L'heure des responsabilités | Korra - Geb [Famille de Korra + Famille de Geb uniquement]

Dernière édition par Aishi le Jeu 16 Nov 2017 - 20:40, édité 2 fois

L'heure des résponsabilités

La plage était sereine ce jour là. Korra était confortablement installée près d'un rocher à la chaleur du soleil, se réchauffant le pelage en cette saison fraiche d'automne. Elle respirait avec douceur et précaution, car les petits êtres à l'intérieur d'elle bougeaient et tapaient contre les parois de son ventre à chaque inspiration. Elle avait préalablement creusé le sol pour que son gros ventre rond puisse s'y placé sans difficulté, dans la fraicheur du sable humide. Ses yeux clairs observaient la mer écumeuse faire des vas et viens, s'écrasant contre quelques rochers plus loin, leur pointe dépassant de l'eau.

Elle repensait à leur rencontre, sur cette plage dorée, et souriait bêtement. Il devait la retrouver ici, et cette fois-ci c'était elle qui était en avance, peut-être même beaucoup trop.

Depuis qu'elle avait appris sa grossesse, Korra était encore plus délicate que d'habitude et un mélange de doutes, de peur et de joie lui nouait l'estomac. Elle avait peur des responsabilités que cela entraînait, peur de ne pas être une bonne mère. Elle craignait de ne pas être assez forte pour réussir à les mettre au monde, car les soigneurs l'avaient mise en garde de sa fragilité et de sa formation encore trop enfantine. Mais d'un autre côté, elle était heureuse car Geb assumait pleinement son rôle de père. Il n'avait pas fuit et la soutenait moralement pour son effort à venir.

Qu'en était-il de leur formation inachevée ? De la remise de leur Glowstick ? Beaucoup de questions en suspens lui trottaient dans la tête.

Elle soupira, et puis un coup un peu plus fort percuta son ventre, lui décrochant une petite grimace.
Sa mère lui avait apportée de nombreux conseils, elle était la première à la soutenir et à l'épauler, malgré les regards accusateurs de certains canidés de la meute qui n'approuvaient pas du tout. Bien sûr, ses soeurs — enfin, celles présentes étant donné le déchirement de la famille — étaient là pour l'aider aussi et la rassurer, bien qu'elles n'avaient pas vécu de mise bas.
La famille avait l'air de bien accueillir la nouvelle, à la grande surprise de Korra qui s'était fait un sang d'encre sur son nouveau statut.

Elle savait que ce serait pour bientôt, et la tension montait dans les deux familles au fur et à mesure que l'heure approchait.

Dernière édition par Cro le Lun 30 Oct 2017 - 19:56, édité 1 fois

« L'heure des responsabilités
« Geb & Korra.

Depuis quelques jours, un noeud dans l'estomac empêchait Geb de manger. Il grignotait par ci par là, mais vraiment, la faim l'avait quitté au profit des doutes et de l'angoisse. Le terme de la grossesse de sa copine arrivait à grands pas et même s'il était réellement courageux et sûr de lui, cette peur là ne pouvait être balayée en s'imaginant protéger les siens. En effet, si Geb savait que pour rien au monde il ne raterait cette épreuve pour Korra et qu'il serait tout contre elle à la soutenir et l'encourager, il n'était pas naïf : il serait complètement inutile. Hors assez de monde les avaient mis en garde des potentielles complications qui pouvaient arriver à cause de la précocité de cette maternité. On leur avait assez fait comprendre l'énormité de cette erreur... Envers et contre tous Geb se redressait et affichait un sourire fier. Il ne laissait à personne le loisir de l'atteindre, il n'acceptait pas qu'on leur manque ainsi de respect et le faisait savoir. Ces enfants il les aimait déjà tellement et Darius et Nout lui avait offert une très bonne éducation. Il n'était pas le premier qui se laissait avoir par les premières chaleurs, mais il n'en serait pas moins un bon père. Il le devait à ses géniteurs autant qu'à sa douce et belle Korra. Amour de jeunesse, meilleure amie, elle était devenue son monde en quelques mois. Et c'était avec le même ravissement qu'il la retrouvait chaque fois. Cette fois-ci, la jeune mère en devenir l'attendait déjà. Le disciple d'Aka allongea la foulée dès qu'il aperçut sa compagne pour la rejoindre plus vite. Tendrement, il vint glisser son museau contre le cou de la femelle beige, puis caressa les rondeurs de son ventre avant de s'allonger à côté d'elle en souriant de tous ses crocs.

« Bonjour belle Capitaine ! »

Un sobriquet qu'il lui réservait désormais. Korra avait pris une telle place dans son existence qu'elle était devenue la reine de son monde, la commandante de son navire. Il s'épanouissait avec elle. A deux ils avaient gagné en responsabilités de manière forcée, certes, mais conjointes. Et même si l'angoisse tordait les entrailles du jeune mâle, il avait une confiance aveugle en Korra et pensait qu'à eux deux, ils passeraient toutes les épreuves. Il posa son regard d'or, brillant d'amour et de complicité sur la louve claire. Il la trouvait si magnifique ainsi. Elle portait bien la maternité. Son ventre rond, gonflé, n'enlevait rien de son charme et de sa beauté. Définitivement amoureux, Geb sourit à celle qui avait partagé tant d'aventures avec lui avant de se rappeler qu'il n'était pas venu les pattes vides ! Théâtral, il posa ses coussinets sur sa joue, l'air embêté :

« J'ai failli oublier, honte à moi ! »

Il sourit à nouveau, charmeur, et sortit de son col de fourrure quelques coquillages nacrés qui reflétèrent immédiatement en milles paillettes les rayons tièdes de l'astre solaire.

« Un petit trésor... »

Il exposa les petits objets aux couleurs de l'arc en ciel déjà rassemblés par un fil argenté. Il y avait deux coquillages un peu plus gros qui entouraient quatre autres, plus petits. Geb sourit, il était fier du bijou qu'il avait réalisé. Malgré sa grande simplicité, le collier représentait leur famille à venir : deux grands pour elle et lui, et quatre plus fins en hommage à chacun des quatre louveteaux qui devaient voir le jour bientôt. Les Guérisseurs avaient estimés ce nombre grâce à la taille du ventre de Korra et aux battements de coeur écoutés à travers la paroi abdominale de la louve. C'était pour cela aussi, que cette maternité était si complexe et dangereuse pour la soeur de l'Alpha. Les Soigneurs savaient ce genre de chose. Une fois, le guerrier avait tenté d'écouter et n'avait pas perçu autant de chose. Evidemment, le rythme cardiaque de sa copine, plus rapide qu'avant, a cause de son état... Après tout elle était enceinte jusqu'à yeux, donc rien d'anormal a ce qu'elle s’essouffle plus vite, et un autre battements presque inaudible. Geb avait été impressionné donc, que les Guérisseurs en sache autant. Il ne précisa pas à sa douce qu'il avait prévu quelques autres coquillages en rab, au cas où, si elle ne les aimait pas, pour les changer. Ou s'il elle souhaitait différencier leurs enfants avec des coquillages différents. La disciple du Grizzli poussa le bijou de la truffe vers la tête de sa belle Capitaine.

