[FINI] Monde nouveau, vie nouvelle | Morrow [Libre]

Dernière édition par Aishi le Sam 28 Oct 2017, 18:14, édité 2 fois

Monde nouveau, vie nouvelle

Tout s'arrêta d'un coup.
Cronos était indéniablement blessé et sa douleur parsemait le ciel d'une teinte sanglante. Les rayons s'étaient arrêtés et tandis que certains pestaient des jurons de douleurs contre l'auteur de leurs souffrances, d'autres en profitaient pour reprendre leur souffle et donner un peu de répit à leurs muscles engourdis. Mais ce repos fut de courte durée. Le titan émit de terribles grondements de désolation à en déraciner les quelques arbres encore — ou presque — debout. Un long frisson parcourut le corps de Morrow et elle en eut un tressaillement, chaque poil de son corps s'hérissant comme une stimulation en réponse à l'onde de choc de l'ultime boss. Sous un torrent de pluie il disparut et laissa les ténèbres derrière son passage. La terre était retournée sens dessus dessous et tout était figé, comme si l'heure de la fin du monde était arrivée et qu'il fallait se sacrifier pour laisser place à un nouveau monde.

Ils ont finalement fini par le toucher.. Mh..

Pour une fois, elle n'était pas très expressive car la situation était si prenante qu'elle en ressentait d'étranges effets. Les divinités s'étaient tournées vers les canidés et se mirent à discourir. Tous étaient captivés par leurs paroles tandis qu'ils faisaient l'éloge d'un nouveau monde. La rouge les écoutait sans plus de conviction, terrée derrière son immense débris, dans l'attente de ce qu'il allait se passer.
A sa grande surprise, le Dieu vert prononça le prénom de Morrow et tous les yeux se tournèrent vers elle et sur l'autre femelle, guidée par le regard des divinités.
Elle écarquilla les yeux, comme prise sur le fait d'une grosse bêtise. Son coeur se mit à palpiter avec acharnement dans sa poitrine sans son consentement.
Comment il connait mon prénom.. Oh merde ils me regardent tous. Je suis foutue.

Elle afficha une petite grimace gênée car elle était désormais à découvert.

Quoi ? Moi Alpha ?

L'idée lui était improbable. Se foutaient-ils d'elle en proclamant de telles sottises ? Une chose est sûre, Morrow n'avait rien d'une Alpha en soit. Elle n'avait pas l'esprit d'équipe et était glaciale, sans coeur. La preuve était éclatante : elle était restée insensible à l'apocalypse qui se déroulait sous ses yeux alors que d'autres risquaient la mort pour un monde qu'elle partage elle aussi. Qui voudrait d'une femelle aussi ignorante et impassible comme guide ? Certains croiront qu'elle n'est qu'une poule mouillée, d'autres que c'est qu'une petite veinarde d'être l'élue des dieux. Elle n'a même pas de pouvoirs ! Et elle ignore tout des dieux et de l'histoire des meutes. Pourtant, elle n'avait rien demandé. D'ailleurs elle ne se plaignait pas de sa vie solitaire, l'anarchie c'était ce qu'elle préférait, car les responsabilités et les règles, c'était trop contraignant pour une simple vie. Qui accepterait de la suivre alors qu'elle est méconnue de tous ? C'était totalement absurde. Pour peu, elle en éclaterait de rire mais elle se retint avec perfection, n'affichant qu'un masque perplexe, haussant une arcade sourcilière. Car elle le savait aux regards des divinités, ils étaient plus que sérieux.
Elle aurait bien voulu partir car tout cela était bien top gênant, mais quelque chose la poussait à s'avancer. A croire qu'encore une fois, les dieux contrôlaient ses émotions et ses envies. Poussée vers l'avant comme si quelqu'un la tirait, elle s'avança finalement, dépassant ce qui lui servait d'abris, faisait face à tous.
Elle déglutit avec peine, la gorge sèche, et son regard balaya les autres canidés qui la dévisageaient avec autant de perplexité, en passant par Noroi et Elaine qui la connaissaient, et d'autres qu'elle avait déjà croisé brièvement, puis elle s'arrêta sur le mâle aux traits d'Arleston. Elle laissa les divinités terminer leur discours et lorsqu'ils eurent terminé, elle ferma les paupières et prit une mine désespérée.

C'est insensé.. Souffla-t-elle d'une voix basse et lassée, peinant à masquer le gêne qui lui nouait les entrailles.

La vie reprenait son court. Le pelage et les cheveux trempés, dégoulinants d’eau à cause de la pluie n’était pas des plus désagréables. Neït ferma quelques secondes les yeux. Cronos n’étais plus, la menace venait de disparaître en même temps que lui. Enfin en quelque sorte… Voilà maintenant quelques minutes que les membres du panthéon parlaient d’une toute nouvelle reconstruction ainsi que de nouvelles meutes. Si cela en choquait certains, la fille de Sekmêt elle, n’en avait que cure. Une meute restait une meute, qu’importe son nom et ses fonctions, même les tensions qui pouvaient exister n’avaient pas grand intérêt à ses yeux. Cependant un détail la dérangeait tandis que son cerveau triait ces nouvelles informations. Les membres de sa famille n’étaient pas disciples d’un des représentants des Lazulis, Neït était la seule, l’unique à avoir choisi Ao. Ce qui voulait dire qu’à partir du moment où Mido l’avait désigné comme prêtresse de son « nouveau clan », il venait de la séparer des seuls membres qui comptaient à ses yeux. Difficilement, elle se retint de jeter un regard vers sa sœur et son cousin. Cela aurait été trop difficile à supporter et l’aurait obligé de rompre son serment fait à sa déesse. Au moins, ne laissait-elle pas Ânkthi entre de mauvaise pattes, elle pourra compter sur Grimm, il la protégerait la louve n’en doutait pas. Ce fut le pas lourd à cause du poids de l’eau qu’elle devait supporter, mais également de la peine qui nouait ses entrailles, qu’elle se dirigea vers celle qui avait attiré les regards quelques minutes auparavant. Un choix audacieux de la part des dieux, mais surtout qui représentait un défi pour Neït. Voilà qu’elle se retrouvait au service d’une solitaire qui vraisemblablement ne connaissait rien aux dieux et encore moins aux croyances qui les entouraient.

La longue natte qui rassemblait plus ou moins la longue chevelure de Neït traînait au sol récoltant sûrement pas mal de bout et de saletés, mais cela importait peu. Ignorant les regards, elle se posta en face de la dénommée Morrow la jugeant de ses prunelles verts-d’eau. La louve était plutôt imposante, l’effet était sûrement dû à son pelage rouge et blanc qui n’était aps des plus discret, sans oublier d’omettre la chevelure qu’elle avait. Aussi imposante qu’une crinière de lion, ça doit pas être facile à supporter quand il fait chaud… Morrow ne devait sûrement pas savoir qui était la séide. La solitaire lâcha deux mots qui raisonnèrent comme une insulte aux oreilles de la louve. Elle claqua sa langue au palais produisant un son d’agacement.

« — Rien n’est insensé, encore moins la parole des dieux. Plutôt que d’espérer que tout ceci ne soit qu’un rêve, bouge ton arrière-train couleur fraisier de là et trouve les membres de ta meute. »

Elle marqua une pause se rendant compte qu’elle n’avait même pas pris la peine de se présenter. Bah de toute façon la solitaire en face d’elle n’allait sûrement pas s’en offusquer, mais bon.

« — Au cas où tu n’aurais pas suivi les derniers événements, je suis Neït, la prêtresse d’Ao et donc maintenant… des Lazulis… Bon maintenant que ça c’est fait, on bouge parce que la pluie va abîmer les poisons accrochés dans mes cheveux et je n’aimerais pas les perdre en attendant que le filet de bave qui s’écoule de ta gueule grande ouverte n’atteigne le sol. »

Bon c’était de la méchanceté gratuite mais que la louve ne s’en offusque pas, tout le monde avait droit au même traitement. Les poisons c’était à présent tout ce qu’il lui restait, tout ce qu’elle pourrait apporter avec elle. Ce que ses cheveux parvenaient à retenir et ses souvenirs. Au moins n’aurait-elle pas à supporter de revoir Nout une dernière fois, quoique, même sa présence à elle n’aura pas été déplaisante du moment qu’elle avait quelqu’un à ses côtés pour l’accompagner dans son nouveau périple. Nan, mais parce que là niveau aventure y’avait du niveau. En tout cas Morrow pourra toujours s’asseoir pour un cours sur les dieux, Neït n’avait pas la patience pour ça, apprendre quelque chose aux adultes était encore pire qu’apprendre quelque chose aux marmots. Un long et pénible apprentissage qui était tout simplement insupportable. Même des castors faisaient parfois preuve de plus d’intelligence. Enfin, difficile d’en vouloir aux gosses si leur cerveau n’était encore totalement développé, d’ailleurs la grisâtre avait également été dans ce cas là, mais ça c’était une autre histoire...

