Aro - Thyara - Le début de l'amitié

Elle n'avait pas techniquement le droit d'être ici.

Mais avec l'urgence de la transformation de certains loups, sa mère avait fui le camp pour retrouver son frère, et se battre au besoin contre grand mère romance la plante verte. Puisque arrière grand papy dormait dans un coin, et que oncle Roy était ailleurs, Thyara s'était dit qu'il serait temps de faire un peu d'aventure, et, prenant sa chenille mutante de compagnie, et l’enroulant autour de son cou, elle avait fait preuve d’une discrétion digne du meilleur espion, escaladant papy Aristote, qui s’était laissé tomber de fatigue, aux yeux de la petite, en entendant la nouvelle sur mamie Romance.
Pour l’instant, tout lui semblait être un peu un jeu, au camp, sans la menace verte, avec sa chenille pour se distraire. Elle avait du mal à croire que le clan vivait un applocalypseuh. D’ailleurs, c’était quoi, de toute façon, un applocalipse ?Elle n’avait même pas tilté, en voyant son papy blanc à petites ailes et a crinière bleue tomber inconscient, en apprenant que sa chère et bien aimée Romance était devenue une plante, et qu’il allait peut être falloir la tuer.
Mais bon, elle était une âme innocente à plumes.
Pour l’instant.

La jeune brune aux longs cheveux blancs, et aux énormes ailes brunes, dégradés vers une couleur crémeuse marchait dans la cordillère, plutôt fière de son coup. Ce fut alors que, animée d’un soudain entrain contrastant grandement avec sa somnolence habituelle, sa chenille observa une plante intéressante, et se laissa tomber du dos de sa maîtresse. Littéralement tomber. Elle rebondit, et bougea vers la plante, qu’un commença à grignoter avec une lenteur exceptionnelle. Thyara s’assit à côté.
Pencha la tête.
Renifla.
Pencha la tête de l’autre côté.
Mais sa chenille ne semblait pas pressée, et ne devait pas être au courant de l’applocalypze, elle non plus.
La jeune louve de 6 mois donna un coup de patte dans la chenille, qui rebondit, ne la distrayant même pas de son repas. Meh, de toute façon, se dit la petite louve, celle qui s’ennuiera en premier, ce sera bien elle, pas moi ! Je suis déterminée, comme maman, et têtue, donc je ne bougerai pas.

A peine 5 minutes plus tard, la chenille se retrouvait seule avec sa plante, alors qu’une jeune louvette marchait ailleurs. Ce fut en quittant sa chenille, légèrement vexée que celle-ci lui ait préférée une plante, que Thyara tomba sur un loup. Il était plutôt grand, et brun de pelage.
Comme elle !
Et il avait des ailes.
Comme elle !
Quelque chose en elle piqua son museau brun. C’était peut être lui son papa ? Peut être qu’elle l’avait enfin trouvé ? Elle agita les oreilles, enregistrant d’autres détails sur le personnage. Il avait des yeux rouge, discerna t’elle en s’approchant, et un glowstick violet. Ouuuuh un disciple de Yurai ! Un sage ! Elle n’avait jamais compris ce que les loups voyaient chez Yurai. La sagesse, ça devait être terriblement ennuyant, on ne faisait rien, on ne disait rien, on réfléchissait. Papy Aristote faisait ça parfois, lui aussi, et lui, il était un disciple de Mido, donc il était censé être intelligent. Mais ce que les autres loups ne savaient pas, c’était que c’était un mensonge ! Il pouvait être grave bête, papy Aristote. Là, par exemple, il était censé garder un œil sur elle, et il s’était endormi. Tout de même, elle bondit devant le grand loup avec ce grand sourire, qui était quasiment toujours présent sur son museau. Et lança, de sa voix de jeune louve :
« Bonjour ! C’est toi mon papa ? » ses grand yeux d’azur et de soleil plantés sur lui.

Elle ne put s’empêcher de baisser ses oreilles, déçue, en entendant que ce n’était pas lui. Zut, elle avait espéré que ça le serait. Elle voulait un père beau, grand et fort, comme ce loup la. Pas un petit loup couard tout moche, qui l’aurait abandonnée par lâcheté. Parfois, quand elle était toute seule, elle se faisait des films, dans lesquels son père avait du laisser sa mère pour aller se battre contre une armée de loups sanguinaires, ou de plantes monstrueuses, et qu’il était parti, pour la sauver, elle et maman. Mas elle était sure qu’il allait revenir, et puis si il n’était pas vraiment parti en guerre, il reviendrait quand même, pour retrouver sa fille et sa femme. Et elle retrouverait enfin son papa !
Bon, elle avait espéré que c’était lui, son papa, mais puisque ça ne l’était pas …
« Oui, je le cherche, maman veux pas me dire qui c’est, donc je cherche mon père » dit elle, en fronçant ce qui lui servait de sourcils, l’air décidée, avant de se retourner, une oreille piquée en avant, l’autre rabattue, surprise par la petite tape sur les fesses.

