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Sujet: Red dust, red sand [Daniel] Dim 08 Nov 2015, 12:24
Bllbl:
Suète avait un rendez-vous. C'était suffisamment rare pour être noté : la dernière fois qu'on l'avait conviée quelque part, elle avait appris que tout ce qu'elle avait construit n'était qu'une mascarade, et il s'en était suivi la guerre dans laquelle son peuple était présentement empêtrée. Rien, cependant, de comparable à la réunion qui l'occupait à présent : là, c'était à la demande d'un ami - c'était une façon comme une autre de voir les choses - qu'elle cheminait entre les dunes, plus mue par une curiosité puissante que par un réel sentiment chevaleresque - même si, bien qu'elle ne l'aurait jamais avoué, cette variable devait peser dans la balance, elle était un Paladin, et avait accepté la quête du PNJ qu'elle se devait à présent d'honorer.
Le soleil éternellement puissant du désert, bien qu'aucune considération météorologique réaliste ne puisse permettre qu'un putain de désert sec et sableux puisse popper like a boss au milieu de terres fertiles, était agréable à la grande louve rouge. Ici, elle était dans son élément : son poil relativement ras - malgré une crinière fournie - et ses pattes larges étaient mille fois plus adaptées à une course dans le désert qu'au froid de cet hiver à la Game of Thrones qui avait duré plusieurs années. Ce désert lui rappelait les contrées de son enfance, et elle était en ce sens nettement plus à même de gérer un tel environnement que n'importe quel autre de ces terres.
C'était pour cela qu'elle galopait comme un pétulant cabri entre les dunes, se mouvant comme un fantôme au sein de cet univers rouge et ocre, avalant goulument la distance qui la séparait de son objectif supposé. Objectif qu'elle ne connaissait pas vraiment et qui avait pour l'instant la forme d'une piste olfactive assez ancienne et vague, vestige des pérégrinations du desperado. C'était agréable, comme promenade ; et l'idée de croiser dans quelques lieues la mine patibulaire et éternellement renfrognée du solitaire étranger donnait à la ballade un caractère de jeu assez sympathique.
Non, clairement, ce matin, elle était de bonne humeur.
Ce n'est qu'après avoir ainsi voyagé pendant au moins deux heures - à la louche - que l'odeur commença à être vraiment, mais alors vraiment plus présente. C'est alors qu'en vue, à la place de cet éternel mirage qui donne l'illusion que, dans le désert, la mer et proche, la louve commença à discerner une forme vague et sensiblement plus verte que le reste du décor. Un oasis. C'était donc cela : Daniel vivait dans un de ces îlots de verdure au milieu de l'uniformité de l'océan de sable. C'était logique : trop loin de toute terre habitée pour qu'on lui fiche la paix, et dans un environnement somme toute assez proche de ce qu'il avait connu 'chez lui' avant.
Suète s'avança donc lentement, restant cependant assez en retrait pour laisser Daniel venir. Elle ne pouvait, malgré la confiance - si, si - qu'elle portait au mâle, exclure la potentialité d'une embuscade. Puisqu'elle était, avant et après tout, un bon chien de garde.
Cassius » Historique
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Mer 11 Nov 2015, 10:47
L'air s'était réchauffé depuis un bon moment déjà : on ne pouvait pas vraiment dire que c'était toujours le petit matin. La capacité qu'avait la température des milieux désertiques à passer d'extrêmement froid la nuit à extrêmement chaud le jour pouvait s'avérer très agaçante pour ceux qui n'y étaient pas rodés dès leur plus jeune âge, mais cela avait tout de même quelques avantages : si vous n'aviez pas la gueule de bois, ça vous poussait généralement à ne pas trop flemmarder au lit. Crever de chaud n'était pas ce qu'il y avait de plus compatible avec grasse matinée. Ce matin là, Daniel n'avait pas la gueule de bois : celle-là, il se l'était tapée hier, pour le plus grand désespoir de la louve qui partageait son terrier. Il en avait au passage profité pour constater que les lendemains de cuite étaient encore moins agréables qu'ils ne l'étaient de base, lorsque vous étiez en colocation avec une adolescente. Enfin, adolescente. Elle n'en était plus vraiment une à présent, pas sûr même qu'il l'ait jamais connue en tant que telle au vu de ce qu'elle avait vécu, mais dans sa tête à lui, elle était et resterait à jamais une simple gamine. Sa gamine — mais ça, hors de question qu'il l'avoue à qui que ce soit. La louvarde avait cru dans un premier temps qu'il était malade, à le voir prostré et presque sans vie dans un coin reculé de la tanière commune, et s'était rapidement affolée. Puis avait très vite remarqué que l'odeur entêtante qui lui collait au pelage était bien loin d'être celle de la maladie, mais se trouvait en vérité être celle de la tequila. C'avait été bien pire une fois qu'elle avait compris qu'il ne faisait rien d'autre que décuver : elle l'avait littéralement engueulé toute la journée, usant et abusant des regards de reproche, revêtant soudainement le costume de la mère moralisatrice qu'il n'avait jamais eu, et ça n'avait rien fait pour atténuer sa migraine. En somme, ce matin-là, alors que son corps avait vaillamment évacué toutes les toxines qui l'encombraient au terme d'une vraie journée de merde, Daniel était d'humeur maussade. Encore plus qu'il n'aurait dû l'être, au vu de ce qu'il s'apprêtait à faire. Et donc de ce qu'il s'apprêtait à vivre.
Ayant vérifié qu'Arabella était toujours au Terrier alors qu'il s'apprêtait à le quitter — elle lui faisait toujours un peu la gueule, mais ça avait l'air d'aller mieux –, il lui avait ordonné de rester là jusqu'à ce qu'il revienne. Sans trop comprendre et dardant sur lui un regard dans lequel la colère avait totalement fait place à l'interrogation, elle avait acquiescé sans rien dire et s'était roulée en boule dans un coin, veillant à tourner le dos à la sortie. Après un dernier regard à la louve, Daniel avait pris une grande inspiration et quitté sa caverne façonnée à même le sable et la poussière.
La partie sympa commençait à présent : il avait très vaguement baragouiné à Suète de le rejoindre à la fontaine orange, estimant qu'il s'agissait-là du point de repère le plus clair qui soit — surtout lorsqu'il était désigné comme lieu de rendez-vous par deux personnes qui ne parlaient pas la même langue – dans le désert. Et sans savoir qu'il fallait se montrer un peu plus rusé que la moyenne pour le trouver : il était passé devant tellement de fois — avait même pissé dessus un jour, peu de temps après son arrivée ici, en fait, estimant que ça méritait de servir de chiottes à au moins une personne sur Terre tant ça avait l'air de ne pas y être destiné à la base – qu'il aurait presque pu s'y rendre les yeux fermés. Il avait aussi hésité à récupérer les breloques qu'il y avait trouvées mais avait vite réalisé qu'il n'en aurait aucune utilité. Et n'étant pas disposé à garder avidement son trésor jour et nuit comme un putain de dragon... en plus il n'y avait même pas de bar local où il aurait pu troquer ça contre de la tequila. Bref. Toujours est-il qu'il ne savait pas si Suète l'avait réellement compris même si selon lui fuente naranja répété plusieurs fois en veillant à articuler c'était carrément clair même pour une demeurée un peu cul-cul comme elle — fallait quand même pas avoir la lumière à tous les étages pour fonder un putain de clan hippie dans ce monde de merde, aussi avait-elle peut-être un peu abusé du calumet de la paix étant jeune, ce qui pouvait aussi expliquer son apparence pas très... hum... femme, du genre perturbateur endocrinien, enfin qu'en savait-il merde il n'était pas biologiste. C'était donc privé de toute motivation qu'il s'apprêtait à quitter son Oasis au galop, résolu à l'idée de devoir chercher ce grand steak rouge dans tout le désert s'il le fallait, et il commençait à sérieusement accélérer l'allure lorsque...
— Pero qué cojones... marmonna-t-il dans sa barbe en plissant les yeux, lorsque parmi les arabesques d'air brûlant qui s'élevaient du sable, il aperçut la silhouette massive de Suète, à une centaine de mètres de là.
Elle n'avait évidemment rien capté à son histoire de putain de fontaine, songea-t-il sans le moindre entrain, en râlant légèrement. Mais bon, au moins comme ça il n'aurait pas à quadriller tout le secteur, parce que clairement, ce genre d'activité demandait une patience qui lui faisait très largement défaut. Bifurquant, il se dirigea finalement vers elle au petit trot. En plus elle avait trouvé son chez-lui toute seule. Fait chier. Daniel rejoignit donc Suète, priant intérieurement pour qu'elle n'aille pas raconter à tout le monde qu'il y avait une charmante petite oasis privatisée perdue dans le Désert. Il n'avait pas vraiment envie que des gens viennent en vacances faire trempette dans son petit étang perso : cela aurait impliqué qu'il joue les riverains en colère et les chasse, chose qu'il n'avait pas envie d'avoir à faire tous les matins au réveil. Non mais.
— Holà, Suète, fit-il très sobrement lorsqu'il termina de couvrir la distance qui les séparait et alla se planter devant elle.