Arleston

Tout était allé beaucoup trop vite. Arleston n'avait fait aucun dégât sur l'immonde créature divine et juste après, les Dieux avaient fait un drôle de speech et parlaient d'une certaine Morrow. Son cœur de pierre se fissura et il chercha des yeux cette dénommée Morrow, pour être sûr que ce n'était pas elle. Mais la foule se pressant contre tout le monde dans un élan de joie et de soulagement avait empêché Arleston de faire quoi que ce soit. Il décida de rebrousser son chemin, grognant, comme à son habitude. Il marchait d'un pas lent et lourd, maugréant à voix basse sur tout ce qu'il croisait. Il essayait de se persuader qu'il n'avait pas vraiment entendu le prénom Morrow, ou alors peut-être Moro ou Maureau. C'était sûr, cela ne pouvait pas être sa sœur. Elle était sûrement morte, quelque part, sa carcasse dodue pourrissant dans un fossé. Mais une partie du mâle ne s'y résignait pas. Elle ne pouvait pas être morte, elle avait un fort caractère, et il se rappela leurs parties de jeux quand ils étaient louveteaux, elle avait de la force, de la rapidité. C'était impossible qu'elle soit morte. Mais où était-elle ?

D'un coup, il entendit deux voix féminines mais il sentit surtout les douces odeurs, synonymes de périodes fécondes et d'éventuels instants de plaisir pour Arleston. Malgré tout, Arleston était très peu intéressé par l'amour, il n'y croyait pas vraiment et il avait surtout peur de casser ces fragiles femelles avec ses grosses pattes maladroites. Il continua sa marche, évitant les deux femelles, et malgré lui, il entendit la répartie d'une des deux. Et surtout, le "arrière-train couleur fraisier" lui donna l'envie d'éclater de rire. Il sourit, appréciant ce trait de caractère cinglant et la curiosité l'emporta. Il s'approcha tel un ours, à pas feutré, et jeta un œil autour de lui afin de trouver la femelle sarcastique et d'un coup, il sentit tout son corps se raidir. Devant ses yeux, sa sœur se tenait debout, abattue. Arleston plissa les yeux et les rouvrit. Elle était toujours là. Il se mordit la langue avec puissance jusqu'à sentir un filet de sang couler dans sa gorge mais elle était toujours là, devant lui. C'était Morrow, il le savait, il le sentait. Son pelage si semblable au sien, sa crinière avec ces fleurs, son air renfrogné. C'était elle. Il resta planté là comme un grand imbécile sans savoir ce qu'il devait faire ou dire. Il s'avança, finalement et regarda l'autre femelle. Elle était d'une beauté sublime, étrange, presque surnaturelle. Il s'arrêta à une distance raisonnable, afin d'éviter quelques coups de crocs ou de griffes. Après tout, un gros mâle rouge abordant deux femelles en ces périodes de chaleur pouvait être très mal-interprété.

"Morrow ?"

Il laissa le temps aux femelles de prendre conscience de sa présence, gêné d'être ainsi l'intrus mais si c'était elle, il fallait qu'il le sache, tout de suite. Même si une partie de lui hurlait que c'était bien sa sœur disparue depuis tant de temps. Il vit alors toute sa vie défiler sous ses yeux, toutes les choses qu'il voulait lui dire : leur séparation, sa détresse d'être sans elle, le vieillard qui l'avait éduqué, l'apocalypse, tout. Il retint sa langue, lui qui n'était pas d'habitude bavard, se sentait l'âme d'une pie.

L'envie de dire non lui brûlait les mâchoires.
Ils ont dû se tromper, tout simplement. Conclut-elle tout en relevant la tête, une mine plus ferme. Elle allait se résoudre à refuser quand une étrangère se mit à piailler devant sa truffe. Elle referma sa mâchoire inférieure, ravalant ses mots, et abaissa un regard noir à la femelle qui se moquait ouvertement d'elle.
C'est comme ça qu'on traite les alphas de nos jours ? Elle haussa de nouveau son arcade sourcilière, mais cette fois-ci, elle prit une toute autre mine. Un petit sourire moqueur se dessina dans le coin de sa babine blanchâtre, d'un air insolent et hautain. La rouge la fixait ainsi longuement jusqu'à ce qu'elle eut terminé son discours inutile, puis elle répliqua, d'une voix relativement calme et exagérément douce :

Ma meute ? Excuse moi mais si tu parlais moins chérie tu saurais que je n'ai pour l'instant donné aucun accord.

L'inconnue continua son spitch et se présenta toujours avec raillerie, ce qui fit grimacer Morrow. Elle perdait patience intérieurement car beaucoup de sentiments se mélangeaient à la suite de ces évènements.. de la colère, de la frustration, de l'incompréhension. Et puis cette « Prêtresse » ramène sa langue de vipère pour se plaindre de la pluie. Cette fois-ci, la riposte fut légèrement plus sarcastique, l'intonation de sa voix se faisant plus amer :

Si tu as si peur de la pluie fallait demander à tes dieux qu'ils ramènent le soleil. Ah mais tiens, tu es une prêtresse ? Demande leur.

Alors que son museau s'était rapproché de celle de l'étrangère dans un duel de regard noir, une voix grave vint interrompre ces puérilités.
Morrow pencha la tête de côté et aperçu le mâle bicolore qui ressemblait à son frère. La tension qui était montée en elle redescendit aussitôt et elle recula d'un pas de la femelle aux tatouages fluorescents. Elle lâcha un grand soupir afin de relâcher la pression puis, répondit d'une voix redevenue calme :

Oui, c'est bien moi.

Au fond d'elle, bien qu'elle se persuadait que le mâle bicolore n'était pas son frère, elle ne pouvait s'empêcher de réagir comme si il l'était car leur ressemblance était trop flagrante. Le fait qu'il prononce son prénom aurait pu être une preuve qu'il la connait et qu'il est bien son frère, mais depuis que les dieux l'ont pointé de leurs museaux, tous connaissaient son identité.

Le temps était toujours aussi pourri, aux yeux de Neït, cela montrait que les dieux étaient encore trop exténués pour faire la faveur à leurs disciples de leur offrir un temps convenable. D’un côté cela n’était pas plus mal, certains étaient bien trop occupés à se trouver un abri temporaire pour se soigner. La séide joua avec le piercing sur sa langue, si son interlocutrice cessait de se comporter comme une gamine trop capricieuse peut-être que la prêtresse aurait pu allée soigner quelques unes de ses connaissances, mais bon visiblement Ao semblait beaucoup aimé mettre des embûches sur le chemin de sa disciple. Étais-ce pour voir jusqu’où sa force mentale allait ? La dragonne en serait bien capable, de ça Neït n’en doutait pas. Revenant à ses moutons, la louve écouta Morrow qui semblait posséder un minimum de réparti, bah au moins c’était déjà ça. Nan, mais parce que les loups qui se laissaient trop marcher sur les pattes et se contentaient d’approuver c’était plus que pénible à supporter, sans parler d’écouter alors là… puis la fille de Sekmêt aimait quand on lui tenait tête, elle avait trouvé un adversaire à sa taille avec Hylda alors le cas d’une de ses alphas serait des plus intéressant. Néanmoins, la rouge ne semblait pas des plus patiente, il fallait espérer que l’autre alpha qui avait été désignée le soit un peu plus, quoique vu qu’il s’agissait d’une adolescente, la prêtresse n’attendait pas grand chose. une solitaire et une gamine pour diriger une meute de loups avares, la fine équipe…

« — Au cas où tu ne l’aurais pas entendu, je me contrefiche de ton accord, puis laisse le chérie de côté, garde ça pour les amis.»

