Sujet: Au-delà des mers || Pv. Lucien Lun 05 Sep 2016, 14:44
Ska aimait beaucoup la mer. Lorsqu'il était jeune et encore sous la garde de Lisabeth, il avait vu un groupe en parler. Cela lui avait plu et, sans réfléchir, il avait faussé compagnie à sa nourrice et, sans prévenir personne, avait traversé les terres de Punk Wolf pour pouvoir la voir de ses propres yeux. Bon, évidemment, ça n'avait pas été l'idée du siècle et, même si il avait adoré tremper ses pattes dans l'eau salé, il n'avait pas su rentrer chez lui et serait probablement mort de faim si l'ancien Alpha Séide, Raw, ne l'avait pas retrouvé et ramené au bercail après lui avoir passé un savon. Ce qui ne l'avait d'ailleurs guère affecté, trop content qu'il était d'avoir vu la mer pour que quelque chose vienne gâcher sa journée.
Depuis, il était revenu regarder les vagues s'écraser sur les rochers, quand bien même il se privait souvent de ce plaisir, soucieux de rester près du clan sur qui il veillait. Mais de ça, il s'était lassé. De toute évidence, il n'était pas fait pour les responsabilités à long terme, et surprenait de plus en plus souvent à rêver d'ailleurs, de liberté, de nouvelles personnes qu'il pourrait rencontrer, d'horizons différents. Ce que la meute ne lui permettait pas actuellement. De plus, Lucien lui manquait. Vraiment. Lui non plus, il ne pouvait pas le voir aussi souvent qu'il l'aurait voulu. Ça aurait été bizzare, qu'un responsable Brethen vienne régulièrement taper la discussion avec un Séide... Quand bien même lui ça ne le dérangeait pas. Tout lui glissait dessus, de toutes manières. Mais le fait était qu'il avait désormais envie de profiter de ces choses là, de sa liberté et de Lucien.
Quelques jours plus tôt, il avait donc trouvé ce dernier pour lui faire part de cette idée un peu folle : Il voulait tout plaquer et s’en aller il ne savait trop où, loin de cette terre qui les avait vus naître. Il voulait l’emmener avec lui. Après tout, à deux, ils devaient s’en sortir ! Ça lui semblait tellement évident : Son frère était intelligent, avec lui ils ne se feraient jamais berner. Quant à lui, il savait chasser se battre, merci maman. Par conséquent, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes et il n’envisageait même pas le pire, en bon optimiste qu’il était.
Assis dans le sable et le regard posé sur l’océan, il attendait donc Lucien. Il se sentait bien, heureux, sans le moindre nuage pour venir gâter cela. Tout irait bien pour eux et pour les Brethens. Il avait confiance en eux ou, plutôt, en les loups qui constituaient ce tout petit clan. Ils sauraient bien se débrouiller sans personne sans les chapeauter, il en était certain. Dans le pire des cas, il s’y trouvait toujours des loups bien plus intelligents que lui qui sauraient venir en aide à leurs camarades s’il devait se passer quoi que ce soit. Il avait confiance en eux plus qu’en lui-même. Oui, il pouvait partir serein. Celui qui lui manquerait le plus, dans toute cette histoire, c’était son cher tonton Eandir qu’il n’avait pas manqué d’écraser sous son poids au moment des adieux. Qu’il emportait avec lui, de toutes manières, dans son cœur.
Un sourire tranquille se dessina sur ses babines lorsqu’il entendit un bruit de pas dans le sable. Ils étaient prêts pour le grand voyage.
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Sujet: Re: Au-delà des mers || Pv. Lucien Lun 26 Sep 2016, 18:15
Quand Ska lui avait donné rendez-vous sur la plage, Lucien ne s'était pas vraiment demandé pourquoi. Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas croisés, des années peut-être, chacun perdu dans sa routine respective. Revoir son frère était un plaisir que l'albinos ne se refusait jamais, peut-être parce que le conseiller était bien la seule personne au monde qu'il se soit jamais réjoui de voir. En huit ans de vie, il ne s'était jamais fait aucun autre ami que les livres qu'il dévorait à longueur de journée. Quelques vagues relations, cordiales tout au plus, qui s'évanouissaient dès qu'il n'en avait plus l'utilité. En cela, sa vie ici était bien fade, et il approuvait de moins en moins la direction qu'avait pris son clan et ses dirigeants lui étaient antipathiques. S'il n'avait pas eu le confort facile et la bouffe toute prête sur le tas de gibier, il était probable qu'il se soit barré depuis longtemps.
Quand se découpa la silhouette massive de Ska sur la grève, Lucien sentit une chaleur envahir sa poitrine. S'il ne l'aurait pas avoué - la fierté était au moins une chose qu'il avait hérité de ses parents - il lui avait manqué. Lui et son regard un peu naïf, lui et sa gentillesse qui n'attendait rien de personne, lui et sa générosité totalement gratuite. Lui qui ne manigançait pas, ne trompait pas, ne mentait pas. Lui qui était si éloigné de Lucien, quelque part. Lui qui le complétait parfaitement. C'est alors que Lucien compris pourquoi il était venu ici ; non, il ne retournerait pas à bibliothèque, non, il n'irait plus chercher un lapin sur le tas de gibier avant de se rouler en boule au milieu d'inconnus qu'on nommait ses pairs, et contre qui il répugnait à se blottir. Ce soir, il ne se blottirait que contre la carrure massive et rassurante de son abruti de frangin, après lui avoir raconté une des merveilleuses histoires qu'il avait lues en mangeant une proie que le cadet aurait chassée. C'était évident, désormais, et il se sentit un peu stupide de ne pas avoir compris plus tôt.
Quand ils furent face à face, Ska se releva. Il semblait encore plus gigantesque que dans les souvenirs du tatoué, à croire que la masse de muscles qui constituaient son corps n'avaient jamais cessé de croître. Avec un pincement au cœur, Lucien se dit qu'il ressemblait terriblement à leur mère, avec ce port altier et cette façon de se tenir, un peu alerte sans l'être vraiment. Lui, il lui avait pardonné, parce qu'il était bon et que son coeur était pur de toute la rancoeur qui avait dévoré Lucien de l'intérieur. Au fond, il l'enviait. Lui aussi, il aurait aimé être fier d'avoir eu pour mère la meilleure guerrière de ces terres. Lui aussi, il aurait aimé qu'elle soit fière de lui, juste un peu. Lui aussi, il aurait aimé déglutir le fiel et les insultes qui avaient jailli de ses lèvres à l'encontre de Suète, quand elle avait enfin osé venir lui parler.
Ça n'avait pas dû être facile. En silence, ils se mirent en marche. Ça n'avait plus d'importance, au fond.
Parce que ce soir, ils allaient décrocher la lune.