Tout contre elle il s'effondra, s'abandonnant à des sanglots fougueux qui avaient attendu de pouvoir se libérer en même temps qu'il on tenait la sienne, de libération. Maintenant sorti de sa cage de glace, il était hors de danger - et Anita n'en finissait plus de mesurer à quel point il avait eu de la chance ; à quel point leurs étoiles s'étaient alignées d'un si improbable hasard pour permettre à leurs routes de se croiser qu'il en devenait fou et impertinent ; à quel point il s'en était fallu de si peu pour qu'un couple de parents ait un enfant à pleurer.
Elle ne pressa pas Liam, le laissa relâcher toutes ses émotions contre elle et dans le vent de ces bouts de phrases saccadées et de ces mots qui jaillissaient avec la force d'une voix soulagée de pouvoir encore exister. Seule une patte serrée autour de ses épaules pour venir le frotter doucement et le soutenir et quelques mots de réconfort chuchotés vinrent l'accompagner avant que, peu à peu, finisse par se former une phrase cohérente pour venir tout expliquer.

Fuguer ?

Les sourcils d'Anita se froissèrent, et alors que le jeune mâle repartait aussitôt dans le torrent de ses émotions, elle tenta de faire sens de ses paroles.
Alors il avait souhaité se mettre en difficulté volontairement. Mais sans pleinement mesurer la portée de l'acte, évidemment, partant seul à cette aventure avec pour seuls guides ses propres idées et fantasmes.

— Oh, Liam... Il y a bien assez d'épreuves qui t'attendent tout au long de la vie pour ne pas avoir à provoquer le destin.

Pouvait-il seulement mesurer la chance qu'il avait de ne pas avoir eu encore à éprouver ces difficultés, à être né dans une famille grande et aimante ? Elle pouvait comprendre le besoin d'aventures, de sortir de sa zone de confort.
Mais ce n'était pas aller à l'encontre de ce cadre heureux et bienveillant qui ferait pleinement de lui un homme, comme il le disait.

— Et un loup comme toi n'affrontera probablement pas ces épreuves seul.

Une patte toujours sur son épaule, elle prit un peu de recul pour venir chercher son regard enflammé.

— Il n'y a pas qu'une seule façon de grandir, Liam. Ce n'est pas un mal que de faire cette route accompagné.

De ses parents, de ses frères et sœurs, de ses amis.
Quand ceux qui avaient du se débrouiller seuls auraient sans doute souhaité la bénédiction d'être si bien entourés.

3 an (30/03/2023) Yeux fait de feu I | E | F | A 1 | 1 | 0 | 2

-Liam-

C’est une tempête, qui nait dans la poitrine serrée du loup, une tempête de feu, de révolte, de raison, de tristesse, d'allégresse, de colère, de honte, de toutes ces émotions qui avaient été contenues, condensées, et qui explosent à présent au grand jour en un mélange brulant. Liam savait, il savait que son départ avait été d’une stupidité comique, mais il savait aussi qu’i len avait eu besoin, mortellement besoin !

Comment une louve comme Anita, héroine de guerre qui possédait la sagesse des années et de l’expérience pouvait comprendre la brulure de l’adolescence, le besoin d’indépendance, de forger son propre soit, oui ! Voilà de quoi il était question, de bruler avant de devenir froid, de dévorer le monde avant que l’envie ne disparaisse, ne pouvait-elle pas l’entendre ? Mais, dans sa réalisation, Liam avait regretté souvent sa solitude, plus douleur que libération et qui pourtant lui avait montré absolument son besoin d’être avec les autres. Avait-il eu besoin d’attendre, pour le savoir ?
Attendre lui était insupportable.
Lorsqu’il se décidait, il le faisait. Sa volonté était son impact absolu sur le monde, aussi stupide soit-elle.
Et c’est tout ça qui se bat dans sa poitrine, qui explose et se regroupe comme un big bang astral bien trop grand pour sa jeunesse. Mais lui, pattes tremblantes et regard humide, lui se frappe la poitrine pour défendre ses choix.

“J’en avais besoin, là !” Il martèle son coeur. “J’ai voulu chercher l’expérience avant qu’elle ne me cherche, me chercher moi-même, savoir enfin qui j’étais !”

Sa lèvre tremble, regard halluciné, gueule fébrile avant que soudain sa colère ne passe, balayée par la mollesse de son soulagement.

“Venir ici sans préparation était une erreur. Rester seul en était une, aussi, oui je le vois maintenant, mais j’ai appris, Anita, j’ai appris que je ne voulais plus jamais le faire, j’ai choisi …”

Les mots lui manquent, Le froid paralyse sa réflexion à peine éclose, sa décision solide mais encore trop obscure pour qu’il ne la comprenne entièrement. Il ne la force pas ; Il sait, qu’elle était ici.
Il avait confiance, à présent.
Et comme il avait confiance en son identité balbutiante, il avait confiance en celle qui venait de le sauver de ses erreurs. Son regard se lève, plus calme, fatigué aussi, pour chercher celui d’Anita. Son feu l’avait brulé, ses pattes se serrent sur le corps, la chaleur, les pattes maternelles, avant que la voix ne formule finalement ce qui sera la conclusion de son aventure.

“J’aimerai rentrer chez moi.”

Et sa voix se serre en une émotion toute enfantine, sans pour autant que les yeux ne baissent alors qu’une larme roule au coin de l’oeil.

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