Shards of Time

◖Shards of Time

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Tout un monde plongé dans une obscurité naissante, éclairé pour un temps du soleil qui s’enfuyait à l’horizon en colorant ce dernier de nuances sanguines. L’atmosphère était sombre, comme chargée d’un sentiment de colère et d’agonie profonde et chantante, se fondant dans le bruit du vent qui s’en retrouvait à la fois doux et perturbant à ses oreilles.

Apocalypse.

Perché sur un roc flottant tout à fait dans le vide, il observait le coucher éternel du soleil de son regard dénudé d’expression, la violence paisible qui ne cessait de maltraiter les nuages immobiles telle diverses lances chauffées jusqu’à leur fusion filant percer ces amas chatoyants de vapeur afin de les crever, les déchirer, le fascinant toujours autant. C’était un univers mort, où le sang de l’énergie assassinée du monde se répandait sur le sol via la lumière, que le soleil diluerait encore jusqu’à sa totale disparition.

Personne ne sut réellement ce qu’il s’était passé. D’un coup le monde s’était paré de feu et de lumières qui brûlèrent la Terre en divers endroits, la ravageant, la martyrisant jusqu’à la fragmenter en trois morceaux éclatés. Puis, le Temps s’est arrêté.
Tout s’est arrêté de tourner, rien ne changea plus, et l’instant devint infini. Plus rien ne semblait plus capable d’affecter leur univers, il était, et demeurerait plongé dans cette étrange éternité.
Toute science aurait interdit l’existence de cette dimension figée si l’inconnu ne s’y était pas mêlé pour y bafouer les règles. Car, malgré tout la vie s’y écoule, enfin du moins s’y passe sans vraiment changer. La raison du pourquoi les êtres vivants ont continué de pouvoir se mouvoir sans être figés comme le reste ne fut jamais comprise, si du moins il y avait réellement une raison. Mais, s’ils peuvent bouger et penser comme avant, leur corps restait tout de même piégé dans l’arrêt temporel ; ils ne vieillissaient plus, ne grandissaient plus, ne ressentaient plus le besoin de manger ou boire et s’ils continuaient à le faire ils finissaient par tomber malades puisque tout cycle, même intestinal, était bloqué. Ils étaient coincés à l’état où ils étaient lors de l’Arrêt, comme il était nommé, et ne pouvaient plus que difficilement en changer. Ainsi les malades le restaient aussi, et leur maladie ne guérissait plus mais n’avançait plus non plus, avantageant les atteints de maladies internes qui ne sentaient du coup plus rien et clouant ceux atteints de blessures douloureuses. L’atmosphère terrestre aurait dû s’envoler avec le fractionnement de la planète, mais comme le temps était figé plus rien ne se modifiait plus, et quand bien même leur corps ne nécessitait plus rien alors, cela leur changeait peu, hormis d’éviter l’effet lune peut-être.

Les trois morceaux furent nommés Theta, Iota et Mu par ce qui s’apparentait le plus aux hautes instances, mais peu les nommaient réellement comme ça au final. Toutes avaient divers surnoms, qui changeaient selon les régions et autres.
Theta était la plus grande partie, et celle en meilleur état. Elle était composée de diverses plaines et forêts, et se situait sous le soleil, se retrouvant donc continuellement éclairée et agréablement chaude. Là-bas la nuit ne vient donc jamais, ce qui en réjouit certains mais en a perturbé un grand nombre aussi. Tout ceci en fit la principale, malgré la nuit inexistante. Iota est la partie la plus éloignée du centre, et est tournée de manière à être perpétuellement sous le coucher du soleil. Mu, elle, est plongée dans l’ombre de Theta et ne voit jamais la lumière du jour. La plupart l’évitent, mais elle n’est pour autant pas inhabitée. D’ailleurs chaque partie n’est praticable que sur la croûte externe, les autres côtés n’étant que rocs et vallées parfois infranchissables car étant habituellement au centre de la Terre, étant du coup assez vides. Il était toutefois possible d’y aller, car l’ordre gravitationnel ne s’étant totalement rétabli à cause du temps à l’arrêt on pouvait y tenir sans s’envoler par un hasard quelconque, même s’il n’y avait pas réellement d’intérêt à s’y promener.
Tout ailé pouvait parcourir la distance qui séparait les différentes parties sans problème tant qu’il avait une très bonne endurance, tandis qu’à pied la tâche devenait un poil plus compliquée. Les parties n’ayant pas été découpées franchement proprement on pouvait passer de l’une à l’autre en sautant d’éclat de roc perdu en éclat, mais leur taille et la distance les séparant étant carrément aléatoire, ça pouvait relever du suicide. De plus, Iota est trop éloignée de Theta pour aller directement de l’une à l’autre, ce pourquoi il est obligatoire de passer par Mu pour accomplir le voyage. C’est pour cela que furent érigées trois grandes passerelles, les reliant respectivement les unes les autres, celle pour Theta et Iota étant la plus dangereuse car la plus longue, mais ça revenait toujours à mieux que d’y aller de roc en roc.