Elle sourit sarcastiquement à son « alpha ». La vache, rien que le terme envoyait du rêve pour les années à venir. La mauvaise langue de Neït refit surface ~~pour le plus grand malheur de ceux qui la connaissaient déjà~~ et elle ne pût s’empêcher de relever l’ironie de la solitaire. Surtout que cette dernière se trouvait maintenant qu’à quelques centimètres de la gueule de la fille de Both en lui lançant un regard noir. Ses prunelles vertes quand à elle l’observait mi-amusée, mi-agacée.

« — Je pense que je peux même leur demander de te fournir quelques attributs masuclins qui te permettront de te comporter comme une alpha, si jamais cela t’intéresse.»

Tandis qu’elle finissait sa phrase, le nom de Morrow se fit entendre non loin de là. Un imposant mâle aux couleurs peu discrètes regardait la femelle. Fichtre, voilà que la grisâtre assistait à des retrouvailles. C’était clairement pas sa chance. En même temps vu la ressemblance des deux, cela ne faisait aucun doute qu’ils devaient appartenir à la même fratrie. Les yeux verts d’eau de Neït se levèrent au ciel, bon sang elle n’en avait pas assez d’un fraisier, fallait maintenant qu’il y en ai deux… Enfin peut-être la prêtresse tenait là une perche qui lui permettrait de convaincre la dirigeante des Lazulis à bouger son arrière train. Le nouveau venu resta néanmoins à distance des deux louves, quelque peu intriguée, l’empoisonneuse leva un sourcil. Il avait peur de se faire manger ou quoi ? Bon certes d’un côté il en envoyait par sa taille imposante, mais tout de même. Peu désireuse d’assister à des retrouvailles dégoulinantes, elle se tourna vers le mâle.

« — Je suppose que tu doit-être son frangin, ou un autre membre de sa famille. Bref tu peux te rapprocher, je n’aime pas les fraises alors tu ne risques rien… D’ailleurs vu que tu es là, bien que j’ignore totalement ton nom tu vas pouvoir faire comprendre à ta sœur qu’elle doit se bouger pour exercer sa nouvelle fonction. »

Elle avait pris la parole d’un ton calme en espérant que le frère – si tant été qu’il l’était - soit moins buté que la sœur, il fallait avouer que si les deux avait un sale caractère, Neït rendait son tablier et partait devenir ermite loin de la stupidité canine.

Arleston

Arleston regretta pendant deux secondes de s'être présenté ainsi à ces deux femelles qui semblaient en conflit. Gêné par la conversation, enfin, plutôt par l'échange de joutes, il coucha ses oreilles et réfléchit à comment esquiver ce bazar féminin. Et puis la jolie femelle à la répartie bien travaillée s'adressa à lui et ce qu'elle lui dit piqua sa curiosité. Déjà, elle semblait savoir qu'il était son frère et qu'elle était sa sœur et il essaya de savoir si elle le savait vraiment, peut-être qu'elle était douée d’extra-lucidité, ou alors si elle disait ça simplement en se basant sur la couleur fraisier de leurs deux popotins. Toute cette situation perturbait Arleston. Lui qui, par habitude, restait dans une grotte et vivait comme un vieil ermite rabougri, non seulement l'apocalypse avec l'espère de Dieu en colère l'avait complètement déboussolé mais en plus, il y avait de nouvelles meutes, de nouveaux canins à connaître. Déjà qu'Arleston ne connaissait personne des Brethens, il se demanda où est-ce qu'il allait bien pouvoir aller, tout en espérant que les nouvelles meutes soient aussi cool que les Brethens : il avait pu les intégrer et ne bouger la patte que pour le minimum vital. Son côté paresseux et gros nounours reprenait le dessus sur ça. Il leva les yeux au ciel, exaspéré par toutes ces nouvelles mascarades. Une nouvelle fonction ? Morrow avait une nouvelle fonction ? Mais de quoi diable parlait la rayée ?

"Quelle nouvelle fonction ? De quoi tu parles ?"

Il tourna son regard vers Morrow qui semblait étrangement calme et indifférente. Arleston sentit une petite pic dans son cœur, elle ne semblait pas le reconnaître. Pourtant, il eut la certitude que c'était elle en voyant son regard. Ces yeux-là étaient les mêmes que la petite Morrow dont il avait le souvenir.

"Morrow, tu ne me reconnais pas ? C'est moi, Arleston. Tu te souviens ?"

Et là, il sentit sa tête douloureuse. Et si elle avait oublié ? Et si elle ne se souvenait plus de lui ni de son enfance ? Il resta en retrait, inquiet qu'une d'elles lui saute dessus par rage gratuite même s'il ne craignait en rien une attaque : il était deux fois plus grand et plus lourd que ces deux petites puces. Décidément, il ne pigeait rien à rien et il se sentit comme un boulet à ne rien savoir. C'était l'inconvénient de vivre loin de tous, tout seul à marmonner dans sa barbe et à gueuler quand les oiseaux chantaient trop fort. Il resta abasourdi face à la ressemblance avec cette Morrow et à la véhémence des deux femelles. Mais qu'est-ce que c'était ce bordel ?

Lorsque le prénom de son frère retentit jusqu'à ses oreilles, Morrow resta pétrifiée sur place, ses pupilles prenant l'apparence de petites billes noires sur le grand océan de blanc de ses yeux. Elle resta muette pendant plusieurs minutes, dévisageant l'imposant mâle qui restait immobile et tout aussi surpris qu'elle. La voix irritante de l'autre femelle n'était plus qu'un petit son lointain et sourd. Bien que les faits étaient devant elle, elle peinait encore à y croire. Pendant tout ce temps elle s'y était faite, c'est ainsi qu'elle avait forgé son caractère distant et glacial, car la douleur de perdre les personnes qui lui étaient proches lui avait appris que s'attacher était une faiblesse. Elle avait appris à haïr la vie, à haïr l'amour, les autres canidés, et à se détacher elle-même de sentiments qui pourraient la trahir. Elle n'avait plus de réelle motivation, plus de but ou de rêve, juste des idées noires qui l'incitaient à risquer sa vie sans cesse et à insulter les autres, surtout quand ils étaient heureux.
Peut-être y avait-il une sorte de jalousie ? Mh.. ou plutôt du dégoût. Elle répugnait le bonheur car il était éphémère et douloureux. La vie qu'elle menait n'était pas des plus joyeuse, car elle passait ses journées à parcourir des territoires inconnus, à découvrir de nouveaux paysages, à chasser de nouvelles proies. Et puis ce qui l'amusait parfois, c'était d'attirer les ennuis à d'autres canidés, comme par exemple ramener un ours mécontent sur la piste d'un couple batifolant et aveugle de danger.
Le choc était brutal dans sa tête, et son coeur lui-même peinait à supporter le surplus d'émotions qui s'entremêlaient à ce moment précis dans cette enveloppe corporelle. Perplexité, nostalgie, peine, joie, un gros tas d'emmerde qui lui noua l'estomac et la gorge. Elle déglutit et puis, revenant les pattes sur terre, elle parvint à articuler d'une voix calme et hésitante :

Arleston, vraiment ? Mais c'est impossible.. Je.. Elle s'interrompit car les mots lui échappaient. Puis, après avoir inspiré un grand coup, elle se reprit avec plus de contrôle.

Je croyais que tu étais mort, je t'ai cherché pendant plusieurs mois ! Sa voix et l'expression sur les rides de son visage exprimait une peine immense, refoulée.

Il était évident qu'elle avait abandonné, car les démons noirs qui lui pourrissaient l'esprit à longueur de journée la rendait pessimiste. Elle avait perdu espoir.
Elle dévia son regard sur l'inconnue qui la dévisageait toujours sans pitié et, agacée, elle reprit une mine plus froide.

Oui. Les dieux m'ont élue Alpha des.. Elle chercha un moment dans sa mémoire le nom qu'ils avaient prononcé puis, après un petit temps de réflexion, rajouta :
Des Lazulis, je crois. Mais ils ont du faire erreur, car c'est absolument grotesque.

Arleston

Arleston sentit son cœur se serrer et des larmes lui monter aux yeux. Lui, gros mâle imposant ronchon et aigri se sentait l'âme d'une gamine pendant quelques instants. Il voulait sauter sur Morrow et la câliner mais il savait qu'une telle étreinte la tuerait, elle était bien plus maigre que lui. Il s'avança vers elle, passant devant la Rayée et lui adressant un regard d'excuse puis il baissa la tête.