Dernière édition par Hax le Dim 31 Jan 2016, 20:58, édité 1 fois
Innuendo » Gluant
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Mer 18 Nov 2015, 22:01
Il semblait être, comme qui dirait, légèrement dans le mal. Je me départirait, une fois n'est pas coutume, de cette figure de style si chère qu'est l'hyperbole : littéralement, Daniel avait l'air d'en chier un peu, juste un peu. Comme un jour post-gueule de bois : la lumière devait être un peu vive, et il semblait un peu plus renfrogné que d'habitude - ce qui était suffisamment un exploit pour être notoire - tandis qu'il s'avançait vers elle. Visiblement de mauvais poil derrière sa moue boudeuse, comme s'il ne s'attendait pas à la voir dans le coin. Ce qui était plutôt étrange puisqu'il lui avait donné lui-même rendez-vous dans le désert pour un motif qui lui était inconnu - bon il aurait bien pu lui préciser de quoi il en retournait, il était fort probable que Suète n'en eût pas compris davantage.
Toujours était-il que non, Suète n'avait pas compris quoi de qu'est-ce qu'il était question quand Daniel tentait de lui parler de la Fontaine. Elle n'avait, à ma différence, pas passé les petits-déjeuners embrumés de son enfance à perdre son regard dans la contemplation passive de briques de jus d'orange, apprenant ainsi qu'orange en espagnol se dit naranja. Non, elle, elle avait vaguement compris qu'il était question de désert, de 'pas demain mais après demain' et d'eux deux en tête à tête avec le romantisme qui caractérisait tous leurs échanges. Ce qu'elle n'aurait jamais avoué à Daniel, c'était que le simple fait de voir sa tronche après une gueule de bois suffisait pleinement comme motivation pour se coltiner douze kilomètres de désert rien que pour le croiser.
Et Suète n'était pas déçue.
— Holà, Suète.
Fit-il en se plantant devant elle, menaçant de prendre racine comme n'importe quel cactus qu'elle avait pu croiser en venant.
— Salut, Daniel.
Simple mesure de symétrie. Puis elle darda son regard dans les yeux décidément minuscules du loup sable, attendant la suite. Ou qu'ils rôtissent tous les deux au soleil.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Dim 22 Nov 2015, 12:21
— Salut, Daniel.
Les commissures des babines — sisi c'est possible – descendirent un peu plus bas qu'elle ne l'étaient déjà, accentuant son air renfrogné, lorsqu'elle lui rendit sa salutation. Daniel était un peu l'opposé exact d'une personne normale : là où un individu lambda un tant soit peu porté sur l'interaction sociale aurait vu ses fameuses commissures remonter légèrement dans une esquisse de sourire, celles de Daniel, au contraire, descendaient, signe qu'il faisait encore plus la gueule. Peut-être qu'au final, c'était sa manière à lui de sourire : son croissant de lune à lui ne montrait pas son cul au sol, mais plutôt au ciel.
Dans tous les cas, Suète semblait attentive. Elle se demandait sûrement ce qu'il pouvait lui réserver, et la perspective de lui accorder un petit plaisir en levant le voile sur ce suspense intenable ne le réjouissait, lui, absolument pas. Il n'aimait pas faire plaisir aux gens. Néanmoins, elle risquait de rapidement déchanter en voyant la surprise qu'il lui réservait. Néanmoins, l'éventuelle déception de Suète — si ça se trouve elle croyait qu'il lui avait filé un rencard, putain – n'égalerait en rien l'enfer qu'il s'apprêtait à vivre, et à vrai dire qu'il vivait depuis qu'il avait dit à la grande rouge de le rejoindre ici, appréhendant ce moment qui était désormais imminent, et qu'il redoutait plus que tout. Depuis des mois à présent. Parce qu'effectivement, si Dani n'en montrait rien, il avait pas mal réfléchi au cours de l'année qui venait de s'écouler. Mais ça, personne ne le saurait jamais. Dans tous les cas, le grand mâle se sentait très bien ici. Il avait curieusement envie de garder son illustre postérieur bien ancré dans le sable. Peut-être pourrait-il ce faisant mener une expérience scientifique, et voir si un loup pouvait se muer en arbre. Ca serait cool, ouais. Grave cool.
Mais Suète attendait. Et quand bien même il en avait très envie, Daniel n'était pas un homme qui se défilait. C'était peut-être pour ça qu'il s'était toujours bien gardé d'établir de véritable liens avec les gens, à une rouquine près. Au final, se battre jusqu'à la mort le faisait bien moins flipper que tout ce qui relevait du social. Pire encore : il aurait presque préféré se faire arracher les couilles, plutôt que de s'attirer la colère d'une femme. Alors deux, n'en parlons pas. Bien à contrecœur, ce qu'il veilla à rendre flagrant en poussant un profond soupir, il amorça un demi-tour, indiquant d'un signe de tête à Suète de le suivre. Il lui aurait bien dit qu'évidemment il attendait d'elle qu'elle n'aille pas raconter à tout le monde ce qu'elle avait vu ici mais il ne savait pas comment le formuler, avait la flemme et en plus, il avait trop la trouille pour s'encombrer de ce genre de fioritures. Il avança bien plus lentement que d'habitude, ses pattes lui semblant tout à coup bien lourdes. S'il avait pu y aller en moonwalk pour que ça dure plus longtemps il l'aurait fait : malheureusement, dans le sable et avec ses griffes en prime, ce n'était vraiment pas faisable, et puis hors de question qu'il n'ait l'air d'un gros con devant Suète. Déjà qu'il allait bientôt passer pour un débile...
Lorsqu'ils atteignirent finalement l'entrée du Terrier, Daniel prit une nouvelle grande inspiration, et regarda une dernière fois l'Oasis qui s'étendait derrière lui, comme s'il s'apprêtait à ne plus jamais revoir la lumière du jour. C'était peut-être un peu théâtral mais dans sa tête, c'était une possibilité envisagée. Il envisageait toujours toutes les possibilités. Après avoir de nouveau invité Suète à le suivre, et par conséquent à entrer, il pénétra à l'intérieur du Terrier : c'était un endroit plutôt spacieux, à mi-chemin entre une caverne et un trou dans le sable, logé au beau milieu d'un groupe de rochers et creusé avec minutie pour offrir à la fois un abri mais aussi un semblant de chez soi. Et comme il s'y attendait, Arabella y attendait, assise bien droite, une lueur d'appréhension rendant ce qu'il restait de son regard particulièrement vif, presque fébrile. La jeune femelle darda rapidement son unique oeil sur Daniel, puis alla le planter sur Suète, qu'elle détaillait désormais avec un profond scepticisme.
— Suète, aquí está Arabella, grommela-t-il sans entrain. Arabella, es Suète. — ¿Es tu novia?
Les yeux de Daniel s'écarquillèrent légèrement tandis qu'une expression outrée déformait ses traits.
— Pero... ¡¡no!! — Sería una pareja interesante, continua-t-elle en laissant rapidement son regard se promener des pattes à la tête de Suète.
Elle avait parlé rapidement, l'air nerveuse, le fixant avec gravité. Un frisson d'effroi agita Daniel, qui secoua vivement la tête.
— No es mi novia.
La jeune louve continua de le scruter quelques instants, avant de finalement hausser les épaules. — Vale.
Puis, tournant de nouveau la tête vers Suète, elle fit deux pas vers elle, tentant de sourire malgré l'appréhension, puisqu'elle ne savait absolument pas ce que l'autre louve faisait ici, mais qu'elle avait bizarrement un mauvais pressentiment, renforcé par l'air particulièrement crispé de Daniel. — Enchantée. Je suis sa fille, dit-elle simplement, un peu plus habituée à parler la langue locale désormais, mais gardant un très fort accent espagnol. — Y NO ES mi hija, ajouta Daniel à l'adresse de Suète, sans savoir que sa protégée venait d'affirmer l'exact contraire, mais habitué à ce qu'elle se revendique de son putain de patrimoine génétique.
Le mâle, plissant les yeux, scruta alternativement les visages des deux louves, se sachant pertinemment en position d'infériorité, ce qui le faisait d'ailleurs particulièrement chier : à l'inverse d'Arabella, Daniel ne parlait qu'espagnol. Elle était donc susceptible de lui raconter absolument n'importe quoi, et lui ne s'en apercevrait tout simplement pas. Bordel
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Sam 28 Nov 2015, 14:50
Daniel commença par faire encore un peu plus la gueule, la fixant avec un regard évoquant légèrement un poulpe sorti de l'eau depuis trop longtemps, soupirant et s'éternisant avec cet entrain qui lui était caractéristique. Visiblement, il était contraint de prendre une décision qui l'enchantait à peu près autant que de voir Suète chez lui - si si, la louve parvenait à décrypter quelque chose de semblable dans la moue renfrognée de son poto wesh - ce qui lui aurait tiré un sourire ironique et un brin provocateur si elle avait cédé, risquant ainsi de briser ce pour quoi elle était venu ici, ce qui aurait été bien con, si près du but. La guerrière se borna donc à arborer son habituelle moue impassible, moue qui avait pour effet d'énerver encore plus Daniel puisque ses yeux unicolores étaient désespérément vide. Après tout, sa simple existence énervait Daniel, puisqu'elle ne correspondait pas aux standards de son genre, donc quelle que fut son expression, il avait fort à parier que le mâle ait arboré à peu près cette mine déterrée.