« ...Un présent pour la plus fabuleuse des futures mamans ! »

Chuchota le jeune mâle à la queue de reptile. Il ne précisa pas qu'elle pouvait en faire ce qu'elle souhaitait : un collier, un bracelet, le tresser dans ses cheveux d'argent ou simplement le garder dans un coin de la tanière. Geb n'était pas inquiet quant à l'avenir de ce petit bout de trésor. Il inspira et redressa un peu le buste pour libérer un collier presque identique à celui qu'il venait d'offrir à la petite soeur de sa mentor, de sous son col de fourrure. C'était juste une façon de lui montrer qu'il tenait à elle et qu'il serait toujours présent pour elle et les petits. Quoi qu'il advienne. Le sourire de l'hybride s'élargit et sa longue queue balaya le sable tiède joyeusement.

L'heure des résponsabilités

Elle dévia ses yeux profonds, encadrés par de longues mèches argentées, vers la silhouette de Geb qui s'approchait d'elle au loin. Un sourire serein illumina son visage et elle releva le museau pour lui asséner une douce caresse de sa langue sur sa joue. Il avait l'air de bien se porter et sa présence réconforta la future mère. Elle cligna des paupières avec lenteur, savourant la tendresse de ses câlineries.

Bonjour, mon brave Capitaine. Répondit-elle en faisant une élégante et simple révérence du museau.

Elle sourit, amusée par son comportement enjôleur qui fonctionnait à merveille sur elle. Une surprise ? Il ne cessera donc jamais de la gâter et de la rendre heureuse.
En admiration devant son cadeau, elle poussa une petite exclamation et releva ses prunelles fascinées et brillantes de milles feux vers ses pupilles reptiliennes.

Il est absolument magnifique Geb. Dit-elle d'une voix basse et douce tel un murmure, enfilant le bijou en l'enroulant autour de son poignet droit par dessus le tissu qui recouvrait sa patte.
D'un geste du museau, elle le câlina et émit un ronronnement de satisfaction.

Merci mon tendre amour. Chuchota-t-elle à son oreille avec une voix semblable à un bercement hypnotique.

C'était pour elle un objet d'une valeur inestimable, la marque de leur union, et elle le porterait jusqu'à la fin de ses jours. Son coeur palpita avec cette sensation agréable de papillons dans le ventre, faisant frissonner son corps tout entier.
Elle abaissa son regard attendrissant vers son ventre plein, le regard émerveillé :

Regardez mon Capitaine, je crois qu'ils ont entendu votre voix.

Elle pausa sa patte sur la sienne et la glissa jusqu'à son ventre rond. Quelques coups venaient heurter la parois de son ventre, provoquant de petites bosses.
Elle était heureuse, son visage était radieux. C'était un moment magnifique et elle savourait pleinement l'instant présent.

Soudainement, une douleur puissante lui écarquilla les yeux et elle s'immobilisa, grimaçant sous l'énorme contraction qui lui tirait le bassin.
Elle serra les crocs et souffla bruyamment, tordant son corps, la douleur persistait et les petits s'agitaient dans son ventre.

Oh mon dieu.. Lança-t-elle entre deux expirations, essoufflée tant elle était crispée.
Geb ! S'écria-t-elle en remuant le museau de haut en bas, creusant le sable de ses griffes.
Allez chercher ma mère, je crois que.. Elle souffla un grand coup, une note aiguë sortant de sa gorge involontairement.
Ils arrivent ! Reprit-elle dans une forte exclamation, hors d'haleine, son beau visage se tordant en une grimace de douleur.
L'angoisse montait en elle, son coeur battait la chamade.

« L'heure des responsabilités
« Geb & Korra.

Son cadeau avait mouche. Le mâle hybride était heureux, voir le ravissement dans les prunelles claires de sa tendre et chère lui gonfla le coeur de tendresse. Il voulait tellement pouvoir tout lui donner, tout lui offrir. Elle méritait tout ce qu'il y avait de mieux sur ces terres. Lorsque Korra prit la patte du jeune guerrier sablé pour lui faire sentir les petits coups répétés de ses futurs enfants, une vague de chaleur prit le disciple du Grizzli. Il se sentit étourdie par tant d'émotion, un grand sourire béat lui fendant la poire en deux. Il se sentait sur un petit nuage cotonneux, dans une bulle doucereuses et a des millions d'années lumières de tout danger, de tout risques, de tout doutes. Aussi Geb manqua de discernement lorsque sa compagne se tordit de douleur. I ne réalisa pas immédiatement ce que signifiait cette souffrance soudaine. Le minois si charmant de la petite louve pâle déformé par les spasmes provoqua la panique dans le ventre du fier guerrier qui se redressa d'un bond. Ce n'est que lorsque les mots " Allez chercher ma mère " et " Ils arrivent ! " percutèrent ses tympans que Geb se secoua et comprit l'urgence de la situation. Enfin, il sût que c'était l'Instant. Celui qu'il redoutait tellement tout en l'attendant avec une impatience digne d'un enfant. Il ne voulait pas la laisser seule, pas dans cet état de faiblesse, pas alors qu'elle était en proie aux contractions. Mais seul il ne saurait faire... Il n'avait pas les compétences. Grimm les auraient lui ! Parfois le jeune hybride aurait aimé ressembler plus à son frère aîné et avoir la même soif de connaissances écrites, il aurait au moins su quoi faire ! Non au lieu de ça, il restait éberlué, comme deux ronds de flancs à réfléchir bêtement sur une solution qu'il savait déjà inévitable. Il déposa une lèche sur le museau de Korra en la rassurant, lui promettant de revenir avant même qu'elle ne se rende compte qu'il n'était plus là, et avec sa mère.

