« Parce que nous sommes une famille » Korra [Libre pour la famille seulement]

[Je considère que cela se passe quelques jour avant les événements actuels ~]

Quelques instants plus tard, une autre silhouette émergea du Squat, bien plus grande et foncée de pelage. Pour tout Brethens qui avait un tant soit peu vécu au sein de la meute ces dernières lunes, le cliquetis léger qui résonna quand le mâle s'arrêta pour étouffer un bâillement l'identifiait comme étant Athelstan, l'un des aînés de la grande famille fondée par le lieutenant Méléagant et sa compagne Winnifred. S'il avait encore la stature élancée des jeunes loups, sa silhouette n'était plus celle d'un gringalet, en partie à cause de l'entraînement qu'il suivait désormais aux côtés de son père et son oncle. Tous les deux avaient vécu dans un monde bien différent du leur, où leur rang les obligeait à devenir extrêmement doués au combat, et constituaient des mentors sans pitié pour leurs élèves. Cependant, les résultats étaient là et le jeune loup en était fort satisfait. Il avait commencé quelques jours auparavant à manier la chaîne qui entourait ses épaules et, même s'il était encore maladroit, la technique lui plaisait énormément.

Il secoua la tête pour en chasser les dernières bribes de sommeil, et capta une odeur familière. Sa truffe frémit, et il fut surpris de reconnaître l'odeur de l'un de ses cadets. L'une, dans ce cas précis. Ses petits frères et soeur avaient grandi bien vite. les petites boules de poils potelées des premiers jours étaient devenus de jolis louveteaux qui fêtaient leurs premières lunes. La première année s'approcherait si vite, et ils seraient grands déjà. Plus ils grandissaient et plus Athelstan appréciait son rôle de grand frère. Il avait suffisamment de patience pour rester de longs moments avec eux en dépit des oreilles tirées et des combats factices qui finissaient en roulades dans la poussière.
Puis il y avait Korra.
Plus petite, plus réservée, sans conteste celle dans laquelle il voyait comme un reflet de ce qu'il avait été durant son enfance. Un louveteau joueur mais tranquille, plus réservé que ses deux soeurs, et d'une naïveté qui conduisait à un émerveillement bien fréquent. Si lui avait hérité des couleurs sombres de son père mais du regard vairon de sa mère, la petite de la portée avait elle une silhouette gracile et claire, mais le regard azur de leur paternel. Amusante ironie de la nature, qu'ils soient si différents à l'extérieur et, de son point de vue, si semblable à l'intérieur.

C'était donc elle dont il sentait la piste, qui s'éloignait en direction de la Passe Ventue. Il ne lui fallut que quelques instants pour que la silhouette crème de la petite louve ne se dessine à lui. Elle se tenait sur l'un des rebords qui surplombait le grand canyon, le regard rivé sur le paysage. Il s'approcha sans chrecher à cacher le bruit de ses pas, ne voulant pas la surprendre, et vint s'asseoir à ses côtés.

"Bonjour." Lança-t-il avec un sourire, en effleurant les cheveux de sa soeur de son museau. "Que fais-tu ici seule ce matin ?"

Il ne l'avait pas beaucoup vue quitter le cocon familial ces derniers temps. Il fallait dire qu'avec le contexte dans lequel ils vivaient, cette inquiétude permanente qui flottait au-dessus de leur tête, ce n'était sans doute pas plus mal.

« Papa ? Maman ?

Aucune réponse ne lui parvint. Il clignait des yeux mais il ne voyait toujours rien. Le monde autour de lui n’était que ténèbres. Il n’entendait rien d’autre que ses appels, que son souffle. Il était seul dans un univers dépourvu d’autres choses que du noir. Il cherchait du regard le moindre élément qui déteindrait. Rien.

« Elaine … Anastasia … Ce n’est pas drôle … Je ne veux plus jouer.

Il s’était attendu à ce qu’un voile se lève, lui rendant sa vue d’un univers coloré et chargé d’émotions mais rien ne se passait. Il demeurait là, droit, seul et frigorifié. Il ne faisait guère froid mais l’ambiance était glaciale. Dépourvue de la moindre chose bien-aimante. Puis un mouvement lumineux attira son regard. Il n’était plus seul et il se précipita vers ce qu’il voyait. Il courait sur ce chemin invisible, sur cette terre aussi noire que le ciel … Du moins, il supposait qu’il se déplaçait sur un sol. Il se rapprochait du mouvement et il découvrit un serpent d’un blanc immaculé. Le reptile était magnifique, dévoilant ses crochets dans une position menaçante. L’enfant était si heureux de trouver un vivant qu’il s’approcha … Mais ses pattes se dérobèrent, Il chuta. Il entendit son propre cri de détresse, il voyait le serpent tordre ses anneaux sur un sol qui lui avait manqué. Il tombait encore et encore.

Gloriel se réveilla dans un saut.