« uuuuh » dit-elle, un peu perdue, avant de sourire largement et de continuer :
« Moi ? »

Haha, enfin quelqu’un qui reconnaissait ses talents ! Thyara l’aventurière.

Ouip, ça sonnait très bien. Elle agita ses oreilles, le re-pointant en avant ses oreilles brunes, joyeuse.
« Je vais m’entraîner pour voler ! » Dit elle, en redressant la tête, la truffe en l’air, bombant son poitrail blanc crémeux. Puis, sur une idée soudaine, elle pencha la tête, ses yeux empreints de curiosité.

« Mais tu as des ailes toi aussi, donc tu peux voler ? On pourrait s’entraîner ensemble, tu penses ? » Demanda t’elle, l’espoir brillant dans ses prunelles.
Oh ce serait tellement cool si ils pouvaient voler ensemble, elle se sentait un peu seule, souvent, à être la seule à s’élever dans les airs. Bon, ce n’était pas vrai. Quand elle arrivait à s’élever dans les airs, elle s’enjaillait à fond, parce qu’elle n’y parvenait pas souvent. Ce qui était dommage, était qu’il n’y jamais qui que ce soit avec elle pour l’aider, pour lui montrer comment faire, elle devait apprendre toute seule, et à 6 mois, ce n’était pas toujours facile.
A part une ou deux fois, ou sa mère avait insisté de rester, pour éviter qu’elle ne tombe et se fasse mal, elle s’entraînait toujours toute seule, a se jeter d’un caillou pas trop haut, et battre frénétiquement des ailes. Quelques fois miraculeuses, elle avait réussi, mais souvent elle paniquait, et se laissait tomber, rouler par terre.
Elle avait peur qu’elle n’arriverait jamais à voler comme un oiseau. Elle aimerait bien. Ca clouerait le bec des autres jeunes loups qui trouvaient ses ailes ridiculement trop grandes pour elle.

La petite le regarda avec un nouvel élan de déception. Sa pensée se résuma à : Maiseuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh.
Tout de même, elle agita ses petites oreilles, et regarda les grandes ailes du mâle brun, noires ébène, et absolument majestueuse. Elle se sentit tout d’un coup très, très, très petite. Il avait de grandes, grandes ailes, le grand loup. Enfin grand, elle lui arrivait tout de même à l’épaule, mais elle se sentait pas très … ‘cool’ à côté de lui. Elle aurait aimé être un peu plus grande, quand même.
Mais il pouvait lui apprendre ? Oohhhh ce serait vraiment trop bien ! Elle sautilla un instant.
« Oh ouais ! J’aimerai beaucoup apprendre avec toi ! » S’exclama t’elle, en agitant sa queue, les yeux brillants. Elle avait des yeux très spéciaux, dorés autour de sa prunelle noire, et bleus vers l’extérieur. La proportion des deux couleurs était presque égale, et il n’y avait pas de dégradé jaune-vert-bleu, mais bien que tu jaune, et du bleu, des filaments de chaque couleur s’entremêlant dans son iris.

Elle planqua ses yeux sur lui, et le regarda se perdre dans ses pensés. Aha ! Ca expliquait pourquoi il était un disciple de Yurai. Son glowstick, d’une couleur violet délavée, presque lavande … mais non, la couleur se rapprochait plus du mauve. Enfin bref. Ce glowstick pendait autour de son cou, sur un collier noir a fermeture argentée. Mais ce n’était pas son seul objet. Il avait une guêtre à une patte, grise avec des rayures rouges, des piercings sur les oreilles, et des bracelets d’or. Mais c’était bien ce glowstick qui attira son œil. Elle avait bien joué avec les autres jeunes loups, et il y en avait qui avaient eu leur glow’ depuis ce temps, et elle les enviait un peu. Elle aimerait bien savoir qui serait le dieu auquel elle prêterait allégeance, mais maman lui avait dit « d’attendre l’appel ». Elle était drôle. Personne ne l’appelait. Du tout. Mais elle avait encore du temps pour faire son choix. Enfin elle pensait. Enfin elle espérait.