En attendant, il l'avait fait venir ici pour une raison qui lui était parfaitement inconnue, il l'avait fait pénétrer sur son territoire puisqu'il lui voulait quelque chose. Ou qu'il avait quelque chose à lui demander. Malgré tout.
Enfin et dans un profond soupir - comprendre, encore plus profond que tous ceux qui avaient précédé - l'animal se retourna, lui faisant vaguement comprendre qu'il attendait de Suète qu'elle le suive. Il traversa l'oasis, se dirigeant vers une cavité qui ressemblait à une tanière. C'était officiel, elle allait rentrer dans la maison de Daniel, et la perspective lui mettait une hype de tous les diables en même temps qu'elle l'intriguait au plus haut point. Il était finalement assez peu probable qu'il ait agi de la sorte pour la violer ou la demander en mariage, étant donnés leurs antécédents communs : la paranoïa que la guerrière aurait pu entretenir dans ce sens était par conséquent complètement absente. Non là, elle était juste dans le terrier de Daniel, comme creusé par un lapin géant desperado qui sentait la tequila. C'en était presque attendrissant.
Mais le meilleur restait à venir.
Une louve jeune, se tenant bien droit, les regardait tous deux évoluer dans sa direction, comme deux éléphants dans un trou de souris. Une louve jeune, qui avait en commun avec Daniel les couleurs sables, une cascades de boucles noires sur les épaules, des yeux clairs. Une louve de son pays, une louve comme lui, qui sentait le désert et l'écrasant soleil, les coyotes et les cactus.
Une louve qui avait l'âge d'être sa fille. ...!!.!...!......!..!.!...
Alors que tous deux discutaient - visiblement, Daniel s'exprimait en grognant avec/contre tout le monde, ce qui était rassurant - Suète pris le temps de prendre conscience de ce qui arrivait. Elle se trouvait dans le chez-lui de Daniel, à le regarder se taper la conv' avec ce qui avait tout l'air d'être sa môme. C'était presque comme elle l'avait supposé : une femme et sept enfants, qui l'empêchait de retourner dans son pays. C'était assez phénoménal et donnait une certaine humanité à ce personnage rustre et bourru, qu'elle imaginait sans peine s'occuper avec attention et - presque, fallait pas déconner, il s'agissait de Dani, tout de même - délicatesse de cette jolie et douce fleur du désert.
Clairement, la rouge était aux anges. Et la gamine - c'était une gamine, elle devait avoir en tout et pour tout l'âge de ses propres mioches - s'exprima.
— Enchantée. Je suis sa fille.
C'était assez joliment dit, dans sa langue mais avec un fort accent qui ressemblait pas mal à celui de Daniel. C'était assez étrange d'entendre quelqu'un qui semblait faire des efforts pour se faire comprendre, surtout après avoir passé des années à décrypter les dires d'un desperado antipathique. Mais pas peu agréable.
— Y NO ES mi hija.
Suète regarda le Daniel, comprenant vaguement - décidément, s'il tentait d'être plus renfrogné, son visage allait sombrer à l'intérieur de son crâne - qu'il niait corps et âme tout ce que venait d'affirmer la demoiselle.
Situation cocasse, en somme.
— Je n'aurais jamais pensé que Daniel puisse avoir une fille, et comprends encore moins qu'il se donne la peine de me la présenter.
La guerrière marqua une pause.
— Je suis une sorte d'amie, si on peut dire les choses ainsi. Enchantée.
Restait à comprendre ce qu'elle foutait là.
Cassius » Historique
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Sam 05 Déc 2015, 15:03
Daniel avait plus que jamais l'allure d'un grizzly.
Tout renfrogné qu'il était, ses oreilles — déjà assez petites au vu de la taille générale de son crâne, lui-même assez petit si on le comparait à son corps, rendu presque boursouflé par les trois tonnes de muscles qui tapissaient son squelette – tant rabattues contre l'arrière de son crâne qu'on aurait cru qu'elles voulaient s'y fondre, sa tête enfoncée dans ses épaules et son corps tout entier rendu compact par une posture clairement repliée sur elle-même qui lui donnait presque l'air d'un gamin particulièrement bougon qui fusillait d'un air triste ses parents du regard parce qu'ils lui avaient confisqué son petit train, il regardait les deux femelles d'un mauvais oeil, comme s'il avait soupçonné qu'elles soient en train de conspirer contre lui. Ou de casser du sucre sur son dos. Clairement, Dani n'était pas content : et pour cause, il avait deux femmes à la maison, et il n'avait aucun moyen de comprendre ce qu'elles pouvaient bien se raconter. Ca l'énervait. Finalement les pédés avaient presque de la chance. Les meufs, c'était le Mal.
A la première phrase de Suète — il parvint à déchiffrer son nom dans tout le méli-mélo monotone qu'elle avait baragouiné –, Arabella dodelina légèrement de la tête, et il distingua un petit sourire en coin qui fleurissait sur ses lèvres. Comme si elle avait pas déjà suffisamment de fleurs comme ça sur la gueule. Pensée qui le poussa à regarder distraitement au niveau de son encolure et de ses épaules, et à se passer un rapide coup de patte sur la tête, ce qui lui donna l'air d'être en train de se recoiffer mais s'avérait être en fait un geste de sureté : il vérifiait qu'elle ne lui avait accroché aucune putain de petite marguerite à la con dans les cheveux ou les poils pendant qu'il dormait. Elle ne l'avait pas fait depuis un moment, et il était sûr que ça ne tarderait pas. Hors de question que Suète le voit travesti avec des putains de marguerites dans les tiffs. Mieux valait mourir.
— Disons plutôt fille adoptive, en fait, répondit Arabella du bout des lèvres, n'ayant malgré tout pas envie d'entraîner la grande rouge sur de fausses pistes.
Le nez de Daniel se tordit légèrement sur la droite puis sur la gauche. La mâchoire inférieure légèrement ramenée vers l'avant ce qui lui donnait l'air d'un bulldog, il semblait particulièrement concentré, tentant en vain de comprendre quelques bribes.
— Je suis une sorte d'amie, si on peut dire les choses ainsi. Enchantée.
La queue d'Arabella remua légèrement, tandis que le vieux bouc qu'était Daniel bêlait avec aigreur, toujours ramassé sur lui-même :
— ¡¡¿Qué diceeeee?!!
Après un rapide regard un peu désolé à Suète, Arabella tourna la tête vers lui :
— Dice que es tu amiga. ¿Seguro que no es tu novia? — ¡¡Calla, oooooh!! — Vale, vale, ¡calmate! Jolin, pareces un niño, papi... — NO SOY TU PAP...
Elle ignora sa râlerie, détournant de nouveau la tête pour regarder Suète. Considérant avec un peu plus d'attention la — très – grande femelle, elle laissa un instant son regard s'attarder sur les marquages bien singuliers qui ornaient ses pattes. Les poils soyeux de sa queue. Cette manière étrange qu'avaient des espèces d'excroissances osseuses de s'extraire de son dos. C'était peut-être une chose courante qui pouvaient en pousser beaucoup à se leurrer ici, mais chez elle, c'était bien trop particulier pour ne pas être reconnu instantanément. Surtout quand on était physionomiste comme elle.
— Vous êtes la mère des deux frères, non ? Mh... Lucien... ?
Elle peinait à se remémorer leurs noms, et surtout la prononciation exacte. A vrai dire, sa question tenait bien plus de la rhétorique qu'autre chose. La nature n'était pas folle au point de faire popper spontanément des loups qui se ressemblaient tant sans que rien ne les relie. Si le doute pouvait subsister quant au Lucien, justement, en ce qui concernait son frère qu'elle avait un jour rencontré dans la Savane, il n'avait pas lieu d'être. C'était en tout cas la réflexion que se faisait Arabella lorsqu'un nouveau bêlement venant de derrière elle fit s'agiter ses oreilles :
— ¿¿¿Qué diceeeeees??? ¡Hazme la traducción, joder!
Elle leva les yeux au ciel, puis eut une petite grimace, avant de se retourner de nouveau vers lui :
— Le pregunto si es la madre de dos hermanos que encontré hace tiempo, parece igual que ellos...
Le visage de Daniel se décomposa littéralement, paraissant un instant être sur le point de se liquéfier, tandis qu'il dardait un regard mêlant surprise et jesuissurlepointdegravemefendrelagueuleetdemefoutredelatienne qui n'était pas sans rappeler cette même expression qu'il avait eu lorsqu'elle avait eu le malheur d'activer son nouveau pouvoir devant lui et de muter en bonnasse devant lui, quelques jours plus tôt. Alors qu'Arabella se tournait de nouveau vers Suète, il ne lui laissa rien le temps de dire, bondissant presque de sa place pour aller se poster aux côtés d'Arabella :
— ¡¿'pera 'pera 'pera... JODER, TIENES HIJOS?!