C'est là qu'il se dit que son entraînement quotidien avait du bon, parce qu'il avait la détente d'un lapin et l'agilité d'un écureuil en courant pour rejoindre le Grand Castel. Il n'avait jamais couru aussi vite, il n'avait jamais battu un tel record d'adresse et de vitesse. Avec ça s'il était pas le meilleur au cross ! Il ne mit pas longtemps à dénicher sa mère. Parce que dans son esprit le " chercher ma mère " tournait en boucle comme une alarme qui vous tapait sur le système. Et en répétant ma mère plusieurs fois, il avait fini par se diriger vers sa propre génitrice. Très vive et alerte, elle n'eut pas besoin des explications de Geb, a bout de souffle, pour comprendre ce qu'il se passait. Elle le renvoya dard-dard auprès de la mère accouchant en lui assurant qu'elle le suivait de prêt avec Winnifred. Nout savait que la belle-mère de son rejeton avait des notions de guérisseurs et qu'elle saurait agir en conséquence. Elle-même n'était que soldate, mais avait vécu deux grossesses et donc deux mise-bas. Elle pourrait être utile. Ni une, ni deux, elle se lança sur la piste de la mère de Korra tandis que Geb repartait en sens inverse à la même vitesse. Il crachait ses poumons en arrivant mais ne se laissa pas démonter par sa faiblesse soudaine, il se laissa tomber contre le dos de sa douce et lui lécha l'oreille pour la rassurer, tout en lui répétant des paroles apaisantes et pleine d'amour. Il se serra contre elle, pour qu'elle sente sa présence plus qu'elle ne l'entende, et puis pour qu'elle puisse s'appuyer sur lui si cela pouvait l'aider...
Il ne fallut que quelques minutes de plus à l'Hybride guerrière et à sa congénère aux tout aussi longs cheveux de neige pour débarquer et prendre en charge le couple de futurs parents à peine adulte...

Dernière édition par Oysteria le Lun 30 Oct 2017 - 22:56, édité 1 fois

Winnifred

Il faisait bon en ce jour d'automne, l'air était doux, et le bruissement des feuilles dans les arbres donnait à Winnifred l'impression que la nature murmurait une chanson. Elle se rendait au Grand Castel, d'un pas lent, guettant chaque mouvement lupin, inquiète d'être appréhendée par une patrouille. Elle vivait comme une criminelle, songea-t-elle, amusée, elle n'avait pas le droit d'être sur les terres Etelkrus, puisqu'elle n'en faisait pas partie mais elle avait demandé grâce à Élaine, de l'accepter sur ses terres le temps de choisir son avenir. Il fallait, d'ailleurs, qu'une décision soit prise, elle ne pouvait vivre ainsi. Elle songea à Anastasia, son autre fille, et se promit d'aller lui rendre visite dès qu'elle en aura le temps, et surtout en espérant que les Lazulis ne la prennent pas pour une solitaire. Tête baissée, ses longs cheveux blancs tombant autour de son visage, elle aidait quelques guérisseurs à ranger un stock d'herbes médicinales, elle classait les herbes par remède, la camomille avec la pivoine, la menthe avec la mûre, et soupira. Elle s'inquiétait, elle n'avait pas croisé le beau regard de Korra, et grosse comme elle était, elle espérait que tout allait bien pour elle. La mise en bas ne devrait pas tarder, surtout qu'avec la fébrile silhouette de sa plus jeune fille, la grossesse n'arriverait sans doute pas à terme. Alors elle guettait, chaque passage, espérant voir Korra en bonne santé ou au moins dans le Castel, au chaud, en sécurité mais elle ne voyait personne.

Alors qu'elle chantonnait en tressant deux immenses branches de lierre, elle entendit quelqu'un arriver en trombe, elle gloussa pour elle-même, se disant que certains loups étaient beaucoup trop stressés, qu'ils risquaient un arrêt cardiaque à force de vivre comme des fourmis. Elle continua sa tresse mais elle fut vite arrachée à ses pensées, Nout venait de s'approcher d'elle et son regard trahissait une certaine appréhension. Winnifred fronça les sourcils et comprit vite en voyant le postérieur de Geb, son beau-fils, partir aussi vite qu'il était arrivé. Le cœur de Winnifred s'emballa, Korra avait des ennuis, ou alors elle mettait bas. Elle laissa tomber très vite sa tresse et se mit à courir aux côtés de Nout. Bien qu'elles n'avaient jamais eu l'occasion de devenir amies, elle avait déjà bavardé avec Nout, elle était éclairée et une très bonne mère, elle appréciait avoir une amie qui partageait la maternité à ses côtés. Dans sa course, elle regretta de ne pas avoir pris de la camomille, elle aurait pu aider sa fille à se détendre et à mieux pousser pour donner vie à ces petits louveteaux. Ses petits-enfants. Son cœur s'emballa à nouveau, elle allait rencontrer ses petits-enfants pour la première, elle allait être grand-mère. Arrivée près des deux jeunes parents, Winnifred haleta et s'approcha de Korra, elle tourna autour d'elle, passant sa tête entre les cuisses de Korra. Le travail avait commencé et elle voyait déjà que la naissance était proche. Elle vit également son autre fille, Mayuri, allongée près de Korra, alors elle l'asséna douces léchouilles, de tendres encouragements. Elle vit alors qu'autour de son cou, une lueur familière brillait. Une fierté immense l'envahit, sa fille, Mayuri, avait choisi de suivre Yurai. Elle la félicita rapidement et s'approcha de la jeune mère, gardant un œil sur Mayuri. Elle lécha Korra comme si elle était encore une petite louve, et se pressant contre elle, laissant l'autre flanc à Geb, elle lui murmurait des encouragements. Voyant le visage tordu de douleur de sa fille, elle se coucha contre elle, à l'envers, sa tête contre son cuissot arrière, prête à aider le premier né. Elle était si jeune, elle avait si peur que la voie de sortie ne soit pas assez large. Elle s'attendait à une mise-bas compliquée, alors elle se concentra, fort, et une aura transparente sortit du corps de Winnifred, cette onde de chaleur, de bien-être, plongea dans le corps de Korra. Normalement, la douleur deviendrait moins forte, et elle deviendrait plus détendue.