"Je suis bel et bien vivant et je savais que j'avais raison de te croire en vie."

Il s'assit devant elle, ne voulant pas la brusquer puis il l'observa avec attention, chaque poil de son museau, chaque nuance dans ses cheveux, chaque pétale des fleurs dans sa crinière.

"Qu'est-ce que tu es belle. Tu n'as pas changé."

Il inspira lentement et expira avec longueur, il se sentait transporté dans un autre monde, il se sentait léger d'avoir sous ses yeux sa sœur perdue depuis tant de temps. Ils devaient avoir tant de choses à se raconter. Puis il revint à la réalité et il manqua d'exploser de rire, son côté sarcastique reprenant le dessus.

"Toi ? Alpha ? Mazette."

Voyant bien que le moment n'était pas à la raillerie, Arleston toussota pour atténuer son rire en voyant les yeux sombres de Morrow. Il se tourna vers l'inconnue qui l'accompagnait et comprit pourquoi elle semblait la pousser au cul avec tant d'insistance.

"Ça ne peut pas être une erreur, les Dieux ne se trompent jamais."

Il s'avança et cette fois-ci, il fourra son gros museau dans le cou de sa sœur, son odeur si familière et pourtant si étrangère lui assaillit les narines. Qu'il était bon de la revoir, de la sentir à nouveau.

"Alors comme dit ta copine, tu vas bouger ton popotin couleur fraisier et devenir l'Alpha la plus géniale qu'on ait connu dans ce monde."

Il se redressa et lui adressa un sourire radieux, oubliant son côté patapouf et maladroit. Il suivrait sa sœur dans sa meute, quoiqu'il lui en coûte. Impossible qu'il la quitte à nouveau, c'était impensable.

L’ambiance sur Punk Wolf semblait avoir beaucoup changé depuis l’annonce des membres du panthéon et pour cause ! Tout le monde semblait avoir besoin de temps et de beaucoup de parlote pour régler les nouveaux problèmes qui éclataient. La décision des dieux brisait des couples et plus important encore, des familles. C’était d’ailleurs le cas de Neït. Unique disciple d’Ao chez les siens, cela faisait d’elle la seule à quitter le cocon familial si précieux à ses yeux. La famille était ce qui était devenu le plus précieux après la chute de sa mère, sentir ses sœurs et son frère auprès d’elle était un réconfort indispensable, mais également un moyen d’oublier sa haine envers Nout, bien que avec le temps, Neït commençait peu à peu à l’oublier. Même cet idiot de Grimm ne serait pas avec elle ! Aucun marmots, aucune famille qu’elle connaissait un temps soit peu pour l’accompagner dans son périple. Juste un Glowstick, le regard de la dragonne, sa mauvaise langue et sa solitude. Quatre petites choses qui allaient l’accompagner durant les prochaines années de sa vie, autant dire que la joie n’était pas forcément au rendez-vous sur son visage… Le plus dur dans tout ça, c’était d’assister aux retrouvailles d’une frère et de sa sœur qui visiblement, étaient séparés pour une cause mystérieuse… Le côté plutôt bienveillant de la prêtresse voulait qu’elle soit contente pour les deux loups, d’un autre, cela la confrontait à ce qu’elle s’apprêtait à faire subir à sa fratrie, une séparation… Préférant ne rien laisser paraître, la disciple dAo détourna le regard en fronçant le museau de dégoût, c’était ce qu’elle faisait de mieux de toute façon, passer pour la petite peste.

Retrouver son frère – qui en vérité se nommait Arleston et non pas le fraisier numéro 2… hum – sembla permettre à Morrow de sortit son balais du… du postérieur. Elle semblait légèrement plus agréable, sûrement de meilleur poils que quand la fille de Both l’avait abordé… En même temps vu comment elle lui avait adressé la parole, y’avait de quoi bondir. La meute de loups autour d’eux s’était plus ou moins désintéressée, comme quoi personne d’autre n’entendrait les caprices de la rouge. D’une grande patience, la fille de Sekmêt laissa les deux loups parlaient, ils avaient visiblement pas mal de chose à se dire et elle avait surtout peu envie de mettre son grain de sel dans leurs retrouvailles. La prêtresse frémit en entendant le disciple de d’Aka la nommer dans la conversation, enfin ça c’était avant qu’un sourire moqueur étire ses babines. Décidément, il semblait aimer narguer sa frangine.

« — La plus géniale j’en sais rien, mais au moins le premier fraisier au pouvoir, ça oui.»

Neït avait espoir que si Arleston appuyait la nomination de sa sœur, peut-être que cette dernière cesserait de se braquer et assumerait sa nouvelle fonction comme elle le devait… C’est alors que Neït remarqua mentalement quelque chose, le mâle venait de retrouver sa sœur et visiblement, n’était pas près de la lâcher. Cela voulait dire que la séide allait devoir le supporter lui aussi ?! Poussant un soupir parfaitement audible, elle braqua ses prunelles vertes sur lui.

« — Hum… J’espère que tu sais ce que tu fais en suivant ta fraisier de sister chérie, le Glowstick rouge ne correspond pas aux Lazulis… »

Anastasia ~

Fougère Urticante ...

I

l était beau de voir l'effort commun payer et de voir les sacrifies personnelles récompenser. Cronos fût vaincue, Cronos était parti, Cronos ne les déduiraient pas. La vie était sauve. Anastasia s'écoula au sol, fatiguait par toutes ses épreuves. Après avoir parcourue de nombreux kilomètres à la recherche des Readers, la louve tricolore s'était lancée dans un combat divin. Tout cela dépassait la petite Lanterne qu'elle était, habituée des étagères. Une douce pluie vient alors pleurer sur cette terre meurtri et sur les mortels blesser et fatigués. Habituellement, Anastasia n'aimait pas que les petites perles d'eau s'immisce dans son pelage. Hors, cette fois-ci, elle en était heureuse. La fraîcheur imbibait peu à peu son poil pour adoucir ses muscles bouillants. Une sensation bien satisfaisante que de sentir l'eau coulait sur son visage remplit de sueur.

C

'est alors que les sept Dieux prirent forme devant toute l'assemblée. Ils annoncèrent une nouvelle aire, de nouvelles meutes et de nouveaux loups pour les gérer. La première annonce fût la création des Etelkrus avec à leur tête un ancien Séide et nul autre qu'Elaine. Sa sœur. Le pelage de la femelle tricolore se gonfla de surprise, trillait entre la jalousie et la fierté. Qu'importe, que la gloire et la prospérité l'accompagne. Si les Dieux eux même l'ont choisi c'est que l'intérêt du commun y gagne. Ana' se préparait déjà à lui trouver un petite phrase de félicitation. L'avenir de sa famille se ferai donc chez les Etelkru dirigeait par Elaine. La femelle s'y voyait déjà, avec ses parents, ses frères et sœurs ainsi que son Oncle.

L

a chute fut lourde quand Mido annonça la création des Lazulis. Les chefs en seraient une louve qui lui est inconnue et elle même. Un tourbillon de pensée afflua dans son crâne à lui en donner la migraine. La terre sembla subitement tourner autour d'elle. Elle et sa sœur serait dans deux meutes séparer, même si elles étaient naissante, a un moment donné il y aura des confit entre elles. Et sa famille... Ils étaient tous partisans d'Aka, de Dairo ou de Kiro, sauf sa mère. Mais tous étaient ou allaient être sous la protection de ces Dieux qui n'étaient pas les siennes. Anastasia allait donc finir seule loin de sa famille. C'est à se moment-ci, que quelque part au fond d'elle même elle regretta son tempérament solitaire. Bien sûr, elle pourrait encore les voir, mais se ne serait plus du tout la même chose.

S

on museau se redressa comme si de rien était, impassible et droite comme à son habitude. Pourtant, malgré ce masque, elle ne savait pas, elle ne voulait pas, elle aurait aimée fuir loin d'ici et de toute responsabilité. Son regard balaya l'assistance en quête de son nouveau binôme. Rien qu'au nom, elle savait déjà qu'elle serait avec une autre louve. Chose qui la régissait d'avance.