Et ce nouveau rire gras menaçait à nouveau de monter dans sa gorge, tendait son cou et commençait à agiter ses épaules tandis qu'un très, très large sourire étirait ses babines, comme prêt à fendre sa gueule en deux.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Mer 16 Déc 2015, 22:45
C'était cocasse. Daniel était si renfrogné qu'on peinait à voir ses yeux minuscules sous la broussaille de ses sourcils. La scène était surréaliste et dépassait de très loin toutes ses folles espérances : elle se retrouvait dans le terrier de Daniel, en face de sa fille, à discuter chiffons avec cette dernière sans que Daniel n'en saisisse un mot. Il était adorable dans le rôle du môme frustré, s'énervant contre la jeune louve pour comprendre ce qui se disait, comme le maniaque du contrôle qu'il était - et elle avait presque confiance de sa propre mauvaise foi parce qu'elle était exactement pareille. Suète se repaissait de cette joie puérile d'avoir la situation complètement à son avantage, presque autant que de la tronche que tirait Daniel.
Elle avait gagné le premier round.
— Vous êtes la mère des deux frères, non ? Mh... Lucien... ?
Là d'un coup, c'était beaucoup moins drôle. Et comme Suète était bien malgré elle quelqu'un de foncièrement honnête, son visage se décomposa façon ascenseur émotionnel. Comment cette gamine, avec qui elle conversait depuis moins de dix minutes, pouvait-elle percer au jour le seul secret qu'elle possédait avec la simplicité qui allait bien, entre le thé et le nuage de lait. La guerrière rouge fixa sa cadette, incrédule, la mâchoire pendant stupidement pendant deux ou trois secondes avant de se reprendre et de se mettre à réfléchir à toute vitesse à la réaction adaptée à ce type de situation. Et cela, alors que l'intervalle de temps séparant conventionnellement deux prises de paroles de deux personnes différentes était presque écoulé.
Cependant, Dani, pour la première fois de toute son existence, lui sauva la vie. Il invectiva avec la délicatesse d'un rhinocéros en rut la jolie solitaire aux boucles noires, qui cependant ne s'offusquait aucunement - bon allez, elle paraissait, au pire, vaguement ennuyée - de ce comportement quelque peu cavalier. Au contraire, la jeune femelle expliquait posément à son père - ou pas - ce qui venait de se passer, laissant au passage quelques salutaires secondes de répit à la grosse rouge. Quand Arabella se tourna de nouveau vers elle, la Brethen avait repris le contrôle de sa personne.
— Les choses sont un peu compliquées, mais c'est à peu près cela.
Le ton était dégagé, tentant de simplifier au maximum sa situation compliquée pour la rendre banale et oubliable puisqu'elle était de toutes façon à peu près incapable de mentir de manière crédible. Et étrangement, en parler à la famille de Daniel ne la dérangeait pas. C'était évident, en même temps : Daniel ne pouvait pas l'atteindre. La raison était bien simple : il n'avait rien à foutre d'elle autrement qu'en un divertissement provisoire, ou du moins c'était ce qu'il laissait paraître ; elle, de son côté, ressentait à son égard une profonde tendresse à l'instar de celle que l'on a à l'égard de son poto de maternelle avec qui on se battait dans la cour de récré, une tendresse qui la faisait redevenir môme - fin, la môme normale qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'être - à chaque fois qu'elle interagissait avec lui.
Daniel se fichait du monde comme il se fichait présentement d'elle, la regardant de ces yeux qui présagent un fou rire imminent (bien le pire châtiment qu'il soit en mesure de lui infliger) ; comment pouvait-il utiliser cette information contre elle ? Comment sa fille le pouvait-elle ?
Ignorant superbement son ami sur le point de se marrer comme une baleine - la bave du crapaud, toussa, toussa - Suète repris la parole.
— Dani a toujours eu du mal à admettre le fait que je sois une femelle.
Et elle marqua une pause.
— C'est bien mignon, mais je doute qu'il ne m'ait amenée ici pour me présenter à sa famille... Tu peux lui demander ce que je fais là ?
Parce que ça n'avait pour l'instant l'air de gêner personne.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Sam 26 Déc 2015, 20:09
Parce que ça aurait été trop facile sinon, Suète l'ignora royalement, se contentant de répondre à Arabella d'un air peu assuré. Dans une situation différente, qui aurait certainement pris place dans une contrée bien lointaine, il y avait des années de cela, il s'en serait très certainement offensé. Néanmoins, au vu de la réaction qu'avait eu la grande rouge, et quand bien même il était très loin d'être fin psychologue — notamment en ce qui concernait les femelles –, il prit cela pour un oui. Un très large sourire s'étala de part et d'autre de sa gueule, fendant littéralement son visage en deux, et il partit dans un éclat de rire excessivement bruyant et relativement disgracieux. Qui malheureusement pour lui ne dura pas.
— Il n'a jamais été un très grand gentleman, fit Arabella à la première remarque de Suète, peinant légèrement à structurer ses phrases tant le vacarme était assourdissant.
Elle prit un air vaguement désolé, supposant malgré tout que Suète devait être habituée à l'animal dans la mesure où elle était au final la première personne qu'il lui était donné de voir en compagnie de Daniel, et opina lorsqu'elle lui demanda pourquoi il avait pris la peine de la ramener ici. Ce qui était assez judicieux, Arabella elle-même ne sachant absolument pas pourquoi leur invitée était là.
— Suète te pregunta por qué está aquí, Daniel, fit-elle d'une voix plus sèche qu'elle ne l'aurait souhaité à la base, l'air visiblement exaspéré, cachant du mieux qu'elle pouvait l'appréhension qui montait en elle.
Parce que si elle ne savait effectivement pas de quoi il en retournait exactement, il y avait ce mauvais pressentiment qui lui pressait les côtes, et le comportement visiblement nerveux de Daniel dans la matinée n'avait rien fait pour arranger le problème. Comme pour confirmer son intuition première, les rires s'éteignirent immédiatement et la bonne humeur du grand mâle sembla retomber comme une espèce de vieux soufflé au piment rouge dont la cuisson était particulièrement ratée.
— Pues... marmonna Daniel, qui tout à coup semblait particulièrement fasciné par le bout de ses pattes qu'il remuait légèrement tout en grattant la poussière.
Il déglutit un bon coup, prit une grande inspiration, puis dut se résoudre à relever le nez, regardant alternativement l'une, puis l'autre.
— Hazle la traducción, ordonna-t-il. — Si... répondit-elle en levant les yeux au ciel, estimant qu'il était inutile de le lui rappeler. — En poco tiempo volveré a mi país, continua-t-il en fixant cette fois-ci Suète. Arabella se quedará aquí. Quiero que ella se una a tu clan. No puedo dejarla sola y confio en t... — ¡¿ PERO QUE COÑO ?! s'exclama la louvarde avant qu'il n'ait eu le temps de finir sa phrase. — Joder Arabella haz la traducción y callate... — ¡¿ Que me calle ?! ¡¿ Crees que soy una niña o qué ?! ¡¿ Y me lo dices así, ahora, enfrente de tu amiga sin dejarme contestar nada ?! — Exactamente, estamos enfrente de ella y tu reacción es bastante embarazosa, dile lo que te he dicho y hablaremos de eso luego... — ¡ Pero no quiero, jolin ! Eso no tiene ningun sentido, volveré contigo... — NO volveras conmigo. Tu madre quiere que te proteja y que cuide de ti, y es lo que hago. Ademas no sabes nada de su clan, seguro que te gustara, son bastante hippie y — — No vas a deshacerte de mi así. — No quiero deshacerme de ti... — ¿ Y yo, qué ? Me quedo aqui hasta siempre, sin ti, sin mi madre, ¿ sin nadie ? — Arabella es que no... il coula un regard en coin à Suète, qu'il avait délibérément fait venir ici et qui se retrouvait désormais spectatrice d'une engueulade dans une langue qu'elle ne comprenait même pas. Et qui devait par conséquent se sentir bien perdue. Et il n'avait à vrai dire pas du tout envie qu'elle assiste à ça. Lui qui avait — bêtement, mais comme dit précédemment ses talents de psychologue flirtaient avec le néant – pensé que le fait qu'elle soit là dissuaderait Arabella de contester quoi que ce soit, au moins en sa présence... 'Bella, por fa', hazle la traducción, y hablaremos de eso juntos luego para encontrar una solución, ¿ vale ?
Elle était décidément aussi chiante que sa mère, quand elle s'y mettait. Et dire que cet aspect de la personnalité de Carmen avait grandement contribué à ce qu'il s'entiche d'elle. En l'occasion présente, et appliqué à quelqu'un d'autre, ça lui filait juste des hémorroïdes. La petite femelle soutint son regard, le défi embrasant son unique prunelle, avant de finalement lever une nouvelle fois les yeux au ciel et de se retourner vers Suète, et parut se faire violence pour décrisper ses mâchoires :
— Il dit qu'il rentrera bientôt dans son — notre – pays et que je dois rester ici. Il dit qu'il veut que je rejoigne votre clan parce qu'il vous fait confiance. Comme vous l'avez certainement deviné, j'apprends la nouvelle en même temps que vous.
Elle tourna la tête vers lui alors qu'il attendait patiemment un peu en retrait, le fusillant du regard, et finit par lever de nouveau le nez vers Suète, la culpabilité et la gêne obscurcissant son regard.