Le grand loup brun avait enfin retrouvé le fin de sa pensée, et se présenta, comme choqué par son lapsus de bonnes manières.
« Moi c’est Thyara » dit la petite louve brune aux longues ailes, et au collier d’or, incrusté d’un large saphir et de deux émeraudes. C’était sa maman, forgeronne-savante, qui lui avait fait, et qui avait d’ailleurs gardé un petit bloc d’or, pour l’agrandir plus tard, mais pour l’instant, il lui saillait bien. De plus, autour des pattes, elle avait des bandes blanchâtres. Celles-ci, elle les avait piqués dans la tanière de maman, la tanière où elle gardait les provisions, et elle les avaient enroulés autour de ses pattes avant.
Ca avait pris beaucoup de temps, pour cacher les nœuds, mais c’était joli, et elle hésitait à écrire quelque chose dessus.

« Alors on va où ? On peut s’entraîner maintenant ? » Demanda t’elle avec un grand sourire, toute heureuse. Elle n’avait jamais eu de frangins, seule dans sa portée, comme elle n’avait jamais eu de papa, mais elle avait quelques potes.
Et aucun ami.
En fait, ça devait être ses ailes, se dit-elle, mais peu de gens venaient lui parler. Elle, petite et innocente, ne comprenait pas la vue des adultes sur une bâtarde, et ne pouvait attribuer cette

Thyara sentait son cœur battre vite. Owui ! Cette fois ci, elle allait y arriver, il s’agissait juste qu’on lui apprenne, non ? Elle étira ses ailes brunes dégradées vers le brun, et agita ses oreilles, en écoutant la question.
« Thyara j’ai une question, tes ailes, tu les sens dans leur totalité de manière globale, ou tu arrives à sentir chacune de tes plumes ? »
Elle hésita, et étira bien ses longues ailes, d’un côté et de l’autre de son corps. C’était ainsi qu’on voyait réellement que la taille de ses ailes était énorme, réellement gigantesque pour sa taille, puisque les plus grosses plumes avaient presque la même largeur que les pattes de la jeune louve. Elle ne savait pas encore que ses os étaient plus fins, plus poreux que ceux des autres loups, la rendant très légère, et un poids facile à soulever avec d’aussi grosses ailes. Si on ne comptait pas les muscles. Pour son âge, avec tous ces travaux pour voler, elle avait des muscles plutôt bien développés, bien que encore insuffisants pour la garder en l’air très longtemps, ils auraient permis qu’elle s’élève, si elle avait seulement la technique.

« Je les sens toutes ! » dit elle, en bougeant un peu ses ailes, modulant leur position, pourque le vent les froisse le moins possible.
« Pourquoi ? »

Il y avait beaucoup d’anticipation, dans son cœur, mais la crainte de se faire mal était réduite, parce qu’elle se disait que si quelqu’un pouvait lui apprendre à bien voler, c’était Aro. D’ailleurs, c’était super classe comme prénom, remarqua t’elle, c’était court, précis, classe.

« On fait comment pour décoller ? »

La louvette regarda le grand loup tourner autour d'elle avec calme, mais tout de même avec intérêt, en penchant un peu les oreilles pour ne pas rater un seul mot de ce que lui disait Aro.

Il ne fallait pas voler haut. Elle devrait se dire 'pas de problème, déjà si je vole ce sera un petit exploit' ... mais non. Son coeur lui disait qu'elle ne voulait pas rester proche de la terre, elle voulait caresser les nuages, glisser entre les gouttes de pluie, éviter les éclairs...  Mais bon, si le grand loup aux grandes ailes le disait, il faudrait bien commencer bas. C'était le seul loup à lui avoir jamais proposé de l'aide, et le seul loup qu'elle n'ait jamais vu avec des grandes ailes, comme elle. Le seul qui lui exprimait réellement ce 'je crois en toi'. Maman le faisait, tonton le faisait et papy aussi, même parfois arrière grand papy aussi ! Mais ils étaient de sa famille, eux, donc c'était pas pareil ! C'était un peu leur travail.
Jamais un inconnu ne l'avais aidée, mais elle se disait qu'ils devraient. Chaque loup méritait de l'attention.

Il fallait aussi qu'elle se muscle. En volant près du sol, sinon ce serait dangereux. Dangereux.  Quelle chose dans ce mot l'attirait. L'idée de faire quelque chose ne dehors des limites, que les autres n'osaient faire. Elle sentait que ça l'intéressait, ce danger. Mais encore une fois, écouter les conseils. Il était censé être sage, Aro.

