Please, help me... {Lagherta - Ezhekiel}

Cette histoire débuta par une nuit de printemps, relativement chaude pour la saison. Aux frontières des terres Séides, une petite louve courrait, comme si elle avait le diable aux trousses. Ce n'était pas bien différent de la réalité. C'était son père qui la cherchait. Mais il n'avait jamais été le père aimant qu'il aurait du être, tout comme sa mère d'ailleurs. Non, dès sa naissance, l'un comme l'autre avaient été des tyrans, la poussant à bout, elle, ainsi que ses deux frères. Ne restait plus qu'elle en vie... Elle avait réussi à s'échapper durant la nuit, un coup de chance. Mais la chance tourna vite, puisque sa mère se réveilla et lança son compagnon à ses trousses. Elle courait donc pour échapper à son père, pour tenter de sauver sa vie. Que c'est malheureux d'avoir de tels à un si jeune âge...

Affaiblie par le manque de nourriture constant, et les punitions de son père, elle n'allait pas bien vite et il ne fallut pas bien longtemps à son père pour lui tomber dessus. Littéralement... Il se jeta sur elle, sans prévenir. Elle se recroquevilla sur elle-même et résista du mieux qu'elle pu à la douleur tandis qu'il déchainait sa colère sur sa pauvre petite carcasse meurtrie depuis sa venue au monde... La petite vécu, une fois de plus, un cauchemar, durant lequel se succédaient les coups, la douleur et l'angoisse. Mais pas de larmes. Elle avait apprit vite que pleurer ne faisait que l'enrager d'avantage... Quand il eut enfin terminé sa crise, il la renifla avec dédain, cracha sur elle, puis tourna les talons laissant là cette petite boule de poil ensanglantée... Elle ne bougeait plus, son flanc se soulevait à peine au rythme de ses respirations qui devenaient de plus en plus pénibles... Elle était persuadée qu'elle allait finir sa vie, alors qu'elle venait tout juste de commencer, ici, seule, sans que personne ne s'en soucie. Probablement qu'elle serait ensuite dévorée par les renards. Alors elle fit la seule chose qui avait du sens, selon elle, à ce moment, prier pour qu'ils veulent bien attendre qu'elle soit morte avant de commencer leur repas...

Mais la vie de notre petite louve n'était peut-être pas destinée à être si courte que cela... Ce qu'elle ignorait, ce que dans sa fuite, certes, elle n'avait pas échapper à la colère de son père, mais elle était arrivée à franchir les frontières du territoire d'une meute. Quelqu'un allait-il la trouver ? Si tel était le cas, cette personne abrégerait-elle ses souffrances ou la ramènerait-elle auprès des siens ? Seul l'avenir nous le dira, mais prions pour cette petite...

Please help me

Les premiers éclaircissements annonçant l’arrivée du petit jour commencèrent à apparaître au loin. La transparence du ciel qui découvrait ses étoiles, promettait une journée claire et la douce brise vendait le serment d’une température agréable. Je m’étirai tout en observant la nature. Elle ne tarderait plus à s’éveiller, au rythme de la vie des terres Séides. Je pris le temps de réflexion quant à mon programme de la journée. Je me tâtais entre aller faire un tour de surveillance dans la forêt ou bien à la cordillère. Laissant mon regard vagabonder sur mon environnement, j’aperçus au loin les pics de la cordillère, tel un appel qui s’imposait à ma personne. Va pour la montagne donc, si mère Nature m’y dirigeais, qui étais-je pour contester ?

Laissant mon corps se balancer à la cadence de mes foulées, je pris la direction des monts encore enneigés sur les sommets, stigmates du rude hiver que nous avions passé. Je m’engageais sur un des nombreux chemins de cette frontière, commençant à mettre mes sens aux aguets, en vue de possibles intrusions. Ce fut lorsque je j’étais déjà bien engagé, et après une certaine distance parcourue que je la sentis. L’odeur rance et aigre du sang. Je me figeais, balayant du regard ce qui était autour de moi. Je ne sentais pas de présence, ni de menace dans l’air, mais nul ne pouvait nier que le sang avait coulé non loin d’ici. Tendu, je me remis en marche me fiant à mon flair, et appréhendant la probable macabre découverte qui m’attendait.