— Désolée pour... ça, articula-t-elle faiblement, serrant les dents tandis que la colère qui l'avait précédemment poussée à se déchaîner contre Daniel se muait lentement en une profonde tristesse, que sa gorge menaçait de ployer sous les sanglots qui montaient en elle et qu'elle s'efforçait de toutes ses forces de réfréner, et que le seul oeil qui lui restait se mettait à la brûler sous l'influence des larmes qui s'acheminaient insidieusement jusqu'à lui.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Lun 04 Jan 2016, 14:25
Le desperado partit alors dans un monumental éclat de rire qui faisait trembler les parois de sa tanière, sous l’œil vaguement agacé de Suète qui contemplait avec consternation l'éternelle étroitesse d'esprit de son ami. Parfois, elle se demandait quelle image il avait d'elle, puisque bien qu'ils fussent éternellement en conflit, il l'avait tout de même trainée ici pour lui montrer sa gamine. A ses yeux, elle devait être une entité asexuée assimilée-femelle, donc pas vraiment baisable ni vraiment un concurrent notable dans une gué-guerre de taille de teub. Situation somme toute étrange, mais qui lui permettait d'être ici, à le regarder se taper sur les cuisses. Si c'était peu flatteur - comme si elle avait jamais été à cela près avec Dani - c'était bien pratique.
— Il n'a jamais été un très grand gentleman.
Suète hocha la tête à la réponse d'Arabella, comme un j'avais remarqué silencieux bien pratique qui évitait l'inconfort d'une conversation multiple au sein d'un seul et même RP. Après quoi la jolie louve des sables traduisit - ce que Suète supposa, mais dans la situation présente, elle n'avait d'autre choix que de faire confiance à Arabella - son message au desperado, qui cessa tout à coup de se marrer comme une baleine, redonnant au lieu sa quiétude alors qu'il se perdait dans la contemplation de ses pattes. Visiblement, il n'était pas du tout à l'aise. Il pris la parole, enchaîna quelques unes de ces chantantes syllabes qui peuplaient son dialecte avant d'être coupé par la môme, qui semblait en colère. Le ton monta rapidement, et bientôt Suète se trouva spectatrice d'une dispute père-fille digne d'un mauvais teen-movie américain.
Puis ils semblèrent se calmer, et Arabella, visiblement remontée, traduisit.
— Il dit qu'il rentrera bientôt dans son — notre – pays et que je dois rester ici. Il dit qu'il veut que je rejoigne votre clan parce qu'il vous fait confiance. Comme vous l'avez certainement deviné, j'apprends la nouvelle en même temps que vous.
Suète ouvrit la bouche, puis après quelques secondes d'hésitation, se ravisa. Ça faisait beaucoup à encaisser d'un coup. D'une part, elle avait vu juste : si Daniel trainait encore dans le coin, c'était parce qu'il était responsable - faute d'en être le père, puisque Suète connaissait le desperado depuis quelque chose comme six ans, alors que la jeune borgne en avait deux ou trois, et qu'il semblait peu probable que le mâle soit rentré entre temps pour tirer son coup au pays et revenir avec le fruit de ses entrailles - d'une gamine, qu'il ne pouvait pas ramener avec lui. Ça n'était pas encore la grande famille que la guerrière avait imaginé, mais c'était déjà pas mal. Ce qui la faisait soupirer, en revanche, c'était cette incapacité notable qu'avait son ami à considérer une femelle comme apte à se défendre sans un protecteur, à moins qu'il soit juste parfaitement incapable de voir que la gamine n'en était plus une depuis longtemps et qu'elle avait en conséquence gagné son indépendance. Connaissant Daniel et son estime de la condition féminine, il y avait probablement un peu des deux.
D'autre part, Daniel venait d'avouer, de manière orale, genre dans une vraie phrase, qu'il lui faisait confiance. Des années qu'elle croisait ce cow-boy solitaire, des années qu'il était renfermé, taciturne et secret, des années qu'il ne lâchait que quelques mots au compte goutte - sauf quand il avait un truc à demander, qu'il y avait un truc qui le faisait marrer, qu'il était bourré ou en colère. Si la barrière de la langue devait jouer pour beaucoup, il y avait également cette bonne vieille technique guerrière qui consistait à en dire le moins possible pour ne pas donner d'information à l'ennemi, ennemi qui était partout dans des terres froides, inconnues et hostiles aux mœurs et coutumes étranges.
S'entendre dire que Daniel l'avait amené dans son intimité parce qu'il voulait lui confier sa môme, à elle, parce qu'il lui faisait confiance, c'était inespéré. Et ça faisait plaisir.
— J'aimerai que tu le remercies de la confiance qu'il me porte.
C'était sympa, mais ça ne suffisait pas. Subsistait entre eux cet intemporel décalage, cette incapacité à se comprendre à temps et à n'agir par rapport à l'autre que des années après le stimulus, comme s'ils se comprenaient l'un l'autre à retardement. S'il y avait bien une chose qui emmerdait la louve rouge dans sa relation avec Dani, c'était qu'ils n'étaient jamais en phase. Des années avant, cette remarque l'aurait enchantée, et ç'aurait été avec plaisir qu'elle aurait pris la môme sous son aile. Mais aujourd'hui, Arabella n'était pas une môme, et elle était fatiguée. Fatiguée de porter tout un clan sur ces épaules depuis des années, fatiguée des guerres, des discours, de la politique et de cette bonne figure éternelle qu'elle devait arborer devant ses semblables puisque ses problèmes n'étaient pas les leurs et qu'elle avait un rôle à remplir. Alors que le solitaire lui refourguait le bébé, elle s'apprêtait à laisser sa place à la tête des Brethen à d'autres, et de se payer une retraite peinarde en ermite dans le coin le plus reculé du pays.
Parce qu'il réagissait avec des millénaires de retard.
— D'autre part et si tu en as envie, sache que tu es libre de rejoindre les Brethen, chez qui tu seras accueillie à bras ouverts. Mais je ne t'y forcerai pas, pas plus que ton "père", ou je ne sais quelle relations tu entretiens avec Daniel.
Elle marqua un temps, lui laissant le temps de traduire à Daniel.
— Cependant... Ma présence au sein de ce clan n'est ni nécessaire ni éternelle, et je comptes bientôt céder ma place au sein du conseil dirigeant à des loups plus jeunes et dynamiques. Ce qui ne t'empêche bien sûr pas de le rejoindre ; je n'y serais juste plus, et j'aimerais que Daniel le sache.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Mar 19 Jan 2016, 16:10
L'attente fut longue. Aussi bien pour l'un que pour l'autre des deux loups du désert, qui attendaient sans un mot que Suète réagisse. L'un, arborant de nouveau son éternelle mine renfrognée, certainement bien plus renfrognée que d'ordinaire à vrai dire, l'autre serrant les mâchoires et s'obstinant à contempler le sol, et espérant que l'envie de pleurer passe.
Arabella et Daniel relevèrent le museau d'un même geste vers la grande rouge lorsqu'elle prit enfin la parole.
— J'aimerai que tu le remercies de la confiance qu'il me porte.
Ce fut au tour d'Arabella d'entrouvrir la gueule pour finalement se raviser. Il était évident que cette partie-là, Daniel n'en avait strictement rien à faire. Elle fit néanmoins la traduction, sans grande conviction :
— Te agradece por confiar en ella.
La gueule de Daniel se tordit en une vague grimace, et il plissa le nez, un sourcil légèrement arqué — enfin, si il avait eu des sourcils, ça aurait été le cas. Il était visiblement sur le point de dire qu'il n'en avait effectivement rien à foutre lorsque Suète reprit :
— D'autre part et si tu en as envie, sache que tu es libre de rejoindre les Brethen, chez qui tu seras accueillie à bras ouverts. Mais je ne t'y forcerai pas, pas plus que ton "père", ou je ne sais quelle relations tu entretiens avec Daniel.
La réponse soutira un faible sourire à Arabella. Dommage que Daniel n'ait pas eu la même ouverture d'esprit que la femelle. Qui n'était au final, ou en tout cas en l'occurrence, même pas une véritable forme d'ouverture d'esprit. A ses yeux, cela découlait plus d'un sens logique tout à fait lambda. Mais malheureusement pour elle, là d'où ils venaient tous deux, il était vrai que les femelles étaient bien plus en danger que les mâles, et que sans protection, elles faisaient rarement long feu. Le problème était que Daniel avait passé bien plus de temps qu'elle dans ce pays-là, et que ce séjour prolongé lui avait conféré une vision de la vie bien plus pessimiste que celles des mâles de la région. Ou en tout cas de ceux qu'elle avait croisés. En soi, et même si ça lui faisait mal, elle comprenait les raisons qui pouvaient pousser Daniel à vouloir qu'on s'occupe d'elle. D'autant plus que sa mère le lui avait expressément demandé. Et si le vieux desperado n'en disait rien, Arabella n'était pas idiote et se doutait par conséquent de l'attachement que ce dernier avait pour elle. Le seul problème était que Daniel, qui n'avait jamais chercher à s'intégrer ou au moins à s'intéresser à la région et à son fonctionnement, semblait croire qu'ici, le danger était aussi présent que dans leur désert. Ce qui, somme toute, n'était pas le cas. Après, il fallait dire que les deux solitaires étaient totalement passés à côté de la lutte contre les Précurseurs et compagnie, dont Arabella elle-même n'avait aucune idée, bien à l'abri dans leur petite oasis. Mais là encore, ce danger-là n'avait strictement rien à voir avec celui qui guettait chez eux. Leur désert était un endroit misérable. Il n'y avait pas de Dieux conférant mille et un pouvoirs à leurs dévots, pas de jungles, de plaines et de banquises, pas de meutes stables, pas de véritables territoires, et surtout, pas d'estime pour l'autre. L'altruisme était l'apanage des faibles, dans le Désert. Penser à autre chose qu'à soi-même revenait à courir droit au suicide. Ce Punk Wolf, comme certains l'appelaient, c'était littéralement la prairie des Teletubbies à côté de ce bon vieux Mexico. En témoignaient les couleurs chatoyantes voire criardes de certains de ses résidents.
