Glissement du vent - Pv. Frieda

Sh'Eym était collé contre le sol, les poils de son ventre frottaient la terre, son museau glissait à quelques centimètres des pierres. Ses yeux verts étaient fixés sur l'arbre magnifique qui se dressait au centre de la plaine. Il faisait nuit. Des centaines de lucioles bleutées voletaient autour de l'arbre majestueux, créant mille formes avant de disparaître, pour réapparaitre quelques mètres plus loin. Ce nuage lumineux se déplaçait harmonieusement, grâce incarnée de la nature. Sh'Eym reporta son attention sur sa proie. Car sa posture chasseresse était en fait tout entier concentrée sur un lapin qui, non loin de là, grignotait un trèfle paisiblement. Il n'avait encore rien remarqué.

Une vague de vent agita doucement les hautes herbes environnantes : Sh'Eym en profita pour franchir encore quelques mètres qui le séparaient de la petite boule de poil. Cette dernière avait son attention toute entière focalisée sur sa tâche actuelle, nullement intéressée par un quelconque danger. Après tout, le temps était doux, clément, et tout menait à penser à ce que tout irait pour le mieux, répit du temps, pour au moins l'heure à venir.

Dans cette paix ambiante Sh'Eym ferma les yeux quelques secondes, laissa les senteurs champêtres l'envahir, le bruit du vent et du bois créer dans son esprit mille musiques plus talentueuses les unes des autres... L'odeur du lapin, chaude, capricieuse, légèrement musquée, venait mettre un point vivant à cette phrase naturellement harmonie.

Un bond, quelques foulées provoquant un bruit de tonnerre alors que le silence n'était plus nécessaire : il était trop tard pour sa cible de s'enfuir. Il savait qu'il arriverait dessus avant qu'elle n'ait fait plus de deux bonds ou rejoint un terrier salvateur : d'un coup de crocs, il lui brisa les reins, avant de l'achever d'un mouvement sec et rapide de sa gueule au niveau de son cou. Il chassait par nécessité, pas forcément par plaisir. Il savait apprécier l'adrénaline d'une bonne chasse, la chaleur du sang coulant dans sa gueule ainsi que son gout cuivré, mais ne tirait aucun bonheur dans la souffrance de ses proies - qu'il évitait donc un maximum.

Il posa le lapin au sol, reportant son attention sur le saule bleuté.

Les lucioles de nouveau créaient des motifs délicats, nullement troublées par le meurtre qui avait eu lieu et n'était que partie de ce qui était.

Cycle animal.

Naturel.

• Frieda s’était extirpée de la douce chaleur de sa mère et de ses deux frères.
  
  Ils étaient bien confortables tous collés épaules-par-épaules ainsi, et le fait de savoir qu’ils étaient en sécurités ainsi lui donnait enfin une raison d’aller prendre soin de sa propre personne à l’extérieur. Bien que Frieda se plaisait en la compagnie de ses proches, un côté têtu de sa personnalité lui obligeait à avoir une sorte de phase de rébellion, juste pour prouver qu’elle ne se faisait pas marcher sur les pattes et qu’elle pouvait faire comme bon lui semblait : Se balader après le couvre-feu instauré par sa mère était l’une d’elle. Alors après avoir fait une petite léchouille d’affection à l’oreille d’Amaël (il ne se réveillait pas facilement celui-là), elle partait désormais dans la nuit sombre, sans regarder à l’arrière.
  
  S’enfuir de l’abri de son clan devenait de plus en plus facile car, après tout, elle était quasi-adulte et la majorité du temps, on se trompait avec sa mère Prisca, tant qu’elle grandissait à lui ressembler : La taille élancée et musculaire, les yeux perçants, et le marquage du pelage similaire. Décidément, il n’y avait même plus de satisfaction une fois que son but de s’enfuir était atteint.
  
  La température de cette nuit était particulièrement agréable, une brise légère avec la grande lune qui éclairait très bien les environs. La jeune louve adorait le fait de voir les mêmes paysages avec une teinte différente, mais ce soir, elle voulait visiter un nouvel endroit qui lui rongeait la curiosité : l’Éclat Saule. Elle n’avait jamais encore vu ces arbres, encore moins les insectes lumineux qui y habitaient… sans parler de la fontaine du dieu Kiro. Juste à se remémorer les dires de sa mère à propos de cet endroit lui donnaient un regain d’énergie.
  
  C’est à la vue d’une luciole perdue (ou solitaire, on ne sait jamais), que Frieda comprit qu’elle s’approchait. L’odeur d’une proie fraichement ouverte était aussi un indicatif qu’elle n’était pas la seule en ces terres. Elle se mit tout de suite en garde, le pelage plus gonflée.
  
  Il fallait encore qu’elle interrompt les activités d’un inconnu, pas vrai ?
  
  ( Vraiment navrée du retard, j’suis impardonnable ._. )

Sh'Eym inspira à plein poumons. L'air était frais, clair, et sentait le cèdre et le bois vivant. On se faisait aisément l'image de la sève jaune ambrée, qui glissait sur les blessures du tronc, sang végétal riche de vie. Les lucioles virevoltaient, mais depuis quelques temps esquivaient une trace dans l'herbe. Une grosse traces d'herbes écrasées, grosse trace laissée par une grosse bête qui se dirigeait doucement vers Sh'Eym. Le bruissement des herbes assez hautes pour recouvrir presque entièrement une jeune louve brune avec de longs cheveux bruns attachés en un chignon qui tentait de se faire silence en se dirigeant vers lui. Sh'Eym eut un léger sourire. Elle ne l'avait visiblement pas encore vu, et la traquait à la façon d'un véritable chasseur des tanières.

Le loup gris et vert se colla au sol, son poil pelucheux glissant sur le sol sombre de la terre bien nourrie, et commença, sans bruit à se diriger vers la petite. Il avait laissé la proie derrière lui, bien en évidence. Il se glissa sur le côté. Il allait se jeter sur elle quand il eut une meilleure idée : il s'engouffra dans les herbes de façon à avoir la proie et la louve dans son champ de vision, et attendit que cette dernière s'approche de l'animal fraichement mis à l'état de cadavre. Il attendit encore quelques secondes, un battement de coeur, deux...

Elle se pencha sur la proie.

Lui s'envola silencieusement avant d'atterrir à moitié sur la louve, les deux pattes sur le sol pour ne pas l'écraser, mais assez proche pour la renverser sur le sol et la faire pivoter vers lui. Il se pencha vers elle, silencieux, la maintenant dans son étreinte de peluche prédateur :

"Bouh."

Murmure glissé entre deux deux rangées de dents d'une mâchoire souriante plus qu'agressive. Il se redressa et recula d'un pas avant de lui tirer la langue et de désigner le lapin du bout d'une de ses pattes gris foncé.

"Ta mère t'as pas dit de faire attention à ce qui laisse trainer des choses pareilles pour manger des bouts comme toi ?"

[Pas de soucis t'inquiètes <3
Si mon RP ne te plait pas (je l'ai fait s'approcher de la proie sans qu'elle ne le remarque), n'hésites pas à me le dire, que je change ! : 3]