Il la positionna, et elle du relever la queue et écarter ses pattes arrières. C'était... inhabituel comme position, et elle s'appliquait à ne pas trop bouger, avant de l'écouter de nouveau.  Regarder le ciel. 'ttends il est où mon ciel ? Elle leva le museau et discerna du bleu, où l'on avait tracé quelques nuages hasardeux. Ciel, ok.

Ensuite le mouvement, vers le bas, puis vers le haut.  Ahhhh comment allait elle se souvenir de toute ça va ??? Elle le regarda un instant, enregistrant la fin du monologue et fronça ses sourcils, concentrée.

Elle plia un peu ses pattes arrières et baissa ses ailes pour les remonter ensuite. C'était pas fluide. Alors elle recommença deux trois fois, avant d'y mettre de la force.
Ses ailes claquèrent, elle sentit une pression sous ses plumes, et le sol n'était plus. Elle avait même pas eu le temps de penser à relever ses fesses.  Elle était à un gros mètre au dessus du sol, et franchement, elle ne savait pas comment elle avait fait. Elle continua le mouvement souple mais à chaque fois, elle semblait s'éloigner encore un peu du sol. Elle regarda en bas. Deux mètres au moins.
"Gnnnn"
Ses fesses semblaient être sur-attirées par le sol, et tombaient, à l'inverse de son poitrail. Elle contractait un peu ses maigres ados et, sans s'en rendre compte, étira ses ailes. Sans son mouvement pour rester en l'air, trop basse pour atteindre un bon courant d'air, ces courants étant déviés par les pics de la cordillère, ses pattes arrières touchèrent le sol, et elle se laissa tomber, ses pattes avant frappant le sol durement.

Elle souffla, au moins elle ne s'était pas trop ramassée ... mais elle voulait aller plus haut...
Déçue, elle baissa sa tête ornée de longs cheveux. Elle n'allait jamais y arriver. Les nuages resteraient aussi lointains qu'ils l'avaient jamais étés. Mais elle leva la tête vers Aro tout de même, voulant savoir comment elle s'en était sortie.

Thyara releva les oreilles, aux compliments sur son vol. Elle qui ne pensait pas s’en être bien sortie, apparemment ce n’était pas mal du tout ! Elle commença lentement à remuer la que, contente, et sourit. Elle aimerait bien pouvoir voler comme elle pouvait marcher sans réfléchir, sans difficultés. Elle prendrait les routes célestes, pas les routes terrestres, plus vieille.

Mais il la décoiffa d’une patte.

« Ehhhhhh » s’exclama t’elle avec un rire, mettant ses pattes sur sa chevelure blanche, et regardant Aro avec un grand sourire, avant de pousser un faux grognement, et de lui repousser la patte avec les siennes, dans un effort de ‘aghhh laisse ma pilosité crânienne tranquiiiille’. Mais elle finit par retrouver une once de sérieux, ses yeux toujours joueurs et brillants.

Elle écouta le grand brun avec attention, enregistrant chaque parole, puisque chaque chose qu’elle avait en plus était un pas vers ses rêves de hauteur, de voir le monde se dérouler sous elle. Alors elle acquiesça, se mordant ce qui lui servait de lèvre, et reprenant cette position qui lui semblait toujours étrange, et l’écouta lui donner de directives sur le changement de direction. Une fois qu’elle fut sure de tout avoir bien compris, elle regarda le ciel.
Rapproche toi, petit ciel, pensa t’elle, en poussant sur ses pattes, et en battant des ailes. Le sol la quitta de nouveau, et elle se retrouva en haut, ramenant par réflexe ses pattes contre son corps, et relevant sa queue, comme lui avait dit Aro. Il se trouva qu’elle s’en sortit mieux. Elle restait à une altitude à battant pas frénétiquement des ailes, mais donnant un coup lorsqu’elle commençait à retomber. Une expression de concentration lui titillait son visage chocolat et crème. Elle regarda alors autour d’elle.
« Aro ? »
Zut, elle ne l’avait pas vu du premier coup. Déconcentrée par son déconcertement, elle commença à retomber, ayant loupé quelques battements d’ailes.