"Poussez, ma fille, ça va arriver, ne vous inquiétez pas, ma puce, je suis là"

Elle se revit, elle-même, accouchant de sa première portée, seule dans le Squat des Brethens. Elle se concentra pour que l'aura soit prolongé, une migraine atroce l'asséna, mais à ce moment, elle n'arrivait pas à être mesurée, elle était prête à donner tout ce qu'elle avait pour soulager sa fille, sa douce fille. Elle lança un regard à Geb, et le vit, souriant comme un pape, malgré l'angoisse dans ses yeux, il était heureux, et Winnifred sut alors qu'il était prêt à être père. Rassurée, elle replongea son attention dans la naissance, une petite tête apparaissait, elle l'attrapa alors, n'hésitant pas à violer la pudeur qu'ils avaient dans la famille, et tira doucement, aidant alors l'éjection du petit. Elle perça la poche dans laquelle il demeurait, sachant pertinemment que le reste de la poche arriverait avec le dernier, puis elle attrapa le petit entre ses crocs. Elle attendit alors d'entendre un râle, un gémissement, priant pour qu'il n'y ait pas de mort-né, chose bien trop commune pendant les accouchements. Alors qu'elle déposa la petite boule entre ses pattes, elle vit que son petit corps était couvert de poils beiges et une minuscule touffe de cheveux plus foncés que son pelage, avec une légère mèche verte. Elle resta sourcils froncés et d'un coup, le petit mâle prit une puissante inspiration et pleura. Une vague de soulagement l'assaillit, et après avoir fait sa toilette vite-fait, laissant ce privilège aux parents, elle déposa le bébé entre les pattes de Geb, avec un sourire encourageant, les yeux bordés de larmes d'émotion. Elle revint auprès de sa fille et lui murmura des encouragements, sa voix comme une caresse, le premier était sorti, mais ça ne voulait pas dire que le travail avait cessé, il en restait trois autres à expulser. Elle léchait Korra avec douceur, lui entamant de bien respirer, de se concentrer, malgré la douleur, et Winnifred pria Yurai que l'accouchement se passe bien. Elle laissa juste une seconde Korra pour voir si Mayuri allait bien, elle se concentra à nouveau et une onde bien-être s'introduit en elle, la guérissant, quelque peu. Winnifred vit avec étonnement que pour une fois, les poils de Mayuri étaient moins rose pâle qu'avant. Elle haussa les épaules, peu inquiète de ce changement, mettant ça sur le dos de la vieillesse, ses yeux lui faisaient peut-être défaut. Elle s'installa entre ses deux filles, l'une à moitié inconsciente, l'autre souffrant le martyr pour donner naissance à de magnifiques petites boules de poils, et l'amour qu'elle éprouvait pour ses enfants s'intensifia d'une puissance que pour la première fois depuis l'acquisition de son glowstick, l'aura de guérison s'infiltra dans les deux corps de ses filles, sa migraine s'intensifia, mais Winnie sentit qu'elle avait atteint une nouvelle force.

"Allez, ma chérie, doucement, respirez, ça va aller."

☼ L'heure des responsabilités

FAMILLE - MAYURI

La journée avait débuté comme tant d’autres en cette saison automnale avancée. La brise s’était rafraichie depuis quelques semaines et peu à peu on sentait l’hiver approcher. Mais pour le moment, le sol était jonché de feuilles aux couleurs multiples et chaudes. Du moins c’est qui m’avait été relaté, car mes paupières closes se gardaient bien de s’infliger l’attaque des tâches floues qui aimaient me narguer. Je ne souffrais pas réellement de ma cécité, simplement des éléments importants à mon cœur ne m’apparaitraient jamais nettement. Ma famille en premier lieu, mais également toutes ces fleurs dont j’aime tant inhaler les fragrances.

Mes pattes m’avaient emmenée dans divers endroits des terres Etelkrus. Je n’étais pas parvenue à couper encore totalement les liens avec ces terres, bien que Yurai ait accepté de m’accueillir à ses côtés. Un nouveau départ, de nouveaux endroits, mais aussi une rupture avec la vie que je menais jusqu’à présent. C’était… Perturbant et dans le même temps j’étais heureuse, soulagée d’avoir suivi la voie qui me collait à la peau. En revanche j’appréhendais la réaction des miens, mais pour cela je ne pouvais rien faire, aussi avais-je décidé de garder la tête haute et continuer à leur montrer mes plus beaux rires et sourires. Je n’avais pas changé.
Du glowstick accroché à mon collier, émanait une douce chaleur en continue. Une aura divine, identifiable à une micro-parcelle de celle de la corneille l’entourait. Elle serait toujours avec moi, et une confiance absolue s’était établie de moi à elle.

Mon errance finit par m’amener sur ces hauteurs venteuses des falaises. Ici l’odeur de la mer et du sel était forte, s’insinuant sans honte dans les coins les plus reculés de mon odorat. C’était déroutant et en même temps je liais toujours cette odeur si particulière au souvenir merveilleux de ma rencontre avec mère. Le temps était passé si vite. J’entrepris de descendre doucement, en tâtonnant foulée après foulée la roche qui faisait office de descente. C’était assez risqué par ici et les rafales avaient tendance à me plaquer contre la paroi rocheuse. Mais petit à petit, j’y parviens, à ce sol si meuble et si agréable sous mes coussinets. Le sable avait la douceur du soleil présent. Je me mis à trottiner joyeusement, le sourire aux babines.

Mais ce dernier disparu aussi vite que je l’avais affiché. Mon corps frissonna, mes poils devinrent hirsutes et mes palpitations s’emballèrent. Cette odeur, je la connaissais, et elle était mêlée à des effluves fortes de peur et de douleur. Elle était proche, et terrifiée, mes sens exacerbés le ressentaient, et l’adrénaline se diffusa en moi instantanément.

« KORRA ! »

Mon innocence envolée, je cavalais de toutes mes forces laissant mes sens me conduire à ma cadette. Je ne réfléchissais plus, ayant pour unique but de me retrouver à ses côtés. Ce ne fut pas long, et les odeurs me donnèrent presque le tournis. Une trace de mâle était présente, mais il était parti. Par les Dieux, la rage m’enveloppa tel étau. Il. L’avait. LAISSE ! Je me retins de hurler pour ne pas inquiéter plus que de raison ma chère et tendre petite sœur. Je collais mon museau à plusieurs endroits de son corps pour comprendre comment elle était installée et à quel stade la situation en était. Je chuchotais en continu des mots doux et d’encouragement d’une voix aussi calme que mon cœur battait vite.

« Tout va bien ma belle petite sœur, souffle correctement je suis là, je ne te laisserai pas. Je t’ai promis ma présence et je ne m’éclipserai pas, n’ai pas peur tout va bien se passer. Je t’aime petite sœur, ces enfants vont être magnifiques je le sais, courage. »

Puis la chaleur de mon glowstick s’intensifia. Et c’est alors que je sus ce que je devais faire. Je me couchais près d’elle et posais mes pattes sur un côté de son flanc. Je fronçais les poils de mon arcade sourcillière et me concentrais de toutes mes forces. Je hoquetais en sentant une douleur me déchirer le corps. Par les Dieux, que ça faisait mal ! Je me sentais absorber la douleur des contractions de Korra. Je savais sans pouvoir l’expliquer que sa douleur était allégée, devenant mienne. Je me mis à suer, à haleter en serrant les dents. Je ne pouvais plus prononcer un mot, me contentant de rester là, les pattes collées à elle le souffle court. Je refusais de la laisser tomber, aussi acceptais-je sans penser à arrêter un seul instant à alléger son fardeau.