— Dice que puedo entrar en su clan, souffla Arabella.
La mine de Dani se détendit. Ses traits se décrispèrent et il aurait même été sur le point d'afficher un petit sourire satisfait si Suète ne l'avait interrompu :
— Cependant... Ma présence au sein de ce clan n'est ni nécessaire ni éternelle, et je compte bientôt céder ma place au sein du conseil dirigeant à des loups plus jeunes et dynamiques. Ce qui ne t'empêche bien sûr pas de le rejoindre ; je n'y serais juste plus, et j'aimerais que Daniel le sache.
Les yeux d'Arabella s'agrandirent de surprise. Et elle fit de son mieux pour ne pas laisser un grand sourire de satisfaction — celui-là même qui menaçait de défigurer ce vieil aigri de Daniel quelques instants auparavant – étirer ses babines, sachant pertinemment ce que les dires de Suète impliquaient, lorsqu'elle se tourna à nouveau vers Daniel pour lui faire la traduction :
— Pero en poco tiempo dejará el clan, entonces no estará conmigo.
La réaction ne se fit pas attendre. En l'espace de quelques secondes à peine, le visage de Daniel, qui était pourtant en train de se radoucir, mua de manière radicalement opposée vers l'expression d'un mécontentement indéniable.
— ¡¿ QUE COJONES ?! beugla-t-il, fusillant Suète du regard.
Ce revirement de situation ne faisait clairement pas partie de son plan. En sa qualité de mec qui avait autrefois été un bon stratège militaire — dans un pays de cons, certes, mais bon stratège quand même –, Daniel avait bien évidemment envisagé de nombreuses possibilité quant à ce qui aurait pu se dire durant cette conversation. En sa qualité d'homme prévoyant, il avait même envisagé de devoir se battre contre Suète, quand bien même il n'avait absolument pas la moindre idée de ce qui aurait pu conduire à ça, même si du coup maintenant l'idée commençait à germer, puisqu'en bon bonhomme rustre et pas très doué pour réagir autrement qu'en frappant aux situations compliquées, il avait désormais sérieusement envie de lui en coller une bonne, voire deux. Mais jamais, au grand jamais, il n'aurait imaginé que Suète ait pu décider comme ça, carrément sans le prévenir avant — chose absurde une fois encore, mais il était en colère alors l'absurdité de son raisonnement il s'en tamponnait le coquillard, alors oui il estimait qu'elle aurait dû le prévenir genre au moins dix ans à l'avance et puis merde –, de lâcher son putain de clan hippie avec lequel il était sûr et certain qu'elle bassinait tout le monde depuis — au moins ! – la première prise de parole par le loup Punk, il y avait bien des siècles de cela. Mais d'où sortait-elle cette connerie, encore ? Daniel écumait clairement de rage, ses petits yeux étrécis balançant des éclairs radioactifs pimentés tout autour d'eux, son poil hérissé grelottant sous un grognement qui ne venait pas, et sa babine prête à se retrousser peinant à retenir l'écume qui lui montait aux lèvres. Il joua sa dernière carte, à vrai dire la seule autre option que égorger Suète parce qu'elle l'avait mécontenté sans crier gare qui lui passa par la tête à ce moment-là, à savoir celle du mec autoritaire :
— Y una polla. No. Te quedas en tu clan, décréta-t-il d'une voix rauque, ses yeux mettant la femelle au défi de le contredire, genre
Arabella arqua un sourcil, et poussa un soupir désemparé. Elle peinerait parfois à comprendre comment sa mère avait pu la confier à un mec aussi immature. Ou encore comment elle avait pu à ce point s'attacher à lui. A moins qu'il ne soit devenu con après avoir disparu. Il était après tout tombé d'une falaise. Rien n'excluait qu'il se soit explosé la gueule sur un rocher en contrebas.
— Apparemment il n'avait pas envisagé que vous répondiez ça et vous ordonne de rester dans votre clan, fit Arabella à l'adresse de Suète, levant les yeux au ciel.
Toute tristesse s'était désormais envolée chez la jeune louve. Elle connaissait suffisamment Daniel pour savoir que malgré son apparent refus de l'emmener avec elle, il ne la laisserait jamais sur place sans l'avoir confier entre des pattes qu'il jugeait dignes de prendre soin d'elle, ou en tout cas susceptibles de la protéger d'à peu près tout. A vrai dire, avant de rencontrer la grande rouge, Arabella n'aurait pas envisagé qu'il puisse trouver quiconque à son goût pour ce genre d'opération ici. Après, il suffisait de jeter un coup d'oeil à la louve pour comprendre ce qu'il lui trouvait. C'était plus ou moins une espèce de genderbend de lui-même. En moins stupide et plus patient. Pauvre con.
— Si vous voulez partir ce n'est pas grave. Je peux parler avec lui. Il n'est pas content et risque d'être très désagréable, ajouta-t-elle d'un air compatissant.
A vrai dire, elle risquait fortement de mourir de honte — et il n'y aurait donc plus personne à protéger par la suite – d'un moment à l'autre. Comprenez qu'après toutes ces années, elle considérait Daniel comme son père. Et son père était sur le point de lui taper une affiche monumentale. Elle n'était plus adolescente depuis un moment mais cela n'empêchait rien. Elle préférait largement voir Daniel s'énerver après un danger potentiel qu'après une personne qui avait juste contrarié ses plans en ne pouvant tout simplement pas lui offrir toute l'aide dont il avait besoin. Avoir le vieux brun pour papa adoptif avait ses bons et ses mauvais côtés.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Mar 26 Jan 2016, 12:22
Arabella fit la traduction. Ce qui sembla ne pas plaire à Daniel. Pas du tout.
Le grand loup semblait complètement pris au dépourvu, fusillant Suète de ses minuscules pupilles rouges, comme il l'aurait certainement fait si un regard avait suffit - et comme il pouvait techniquement le faire, ce que Suète ignorait dans la mesure où elle ne connaissait pas son pouvoir, mais ça n'avait présentement pas une grande importance puisqu'il se contentait de la regarder aussi noir que possible. C'était assez prévisible, finalement : en ne se remettant jamais à personne, il ne courait pas le risque de se voir déçu ; la frustration ne faisait donc clairement pas partie de son bagage psychologique de base. En toute honnêteté, elle-même avait toujours tenté dans la mesure du possible d'éviter de s'en remettre à d'autres - parce que, la plupart du temps, elle était elle-même l'individu le plus compétent pour effectuer la tâche donnée, qui consistait à taper des gens ou guider un peuple qu'elle avait contribué à fonder - mais avait pas mal fait d'efforts en ce sens. Parce qu'elle s'était trouvée du jour au lendemain ne plus être la seule personne à souffrir des potentielles conséquences de ses actes, parce que l'entraide et le serrage de coudes était la base de la vie en collectivité.
Et grâce - ou à cause - de cette évolution dont elle avait souffert, elle comprenait ce pauvre Daniel. Parce que là il roulait des muscles, il faisait le gros méchant et tout, mais au fond il devait être aussi paumé qu'il avait l'air con - ce dont témoignait cette pauvre Arabella qui semblait se rabougrir à vue d'oeil. Et rien que pour cela, Suète était emmerdée pour lui, sincèrement emmerdée parce qu'elle n'aimait pas mettre ses potes dans la mouise, et parce qu'elle l'imaginait, complètement impuissant malgré ses gros muscles et ses grandes dents, tout petit face à ce mur terrible et impossible à maîtriser que représentait l'autre.
— Apparemment il n'avait pas envisagé que vous répondiez ça et vous ordonne de rester dans votre clan.
La gamine semblait aussi exaspérée que son père en colère qui éructait, comme d'habitude, tous les jurons dont regorgeait son langage fleuri - avec une pointe de joie mauvaise, Suète se pris à espérer qu'il lui saute dessus, histoire qu'ils se bagarrent comme des mômes de maternelle dans un bac à sable, à ceci-près que le combat serait à balles réelles, mais ça risquait de faire désordre devant la môme, hu. Toujours était-il qu'elle devait trempérer et trouver, dans un semblant de diplomacie, un terrain d'entente entre ses idéaux et son meilleur pote, puisqu'il était peu probable que ce dernier démorde de sa vision réductrice de la femelle tout comme elle ne comptait pas rester dans son clan à couver la môme pour le bon plaisir du desperado, fallait pas déconner.
— Si vous voulez partir ce n'est pas grave. Je peux parler avec lui. Il n'est pas content et risque d'être très désagréable.