C

'est à coup de "Morrow, c'est qui?" et "Je crois que c'est la solitaire la bas" qu'elle parvient enfin à trouver la louve rougeoyante. Visiblement, elle était déjà bien occupée Anastasia' se mit donc de manière visible sans pour autant être trop près pour ne pas empiété sur la vie privé de sa nouvelle partenaire. Visiblement, leur prêtresse avait déjà pris contacte avec elle.

La flatterie de son frère se répandit dans Morrow comme une pulsation électrique, pinçant une fraction de seconde son coeur de pierre. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti une telle sensation et cela lui donna un goût amer dans la gueule. Sa gorge se noua et elle s'efforça de déglutir avec lenteur pour reprendre le contrôle de ses émotions. Elle retroussa ses babines en une sorte de sourire, chose qui la surprit elle-même et elle l'effaça aussitôt qu'elle en prit conscience. Elle l'écouta parler et, sans répondre, le fixa de ses iris luisantes. La raillerie — bien qu'il n'y avait aucune méchanceté de sa part — fit durcir les traits de Morrow qui prenait ça très au sérieux. Elle savait que c'était une chose totalement absurde et la remarque de son frère sonnait comme une vérité tu à ses oreilles.
Elle ne lui en voulut pas, mais quelque chose la poussa à se blâmer, car maintenant qu'elle se tenait devant son frère, elle regrettait qu'il la voit ainsi. La petite fille joyeuse et sensible de sa jeunesse était devenue une adulte renfermée, désagréable et froide. Elle esquiva son regard un bref instant, le déviant de nouveau sur la prêtresse qui semblait dégoutée. Arleston l'avait sûrement senti car il s'était rapproché et, à son grand étonnement, câlina Morrow. D'un air éberlué, elle se laissa faire sans grincher. La tendresse de son frère la rassura malgré son renfermement, et bien qu'elle avait oublié ce qu'était l'amour, elle était contente de le revoir.

Même l'attitude condescendante de la rayée semblait s'être atténué pour laisser place à des encouragements, pas très pertinents certes, mais c'était déjà ça.

Je n'en suis pas si sûre. Répondit-elle d'un ton sec et pleins de culpabilité.

Qui accepterai de suivre une inconnue qui s'est moquée d'eux, terrée dans son coin en attendant la mort, pendant qu'ils combattaient contre le destructeur de notre monde ? Ils ne connaissent que ça de moi. Je n'ai pas de pouvoirs comme vous, et je n'y connais rien en vos dieux. Pourquoi m'auraient-ils choisi ? Ce n'est qu'une maudite farce.

Son regard glacial allait et venait entre ceux de ses interlocuteurs, sans vaciller, intense. Ses paroles étaient durs et elle parlait d'une voix sans timbre.
Ses sourcils froncés lui donnait un air farouche. Il n'était plus question de se moquer d'elle ou de taire des mensonges juste pour la convaincre. Elle n'était pas naïve et au contraire, restait lucide et très réaliste.

Les paroles de la prêtresse ne fit qu'accentuer son refus, elle plissa les paupières et ajouta, avec plus de tendresse :

Il est hors de question que je te perde à nouveau Arleston.

A peine sa phrase eut-elle fini qu'un autre canidé approchait. Morrow déporta son regard sur l'arrivante et la dévisagea jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'il s'agissait de l'autre Alpha. Anastasia, de ce que sa mémoire lui rappelât. Elle soupira, cachée derrière un mur de silence.

Arleston

Arleston resta contre sa sœur un instant avant de se reculer, ne voulant en aucun la gêner par d'éventuelles preuves d'amour fraternel qui pourrait lui porter préjudice. Le gros mâle se retourna vers l'autre louve, ahuri.

"Comment ça ? Je ne peux pas le garder si je la suis ?"

Il baissa son regard doré sur son bracelet dont un des piques brillait d'une lueur rouge sang. C'était invraisemblable, pourquoi devrait-il s'en séparer ? Aka est le seul dieu dans lequel il s'était reconnu : fort, balèze, protecteur. Et son pouvoir était tout ce qu'Arleston pouvait faire de mieux, il n'avait aucune autre qualité que de se transformer en un bloc de roche dépourvu de vie pendant quelques secondes. Il baissa ses oreilles mais les redressa sur le champ en entendant la voix de Morrow. Il se leva et entreprit de faire quelques pas, tel un fauve en cage. Bien qu'il ne ressentait aucune agressivité ni hâte, il se sentait obligé de bouger pour parler. Rares étaient les fois où la parole sortait de sa gueule massive.

"Qui ? Eh bien, tous les gens qui ont confiance en la volonté divine, déjà. Et ça fait déjà une belle brochette d'individus. Et puis les gens qui te connaissent, vraiment, qui savent que tu es capable de grandes choses. Mais déjà, il faudrait que toi tu le saches."

Arleston finit ses cent pas en s'asseyant près de Morrow, à ses côtés et face à l'autre louve qui... D'ailleurs, qui était-elle ? Il plongea ses yeux dans les siens, étrangement beaux, et s'enquit :

"Et toi, au fait ? T'es qui ?"

Aucune haine ni agressivité, comme toujours, Arleston n'était jamais d'une nature méchante. En entendant Morrow, il se pressa contre elle, comme une réponse à sa promesse. Jamais ils ne se quitteraient, il la suivrait jusqu'au bout du monde même si pour ça, il devait abandonner sa seule réelle qualité offerte par les Dieux. Le mâle fraisier redressa sa colonne vertébrale en voyant arriver une autre louve plus loin. Elle avait des couleurs pâles et deux nattes étroitement serrées se balançaient autour de sa gueule. Gueule qui, soit dit en passant, semblait terriblement renfrognée. Arleston abandonna d'essayer de comprendre, et pria simplement pour que cette nouvelle venue ne cherche pas querelle aux deux lionnes hérissées déjà présentes.

V

isiblement, Anastasia avait attirée l'attention de la petite assemblée, chose qui était voulue après tout. Les deux loups rouges entretenaient déjà une conversation bien intéressante, conversation qui se tue quand elle se rapprocha. Au vu de leurs pelages, ils étaient de la même famille. A distance respectable, la tricolore s'arrêta. Elle détailla brièvement le mâle, qui aurait pu lui paraître beau garçon si elle n'était pas complètement dévastée émotionnellement, de même pour sa potentielle collègue. Le rouge leurs allaient bien. Son regard passa un peu plus de temps sur cette fameuse élu, c'était donc elle. Ses yeux se plissèrent légèrement, elle n'avait pas participée au combat. Cela ne lui plaisait gère, mais dans le fond, ce n'est pas son souci, pas pour le moment.

"Bonjour, mes Dames, Messire."

L

a louve à la chevelure d'encre se tue un instant avant de reprendre.

"Je suis Anastasia. Ma venu n'est peu-être pas approprier pour le moment au vu d'une conversation important entre vous. Toutefois, j'aimerai m'entretenir avec vous, Morrow. Le plus vite serait le mieux, mais je peux parfaitement comprendre que vous ayez des affaires familial à régler avant."

R

espectueuse et formelle, il était facile de voir l'empathie en elle, malgré cette façade de marbre. Anastasia étira ses babines pour créer un sourire, mais tout comme son interlocutrice principale, cela n'était pas une tâche facile. Contrairement, à l'approche de la prêtresse, Ana' voulait lui montrer que peu importe ce qu'elle a pu entendre sur son chemin. Elle ne lui manquerait pas de respect ou ne lui ferait subir de quelconque préjuger.

Désolée Alth' j'ai voulu t'attendre mais étant donné que le rp commence à durer, j'ai voulu avancer. :c

La rouge se contenta de répondre à son frère par un petit grognement et une mine renfrognée. Elle n'était pas vraiment convaincue, et personne ne la connaissait de toute façon. Elle posa son regard vide sur la nouvelle végétation qui poussait encore sous ses yeux à certains endroits, à un rythme accéléré par les dieux. Bien que cela soit impressionnant, elle restait de marbre, impassible. Puis elle déporta son attention sur la nouvelle arrivante qui s'arrêta devant eux.
Elle est bien jeune.. pensa Morrow en l'observant. C'est encore pire que ce qu'elle pensait.