Puis des pas de course se firent entendre, mais loin, tels des échos d’un vaste rêve. Une odeur familière m’atteignit et je sentis une larme de soulagement couler sur ma joue brulante. Je ne fis même pas attention au mâle qui l’accompagnait et qui m’avait tant énervé tout à l’heure.
Si j’avais quasiment réduit à néant la douleur de ma sœur tant aimée, je sentais mon corps exprimer tout le rejet que ce pouvoir lui inspirait. Et si ma mère et moi nous n’avions pas échangé un mot, je sentis qu’elle prit le relais de mon labeur. Je tentais de reprendre mon souffle et de me relever alors. Mauvaise idée. Je m’affalais et sentir l’obscurité s’abattre sur moi.
Mes dernières pensées avant de m’évanouir furent qu’après tout ça je n’allais même pas avoir l’occasion de voir les petits de ma cadette, et que… Bordel de Dieu les excroissances de ma peau me brulaient tels des tisons brulants. Puis tout ne fut plus que noirceur.

Fiche de liens (c) Miss Yellow

L'heure des résponsabilités

Elle était seule maintenant. Les contractions étaient de plus en plus rapprochées et longues, dilatant son utérus à chaque fois de quelques centimètres.
Elle tenta de changer de position, s'asseyant d'abord pour essayer une première poussée, puis elle se rallongea un peu plus loin sur le flanc.
Quand allait-il revenir ? Et si il ne revenait pas ? Elle devrait le faire seule.

J'en suis capable, Korra, tu en es capable..
... Geb !! où es-tu... Aaarh j'ai mal ! ...
... Pourquoi n'y arriverai-je pas ? ...

Ses crocs grincèrent et son front luisait des premières gouttes de sueur. Elle était terrorisée à l'idée d'échouer, et son coeur tapait si vite dans sa poitrine qu'elle en voyait flou. Elle paniquait intérieurement car la douleur était de plus en plus forte et ses petits s'impatientaient. Leurs minuscules coeurs s'affolaient si vite à eux aussi qu'elle les ressentait, mais elle était incapable de les compter.

Une autre contraction arriva et elle avisa une seconde poussée seule. Ses pattes s'enfoncèrent dans le sable tant elle poussait, mais rien à faire, elle manquait de puissance et elle était beaucoup trop paniquée pour arriver à quelque chose. Elle se sentait faible et incapable, une moins que rien.

Je suis vraiment une nullité ! Pourquoi j'ai ce corps si frêle ?! Pourquoi je n'y arrive pas !?

Elle paniqua de nouveau et se blâma, se lamenta sur son sort, elle en voulait au monde entier à ce moment précis car elle avait peur. Plus elle tardait, et moins ils avaient de chance de survivre. Une larme coula le long de son museau comme une perle, puis une voix retentit derrière elle. Elle ouvrit les paupières à moitié, levant son museau par dessus son épaule et aperçue sa soeur Mayuri. Un espoir naquit en elle, elle n'était plus seule. Elle aurait voulu lui dire bonjour, la saluer dignement et lui faire une étreinte, mais elle était paralysée au sol par la douleur, et par ce trou géant qui s'agrandissait entre ses pattes. D'un coup, sans qu'elle ne l'explique, la douleur s'estompa de moitié et elle ne ressentit plus qu'une simple mais désagréable sensation.

Mayuri..

Elle sentit sa douce odeur florale contre elle et un poids en moins tomba de ses épaules.

Merci...

Quelques minutes passèrent et Geb arriva enfin. Elle lui adressa un mince sourire de façon à le rassurer, bien que l'épuisement la gagnait déjà et que son état la trahissait.
Puis sa mère ainsi que sa belle mère débarquèrent à bout de souffle. Le corps de Korra s'était déjà préparé à l'épreuve, son utérus était dilaté à son maximum et elle sentit un liquide couler jusqu'à sa cuisse. La douleur revint, moins brutale, mais tout de même agaçante. Mayuri était assommée à côté d'elle et pendant un moment Korra s'en voulut, car elle comprit qu'elle s'était sacrifiée. Sa mère avait repris le fardeau, mais son épuisement à elle aussi était inévitable. Cependant, grâce à leurs efforts Korra souffrait moins et cela lui donnait plus de facilités pour aider les petits à sortir.

Ses yeux apeurés dévisagèrent Winni et Noutt, puis se posèrent sur Geb. Son Geb. Il fallait qu'elle le fasse pour lui, pour leur famille, pour les enfants, les leurs.
Il avait l'air inquiet lui aussi, mais les étoiles dans ses yeux ne mentaient pas, il était heureux, terriblement heureux. Cette onde de bonheur traversa les iris bleutées de Korra et une vague d'espoir et d'énergie s'empara de son coeur. Elle prit un air farouche, les mâchoires crispées, le regard dur comme de la roche, les sourcils froncés, puis elle inspira une grande bouffée, la plus grande qu'elle pouvait.

C'est partie..

Comme si elle devait déraciner un arbre, elle poussa de toutes ses forces, son corps basculant contre celui de son amant, contractant ses muscles abdominaux ainsi que tous les autres d'ailleurs, même certains dont elle ignorait l'existence. Elle prit appuis de son dos sur son mâle pour ne pas s'enterrer dans le sable, son visage devint rouge, ses veines saillirent sous l'afflux du sang, et elle ne respirait plus. Lorsque qu'elle n'eut plus d'air, elle reprit une courte bouffée pour se remettre aussitôt à la tâche, ses cordes vocales vibrant dans un son mystérieux mêlant l'aigu et le grave.

Le premier était le plus difficile à sortir, car il était le premier à ouvrir la voie. Les autres n'avaient plus qu'à suivre, se glisser dans le tunnel forgé par l'aîné.
Alors qu'elle arrivait à bout de souffle, elle sentit son petit corps passer entre les parois utérines, s'y glisser lentement comme une gigantesque bulle, puis plus rien, à part du liquide. Elle relâcha la pression, expirant à grandes bouffées comme si elle venait d'être noyée, cherchant son souffle. Sa gorge lui piquait, et elle ressentait un point de côté.
Elle était trempée déjà. Son pelage luisait de sa sueur, mais il n'était pas encore temps de se reposer. Elle releva son regard vers sa mère qui lui renvoya une expression satisfaite : le premier né était en vie.
Bien qu'elle avait les yeux exorbités par la douleur et la pression de son effort, elle était rassurée de cette nouvelle. C'était une nouvelle source de motivation pour elle, bien que ses forces la quittaient.