Il tremblait de tout son être, les pattes tendues vers le ciel, cherchant une prise dans sa chute onirique. Il reprenait doucement ses esprits, calmant son coeur affolé et surtout son esprit. Il ne comprenait guère la signification de ce rêve, n’y voyant qu’un cauchemar qui le hanterait pendant un moment. Durement et avec peine, il se releva et comprit la raison de sa chute. Son frère, lui-même endormi, l’avait fait tombé d’un étage de racines. Les quelques centimètres que son corps réel avaient parcouru avant de s’écraser au sol, s’étaient transformés en une éternité dans son cauchemar. Le mâle foudroya son frère endormi. Il lui botterait bien les fesses mais il ne désirait pas le réveiller.

Il soupira de soulagement.

Gloriel redécouvrait son monde. Les teintes du matin perçaient dans de nombreux trous, créant un léger voile lumineux dans la tanière. Il regarda les siens endormis, tout sourire aux babines. Ils étaient toujours là. Ils ne l’avaient pas abandonné. Pas comme dans ce cauchemar. Il s’approcha de sa mère et lui fit une petite lèche sur l’oreille. C’était son remède, sa manière de se remettre de ses émotions. Il avait grandi en faisant cela : lécher l’oreille de sa mère, même quand il perdait un combat contre son imbécile de frère, ou quand ses sœurs aînées lui jouaient un sale tour … Surtout Elaine qui ne s’en privait pas.

Il s’ébroua et il découvrit deux places vacantes. Korra était absente mais aussi leur aîné, Athelstan. Il fronça les sourcils et se décida de les pister. Il n’était pas bien grand mais il aimait bien être sûr que les membres de sa famille ne courait aucun danger. Il quitta donc à son tour l’abri familial, suivant l’odeur encore entêtante de sa fratrie. Gloriel n’était pas particulièrement proche de son aîné, bien qu’il l’admirait. Athelstan était en quelque sorte son idéal. Il était grand, fort, imposant … bref, tout ce que désirait son cadet qui se voyait déjà Eclaireur sous le regard fière de ses parents. Quant à Korra, il avait du mal à la cerner. Elle se mettait à l’écart. Certes il avait bien compris qu’elle n’aimait pas les jeux de guerre mais il n’avait jamais réellement osé lui proposer autre chose. Il ne savait pas à quoi il aurait pu s’amuser avec elle et puis, il avait peur de la blesser. Elle était chétive et lui déjà costaud et une vraie petite brute -même quand il s’appliquait à faire un truc doucement, il finissait par échouer-. Quoi qu’il en soit, il l’aimait et l’adorait. Sa disparition l’inquiétait plus que celle de son aîné. Et si Korra s’était faite manger ? Et si elle avait été kidnappée ? Et si ... tant de questions macabres, affreuses, effrayantes se mirent à tourmenter son esprit. Il espérait que rien de tout ça n’était réel, que ce n’était encore d’un vestige de sa nuit.

La Passe Ventue accueilli le mâle les bras ouvert et sur une toile colorée. Gloriel s’y était déjà aventuré, lorsqu’il avait fait l’école buissonnière, certes cela lui avait valu une bonne morale par son père, mais il était déjà venu. Il ne perdit guère de temps à détailler les environs. Il n’était pas là pour s’émerveiller cette fois, ou sécher, mais pour retrouver sa sœur disparue. Le soulagement se peignait sur son visage. L’odeur d’Athelstan avait rejoint celle de Korra. Son aîné l’avait donc suivie ou rejointe tout comme l’enfant sombre s’apprêtait à le faire.

Puis, il les vit. Deux silhouettes se tenaient près l’une de l’autre. La plus grande n’était sans nulle doute Athelstan. Elle était musculeuse, imposante et puis Gloriel connaissait les postures de son frère par coeur. Il l’avait souvent espionné et s’entraînait en cachette à l’imiter … Quant à la deuxième, c’était sa sœur, toute petite, toute rachitique mais surtout de toute beauté. Elle était sa sœur mais le jeune mâle l’avait toujours trouvée magnifique. Il n’avait jamais osé lui dire, sans doute de peur qu’elle se vexe ou autre. Les femelles étaient difficiles. En tout cas, Korra était belle et douce, contrairement à ses diablesses d’aînées. Enfin Mayuri était gentille … Brienna aussi.

Il s’avança vers les silhouettes, marchant aussi silencieusement qu’il le pouvait. Il put saisir quelques brides de leurs conversations puis il entendit les dernières paroles de Korra. Elle avait raison. Leur mère était inquiète, nerveuse. Elle devenait presque invivable parfois et le jeune mâle ne comprenait pas pourquoi. Il savait qu’il avait de sombres événements mais est-ce que cela valait de se nuire autant la santé ? La naïveté teintait ses pensées puis il s’approcha d’eux.

« Elle a peur de tout ce qu’il se passe.

Il n’aimait pas surgir ainsi dans les conversations mais sa langue pendue d’enfant avait gagné sur ses leçons paternelles.

« Une guerre se prépare … Mais elle ne nous touche pas directement. Du moins, pas pour l’instant.

Il récitait ce qu’il avait entendu car ce n’était ni son père ni sa mère qui lui dirait ce qu’il se passait. Ils les couvaient leurs enfants. Il alla se poser près d’eux puis il fixa sa sœur.

« Et ce n’est pas en disparaissant que nous l’aiderons à aller mieux.

Il haussa un sourcils. Il pratiquait l’école buissonnière et là, il faisait la morale. Bon, sa mère était plus habituée à devoir le chercher que de chercher Korra.