« Oohhhh …. » Elle battait des ailes, se rappelant soudain à quoi servait ses membres couverts de plumes, mais ne réussit pas à retrouver l’équilibre, et plongea vers le sol.
« Ahhhhhh » cria t’elle, ramenant ses ailes contre son corps, et roulant par terre, en touchant le sol, se retrouvant allongée sur le ventre, ses pattes en éventail autour d’elle. Quelque chose de sa jeunesse, et de sa tristesse à avoir échoué aussi facilement amena à ses iris bicolores l’humidité salée des larmes, qu’elle chassa aussitôt. Elle roula sur le côté, se releva, une nouvelle expression déterminée sur le visage, avant de bondir au lieu où elle avait commencé.
« Tout va bien, lança t’elle à Aro, je recommence ! »
Et mise à part quelques égratignures, elle allait bien, rien de casé, rien de douloureux. Heureusement qu’elle n’avait pas pris plus d’altitude.

« Je vais y arriver » se souffla t’elle, la queue un peu relevée, les pattes arrières un peu écartés, ses cheveux soufflés doucement par le vent, les yeux fermés.

« Je peux le faire » murmura t’elle, en rouvrant les yeux, et d’un coup, elle leva la tête vers le ciel, fléchit ses pattes arrières, en relevant un peu les ailes, et poussa, alors qu’elle ramenait ses ailes vers le sol, se propulsant en l’air. C’état ce qu’elle cherchait depuis le début. La force de sa pulsion la poussa en l’air, 3 bons mètres au dessus du sol, et un vent siffla sous ses plumes, alors qu’elle trouvait son équilibre, en battant des ailes le plus souplement possible, elle entrevoyait le bas de la cordillère, et regarda au loin des terres se dérouler, entre les gros pics de pierre. Un petit sourire lui caressa le visage. C’était d’ici qu’elle voulait voir le monde, la brise la portant un peu, son corps faisant le reste, elle se rappela soudain qu’elle devait rejoindre Aro, le chercha un instant du regard, ayant un peu divagué à cause de la brise, tourna la queue, et se rendit compte que ce n’était pas si dur que ça, modulant ses ailes, pourque la brise coule dessous, et l’aide à se porter au dessus du sol.

Elle battit doucement des ailes, et plana vers lui. Ce n’était pas dur ! Il lui fallut alors descendre, mais après un moment de questionnement, elle se rappela de ce qu’il lui avait dit : « Il faudra que leur battements soient moins importants, et au lieux d’aller du bas vers le haut, tu les feras aller de l’avant vers l’arrière ». Et alors, avec un peu de difficulté, plus présente ici que à quelques mètres, où elle avait commencé elle toucha terre, détachant ses pattes de son corps et touchant le sol, faisant des battements de plus en petits, pour finir par terre, les ailes un peu écartés.

Il eut un moment de silence et d’incrédulité.

« J’ai réussiiiii !! » s’exclama t’elle soudain, se relevant un peu sur ses pattes arrières et bondissant autour d’Aro, ses cheveux blancs volant au dessus de son dos, ses ailes légèrement écartés, rigolant joyeusement.

Elle sautillait toujours, enjouée, mais s’arrêta de rebondir aux paroles du grand mâle, sa fierté s’intensifiant, comme une petite flamme dans son cœur, heureuse. Non seulement Aro l’avait complimentée, et en plus, lui avait assuré qu’un jour elle volerait. Elle lui offrit son plus beau sourire, et se jeta sur lui pour lui faire un câlin, frottant son museau contre sa fourrure brune.
« Tu me fais déjà voler ! » dit elle, avec un grand, sourire, relevant la tête pour le regarder de ses yeux brillants, et de le voir se perdre dans ses pensées.

Elle se dit que c’était vraiment un réfléchi, parfois, avant de bondir en arrière à ses paroles suivantes. Ahhh oui, elle voulait passer à l’étape suivante, elle se sentait de plus en plus près du ciel, déjà.
Elle tourna une fois sur elle-même avant de s’assoir, toujours avec son grand, grand sourire. Elle avait hâte de continuer. Puis soudain une pensée la piqua.

« Aro ? Comment tu fais pour savoir tout ça si tu ne peux pas voler ? » Demanda t’elle, en penchant la tête, curieuse, ses cheveux caressant le sol. Elle avait presque les cheveux de sa mère, et de sa grand-mère : longs et blancs, mais il y avait une nuance de beige qui avait été apportée par la tignasse de son géniteur, qui était brune.
« Je comprends pas …. » dit elle encore, de sa petite voix fluette de jeune louve.