Anatase commençait à s’ennuyer, ici.
Iota était sûrement le coin le plus calme, mais depuis les 4 ans qui s’étaient écoulés après l’Arrêt peut-être commençait-il à réellement se faire chier. Parce que oui, que le temps s’arrête ou non ça décourage pas une population à s’organiser, si bien que très rapidement ont été créés les Sabliers. Chaque partie a une sorte de ville, si on peut les appeler ainsi, servant pour genre de capitale, où est entreposé un Sablier annuel. Ils ont été créés très peu de temps après l’Arrêt, mais après tout de même, alors la gravité les affecte sans que le temps ne les ait altérés, puisqu’ils ne sont pas régis par un cycle naturel mais manuellement. La notion du temps n’étant plus que très abstraite, les gens avaient tendance à se perdre dans le non-avancement si bien que cette simple invention en sauva un bon nombre de la folie. Pourtant ça n’avait aucun sens puisque le temps ne s’écoulait plus, c’étaient des années fictives, mais au final ces fausses années avaient un tel impact sur le moral que le concept fut glorifié. Ensuite, chaque bourg de taille notifiable avait un Sablier journalier, ainsi qu’un clocher qui sonnait fixement toutes les demies-journées. Ce raccrochement désespéré à une vie « normale » était presque attendrissant par son élan désespéré, mais on ne pouvait nier une certaine utilité. Chaque "année" un gigantesque signal était lancé depuis Theta, afin de coordonner les trois Sabliers annuels.

Ramenant ses genoux contre sa poitrine, il ferma les yeux avec un soupir. Oh oui. Genoux.
Ça non plus, il n’avait pas l’habitude. Parce que jusque-là, il avait toujours marché à quatre pattes, sous sa forme originelle. C’était aussi quelque chose qui avait puissamment foutu la merde dans leur monde : ils avaient tous pris cette forme humaine qui était franchement embêtante. C’était à la fois très dérangeant et pratique d’avoir gagné un mètre de hauteur rapport à son ancienne forme de Zorua. Mais quel merdier cette fin de monde ratée, où les Pokémons se retrouvaient à prendre forme humaine…ils ressemblaient néanmoins beaucoup à leur ancienne forme, mais dans la limite du raisonnable disons. Leur fourrure avait été remplacée par des substituts de tissus, leurs corps avait perdu toutes les aptitudes qui le caractérisaient avant. Il était devenu quasi impossible d’utiliser ses pouvoirs, ou alors seulement dans une moindre mesure.
Ça avait pas mal amusé les quelques coins d’humains restants, de les voir galérer autant du jour au lendemain, mais grâce à quelques-uns ils avaient relativement rapidement appris à se dépêtrer de tout ça. Vraiment, toute notion de possibilité scientifique s'en allait en courant dans ce fichu monde.

Soupir. La surprise du changement radical de monde passée, il se retrouvait depuis à ne plus vraiment savoir quoi faire de son semblant de vie. Ses vagues buts s’étaient effacés sous le poids écrasant de l’angoissante éternité qui semblait l’attendre, si bien qu’il comptait les jours depuis quelques temps sur son rocher en attendant avec une patience à toute épreuve les prochains coups de clocher qu’il entendrait au loin. Il s’était installé au bord de Iota, dans un lieu où les rocs flottants et immobiles étaient particulièrement nombreux. Après s’être élevé vers les plus hauts, il s’était mis à attendre, Dieu seul sait quoi.
Une motivation, peut-être, un but ou quelque chose de ce genre là. En attendant, il regardait le formidable coucher de soleil apocalyptique qui dardait sans cesse Iota de ses éclats à l’allure sanguinolente.
Peut-être tout simplement que le monde est mort.

