Apprendre - Ottar

Papa n’est pas le seul panseur.
Si Naga aime beaucoup le voir travailler et n’a aucun doute quand à l’efficacité de son travail, elle ne le considère pas comme seul individu capable. Ils ont tous une organisation différente et des affinités avec différents types de médecine.
C’est agréable, de trainer par ici. Mais par ce qu’elle n’est pas panseuse elle même et dotée, il faut l’avouer, d’une grande et large carcasse un peu encombrante, elle n’ose pas souvent s’éloigner des murs, par peur de les embêter.

C’est presque si elle est satisfaite, ce soir, d’avoir une occasion légitime de se rendre là bas. C’est stupide : elle aurait du être bien embêtée lorsque la pierre tranchante est venue déchirer la peau de son flanc, lorsqu’elle a glissé. Mais au lieu de cela, Naga est enthousiaste à l’idée de voir comment les panseurs s’y prennent pour soigner la plaie, et les plantes qu’ils emploieront.
Peut-être qu’elle trouvera le courage de demander à l’un d’entre eux de lui apprendre, un peu.

Elle trottine, grimaçant un peu lorsque la blessure tire, vers la tanière et s’y engouffre silencieusement. Naga se râcle la gorge et son regard se pose sur le seul individu restant.
Ottar, un grand loup : plus grand qu’elle.

- Bonjour Ottar. Je me suis blessée au flanc.

Ottar est grand, c’est ce qu’elle pense en premier lieu.
Elle le sait, par ce qu’elle l’a déjà vu, mais jamais d’aussi prêt. Et si elle n’est pas naine, et que Maman non plus, il faut reconnaitre qu’Ottar la fait se sentir toute petite.
Et puis, sa silhouette est massive et son pelage est dense : il semble être taillé pour affronter les grands froids. C’est à se demander, si il ne souffre jamais du climat du Sud.

Son regard de reptile s’attarde un peu sur lui. Puis elle se dit que ce n’est surement pas très poli, voir un peu bizarre, alors elle les baisse vers le sol.
Naga lui montre sa plaie et demeure un instant silencieuse, perdue dans ses pensées. Elle a tellement envie de lui poser des questions, par ce qu’il l’intrigue, mais ne sait pas comment le faire sans qu’il puisse se sentir considéré comme une bête de foire.
Ce qu’il n’est pas.
C’est un bon panseur.
Et puis, elle aussi, est un peu une bête de foire.

Elle préfère tourner la tête vers le blessé, un peu plus loin.

- Qu’est ce qu’il a ?

Tout en écoutant le panseur, elle regarde ce qu’il fait.
Ses oreilles remuent quelques fois. Elle ne dit rien, pas même lorsque les aiguilles percent sa peau pour rapprocher les chairs, pas même lorsqu’il nettoie.
L’histoire du malade ne la laisse, cependant, pas insensible : C’est idiot, d’agir ainsi. Une plaie doit être prise en charge quand elle est encore fraiche, sous peine d’infection.
Maintenant, il doit souffrir davantage que si il était venu ici dès le début.

- C’est bête.

L’orgueil et la prétention de pouvoir s’en sortir seul sont des concepts qui lui échappent.
Elle observe sa propre blessure.

- Merci Ottar.
Dis, tu m’apprendrais ton métier s’il te plait ?

La demande est directe : Elle sait ce qu’elle veut faire de sa vie, sur le plan professionnel.

- Oui.

Elle aime apprendre.
Et même si son corps grand et musclé la destinerait à devenir, peut-être, une bonne combattante, Naga aime surtout apprendre. Elle aime découvrir de nouvelles plantes et leur vertues, aime observer les panseurs recoudre des plaies et le calme qui règne dans cette antre.
Son corps musclé lui servira pour d’autres choses que le combat : Elle pourra porter les blessés en lieu sur pour les soigner.

Sa réponse a été immédiate.
Elle ne lâche pas Ottar du regard, dans l’attente de sa réponse qu’elle espère, évidemment, positive.