Elle baissa un peu les oreilles. Zut, elle avait oublié que tout le monde n’appréciait pas les câlins. Pourtant c’était si sympa, de faire un câlin à quelqu’un. Enfin elle, elle le pensait, elle. Elle aurait adoré avoir des amis proches, des frères et sœurs à qui faire des câlins, mais non. Elle était souvent un peu … seule. Oui, elle pouvait faire des câlins à maman. Tout le temps ? Non. Maman n’arrêtait pas d’aller chercher des trucs, pour revenir ensuite … seulement pour repartir. Tonton Roy était quasiment jamais là, et elle n’osait pas trop faire de câlins à grand papy Anthem, il était trop … silencieux ! Elle aimait beaucoup parler. Peut être un peu trop d’ailleurs … Elle récita donc l’excuse que sa maman lui avait dite, après que trois loups différents soient venus la voir pour lui expliquer que sa fille leur avait inexplicablement et soudainement fait un énorme câlin, alors qu’il lui disaient seulement bonjour.
« Je suis désolée d’être entrée dans ta … »
Zut, c’était quoi déjà ce que maman avait dit ? Elle fit une tête dubitative, relevant un peu la lèvre inférieure et fronçant ses soi-disant sourcils, en regardant en haut. Ah ! L’inspiration divine lui tomba dessus, et elle tourna la tête vers Aro.
« … bulle personnelle, et je ne recommencerai pas. » Finit t’elle, l’air un peu embêtée, avant d’apporter sa petite addition, d’une voix plus joyeuse, ne récitant plus comme une zombie :
« A part si tu veux bien ! »

Il se mit alors à lui conter son histoire, d’une voix calme, à la limite de ensorcellement, la jeune hyper active planta ses fesses par terre, penchant un peu sa tête à gauche, en l’écoutant. Ah oui, elle l’imaginait bien, Aro, les yeux fermés, entrain de se projeter dans l’esprit d’un oiseau tri-oculaire. De toute façon, il se perdait si souvent dans ses pensées … alors pourquoi pas dans les pensées d’un oiseau ? Elle se dit que ça devait quand même être vachement cool.
« Du coup l’oiseau c’est ton ami ? Il te suit partout ? Comme Ronaldo avec maman ? »
Elle faisait bien évidement référence au coq de compagnie de sa mère Maisie. Ce Ronaldo del Pujito, brun doré, à crête rouge et a plumes vertes sur l’arrière train suivait sa mère presque partout –à part s’il y avait du danger- et cocoricotait à peu près tout le temps ! C’était impossible de ne pas le remarquer, lorsqu’on avait passé du temps au camp.

« Moi aussi j’ai un animal de compagnie, lui confia t’elle, il est long, et il rebondit, et c’est une cheuhnille ! » dit elle avec fierté, redressant ses oreille.
« Et elle mange tout le temps ! » ajouta t’elle, sans perdre un gramme de fierté, par rapport à sa créature mutante hors du commun.

Thyara se réjouit de suite alors qu'il lui fit un câlin, et enfouit son visage dans la pilosité brune du grand loup, avec un petit rire joyeux. Owuiiiii ! Un câlin.  C'était tellement génial qu'il ait changé d'avis ! Elle se fit une petit note mentale que, à partir de maintenant, elle devrait rajouter ce dernier bout à son excuse de pénétration en zone privée. Elle se fourrage contre le grand loup, et bien qu'elle ne le connaisse qu'à peine, elle sentit une élan d'affection envers lui, et se dit qu'ils devraient vraiment passer plus de temps ensemble, peut être qu'ils seraient un jour amis ! Elle l'espérait bien, mais elle avait l'impression de le connaître depuis toujours, alors que ça faisait même pas 2heures qu'ils se parlaient.

« Amusant, comment tu as fais pour être amie avec une chenille ? »

Elle releva la tête, a sa question, et sourit joyeusement.
"Bah en fait je me baladais dans la forêt, et puis je l'ai trouvée ! Elle était en train de manger une plante, du coup, je l'ai ramenée à la maison ! ... grand papy Anthem n'était pas super ravi, par contre, parce que les insectes mutants sont censés être dangereux ! Mais ma chenille elle s'en fiche ! Elle veut juste manger !!"
Le fait que son animal de compagnie be restait avec elle que pour la nourriture, et non par affection ne semblait pas la déranger plus que ça, puisqu'elle était tout à fait capable d'aimer sans qu'il n'y ait de retour.
Elle regarda alors la corneille inquiète venir vérifier l'état de son ami, puis aller en free-rage en se rendant compte de la blague, pour finalement venir se poser sur la tête du grand brun, et crosser en sa direction. Elle avait toujours des points de côté, d'avoir autant ri, mais réussit quand même à dire un "Salut Ravena !" joyeux. Elle agita les oreilles puis lança :
"Attends, je vais chercher Chichi ! Je reviens !!"