Le parfum de cette jeune chef n'était pas inconnu à la rouge. Elle l'avait déjà croisé.. mais où ? qui ? Impossible de s'en rappeler, tant elle se désintéressait de tous ceux qu'elle croisait. Elle haussa un sourcil et l'écouta parler, les paupières mi-closes. Ses bonnes manières étaient encore plus grotesques que la situation aux yeux de Morrow, qui se retint de rire à gorge ouverte devant elle. En tant réel elle ne se serait absolument pas gêné, mais elle préférait éviter les emmerdes, surtout devant son frère. Elle lança un regard complice à celui-ci qui, — elle le savait — la comprendrait.
Elle n'avait guère envie de se déplacer pour parler dans le dos de son frangin retrouvé, qu'y avait-il de si privé ? Elle grimaça et voulut refuser sa demande, mais lorsque son regard de braise croisa celui implorant de son frère, elle roula des yeux vers les ciel dans un moulinet du museau, et souffla d'un air désabusé.

Bien bien bien.. Allons y. Grommela-t-elle, tout en se levant et en suivant la femelle, tirant la langue dans une expression de dégoût dans son dos. Non pas qu'elle la dégoûtait, mais toute cette politesse en revanche, toute cette courtoisie, c'était juste de la pure hypocrisie. La gentillesse était encore quelque chose de nouveau pour elle, et il lui faudrait du temps pour s'y accommoder.

» Vekah : Neït est très… directe, c’est son caractère. En disant « ado » je ne désigne pas la manière dont je perçois ta louve, mais comme elle, elle la voit x)
En gros faut pas prendre tout ce qu’elle dit au pied de la lettre…
» Aishi : Y'a pas de soucis t'inquiètes !

Le manque de confiance de la solitaire – enfin maintenant meneuse des Lazulis – commençait royalement à devenir enquiquinant. Neït avait du mal à croire comme cette louve pouvait douter autant, les dieux venaient de lui donner une mission d’une importance capitale et Morrow s’entêtait à ne vouloir en faire qu’à sa tête… D’ailleurs, la prêtresse ne releva même pas les incertitudes de la rouge car son frère venait de s’en charger. Un bon petit soldat… Au moins peut-être que les paroles d’Arleston auraient plus d’effets que les siennes, elle l’espérait… Les prunelles fauves de Morrow se posèrent derrière son frère et intriguée, la fille de Sekmêt suivit son regard. Non loin de là se tenait une louve, celle qui ressemblait encore aux yeux de Neït à une adolescente bien que quelques mois les séparaient. L’une des filles d’un des lieutenant Brethens. Le disciple d’Aka tira Neït de ses pensées qui passa sa langue sur le museau afin d’en retirer les gouttes de pluie qui en dégoulinaient, un geste inutile car d’autres se formeraient quelques secondes plus tard…

« — Eh bien la déclaration des dieux me paraît plutôt claire, la meute des Lazulis est principalement constituée des disciples d’Ao, Mido et Moiro, tandis que les Etel bidules chouettes, rassemblent les disciples d’Aka, Kiro et Dairo. J’imagine donc que si tu veux suivre ta sœur, il va falloir que tu changes de couleur et devenir ainsi le disciple d’une des divinités des Lazulis. Tu peux tout aussi bien demeurer sans Glowstick aussi je suppose, à vrai dire ce ne sont que des suppositions...»

Ce n’était pas un choix qui se prenait à la légère, changer de divinité pouvait changer bien des choses… Neït ne se voyait pas être fidèle à une divinité autre qu’Ao, à ses yeux autant rester sans Glowstick si ce n’était pas pour suivre sa déesse. Elle passa joue avec son Glowstick/piercing qui était sur langue, une infime source de distraction. Arleston qui jusque-là faisait les cents pas, finit par se mettre aux côtés de sa sœur laissant Neït avec un vide à ses côtés. Bah, cela ne changerait pas de d’habitudes de toute façon. Elle fronça les sourcils en l’entendant lui poser sa question et laissa s’écouler quelques secondes avant de répondre.

« — Neït, disciple d’Ao et fille de Sekmêt et Both, des loups qui ne doivent rien t’évoquer… oh et aussi, ancienne séide...»

La deuxième meneuse des Lazulis se présenta, obligeant les prunelles verts-d’eau de Neït à quitter ceux de son interlocuteur. Anastasia. Elle employait un vocabulaire qui serait sûrement fort agréable pour Morrow d’entendre, mais l’ancienne séide voyait clair dans le jeu. Les prunelles vertes de la jeune louve trahissait une certaine froideur et on voyait clairement que son sourire n’était pas naturel. Enfin la disciple d’Ao le remarquait, elle connaissait ce genre de comportement, mais les autres ? … La meneuse fraisier suivit sa « collègue » visiblement à contre-cœur. Hum, visiblement il était difficile de la berner, c’était un bon point que Neït nota dans un coin de sa tête au cas-où. C’est ainsi qu’elle se retrouva seule avec Arleston pour seule compagnie, aurait dû-t-elle s’en réjouir ? Moyennement, toutes ces formalités l’ennuyaient au plus au point, elle n’avait qu’une envie, trouver un abris et retourner à la confection de ses poisons.

« — Et encore de la parlote… ça risque de durer un moment cette fois, le temps que l’autre déballe ce qu’elle à dire… En voilà une sacrée paire d’alphas...»

Un soupir s’échappa de sa gueule. Vraiment, dans quoi elle s’était embarquée ? Peu désireuse de continuer à rester debout, la louve posa son arrière-train sur le sol en jetant coup d’œil à sa natte qui était vraiment dégoûtante à cause de la boue et autres éléments naturels… Une petite coupure au niveau de sa patte attira son attention et elle retira de ses cheveux une petite fiole dont s’échappait une odeur âcre. Aux yeux de certains, une blessure aussi petite ne risquait rien, mais Neït avait vu suffisamment de cas d’infection liée à des coupures qu’elle ne préférait prendre aucun risque. Elle versa quelques gouttes de la fiole avant de la refermer puis de se tourner vers le fraisier version disciple d’Aka. La Lazulis poussa la fiole vers lui dans un infime élan de gentillesse.

« — Tiens si tu as des blessures, mets-en quelques gouttes dessus, ça les nettoiera et limitera les risques d’infection. J’avoue ne pas vraiment remarquer à cause de ton pelage mais si tu es blessé quelque part, signale-moi, je regarderais ça en attendant que ta sœur finisse de converser. »

Arleston

Retrouvés depuis si peu de temps, Arleston vit sa sœur s'éloigner de lui bien trop rapidement à son goût. Il plissa les yeux et pencha la tête pour voir où la nouvelle venue emmenait sa chère sœur, sans pour autant entendre ce qu'elles se disaient. Qu'importait, Arleston se sentait prêt à faire le gorille et protéger son Alpha de sœur si cette beige aux longues couettes noires l'asticotait. Il dégonfla quelques peu ses pectoraux et regarda la Rayée maintenant face à lui. Elle était jolie, ses grands yeux jaunes l'ensorcelaient presque. Il secoua la tête et l'écouta avec attention. Ainsi donc il fallait qu'il change de Dieu référent pour suivre sa sœur sinon il était obligé d'appartenir à cette meute, les Etel trucs machins chouettes, comme le disait si bien la grande louve à la tresse. Il dressa ses grosses oreilles sur son crâne massif et parut courroucé. C'était une honte de faire un choix pareil mais la question ne se posait même pas, il renoncerait à Aka et il suivra sa sœur quoiqu'il arrive. Elle se présenta enfin et en effet, la mention de ses parents ne lui évoquait rien du tout. Déjà qu'il ne connaissait personne de chez les Brethens, alors il ne fallait pas s'attendre à mieux concernant les Séides. Neït était donc son doux nom. Il sourit, satisfait d'en savoir plus sur elle et d'une voix détachée, il se présenta également :

"Arleston, frère du fraisier à longs cheveux. Enchanté, Neït."

Il sourit d'un sourire éphémère, son regard bloqué sur sa sœur qu'il apercevait au loin. Qu'est-ce qu'elles pouvaient bien se dire ces deux-là ? Il allait se lever quand Neït les qualifia de sacrée paire d'alphas. Ah. Il se rassit, dépité, et en déduit que la couettée était sa compagne d'alpha. Étrange. Du plus loin qu'il savait, le couple d'Alpha était souvent un mâle et une femelle. Il glissa un regard à Neït puis aux deux en pleine conversation, se disant qu'il allait rejoindre une meute majoritairement féminine, menée par des femelles. Encore heureux qu'il n'était que ronchon et pas misogyne. Il s'ébroua et vit que la Rayée était assise et qu'elle lui tendait une fiole. Il sourit, et reposa son postérieur sur le sol. Il attrapa la fiole et l'observa avec méfiance, son regard passant de la petite bouteille à sa propriétaire.