Pour changer. Daniel ne lui faisait absolument pas - absolument plus, pensa-t-elle en se remémorant avec nostalgie leur première rencontre - peur, et elle était persuadée de l'avoir connu dans les situations dans lesquelles il était le moins agréable - à savoir vautré sur elle, complètement bourré, avec une haleine à réveiller des morts en train de lui susurer ce qui aurait, au vu de la situation, tout aussi bien pu être des mots doux que des insultes à l'oreille - et se battre avec lui n'était pas vraiment une perspective effrayante, elle avait juste pas envie de traumatiser Arabella. Et elle n'allait pas lui laisser ce gros balourd bougonnant sur le dos, ça n'était pas très fair-play, d'autant qu'elle était en partie responsable de ses récents sauts d'humeur. Pas que la Brethen s'en sente coupable, juste qu'elle savait à quel point c'était désagréable.
— Ne t'inquiètes pas. Dis-lui simplement que ma décision ne le regarde pas et que je quitterai le clan, quoi qu'il en pense.
La louve marqua une pause, laissant à sa comparse le temps de traduire.
— Dis-lui aussi que je peux parfaitement veiller sur toi sans faire partie du clan. D'autant plus que ce n'est pas parce que je le quitte que je le raye de mon existence.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Jeu 28 Jan 2016, 20:50
Arabella avait beau être bien plus patiente que son père adoptif — ce qui n'était franchement pas difficile –, elle avait, comme tout le monde, ses limites. Limites qui tendaient à se manifester plus rapidement lorsqu'elle était en proie à un quelconque conflit émotionnel, entre autres. Comme c'était le cas en cet instant-même. Elle n'avait jamais eu pour vocation de travailler comme interprète, même si rendre service lui faisait plaisir. Et encore moins de servir d'interprète à Daniel lui-même, qui était très loin d'être un homme ouvert d'esprit et dont les paroles étaient généralement désagréables à retranscrire, puisqu'elles étaient désagréables tout court. A vrai dire, la proposition qu'elle avait fait à Suète de s'en aller et de la laisser gérer ça consistait plus en une perche tendue et prête à saisir qu'en une forme de petit sacrifice personnel, manifeste d'une grande dévotion. Très loin de se laisser impressionner par la grosse brute qui lui servait de parrain et dont elle savait de toute manière qu'il ne lui ferait jamais le moindre mal — même si comme beaucoup d'autres choses, il s'évertuait à le nier –, elle était, au même titre que sa chère mère, prête à lui tenir tête, et même particulièrement disposée à le faire. Elle sentait l'agacement monter en elle, et le dissimuler s'avérait de plus en plus difficile. Elle aurait préféré que Suète s'en aille, histoire de lui gueuler dessus un bon coup et de régler le problème. Au lieu de ça, elle allait devoir jouer les jeunes femmes sages et parfaitement maîtresses d'elles-mêmes tout en continuant de faire la traduction dans les deux sens, et ce même si elle savait pertinemment que c'était inutile. Parce que Suète avait raison, et Daniel tort, mais qu'importe, il ne démordrait jamais ou en tout cas pas face à la Rouge. Il n'y avait pas besoin d'être fin psychologue pour le deviner. Daniel était un dominant, un macho comme seul son pays savaient les faire, et quitte à en crever ou pire, à se ridiculiser de la pire des manières, il ne courberait jamais l'échine et n'admettrait jamais sa défaite. Encore moins face à une femme, si baraquée soit-elle. Inutile de dire qu'elle avait plus envie de se tirer de là que d'agir comme intermédiaire à ce dialogue de sourds.
— Ne t'inquiète pas. Dis-lui simplement que ma décision ne le regarde pas et que je quitterai le clan, quoi qu'il en pense.
Et elle n'allait quand même pas recommencer à s'engueuler avec lui en face de leur invitée...
— Dice que no es asunto tuyo y que dejará su clan, no importa lo que piensas.
Comme on pouvait s'y attendre, l'expression renfrognée de Daniel, si tant est que se fut possible, s'accentua un peu plus. La louve prenait une grande inspiration censée l'aider à rester calme lorsque Suète reprit :
— Dis-lui aussi que je peux parfaitement veiller sur toi sans faire partie du clan. D'autant plus que ce n'est pas parce que je le quitte que je le raye de mon existence.
Daniel attendait, aux aguets, laissant ses petits yeux rouges aller de l'une à l'autre, la mâchoire inférieure excessivement en avant ce qui lui donnait un faciès particulièrement prognathe :
— Pero puede cuidar de mi si estar en el clan. No es porque lo deja que no tiene nada más que ver con el.
Ah, tiens, songea-t-elle. En fait, ses babines se déformer un peu plus. Daniel cessa de les observer à tour de rôle pour cette fois-ci scruter attentivement Suète. Bien évidemment, cette solution ne lui convenait pas, quand bien même elle aurait certainement plu à n'importe qui d'autre. Le problème était que Daniel ne faisait pas de compromis. Il dictait sa volonté, et en cas de refus, l'imposait. Rien de plus et rien de moins. Cela avait toujours marché ainsi et cela n'était pas prêt de changer. Certes, il était en vérité un loup intelligent et le loup intelligent en lui le suppliait actuellement de faire un effort, mais non. Son égo lui interdisait tout accès de faiblesse. S'il n'avait pas ce qu'il voulait, et si il ne pouvait vraiment pas l'avoir, même en distribuant des torgnoles à tout va et en écorchant s'il le fallait quelques péquenauds, alors il trouverait autre chose. Putain de merde, Carmen lui avait confié la petite et il était hors de question qu'il la laisse seule. Si jamais il osait rentrer sans elle en lui disant qu'il l'avait laissée Dieu seul savait où et toute seule en plus, elle l'aurait étripé sur place. Juste après lui avoir coupé les couilles. Rien n'était pire que la colère d'une femme.
NDLR : en réalité, Carmen aurait pu se montrer compréhensive, ayant pleinement conscience du potentiel d'Arabella et de sa capacité à prendre soin d'elle-même sans que personne ne l'y aide, preuve était qu'elle l'avait laissée partir pour aller le chercher lui jusqu'ici, mais Daniel avait une vision des choses et surtout une manière d'appréhender la pensée des autres extrêmement singulière, pour ne pas dire extrêmement faussée.
Dans tous les cas, il était dans une belle situation de merde et il ne voyait absolument pas quoi faire, à part taper sur tout le monde, ce qui aurait été totalement contre-productif et même trop con pour lui. Prenant une grande inspiration comme Arabella l'avait fait plus tôt une grande inspiration, mâchoires serrées, se bouffant à moitié la babine inférieure et un peu de barbe au passage, il ferma les yeux un instant, cherchant à se calmer. Il avait tellement envie de taper. Putain. Taper. Ca lui aurait fait du bien. Il finit par rouvrir les yeux, tirant résolument la gueule, avant de dire à Suète d'une voix rauque qui parvenait difficilement à cacher son agacement :
— Vale. Puedes marcharte.
Et si elle ne se barrait pas, il le ferait lui. Il n'avait clairement plus envie de la voir pour aujourd'hui. Encore moins dans son putain de Terrier. Il allait trouver une proie pas trop rapide, du genre une qu'il pouvait attraper, et lui exploser la gueule. Avec un peu de chance ça le calmerait. Peut-être même irait-il faire la peau à un ours. C'était l'une des rares choses qui parvenaient à le détendre dans les moments difficiles. Ca et la tequila. Enfin, la baston qui venait juste après la tequila.
Les paupières d'Arabella tressaillirent, tandis qu'elle dardait ses grands yeux interrogateurs sur lui. Elle finit par relever le nez vers Suète :
— Il dit que vous pouvez partir, fit-elle d'une voix étouffée, agrémentant ses paroles d'un petit haussement d'épaules.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Dim 31 Jan 2016, 22:23
— Il dit que vous pouvez partir.
Limite, là, la traduction n'aurait pas été nécessaire. Suète lisait sur le visage de son ami son agacement et sa colère, elle voyait ses yeux minuscules s'enfoncer indéfiniment sous la masse broussailleuse de ses sourcils, elle sentait sa tension quand il prononçait quelques mots d'une voix rauque. Il était en colère puisque visiblement, sa réponse ne lui avait pas plu. Dans son petit monde idéal et égoïste, elle aurait dû rappliquer la queue entre les jambes, simplement parce qu'il le lui avait demandé, abandonnant ses projets pour sa seule satisfaction égoïste puisque même Bella - c'était comme ça qu'il semblait l'appeler, Suète avait fini par avoir l'oreille et détacher un peu ses mots les uns des autres - ne semblait pas jouasse à l'idée de quitter son padre, qui semblait n'en avoir rien à foutre.
Comme si elle l'encombrait.
Suète aimait Daniel d'un amour fraternel sincère, mais il la gonflait profondément, là, tout de suite. Il était en colère contre elle parce qu'elle lui opposait une résistance, il lui en voulait parce qu'il avait des projets et attendait de la guerrière qu'elle ruine les siens pour le satisfaire. Jamais il ne semblait prendre en compte l'existence et l'importance des autres, et jamais il ne semblait se rendre compte qu'Arabella en souffrait. Ce qui dégoûtait la Brethen plus que tout, c'est qu'elle avait devant elle le seul être au monde qui soit plus handicapé des relations humaines - vous saisissez l'idée - qu'elle, et ce reflet en pire lui faisait à peu près valoir ce qu'elle avait infligé à ses propres enfants en les abandonnant, à ceci près qu'elle avait eu la décence de le regretter après.
Et là, il semblait n'en avoir rien à foutre.
