Une ballade [Khal]

Si les Punkwolfiens redécouvraient ce qu'était l'été et la chaleur, il existait tout de même quelques terres qui échappaient aux rayons du Soleil et donnaient la sensation lorsqu'on y mettait les pattes d'explorer un autre monde aux allure surnaturelles. C'était le cas de l'Écueil Magnétique, qui était déjà une curiosité à cause de ses rochers suspendus, mais qui en plus affichait des températures glaciales qui, ce jour-là dénotaient avec la météo du reste du territoire. La brume y était fort épaisse et l'humidité omniprésente, rendant la pierre relativement glissante.
Mais il n'y avait pas que cela. Pour celui qui tendait l'oreille ce jour là, il pouvait entendre au loin une voix rauque chantonnant un air lent et calme.

Une Solitaire tatouée semblait faire les cent pas sous les rocs en lévitation, s'arrêtant parfois pour s'assoir avant de reprendre son cheminement répétitif, ponctué de demi-tours lents. Si elle affichait un air béas sur ses babine slargement étirées, ses sourcils étaient pourtant froncés. La Blonde semblait en pleine réflexion.
Et c'était elle qui murmurait la mélodie que l'on pouvait entendre résonner au sein de l'Écueil. Ce qu'elle composait semblait être une chansonnette résumant ce qu'elle avait ressenti dernièrement, ce profond désespoir, cette peur de finir sa vie seule et ce qui l'avait sortie du trou : une rencontre, une louve qui lui avait immédiatement tapée dans l'œil, et qui avait accepté de lui laisser sa chance.

"Une ballade
Pour quand j'me sens pas capable
Une chanson pour dormir
Pour quand j'ai peur de mourir
Une mélodie
Pour pleurer si j'en ai envie
Un p'tit air qu'on fredonne
Et qu'on chante jamais à personne"

En effet, savoir qu'elle pouvait être aimé était quelque-chose de foncièrement rassurant pour elle. Alors, la femelle se faisait la réflexion que dans les moments de doute, elle pourrait se chanter cette berceuse. Mais ce premier couplet était tout de même assez déprimant, alors, il lui faudrait remonter le niveau. Il lui faudrait une fin qui se termine bien, et qui puisse lui rappeler Shelby, cette louve brune qui avait illuminé sa vie avec quelques mots.

"Une ballade
Pour quand j's'rai vieille et malade
Une chanson pour dormir
Pour partir sans rien sentir
Une mélodie
Pour aimer, pour aimer, pour aimer
Un p'tit air qu'on fredonne
Et qu'on aura chanté à personne"

La Blonde se fit la réflexion que ça restait assez mélancolique, mais elle en était tout de même assez fière. C'était la première fois qu'elle imaginait une chanson, et elle trouvait que ce n'était pas trop mal. Elle chanta une nouvelle fois ses paroles, afin de vérifier qu'elles lui convenaient bien.