Dans un nouvel effort, elle contracta son abdomen et son visage se fendit en une nouvelle grimace de douleur. Le deuxième passa, plus vite et plus facile que le premier heureusement, comme une petite larve se glissant hors de son corps. Elle relâcha la pression aussitôt qu'il fut sortit, reprenant de l'oxygène juste à temps, et une douleur pulmonaire lui tira le thorax. Elle ne respirait pas bien et cela lui provoquait d'affreuses souffrances.
Elle répéta l'action encore quatre fois de façon à sortir les autres petits, bien que cela aurait dû être plus facile, ça ne le fut pas. Korra était trop fragile et son corps l'abandonnait, la douleur était revenue bien plus forte lors des dernières contractions et ses muscles se fatiguaient, courbaturés, froissés. Elle y mettait toute son âme, toute sa vitalité quitte à en perdre la vie.

Le dernier souffle donné, elle laissa tomber son museau contre le sol et tout son corps se relâcha, des larmes de joie et de douleur lui coulant le long du museau.
Elle cligna lentement des yeux puis tout devint noir. Ses sens s'éteignirent un à un : d'abord un bruit strident lui parut aux oreilles puis plus rien, un étonnant calme plat, sa vision quant à elle se troubla puis tout se mit à noircir, le sable humide sous son corps brûlant perdit lui aussi de sa fraicheur et elle ne sentit bientôt plus le sol la porter, ni même le contact de son amant contre elle.
Elle avait réussi.

« L'heure des responsabilités
« Geb & Korra.

Geb sentait la peur et la douleur de sa compagne, il ne pouvait rien faire et cela le révoltait. Toutefois il resta prêt d'elle à lécher son cou, son oreille, parfois son museau humide de larmes pour la rassurer, qu'elle se rappelle à chaque micro-seconde qu'il ne l'abandonnerait pas. Il voyait les contractions qui animaient les muscles de la douce Korra, il voyait bien l'effort que cela devait être... Et il ne pouvait pas la soulager. Il fallut plusieurs minutes pour qu'un premier loupiot sorte le bout de la truffe. Winnifred, la mère de la beige, savait quoi faire, ses gestes étaient précis et précieux. De son côté, Nout était partie chercher de l'eau fraîche, non salée, qu'elle tirait dans une grande feuille au bord arrondie. Le jeune disciple d'Aka se demanda où était la source la plus proche, et comprit que l'hybride avait dû faire un peu de chemin, car son pelage était humide de sueur. D'ailleurs lui aussi, il s'efforçait de ne pas trop trembler d'impatience et d'angoisse pour rester un roc, celui contre lequel Korra pourrait toujours s'adosser. Le premier-né était un mâle. Un beau petit garçon. Il avait un fils ! Le crêté était aux anges, ses prunelles d'or brûlait de fierté et d'émerveillement. Un autre bébé arrivait alors il prit le relais et s'occupa de son fils. Leur fils. Le crêté lécha vigoureusement le petit pour le réchauffer et nettoyer les traces de placenta qui tâchait son duvet pâle. Puis Nout l'aida à glisser le bébé contre le ventre de la mère adolescente afin qu'il puisse prendre le premier lait. Vinrent ensuite deux filles, que Geb aimât tout autant. Il les frictionna avec tendresse et les déposa doucement auprès des mamelles maternelles. Tout ce petit monde devenait le centre de son univers. Il était papa. Geb était heureux au delà des mots. Il frotta son museau contre la tête de sa belle Capitaine, lui chuchota quelques mots d'amour rassurant et bougea un peu pour mieux soutenir l'épaule de la femelle en souffrance. Il restait un nourrisson. le dernier d'une belle portée. Leur famille était magnifique, merveilleuse, parfaite. Malgré tout les avertissements, il semblait que tout se passe plutôt bien. Aussi tôt eut-il cette pensée qu'il sentit Korra défaillir contre lui. En manque d'énergie sûrement, épuisée par les douleurs aussi, la jeune louve aux cheveux d'argent perdit connaissance. Aussitôt, Geb s'avancer pour s'allonger contre le buste de la nouvelle mère, pour que sa tête reste posé en douceur sur son garrot. Ainsi il pouvait veiller sur elle et sur les boules de poils qui se remplissaient le ventre avant de s'endormir paisiblement. Au vu de l'état de Korra, il se permit de prêter moins d'attention au dernier bébé, d'autant plus que Nout et Winnifred s'en occupait et qu'il avait une confiance absolue et aveugle dans les deux louves aux cheveux de neige.

Winnifred

Winnifred se sentait épuisée, alors qu'elle n'était que la maman de la jeune maman qui donnait vie. Elle récupérait les petits, crevait leurs poches et les donnait à leur père. Elle était si heureuse, elle était grand-mère, et elle aidait sa jeune fille à accoucher, elle était particulièrement conquise. Alors que le dernier tardait à venir, Winnifred s'approcha de Mayuri, et lui lécha les oreilles et leurs excroissances. Elle respirait, malgré son malaise, la mère aux longs cheveux blancs savait qu'elle allait bien. Elle revint près de Korra et vit que son corps se détendit d'un coup. Elle passa derrière elle et attrapa la petite masse qui venait à peine de quitter l'utérus maternelle. Elle arracha la poche dans laquelle il était enveloppé, et se mit à le lécher. Il était plus petit que les autres, et semblait plus faible. Elle attendit qu'il prenne sa première inspiration, tout en léchant le liquide amniotique afin de dégager ses yeux et ses narines, mais l'inspiration tardait. Winnifred frémit d'inquiétude tandis qu'elle murmurait des encouragements au petit corps frêle. Elle lécha encore son pelage beige, mais il était déjà propre. Il ne respirait pas. Et il ne respirera jamais. La fatigue et la tristesse de perdre un enfant firent monter les larmes aux yeux vairons de Winnifred. Elle ne savait pas quoi faire, donner ce petit sans vie à ses parents lui semblait être une chose horrible, mais elle ne voulait pas cacher son existence à sa mère. Elle pouvait déjà s'estimer heureuse d'avoir donner naissance sans trop de problèmes à trois petits avec son corps encore jeune, ses hanches peu étroites et son utérus qui avait eu à peine le temps de se former quant à son rôle dans le corps de la femelle. Elle prit le petit entre ses crocs, les larmes roulant le long de son museau et s'approcha de Korra et de Geb, Nout était à quelques pas d'eux, et au vu de son regard, Winnifred sut qu'elle avait compris. Sixième sens de mère, sûrement. Elle regarda les petits corps qui se précipitaient pour téter et elle revit alors ses enfants à la même taille, au même âge et la joie qu'elle avait ressenti en les sentant pincer ses tétons. Elle déposa le petit hors de vue des parents et s'approcha, la gorge serrée, pour annoncer l'horrible nouvelle d'une voix étranglée et triste.