Et elle s'enfuit en courant, pour aller chercher sa chenille. Elle revint que peine une minute plus tard, la grosse bestiole verte brune et jaune autour du cou.
"J'ai du me battre avec elle pour qu'elle lâche la plante !"
Et en effet, la chenille avait -si c'est possible pour une chenille- cet air vexé des personnes qui ont étés arrachés à un très bon repas pour une raison moins que valable. De plus, elle  grignotait toujours une généreuse portion de feuille, lentement, mais sûrement.
"Elle s'appelle Chichi !" Annonça la petite louve, très fière.
 La besiole verte semblait reconnaître son prénom, et se releva, arcant le haut de son corps. Elle toute seule expliquait le mystère du développement avancé des muscles de la petite louve brune. Elle avait beaucoup mangé depuis son adoption plus ou moins désirée, et devait peser 3 bons kilos devenue une petite géante, et un gros poids pour la petite louve. Elle fit un petit bruit, ouvrant et fermant ses mandibules.

La brunette agita ses oreilles, en regardant Aro, sentant Chichi s’agiter, cliqueter des mandibules, sans grande inquiétude. C’était son animal de compagnie, tout de même ! Mais elle ponta son museau en l’air, un sourire éclairant son visage à la question du grand loup. Ce qu’elle voulait faire ? Elle voulait continuer à apprendre à voler, bien sur ! Elle se sentait tellement plus grande, et puis grâce à Aro, elle volait déjà. Pas physiquement, comme il avait du le comprendre, mais autrement. Elle avait été déçue de ses progrès, mais maintenant, il lui avait donné de l’espoir. L’espoir que son rêve puisse se réaliser. Elle avait deux paires d’ailes à présent.
Mais elle hésita, elle aurait bien aimé qu’il vienne avec elle, à la maison, qu’elle puisse le présenter à maman, et à grand papy Anthem, et papy Aristote … Mais elle se rappela soudain qu’ils étaient presque tous partis aux mines, en baissant les oreilles. Ca n’allait pas être pour aujourd’hui.

Mais Aro, alors qu’il s’installait lui présenta une deuxième question, d’un ordre plus calme, et elle en oublia de répondre à la première, curieuse.

« Dis Thyara, je peux te demander quelque chose ? »

Elle lui sourit largement, contente. Il s’intéressait à elle alors ? Cool ! Elle aurait un ami, ce serait absolument génial d’avoir un ami. Et elle, assise, ses ailes traînant un peu par terre, ses cheveux dans une fontaine blanche sur ses plumes, hocha la tête.
« Oui ! Bien sur, tu veux me demander quoi ? »
Non seulement elle était bavarde, mais elle adorait répondre aux questions, elle adorait chercher et trouver une réponse, surtout pour des questions difficiles ! Mais surtout elle aimait les devinettes. C’était le seul trait intellectuel qu’elle avait réellement hérité de sa mère.
Tout de même elle sourit à Aro. Elle voulait bien lui dire tout ce qu’il voulait ! Qu’elle se sentait souvent seule, que maman et tonton Roy n’étaient pas souvent là, qu’elle regrettait de ne pas avoir beaucoup d’amis, et surtout que les gens ne comprennent pas sa chenille, ni pourquoi elle la gardait. Elle aurait voulu lui parler de ses rêves, de ses envies, de ce qu’elle aimait faire, des son inquiétude par rapport aux glowsticks … Mais on lui avait déjà dit qu’elle parlait trop, et n’écoutait pas assez, alors elle attendit une question.

Okay, plusieurs questions, elle commença à agiter la queue, contente, ses yeux brillants. Elle savait qu’elle allait réussir à répondre, elle en était sure. Elle nota donc chaque question dans un coin de sa tête, alors que le loup demandait : Si tu pouvais créer une vie parfaite, qu’est ce que tu ajouterais à la tienne pour qu’elle le soit ? Qu’est ce qui te rends triste ? Qu’est ce qui te manque ? Qu’est ce qui te ferais plaisir ?