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Destruction, mort, peur.
Les trois points pour lequel Reshiram se battait. Du moins, sous son ancienne forme. Maintenant, il n'était plus qu'un être nommé " beau - gosse " qui hantait sans aucun but les terres sombres. Et pour tout dire, il était encore plus énervé du monde actuel, il voulait le voir sombrer définitivement, car Etherium n'était plus ce qu'il était. Il s'était brisé en même temps que ce monde. Le temps lui avait volé le seul reste d'animal de combat qu'il était avant l'Arrêt. Un vent froid venait caresser ses joues devenues légèrement roses par le temps. Il se fichait éperdument du coucher du soleil, il n'en voyait aucune utilité, donc, ne le regardait pas. Pour tout dire, il volait dans le ciel sans rien regarder, frôlant parfois des rochers en lévitation.

Il devait investir dans une écharpe. Son regard bleu s'arracha de ses pensées pour se plonger dans le paysage. Oulah, il était loin de Mu là. Beaucoup trop loin. Il n'avait même pas tilté qu'il y avait un coucher de soleil. Damned, ce type est complètement con. Etherium s'arrêta net, les bras ballants, observant autour de lui. Et voilà, encore une fois, il venait de se perdre. NICE.

En temps normal, il se serait retrouvé facilement, son odorat, les vibrations, bref, c'était une tâche aisé, mais là c'était beaucoup plus complexe. D'un battement d'aile, le garçon type dragon fonça en avant, évitant de justesse une petite plateforme, pour continuer son vol silencieux. Une couleur le fit tilter -cette fois...- et il s'arrêta. C'était quelqu'un.

Super, en plus d'être perdu, il venait de tomber sur une personne. Parfois, le jeune-homme se demandait comment il faisait pour autant se foutre dans la merde. Bof, il savait sûrement où il était. Etherium fit un pic pour s'arrêter aux côtés d'un jeune-homme assis. Visiblement de la race des Zorua. Il n'en avait pas vu beaucoup, mais on disait que c'était mignon. Comment faire pour lui parler...S'il tendait sa main vers lui pour lui donner un coup, il réagirait sans doute..? Mh non. Lui ébouriffer les cheveux et faire " eh petit ! Aide moi ! " C'était rustre. Une illumination vint alors à lui. Un magnifique discours. " Bonjour jeune-homme, pourrais-tu m'aider à retrouver mon chemin, je me suis malheureusement perdu.."



- Salut. J'suis où.


AH MAIS PUTAIN LE CON.
Un petit sourire gêné se dessina sur ses lèvres, et il passa sa main dans ses cheveux blancs. Cette expression niaise et timide, damned, so gay.

Ce monde était chiant. Sérieux.
Ça faisait un moment qu'il poireautait là maintenant, puisqu'il n'avait plus aucun besoin naturel. Combien déjà, six coups de clocher ? Ah bah trois jours. Bon. Peut-être fallait-il faire un truc maintenant, ne serait-ce que pour ne pas se statufier sur place. Il y avait apparemment des gens qui étaient devenus de vraies statues à force de ne plus bouger, comme rien ne les obligeait à se déplacer ils finissaient par perdre la tête et ne presque plus exister mentalement. C'était assez flippant.
Alors un truc chelou passa devant lui et se posa à côté, sur son rocher. Oui se posa. C'était quelque chose qui volait ? Surpris Anatase leva le regard vers ce qui venait se poser, et resta perplexe devant le personnage qui restait planté là.
Un grand mec filiforme habillé de grands trucs blancs, et quelques trucs noirs. Ouais, les fringues et lui c'était pas facile, une haine de tout instant, mais l'exhibitionnisme était mal vu, et les siennes lui rappelaient son ancienne fourrure. Bref il était habillé avec des trucs encore plus bizarres que les siens, et semblait avoir des...ailes. Enfin, c'était dans son dos et blanc et avec des machins qui ressemblaient à des plumes quoi. Comment c'était possible ? Il avait même deux sortes d'antennes au bout desquelles brillaient des petites flammes.
Curieux personnage.

- Salut. J'suis où.

Putain c'était qui.