"Merci bien. En plus d'être prêtresse, t'es guérisseuse ? Sympa, la double fonction."

Il ouvrit la fiole et renifla d'un air méfiant. Ça puait, sincèrement. Il aurait préféré poser sa truffe sur un poisson mort mais bon. Il renversa avec précaution quelques gouttes de lotion sur sa coupure et il serra les mâchoires, une légère fumée s'échappant de sa chaire à l'air libre. Le liquide piquait, et Arleston grogna de surprise. Il reboucha la fiole et la fit rouler vers Neït, la mine déconfite, le museau légèrement retroussé dans une expression douloureuse de dégoût. Il observa sa patte, curieux de voir une quelconque magie opérer, puis il la reposa sur le sol.

"Pff, merci de la proposition mais je me suis plus ramassé sur le sol qu'autre chose, alors à part des bleus, je dois rien avoir."

Bien que la proposition de l'ausculter sous toutes ses coutures ne lui déplaisait pas, Arleston se voyait mal draguer le jour-même des retrouvailles avec sa sœur qu'il pensait perdue jusque là. Mais le gros mâle ne pouvait pas se sentir coupable, cette odeur si douce et si enivrante dans l'air... Et en plus provenant de trois femelles autour de lui, c'était compliqué de résister. Bien que sur les trois femelles, seules deux pouvaient l'intéresser, ne souhaitant aucunement de l'inceste, bien que sa sœur était très jolie, il ne... enfin bon, il chassa cette idée ridicule incestueuse de sa tête en la secouant légèrement. Arleston bailla aux corneilles, son immense gueule dévoilant ses crocs acérées. Puis il reporta son attention sur les deux Alphas.

"Qu'est-ce qu'elles se racontent, ces deux-là ?"

V

isiblement, tous cela ne la réjouissait pas, pas plus qu'Anastasia à vrai dire. Avec une mine un peu renfrogné, la louve bordeaux accepta de lui donner un peu de son temps. La tricolore tourna donc les talons pour s'éloigner des deux autres loups, leur conversation été la leurs. Elle ne remarqua même pas la grimace que lui fit son aîné dans le dos. Qu'est-ce que cela aurait été ci elle l'avait vu... La femelle sombre ne voulait pas juste s'éloigner, mais aussi de quoi trouver un endroit où le ciel ne leur tomberez plus sur la tête. Parce que la pluie c'était bien un moment, mais pas trop non plus.

C

e n'est que sous un simple arbre déraciné adossait un semblant de mur qu'elles trouvèrent refuge, les meilleures places étaient déjà prises pour les blessés. D'ici, elles pouvaient encore voir les deux autres loups qu'elles venaient de quitter. Ana' assit sur le sol légèrement humide, se n'était pas tous à fait la définition même d'être à l'habit, même il ni avait pas mieux plus prêt. La louve invita la solitaire à prendre place à ses côtés. Un petit moment passa sans qu'elle ne dise rien.

"Je ne sais pas ce que vous avez décidée... Le choix qui se porte à nous n'est pas simple. Ni pour moi. Ni pour vous."

E

lle désigna du bout du museau le mâle rouge un peu plus loin, qu'elle supposait être le frère de son interlocutrice, puis son regard se pausa sur un groupe d'Etelkru qu'elle connaissait bien. Elle aussi avait de la famille, de l'autre côté, tout comme elle.

"Ci les dieux nous ont choisi se n'est pas un hasard, je l'espère du moins... Car, je n'aurais pas pris cette place par ma propre initiative."

S

es paupières se plissèrent sous ses mots, on pouvait sentir l'amertume qu'elle avait face à cette situation forcée. Ana' se portait très bien dans la solitude de la bibliothèque. Elle n'avait nul besoin et nul envie de devenir ce que le destin voulait faire d'elle.

"Toutefois, j'accepte le rôle que l'on veut me donner."

Elle marque une brève pause et reprit:

"Il est bien plus facile pour moi, de prendre ce genre de décision. La vie de meute et les Dieux font déjà partie de ma vie. Mais vous... Vous êtes une solitaire en dehors de tout cela. Il serait normal que vous ne vouliez pas de se fardeau. Sachez que si vous choisissez de garder votre liberté, je me chargerai de la suite sans vous importuner. En revanche, si vous êtes prête à sauter le pas et à mener cette nouvelle expérience avec moi. Je vous aiderai dans cette nouvelle vie qu'est la vie de groupe et celle auprès des Dieux."

S

es prunelles de jades cherchèrent ceux de la louve rouge. Anastasia n'était pas le meilleur exemple de sympathie, mais son sens de la solidarité arrivait parfois à remonter la barre. L'ancienne Brethen attendit une réponse, peu importe ce que cela pouvait être, oui, non, plus tard. Elle irait de l'avant avec ou sens elle, même si elle espérait que la décision de l'autre femelle soit positive. Si les Dieux avaient décidé de cela, nul doute que s'était pour la prospérité de leur espèce.

"Et puis, pour une fois que les Dieux mettent deux femelles à la tête d'une meute... Casser ce stéréotype de la nécessité d'avoir au moins un mâle aux commandes n'est-il pas tentant?"

S

on regard se fit plus malicieux, car oui, oui, Ana' était ravi que cette solitaire soit promi à être son binôme, car du même sexe qu'elle.

Elle traîna son corps lourd jusqu'au dessous d'un grand chaîne à demi-mort suite à la récente tempête, l'eau s'égouttant à grosses gouttes de son épais pelage maintenant terne. Le visage ferme, elle pausa son arrière-train à quelques pas de l'autre femelle et la dévisagea, sans un mot, avec insistance. Elle l'écouta attentivement, gardant ses propres commentaires pour elle, les yeux mi-clos avec cette expression si familière d'indifférence. Puis quand vint le moment de répondre, c'est d'un ton sans timbre qu'elle s'adressa à l'autre meneuse :

Je me répète, mais cette situation est totalement absurde. Non mais sérieusement.. Elle lâcha un bref rire évasif incontrôlé, tant ce qu'elle s'apprêtait à énoncer était aberrant et stupide à en faire croire les plus naïfs. Puis elle se reprit finalement, chassant sa mèche mouillée d'un geste circulaire du museau.

Qui m'accepterait comme dirigeante hein ? Je me suis cachée durant ce gros carnage et j'ai ris des défaites de certains. Comme tu l'as si bien compris, je ne suis qu'une solitaire donc toutes vos croyances et vos histoires me sont inconnues, sans compter que j'ai grandi dans l'anarchie. Personne ne me connait, et quelles seraient mes motivations à accepter ce genre de responsabilités ?

Elle fit une longue pause, s'interrogeant elle-même tout en dirigeant son regard froid vers son frère au loin, qui discutait avec l'autre louve. Il est vrai que cette retrouvaille changeait pas mal de chose. Il perdrait son dieu à cause d'elle, son pouvoir.. Et alors ? Si elle reste solitaire, il serait quand même séparé d'elle. Cette problématique la fit cogiter. Quelles solutions lui restait-elle ? Elle abaissa son regard sévère sur le sol, l'expression grave. Quelque chose en elle avait bien envie d'essayer, juste pour saisir l'occasion d'avoir du pouvoir sur certains et de se moquer d'eux. Mais défier les dieux — dont elle avait maintenant la preuve de leur existence — serait sûrement une grave erreur.

Elle releva ses iris flamboyantes vers les prunelles émeraudes de l'autre canidé et puis ajouta, d'une voix marquant la certitude :

Seul mon frère pourra orienter ma décision.

