Celui venu d'Ailleurs [ft Sajda]

S A J D A ▴ Deux ans et demi
8/10Pvs

La bibliothèque, de façon bien plus importante que l'Atoll où je m'étais établi auprès de ma Lumière, était un lieu de passage considérable. Croisement de loups aux savoirs multiples, elle était aussi l'épicentre des ragots et discussions diverses, quant aux évènements intrigants se déroulant sur nos contrées.
Et si un instinct particulier m'amenait parfois à en prendre connaissance sans que l'on m'en porte l'information, pour celle-ci, c'est d'avoir tendu l'oreille qui m'en fit apprendre l'existence.
Il y aurait, dans le désert qui couvrait une partie des terres, un train surprenant, dont le fonctionnement comme l'apparition cabalistique était source de nombreux questionnements.

L'on évoqua l'existence de portails dimensionnels, à l'intérieur même de ces wagons. D'un condensé de nos terres, contenu entre quatre murs métalliques.
Le congénère qui en parla le plus fit même l'éloge de trésors cachés, ayant lui-même apporté de son périple un rare ingrédient qui lui servirait dans l'un de ses soins, sans doute.
Sans doute, car je me désintéressa de sa jacasserie pour quitter ces lieux.

Nous étions encore au matin.
Et la journée s'annonçait belle.

Le désert, lui, se situait entre la bibliothèque et l'atoll, en quelque sorte.

J'avais toujours veillé à le contourner, point désireux de m'y risquer inutilement. Mais le besoin d'attester par moi-même de l'existence d'une telle machine, et la volonté d'en constater la possible acquisition de rares trésors, me fit revoir mon interdit.
Avec une flasque d'eau, un chèche pour me protéger du vent sablonneux, et une prudence naturelle, je me sentais en capacité de braver la terre aride. Le sable était devenu une habitude, et puisque bien des loups sans clairvoyance visible ou compétences particulières étaient apte à en revenir, je m'estimais capable d'y survivre.
Si les choses se gâtaient, je n'aurais qu'à abandonner.
Et j'y reviendrais, alors, avec un congénère apte à m'y guider.
Certains loups avaient, après tout, une absurde volonté d'aider son prochain.

Sur les hautes dunes, les plaines traversées,
Sous la chaleur écrasante,
Je dû subir les affres du désert des heures durant.

Je resta en mouvement, pour ne pas devenir proie facile, et maximiser mes chances de croiser ce train sans trail,
Et lorsque je fus presque à douter de l'existence de ce train, ayant cru aux balivernes d'un loup dont le mensonge aurait tellement été encré qu'il s'en serait fait un savoir...

Il me parut.

Machinerie filante dans le sable, dont la trajectoire envisagée me fit m'approcher au plus près de celui-ci.
Sans réflexion aucune pour l'entrée à prendre, je m'engagea dans celle qui me fut le plus accessible.
Et me retrouva.
Comme ailleurs.
Mon coeur est battant et mes yeux presque surpris, de fouler sol qui ne concordait à l'image dont on pouvait se faire de l'intérieur.
Et cette stupéfaction passée...

J'y fis mes premiers pas.
...
Et comment deviner, que des pierres s'abattraient alors sur moi.
Mon dos s'affaissa, mes pattes cédèrent, mon pelage se souilla de poussière et d'une trace d'un sang putride.

Diantre.

Plus que l'existence de ce train, c'est désormais ma présence en son sein, que je remis en question.