♪ Second chance & new beginning ♪ {Lagherta - Ezhekiel}

Une vie, un fil.

Les jours qui suivirent l’arrivée de la boule de poils au sein de notre clan j’avais été complètement perturbé. D’où sortait-elle, qui était-elle, pourquoi l’avais-je secouru, qu’allait-il advenir d’elle maintenant qu’on savait qu’elle allait s’en sortir ? Les sujet à réflexion étaient si nombreux que je n’en dormais plus, mon état s’était dégradé en même temps que mon efficacité sur le terrain. Cela ne m’était encore jamais arrivé, et aussi incroyable que cela pouvait sembler j’avais le sentiment de m’inquiéter pour cette petite. Quand on m’avait dit qu’il s’agissait d’une femelle j’avais été surpris, je n’avais même pas été en état de m’en apercevoir quand je l’avais ramené. Les souvenirs avaient surpassés mes sens et la réalité.
J’étais reconnaissant envers Nout et Roy pour ce qu’ils avaient fait, je leur avais imposé sans préalable une vie à sauver et ils n’avaient pas cherchés une seconde à s’ils devaient venir en aide à ma détresse ou non. Ma loyauté et mon adulation de mon chef n’en avait qu’accrue, et pour une fois une femelle avait gagné mon respect. J’avais croisé Nout une fois, une nuit il y a quelques mois je m’étais ridiculisé et elle s’était bien rie de moi. Mon égo n’avait pas apprécié, mais face au sang-froid dont elle avait fait preuve pour s’occuper de cette miraculée, je savais au fond de mes tripes que cette femelle aurait le droit de se moquer de moi à volonté. Elle était forte. Jamais je n‘aurai cru cela possible, mais il fallait admettre aux vues de mon comportement que j’avais été le plus faible cette fois.

Elle avait installé notre pensionnaire dans une des grottes jouxtant le lieu de travail principal des soigneurs, et ce simple fait permettait de rassurer la petite voix dans ma tête. Je fixais d’un regard un peu perdu celle que j’avais ramenée. Ses poils mettraient longtemps à repousser et les cicatrices seraient nombreuses à n’en pas douter. Elle survivrait, c’était inexplicable et inespéré et pourtant réel. Les Dieux devaient avoir estimés qu’elle aurait droit à une deuxième chance. Je m’avançais furtivement et vins me coucher contre elle en la voyant frissonner. De quoi pouvait-elle bien rêver ? Etait-ce aussi noir que mes propres songes ? Indéniablement, je m’identifiais à elle. Je ne devais pas être beaucoup plus vieille quand mon père avait dépassé les bornes à vue de truffe.
Je passais plusieurs fois par jour dans cette tanière silencieuse, m’assurant de son état et me posant simplement pour quelques temps à ses côtés sur recommandation des soigneurs. J’étais mal à l’aise de cette proximité et en même temps il me semblait que cela faisait aussi partie de mon devoir. Et quelle ne fut pas ma surprise quand je la sentis bouger au bout de quelques jours. Préférant faire semblant de dormir, je restais immobile. Je ne savais pas comment réagir, ni comment l’aborder, ni… Je n’étais pas fait pour fréquenter la marmaille, merde. Je la laissais faire en la voyant se déplacer jusqu’à mon poitrail et loupais un battement de cœur en l’entendant murmurer pour la première fois. C’était presque inaudible et pourtant je l’avais entendu, elle était en vie. Cette prise de conscience me frappa de plein fouet et je restais là, sonné, à attendre qu’elle s’endorme. Puis je m’éclipsais.

J’étais troublé, ce n’était pas moi ça. Depuis quand je me sentais si impuissant ? Je n’aimais pas ce sentiment, j’avais l’impression d’être revenu des années en arrière à l’époque où je n’osais jamais esquisser un geste. Et elle m‘avait remercié. Malgré tout ce qui lui était arrivé elle se souvenait de l’odeur de son sauveur, j’étais touché je devais l’avouer. Je prie le temps de me changer les idées et repris par la suite mon rythme des derniers jours. Après une sortie bien méritée, je retournais à l’intérieur et me glissais aussi discrètement que l’on me connait contre elle. Je me réinstallais plus ou moins comme nous l’étions avant que je lui fasse faux bond et attendis. Les heures passèrent et je me permis de fermer les yeux, malheureusement le sommeil me fuyait comme la peste. Trop tendu pour dormir, je me contentais de rester posé, à apprendre à être proche d’une autre vie que la mienne. Ce fut au petit matin que ma volonté fut faite lorsque je la sentis se mouvoir. Entrouvrant mes paupières, je la surveillais pendant qu’elle regardait les alentours.

Et je dus faire en sorte de cacher ma surprise quand je la vis se recroqueviller et me sortir ses conneries de seigneur. C’était quoi ce délire encore au juste ? Je la fixais quelques instants avant de lui répondre sans bouger d’un iota.

« Je n’ai pas l’étoffe d’un Dieu petite, ce n’est pas la peine de mettre tant de forme dans tes phrases. »

Je me rendis vite compte que je ne savais pas trop ce que je pouvais lui dire. C’était perturbant de voir pour la première fois ces yeux d’un bleu pur me regarder. Je finis par reprendre contenance et enchainais.

« Je suis Ezhekiel, c’est moi qui t’ai trouvé l’autre jour. J’aurai besoin de savoir qui tu es et d’où tu viens petite. »

Voilà, annoncer des choses nécessaires à la meute c’était dans mes cordes. Roy avait besoin d’en savoir plus avant de prendre une quelconque décision la concernant. Maintenant qu’elle était éveillée nous allions enfin pouvoir être fixés. Et je n’oserai pas l’affirmer ouvertement, mais j’étais curieux d’en apprendre plus à son sujet.

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