Une vie parfaite, une vie parfaite. Est-ce que la vie pouvait être parfaite. Un coin de son cerveau regarda cette pensée avec étonnement, en se demandant ‘mais qui a donc émis ça ? On est trop jeune pour ça, ouste’. Alors la petite brune se concentra, avant répondre.
« Si j’avais une vie parfaite, maman serait toujours là, et papa reviendrait, et je pourrais dormir avec eux toutes les nuits ! Tonton Roy serait aussi là plus savant, et j’aurais plein d’autres gens qui m’aimerait bien, parce que papa ramènerait aussi une grand-mère ! Et puis mamie Romance irait mieux, aussi. »
Elle pencha la tête, le regard perdu.
« Et j’aurais plus d’amis, et je connaîtrais d’autres loups avec des ailes, et je pourrais aller voler avec eux ! … J’aurais aussi aimé avoir des frères et sœurs … Mais il ne faut pas être égoïste, ça se trouve, j’en ai pas parce qu’ils n’auraient pas pu me supporter ! » finit elle, en levant ses oreilles, avant de reprendre la deuxième question.
« Je suis triste quand je suis toute seule, ou quand maman ne me dit pas qui est papa. En fait, là je suis fâchée ! Parce que c’est mon papa qui me manque. Tous les autres jeunes de mon âge ont des papas qui sont guerriers, ou savant, ou … ou chasseurs … Mais moi j’ai pas de papa. Parfois, je pense que j’en ai jamais eu. » Dit elle, en rebaissant les oreilles.
« Mais je suis aussi triste quand je sais que j’ai fait quelque chose de pas bien, et que maman me gronde. Je vais être triste quand je reviens, parce que je n’avais pas le droit de laisser le camp, et maman ne va pas être très contente ! » Admit t’elle, en penchant la tête, et en grattant le sol de ses petites griffes brunes.

« Ça me ferait plaisir d’avoir un grand frère ! » Dit elle, enjouée, tout d’un coup, en faisant un grand sourire, avant de regarder autour d’elle, vérifiant qu’il y avait personne, et de s’approcher d’Aro, se relevant sur ses pattes arrières, ses pattes avant appuyées contre l’épaule du grand brun.
« Si tu veux, tu peux être mon grand frère ! » Lui confia t’elle avec un grand sourire, ses yeux trouvant une forme d’accents circonflexes.

Elle le regarda, enjouée par sa réponse.  Non seulement elle avait un grand frère, mais aussi un ami. C'était donc possible d'avoir les deux en même temps ?? La petite louve sauta en arrière et tourna une fois sur elle-même ses cheveux volants derrière elle avant de se faire violemment décoiffer. Elle rigolait faisant scintiller ses petits crocs à travers sa gueule entouré de beige, avant de tenter de décoiffer le grand brun en se jettant sur lui.
Malheureusement sa taille ne permettait pas une grande agression de la pilosité de son nouveau frère alors elle se rassit, et lui donna son avis ;
" tu ne devrais pas ! C'est pas juste que tu prennes la punition pour un crime que tu n'as pas commis ! Même si c'est très gentil de ta part je dois refuser ! Ce n'est vraiment pas sympa de ma part sinon"

Elle le regarda prenant l'air le plus sérieux possible. Elle avait été réaliste quand on lui avait demandé de ne pas prendre le blâme pour elle . En effet bien que jeune, elle avait déjà un amour de la justice et un certain dégoût pour les injustices quotidiennes qu'elle avait déjà vu où vécu . De façon personnelle, la mémoire qui lui revint tout de suite fut celle de la fois où  un autre jeune loup avec renversé les provisions médicales de sa maman, et, bien qu'elle n'avait pas été fautive, ce fut sur elle que la punition tomba, puisqu'elle était la seule jeunotte dans la tanière au moment de la découverte du crime contre la "savanteté ". Bien qu'elle leur ait assuré que ce n'était pas elle, il n'y avait eu nulle écoute.  Et elle ne voulait pas faire vivre ça a qui que ce soit d'autre.

"Je croit qu ce serait mieux si je lui disait que que j'ai fait." Tenta t'elle.
Elle agita un peu le bout de sa queue, puis regarda le ciel. Il commençait à se faire soir, et elle devrait bientôt rentrer pour aller manger puis dormir.

"A moi de poser des questions !"
Elle agita les oreilles avant de se lancer :
"Qu'est ce que tu aimes toi ? T'as quel âge ? Ils s'appelaient comment tes frères et soeurs ? Et te parents ? Est ce que t'as une copine ? Elle s'appelle comment si oui?"
A court de souffle, la petite reprit respiration, et allait de avec un claquement de crocs, avant de sourire.