"Je... Je suis désolée, le dernier n'a pas... le dernier a rejoint les Dieux. Mes condoléances.."

Elle s'approcha de Korra qui avait les yeux fermés, et lui lécha le front, dans un geste réconfortant. Elle posa son regard vairon sur Geb, un regard chargé d'émotion et de réconfort. La perte d'un petit n'était jamais très agréable, surtout lors de la première mise-bas. Elle récupéra le petit cors inerte et le déposa entre Geb et Korra, pensant qu'il était plus correct de les laisser faire le deuil. Elle songea alors à confier la petite créature au croque-mort des Etelkrus ou alors de l'enterrer eux-mêmes. Elle retourna près de Mayuri, et s'allongea près d'elle, malgré son épuisement et sa migraine, elle se concentra pour activer son pouvoir, l'aura de réconfort s'engouffra dans le corps de Mayuri. Elle garda un œil sur Korra, qui semblait se reposer. Elle devait être fatiguée, et la douleur devait encore faire battre son cœur si fort qu'elle devait se sentir écrasée. Winnifred regarda alors de loin les petits qui tétaient avec vigueur, leurs minuscules cris retentissaient, ils débordaient de vie. Elle regarda Geb, qui couvait ses bébés des yeux et Winnifred se sentit comblée, elle avait de beaux petits-enfants et un gendre qui, malgré son jeune âge, semblait avoir prit conscience du rôle qui pesait sur ses épaules. Elle ne s'inquiétait pas concernant leurs rôles de parents, Geb, comme Korra, pouvait compter sur leurs parents pour leur prodiguer conseils et aide. Elle sourit, et posa sa tête sur ses pattes avant, désirant laisser aux jeunes parents l'intimité complice de la naissance de leur progéniture. Ainsi pressée contre sa fille malvoyante, elle reprenait des forces, essayant de calmer sa migraine douloureuse.

L'heure des résponsabilités

Lorsque Korra rouvrit les yeux et que ses sens lui revinrent, la première chose qu'elle perçut fut le picotement de ses mamelles. Depuis quelques semaines elles avaient doublé de volume et bien que jusqu'alors elle ne les sentait pas forcement, maintenant c'était le cas. Elle battit des paupières avec fatigue et releva son museau, sentant la chaleur du corps de Geb encore allongé contre elle, l'enroulant de son long corps. Son regard croisa le sien, et elle lui sourit avec tendresse, encore un peu dans les vapes. Sa mère était allongée à quelques pas avec sa soeur Mayuri, elles se reposaient sûrement encore après cette épreuve, elles avaient usé beaucoup de leur pouvoir aujourd'hui. Au fond d'elle, Korra eut un pincement au coeur de les voir ainsi à cause d'elle, elle se sentait coupable et avait honte d'être aussi faible.
Elle abaissa son museau et aperçut trois beaux petits bébés endormis dans la chaleur de sa fourrure, les uns collés aux autres. Ses babines s'étirèrent en un large sourire de satisfaction et d'apaisement. Ils étaient en vie et elle aussi, tout c'était finalement bien passé. Son regard émerveillé se posa sur son amant, des étoiles illuminant ses yeux bleus océaniques, elle était épanouie.

Ils sont magnifiques Geb, nos enfants. Murmura-t-elle d'une voix agréablement douce et encore fragile.

Elle faufila son fin museau le long du sien et colla sa truffe délicatement contre la sienne. C'était si agréable de partager ce moment avec lui, elle se sentait flotter sur un petit nuage, comme si tout était paradisiaque, qu'il n'y avait plus ni danger ni méchanceté dans ce monde.
Elle reporta son attention sur leur progéniture et les observa avec adoration, leur faisant une tendre lèche sur la tête à chacun d'eux.

Quels noms va-t-on leur donner, mon tendre amour ? Questionna-t-elle tout en gardant ses yeux passionnés posés sur eux.

« L'heure des responsabilités
« Geb & Nout & Korra & Winnifred & Mayuri

Lorsqu'il vit les regards peiné de sa mère et de celle de sa compagne, Geb suffoqua. Il comprit avant même que la louve beige et blanche ne vienne lui asséner la terrible nouvelle. Sa bouche fût sèche subitement et une boule douloureuse lui entrava la gorge alors que Winnifred déposait le frêle petit corps entre lui et Korra. Il observa attentivement ce loupiot mort-né. Un fils. Il aurait dû avoir un second fils. Mais les Dieux l'avaient puni pour sa bêtise. S'il avait su quels risques encourait sa douce amie et leurs possibles enfants... Si seulement il n'avait pas été si imbécile. La douleur de voir ce bébé qui ne respirait pas brisa son coeur d'aventurier. Il avait beau avoir tout le courage du monde, face à ce petit myocarde qui ne battait pas, l'hybride était désemparé et faible. Il entreprit tout de même de lécher cette boule de poil qui ne verrait jamais le jour, et la serra entre ses pattes dans une étreinte inutile mais ô combien réconfortante pour le jeune père démuni qu'il était. Il devait donner un nom à cet enfant, pour que son existence ai compté tout de même un petit peu, pour qu'il fasse parti de la famille malgré son funeste sort. Il pensa à Meleth. Cela signifiait amour dans une langue qu'il avait trouvé dans les bouquins de son frère aîné. Meleth. Il le proposerait à Korra dès qu'elle reprendrait conscience. En attendant, il serra contre son poitrail ce petit corps sans vie, et lança un regard anéanti à Nout. La guerrière eut, elle aussi, le coeur brisé de voir son propre enfant être si malheureux. Elle comprenait évidemment la souffrance qui l'animait. Doucement, elle poussa la tête de Geb pour attraper le fils mort-né et l'enveloppa dans son écharpe jaune, couleur du soleil, avant de s'allonger face aux jeunes parents avec ce triste petit paquet.