Ce fut lorsque l’odeur atteignit son apogée que je l’aperçue. Cette masse inerte, entre deux buissons qui cachaient partiellement le spectacle d’hémoglobine qui se jouait devant mes yeux horrifiés. Etait-ce bien un louveteau que je devinais à travers cet amas de chair sanguinolente ? Par les Dieux qu’aviez-vous fait subir à cet enfant ? Je m’approchais, doutant même que cette boule de poils puisse encore être en vie. Et aussi incroyable que cela pouvait paraître, je pouvais malgré tout percevoir un infime mouvement de ce qui devait être sa cage thoracique. Rien que le fait de la regarder me faisait mal. L’odeur du liquide pourpre était si intense que je n’étais même pas en état de dire si elle était des nôtres ou non …

« Hey microbe t’es vivant ? Tu m’entends ? Bordel de chiens de bas étage ! Ecoute si tu m’entends… Je vais te secouer mais je n’ai pas le choix, ce n’est pas un choix. Bon sang. »

Je ne savais pas par où saisir cette masse molle tellement elle était abîmée. Et son dos, prions les Dieux qu’elle ne finisse pas paralysée. Enfin, encore faut-il qu’elle s’en sorte, ce qui était loin d’être garanti pour le moment… Me décidant à agir vite, je finis par me décider à l’attraper par la nuque et m’élançais aussi vite que mon corps me le permettait pour rentrer rejoindre le camp. Des guérisseurs, espérons qu’il y en ait de libres ! Trop de tangentes entraient en ligne de mire pour ce qui concernait la survie de ce louveteau.

Je sentis l’angoisse monter dans ma gorge, ça aurait pu être moi. Ça aurait dû être moi, plusieurs années auparavant. Je voyais en ce tas de chaires, le triste avenir qui aurait pu m’arriver. Je ne voulais pas que « ça » meure. Et pour ça il fallait que j’accélère encore. Je puisais dans toutes mes réserves pour allonger encore un peu plus ma foulée : le temps était compté.

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L a petite louve était mourante, elle n’avait plus vraiment de raison de se battre au vu de ce que la vie lui avait déjà offert… Et pourtant, mue par une force invisible, elle se battait pour survivre. Elle ne pouvait pas bouger, pas parler, mais ne pouvais pas non plus se résoudre à abandonner…

Soudain, dans le bourdonnement incessant de son crâne à cause de la douleur, elle entendit des pas de courses. Un galop effreiner, rapide, paniqué… Elle tenta d’ouvrir les yeux, mais l’un était collé, probablement à cause du sang, ça lui était déjà arrivé et de l’autre, elle ne voyait rien pour le moment. Elle essaya d’utiliser son flair, mais à part l’odeur âcre de son sang, elle ne sentit rient.

Elle entendit les pas se rapprocher, ralentir, puis elle entendit, faiblement, une voix. Comme si elle était éloignée, pourtant, elle savait qu’elle était toute proche, cette voix… Puis, on la toucha… Malgré la douleur que lui provoqua ce contact, il déclencha en elle un élan de combativité, d’envie de continuer à se battre, de vivre tout simplement. Et lorsqu’elle sentit qu’on tentait de l’attraper, puis le sol quitter son corps, elle décida de se battre encore plus pour survivre. Si celui qui était venu jusqu’à elle aurait voulu la tuer, pourquoi la transporter… Elle en déduisit donc que c’était son sauveur.

Elle résista du mieux qu’elle le put à la douleur qui l’assaillait à chaque pas de son sauveur. Elle retint ses couinements de douleurs, même si certains sortaient malgré tous. Au moins, pensa-t-elle, il avait la preuve que je suis encore en vie… Le temps paraissait interminable, ballotée comme elle l’était et les vagues de douleurs devenaient de plus en plus importantes, longues et violentes. Jusqu’à quand tiendrait-elle…

THE END

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