Suète eut envie de s'énerver, de l'engueuler une bonne fois pour toute quitte à devoir lui coller sa patte en travers de la gueule pour lui ramener les pieds sur terres, à ce crétin dans les nuages qui s'évertuait à retourner dans un pays où il avait passé moins de temps que ces terres-ci, un pays qui l'avait transformé en brute épaisse alors que sous la cendre, il y avait un brave gars qui s'occupait d'une môme qui n'était pas la sienne, soit par bonté d'âme soit parce qu'il avait à honorer une promesse, ce qui dans un cas ou dans l'autre représentait une raison suffisante pour la Rouge de l'estimer. Un type qui avait des principes et qui était honnête, un type qu'elle estimait mais néanmoins un crétin borné, rétrograde et sempiternellement grognon qu'elle avait présentement envie de secouer comme un cocotier, ce qu'elle aurait très certainement fait s'il n'y avait pas eu Arabella.
Arabella qui fondait présentement dans une flaque de honte et qui ne semblait désirer que la paix et une entente entre eux, et qui avait à gérer un vieux con agrippé à ses positions comme une moule à son rocher. Vieux con qui s'entêtait à la refourguer à quelqu'un d'autre alors que c'était probablement la créature la plus douce et sympathique au monde.
— J'espère qu'elle vaut le coup, celle pour qui tu t'entêtes à retourner là-bas.
Quoi d'autre, après tout ? Quoi d'autre qu'un amour oublié pour retourner chez soi avant de mourir ? La guerrière n'avait pu s'empêcher de donner un ton froid à sa réplique, un peu consciente que cela pouvait déclencher la colère de son ami, et elle en était désolée pour Arabella. Mais elle était triste qu'il soit aussi con et orgueilleux et qu'il prenne son refus comme une attaque personnelle alors que merde, ils étaient potes quoi, et de surcroît capables de se comporter comme des grandes personnes.
Mais surtout, elle était terriblement triste qu'il s'en aille.
Sans accorder un regard à Dani, elle quitta la caverne.
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Sujet: Re: Red dust, red sand [Daniel] Ven 12 Fév 2016, 12:12
Suète semblait en colère mais il n'en avait rien à foutre. Quant à Arabella, il préféra ne pas la regarder et par conséquent ne pas chercher de quelque manière que ce soit à voir ce qu'elle pouvait penser ou ressentir. Il était bien trop en rogne pour s'emmerder la vie à prendre compte des états d'âme des autres. D'autant plus que c'était de toute manière qu'il ne faisait déjà pas en temps normal. Là, le seul problème était que la rage de Suète, il ne pouvait y échapper, et pour cause elle était juste en face de lui, à sa taille et en prime, elle était un gros rempart rouge et désagréable entre lui et la sortie du Terrier. Il aurait certainement dû faire une sortie de secours derrière, songea-t-il amèrement. A vrai dire, il y avait généralement une sortie par derrière à tous les terriers. Mais il n'avait pas jugé utile d'en rajouter une jusque là, étant de toute manière plus disposé à foncer au devant des emmerdes qui pouvaient éventuellement l'attendre à l'entrée plutôt qu'à fuir en catimini par la porte de derrière. A l'instar des heureux propriétaires d'un instinct de survie fonctionnel, il aimait effectivement aller au-devant des emmerdes, et du danger de manière plus générale.
Après quelques instants à bouillonner sur place, tandis qu'il s'évertuait à soutenir son regard en veillant à avoir l'air aussi mauvais que possible, elle finit par siffler quelque chose qu'il ne comprit bien évidemment pas. Arabella, de son côté, darda avec insistance ses grands yeux sur la louve rouge. Qui malgré son gabarit similaire à celui du vieux grizzly qui attendait derrière elle, était loin d'être aussi stupide que lui. Quoi qu'en l'occurrence, elle pensait qu'il s'agissait plus, chez Daniel, d'une forme d'obstination particulièrement agaçante que d'une véritable limite intellectuelle. C'était en tout cas ce qu'avait laissé entendre sa mère à l'époque où elle lui parlait de lui. Elle avait suffisamment insisté sur ce détail, d'ailleurs, et il y avait de quoi. Difficile quand on le voyait dans ces moments-là de s'imaginer qu'il était autre chose qu'un con fini. Elle doutait que Dani ait jamais parlé de Carmen à qui que ce soit, y compris à Suète. Même avec elle, il n'en parlait pas. Il s'évertuait à nier toute relation allant au-delà d'une simple camaraderie avec elle, alors que clairement, Arabella, qui était loin d'être dupe, voyait qu'il y avait bien plus que ça. Elle salua intérieurement la pertinence de Suète, regretta que Daniel n'ait pu comprendre, et se demanda vaguement si la grande rouge n'était pas jalouse, tant le ton employé était froid et flirtait avec la déception. Mais bien sûr, c'était peut-être juste parce qu'Arabella était la fille de celle pour qui le vieux loup retournait effectivement au pays, et que ça la rendait un peu subjective. Enfin. Elle était plus exactement la fille de ceux pour lesquels Daniel repartait dans le désert. Puisqu'il était évidement que ce dernier avait des comptes à régler avec Miguel. Ce qui, malgré les liens du sang qui l'unissaient au loup noir, ne l'attristait pas le moins du monde, et même elle ça la surprenait. Avec les années elle avait appris à s'attacher à Daniel comme à un vrai père, certes relou, certes affreux, sale et méchant, mais en tous points supérieurs à son véritable géniteur. Et dans la mesure où sous ses airs de jolie fleur délicate et innocente, Arabella n'en restait pas moins une fière aztèque élevée à la dure dans un monde sacrément à chier, elle espérait de tout son petit coeur de femme blessée et rancunière que Daniel étriperait littéralement Miguel et que ce dernier douillerait grave avant de finalement rendre l'âme. Parce que ce connard le méritait amplement, aussi bien pour ce qu'il lui avait fait à elle — et pire, ce qu'il avait voulu lui faire –, que pour ce qu'il avait fait à sa mère et lui faisait probablement toujours, que pour ce qu'il avait également fait à ce bon vieux Dani. Et ce qui l'enchantait dans toute cette histoire, c'est qu'avec le refus de Suète, ses chances se rentrer effectivement au pays en compagnie du desperado venaient de connaître une hausse plus que significative. Elle en avait carrément envie de sourire, toute ravie qu'elle était. C'était tout ce qu'elle avait jamais voulu et ça se profilait enfin. Dommage que l'ambiance de merde dans le terrier et les tensions plus que palpables ne s'y soient pas du tout prêtées.
Mais malgré son soulagement, elle devait bien reconnaître qu'elle avait beaucoup de peine pour Suète, et que la voir ainsi lui faisait mal au coeur. Elle ne savait pas exactement quels étaient les liens qu'elle entretenait exactement avec le Desperado, mais elle supposait qu'il existait malgré tout un certain attachement, quel qu'il soit. C'était bien le problème avec Daniel. Il n'était que source de déception, ou en tout cas c'était l'impression qu'elle avait fini par se faire de lui après l'avoir rencontré et avoir vécu à ses côtés pendant plusieurs années. La seule qui s'évertuait à croire en lui envers et contre tout, et la seule qu'il avait effectivement envie de ne pas décevoir, c'était sa mère. Le pire était qu'on ne pouvait même pas lui en vouloir pour ça. Avec son air de gros dur mal aimable, il semblait tout faire pour éloigner les autres de lui. Malheureusement, pour peu qu'on soit amené à le côtoyer au quotidien, on pouvait effectivement s'attacher un peu à lui. Son éternel air bougon devait très certainement jouer — bien plus que ses insupportables sautes d'humeur en tout cas. Elle s'était attachée, bien entendu, il aurait été difficile d'en faire autrement. Et il l'avait déçue aujourd'hui, même si au final la situation s'était retournée contre lui. Et somme toute, Suète s'était également attachée à lui. Et il l'avait également déçue. Sans en éprouver le moindre remord.
Lorsqu'elle vit Suète finalement s'en aller, Arabella s'aperçut qu'elle n'avait plus du tout envie de sourire. Elle était juste triste. Triste que Daniel ait ainsi tenté de se débarrasser d'elle sans la moindre réticence, mais surtout triste pour Suète. Triste que Daniel soit si con, et surtout si peu enclin à évoluer.
Daniel, lui, resta figé de longues secondes après qu'elle soit partie, continuant de fixer les rais de lumière qui filtraient par l'entrée du Terrier où Suète se tenait encore un peu plus tôt. Comme s'il s'était préparé à l'idée qu'elle change d'avis et revienne, et avait tenu à ce que toute tentative de la louve de faire volte face soit accueillie par le même regard froid que celui qu'il lui avait adressé avant qu'elle ne parte. En vérité, Daniel couvait sa colère. Lorsqu'il estima qu'il pouvait sortir sans risquer de tomber sur elle, il quitta à son tour le trou terreux, la démarche raide et la respiration saccadée, grognant à Arabella de ne pas trop s'éloigner. Il avait besoin de se défouler et pour ce faire, il devait se passer les nerfs sur quelque chose. Quelqu'un aurait été plus approprié, en fait.
Laissant l'Oasis derrière lui, il disparut parmi les dunes au triple galop, comme si courir avait pu l'aider à se décrisper un peu.