Geb en fût reconnaissant, et cela lui permit de ravaler toute cette colère, cette peine, pour poser un regard infiniment doux et aimant sur ses trois autres enfants qui piaillait en buvant leur première tétée. Contre lui, sa compagne d'aventure et petite amie bougea. Elle se réveillait, émergeant de sa chute de tension, plus épuisée encore. Il répondit au sourire de la magnifique jeune mère par une lèche sur le museau. Il la vit regarder avec tendresse leurs enfants et sourire, heureuse. Il n'avait pas le coeur à brisé ce tableau idyllique, toutefois il ne pouvait se résoudre à lui cacher pareil chose. Alors qu'il ancra ses prunelles d'or dans celle, azur, de la jolie louve beige, il commença d'une voix blanche... Vite coupée par celle, douce et faible de Korra. Le guerrier au glowstick rouge déglutit avec difficulté. Lorsqu'elle demanda quels noms ils pourraient bien donner à leurs bébés, le mâle beige se racla la gorge après avoir attrapé le petit linceul jaune. Nout baissa le museau et s'effeça respectueusement devant le deuil des jeunes parents. Elle rejoignit Winnifred et Mayuri afin de voir si elle pouvait leur être utile en attendant. Geb poussa de la truffe le petit corps caché dans le tissu entre sa compagne et lui, comme s'il voulait protéger ce louveteau innocent.

« Le... Dernier de la portée est sous la protection des Dieux et de nos ancêtres. »

Geb fixait l'écharpe de sa mère enroulée autour de son second fils, leur second fils.

« J'aurais aimé qu'il porte le nom de Meleth. Pour qu'il puisse être accueilli en paix. »

Comme un symbole de leur amour pour leur défunt petit. Comme un mot-clef pour emprunter le chemin vers un monde merveilleux où il reposerait en paix. Geb ne sût pas trop s'il devait expliciter le fond de sa pensée et la provenance du nom et se dit qu'il le ferait si sa petite amie le lui demandait. Il attendit quelques instants que Korra réalise, pour qu'elle puisse elle aussi accepter la dure réalité avant de se consacrer complètement à leurs trois autres enfants. Dévoué, il se promit que jamais aucun de ses trois autres louveteaux ne manquent de rien ou n'ai a souffrir de quoi que ce fût s'il était là pour l'empêcher. Il refusait de permettre une autre tragédie dans la famille. Cette punition était bien assez pour leur imprudence. Geb était aussi révolté qu'affligé. Cet enfant ne méritait pas un tel destin. Ou plutôt une absence totale de destin. C'était injuste. De son côté, la seconde des filles à être née passa une langue fine et rose sur sa truffe pleine de lait avant de s'endormir en couinant, apaisée. Elle était si bien contre le ventre rond et chaud, elle était si bien, que bientôt, un petit ronflement s'extirpa de ses narines mouillées....

L'heure des résponsabilités

Lorsque la mère de son amant tourna les talons pour disparaitre vers Mayuri et Winnie avec une moue attristée, Korra fronça les sourcils, inquiète, la suivant du regard avec perplexité. Sentant quelque chose se glisser entre son corps et celui de Geb, elle tourna son museau et son regard soucieux passa de l'écharpe enroulée aux iris reptiliennes de son tendre amour. Quelque chose n'allait pas et elle le lut rapidement sur l'expression abattue de son compagnon.
Voyant qu'il peinait à se lancer, Korra pris les devant, sa voix se troublant légèrement par peur d'entendre la réponse :

Qu'est-ce qui ne va pas Geb ... ?

Sa question resta en suspens quelques longues minutes, lui laissant l'occasion de s'imaginer une multitude de réponses cauchemardesques. Son coeur battit rapidement dans sa poitrine tandis qu'il désigna finalement l'écharpe de son regard peiné, lui répondant d'une voix accablée à peine audible. Korra sentit ses mâchoires se crisper et ses iris flamboyantes se transformèrent aussitôt en un océan d'eau débordant sur les frontières de ses paupières. Elle approcha le petit paquet entre ses pattes et déroula l'écharpe avec lenteur, tremblante, son visage encore figé dans la terreur de découvrir le cadavre de son propre enfant. Lorsque son petit corps apparut, son coeur s'arrêta, ses yeux s'écarquillèrent encore plus et ses mâchoires s'entrouvrirent avec épouvante. Un horrible pincement s'empara de sa poitrine, comme si quelqu'un s'amusait à écarteler son palpitant de tous les côtés pour l'agrandir ou pour le déchirer. D'un battement de paupières, la lourdeur de l'eau contenue entre ses paupières coulèrent en un flot de larmes et elle sanglota comme si l'on venait d'arracher une partie d'elle-même. Elle laissa tomber son visage trempé sur la petite boule de poils inerte, les yeux fermés, les mâchoires serrés, couinant, gémissant, suppliant les dieux de prendre soin de lui.
Une atroce migraine gagna sa tête et elle frotta son museau contre le ventre du petit corps, comme pour lui faire un dernier câlin. Alors qu'il y a quelques minutes elle était émerveillée et aux anges, maintenant elle se sentit éteinte, vide, anéantie. Elle releva difficilement son museau, de gros cernes bordant ses yeux maintenant ternis par la fatigue et le chagrin.

Elle voulut répondre mais sans succès, aucun son ne sortit de sa gueule, ses mâchoires tremblèrent et elle déglutit avec peine, de la morve pleins le gosier et la truffe. Sa gorge et ses glandes lui faisaient mal, alors elle se contenta d'hôcher la tête, pliant les babines pour se forcer à se contenir. Mais c'était bien trop fort pour son petit coeur, alors elle s’effondra sur les pattes de son amant et couina de nouveau, serrant sa patte contre la sienne fermement. Une rage et une désolation immense lui tourmenta l'esprit, elle s'en voulut affreusement d'avoir échoué. C'était de sa faute, elle n'avait pas été assez forte, elle était malformée et faible.
Il lui faudrait du temps pour digérer cette triste nouvelle, mais heureusement, elle n'était pas seule et le mouvement de l'un de ses petits contre son ventre lui rappela qu'elle n'avait pas tout perdu. Ils auront besoin de soutien, et Korra devra prendre son chagrin sur elle et le dépasser si elle veut pouvoir fournir la force nécessaire à leur éducation.
Ses larmes coulèrent encore pendant un moment, bien qu'elle demeurait silencieuse pour ne pas réveiller ses petits.. Puis elle se laissa emportée par la fatigue et ses lourdes paupières se fermèrent, apaisant les picotements de ses yeux.

Meleth.. mon petit Meleth ...

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