« Euh. »

Ah mais en plus c'était pas fini, juste après un autre mec lui tout en noir et bleu sauta sur leur rocher, on était pas à la Fnac le jour de la sortie de la nouvelle Playstation non plus.

« Yo ! »

D'où sortaient ces gens, ils étaient ensembles ? Curieux groupe, deux anciens Pokémon semblait-il par leur allure, dont un qui pouvait voler. Aucun ne lui évoquait de monstre à sa connaissance, peut-être étaient-ils rares tous les deux. Et tout ce beau monde se retrouvait sur CE caillou paumé à perpet, sans raison apparente, c'était trop fort. Allez on avait plus qu'à se faire un petit barbec' saucisse-mergez maintenant et ils avaient la totale.

« J'amène les chipos alors. »

Ah merde.

« ...Ouais non pardon, ehrm, où t'es ? Iota mon pote. »

Anatase posa une main derrière lui pour se pencher en arrière et mieux les voir, détaillant le blanc qui le regardait d'un air chelou la patte dans les cheveux et le noir qui avait l'air de sortir du pays des poneys. Ça y est on lui avait offert le ying-yang en paquet surprise, ça allait être top pour la merguez party.
Quelle belle brochette.

▲▽▲

Vous savez, ce genre de moment où vous avez une demie-seconde de conscience avant de vous faire embarquer dans un truc et que vous vous dites que vous le regretterez totalement ? Genre, quand on est tout en haut d'une montagne russe, que le wagon s'arrête deux secondes avant de vous arracher la gueule ?
Anatase détestait cordialement ça. Il eut à peine le temps de remarquer que le mec en noir se cassait la gueule avant de se faire entraîner aussi, par le t-shirt, tombant tête la première dans le vide.

« AAAAAAH »

Le coucher de soleil aveuglant lui pourrit momentanément les yeux, tandis qu'il tournoyait dans les airs, les bras s'agitant dans une vaine tentative d'attraper un truc auquel s'accrocher. Il voyait le ciel pourpre tout autour de lui, c'était absolument impossible de se repérer à quoi que ce...oh si, ooh si le SOL BORDE/sblaaam. Ils étaient...ils étaient passés au travers du sol ou ?

« PUT-AÏE »

Aussi vite qu'il était tombé il venait de se retrouver dans un endroit sombre, à moitié enfoui sous quelques roches. Bordel, heureusement que leurs corps ne pouvaient être modifiés, ils auraient fini en bouillie d'os et de sang glougloutant sinon. Ça n'empêchait pas Anatase d'avoir totalement mal partout, et même s'il savait qu'en quelques minutes il ne sentirait plus rien il ne put s'empêcher de lâcher quelques autres phrase d'une courtoisie remarquable.

« Ah je suis vraiment désolé pour ça »

Aah il était là lui. L'ex-Zorua leva un regard formidablement méprisant vers lui, une grimace dégoûtée sur le visage.

« T'as intérêt, crétin »

Il finit par se motiver à s'extraire de sous les quelques rochers qui lui étaient tombés dessus avec l'aide du mec stupide, se relevant en grognant avant de poser son regard sur le plafond.
En tombant ils avaient défoncé un semblant de mélange de terre poussiéreuse et de roches, ce qui semblait expliquer qu'ils aient pu passer au travers. Mais c'était trop haut pour être atteint comme ça, alors sortir par là où ils étaient arrivés était à oublier. Soupirant, le jeune garçon balaya circulairement la salle de son regard, observant ce qui semblaient être deux tunnels de part et d'autre. Sauf que la lumière rougeoyante du soleil de Iota éclairait pas grand chose quand on était pas à l'extérieur, si bien que les deux trous s'enfonçaient dans une obscurité quasi-complète.
Pourquoi il était ici, déjà ? Ah oui, à cause d'un abruti qui s'était pété la gueule tout seul et avait jugé bon de l'embarquer.

Se retournant vers ledit-abruti, il lui demanda de manière tout à fait blasée :

« Bon, ben du coup on fait quoi ? »

Il aurait bien aimé que le mec blanc avec ses ailes là, genre le truc méga-rare que seuls certains Pokémon ainsi que les légendaires avaient gardées, descende les chercher mais il avait tellement peu d'espoir qu'il s'empêchait de trop y penser.