» Ahah t’inquiètes y’a pas de soucis Vekah ! xD

La conversation entre les deux louves au loin semblait s’éterniser. Bien sûr, la jeune Anastasia allait devoir utiliser pieds et mains ~~enfin façon de parler...~~ pour tenter de convaincre sa compagne alpha d’accepter son nouveau poste. Cependant, Neït soupçonnait fort Morrow de n’attendre l’approbation que d’une seule personne. Arleston. Ce dernier ne semblait visiblement pas s’en douter bien que l’inquiétude et l’attachement qu’il portait à sa sœur crevait les yeux, au sens propre du terme d’ailleurs… Plutôt gênée d’assister à cette scène sachant qu’elle renonçait à demeurer auprès de sa famille en devenant une Lazulis, la femelle détourna le regard préférant se vider de ses pensées. Même la pluie qui semblait s’acharner sur sa tignasse lui était désormais passé au-dessus… Elle finit néanmoins par reporter son attention sur le disciple d’Aka et tandis qu’il parlait, un sourire mi-amusé et mi-énigmatique vint flotter sur les babines de la louve.

« — Cela doit être de famille car tu possèdes également une importante tignasse… Rectification, pas guérisseuse, mais empoisonneuse. Je préfère travailler à la conception de poisons ainsi qu’aux remèdes allant avec, cela est nettement plus amusant et augmente le champ de possibilités et de découvertes.»

Malgré les réponses qu’il fournissait, Arleston n’en demeurait pas moins inquiet pour sa sœur. Du côté de l’ancienne séide c’était plutôt de la curiosité qui la traversait. Les dieux semblait beaucoup aimer jouer ces derniers temps en désignant ainsi deux femelles comme couple d’alphas. Sauf si l’orientation des deux demoiselles les contraignaient à les mettre ensemble… mystère, mystère… En tout cas Neït était impatiente de voir si ses hypothèses étaient fondées. La patte de la louve stoppèrent les roulements de la fiole qu’elle dissimula dans sa natte, comme quoi posséder une importante tignasse avait ses avantages lorsqu’on savait quoi en faire.

« — C’est plutôt une bonne chose alors. » Elle suivit le regard du mâle bien que cela ne soit nécessaire étant donné que les prunelles dorées d’Arleston ne fixait rien d‘autre que sa sœur.« Des trucs « alphas » sûrement, cela semble être d’une importance capitale pour qu’elles s’éloignent. Cesse de t’inquiéter, ce n’est pas la petite souris qui mangera le lion. »

C’était bien entendu ironique. Quoique, vu la sociabilité de Morrow qui sait ce qui pourrait se passer...

Arleston

Vif et éclairé, Arleston se rendit compte que la louve en face de lui était une empoisonneuse et le pire était qu'elle s'en vantait ouvertement. Il poussa un petit râle semblable à un soupir, haussant ses lourdes épaules en signe d'acceptation. Il venait de s'étaler une lotion sur la peau que Neït venait de lui filer et elle lui annonçait sans aucune pression que sa passion était de fabriquer des poisons. Il dressa ses oreilles sur son crâne à l'encontre de la prêtresse et s'enquit d'une voix légèrement amusée et sarcastique :

"Tu me donnes l'antidote quand ?"

Il montra du regard sa patte blessée sur laquelle le liquide mystérieux pénétrait lentement sa chaire. Un large sourire se figea sur sa gueule épaisse, ses yeux rieurs cherchant une esquisse d'un sourire chez la Rayée. Il se leva et étira chacune de ses pattes, ses muscles douloureux à cause de la claque monumentale qu'il s'était prise contre Cronos lui donnaient l'impression d'être un vieil ancêtre. Il était déjà aussi aigri qu'un vieux, alors pourquoi pas avoir le corps qui irait avec le mental ? Il bailla et s'approcha de sa sœur discrètement, restant devant Neït. Ses oreilles tintèrent quand il entendit la voix de sa sœur dire à voix haute que seul son frère l'aiderait dans ce choix. C'était tout décidé pour Arleston. Il bondit, s'approchant des deux femelles Alphas d'une démarche lente et pataude.

"C'est simple, sœurette. Tu es maîtresse de ton destin mais réfléchis bien aux diverses possibilités. Soit tu abdiques, moi je renonce à Aka pour toi dans tous les cas et on devient solitaires tous les deux. Mais au milieu des Lazulis et des Eteltrucs, on aura pas beaucoup de place pour se la couler douce. Ou alors, tu restes alpha, tu as des terres à toi, enfin, à vous et on se la coule douce sans plus jamais devoir bouger toutes les deux lunes sans être sûrs de trouver de la bouffe. En plus, sous la protection d'une meute, on sera tranquilles, plus de contraintes car c'est toi qui imposera ta loi, on ne sera plus jamais séparés l'un de l'autre. Plus jamais."

Il s'approcha de Morrow et d'un geste tendre, il posa son museau contre son cou. Leurs fourrures si similaires semblaient se mélangeaient, ce qui pouvait créer une bête à deux têtes et huit pattes. Il lança un bref regard à l'autre alpha, guettant sa réaction. Si c'était lui qui pouvait orienter sa sœur, alors il rassemblerait tous les arguments pour qu'elle accepte ce rôle divin.

"Je sais que toi et les Dieux, ça fait deux. Mais j'étais, jusqu'à ces derniers temps, un fervent défenseur d'Aka et je trouve que les dieux sont souvent intelligents et réfléchis. S'ils t'ont désigné, c'est que tu feras une alpha hors-du-commun."

Il sourit, retirant sa tête de la fourrure dense de sa sœur. Son regard anxieux ne lui échappait pas. Arleston savait que Morrow ne se laisserait pas aussi facilement convaincre, et en plus, avec son glowstick rouge autour de sa patte, il était encore plus dur de faire le choix. Alors entre une meute imposée à cause d'Aka et sa sœur, Arleston prit sa décision et sans crier gare, il retira son bracelet à pique et le posa à terre. D'une patte lourde, il écrasa la minuscule fiole rouge dont le liquide s'évaporant dans une fumée mystérieuse. Une sensation étrange l'assaillit. Il demanda, mentalement, pardon à Aka de le renier ainsi mais Morrow comptait plus que tout à ses yeux, maintenant qu'il l'avait retrouvé. Il récupéra son bracelet et l'enfila de nouveau, un pique en moins. Il planta son regard dans celui de Morrow, sachant pertinemment que ce qu'il venait de faire était peut-être inconscient aux yeux de certains mais cela lui importait peu. Il sourit d'une manière arrogante et ponctua sa phrase d'un clin d'œil.

"Et puis, en tant qu'alpha, tu pourras botter les culs qui ne te plaisent pas."

Il balaya les deux autres femelles présentes d'un regard plein d'excuses d'avoir dit des choses aussi grossières. Arleston s'assit, calme et aussi droit que son imposante carrure lui permettait. Maintenant, c'était à Morrow de décider de son destin. Pour Arleston, le choix était fait. Sans ce glowstick rouge, il était libre d'aller où il voulait avec sa sœur, que ce soit en territoires Lazulis ou en terres libres.

A

nastasia l'écouta attentivement, même si son cerveau avait juste envie de s’éteindre et ses pattes de partir sur une plage de sable blanc. La louve bordeaux avait raison, son inaction lors du combat pouvait être pointer du doigts, mais là aussi peut-on en vouloir à quelqu'un qui ne sais rien d'ici? La question était assez délicate et l'action était dû passer. Rien ne pouvait changer à cela à présent.

"Personne ne sait qui vous êtes, cela n'est-il pas une raison de plus pour avancer et recommencer?"

P

uis, la conversation se tue dans un silence grave et de réflexion. Ana' laissa la solitaire à ses songes, elle ne pouvait prendre de décision à sa place. Elle en profita donc pour nettoyer ses pattes, bien trop sale à son goût. Un mélange de boue et de sueur étouffait le pelage entre ses coussinets, rien de bien raffiné en soit. C'est alors que le museau rougeâtre de la louve se releva, annonçant que seul son frère pourrait l'aider à trouver la bonne voie. Les prunelles émeraudes d'Ana' se posèrent sur son interlocutrice sûr de son choix. Elle ne comprenait pas pourquoi elle mettait le destin de sa vie dans les pattes de son frère. Jamais, elle n'aurait donner son destin à Athelstan. Pour rien au monde, hormis les Dieux pour le coup, ne pourrait prendre de tels décisions à ça places. La tricolore présuma alors que le lien fraternel qu'ils avaient été suffisamment fort pour permettre cela.

A

ussi rapide qu'un éclair et tout aussi sournois qu'un serpent, le dis frère viola l'intimité de cette conversation en si mêlant. Bien qu'au final, il arrivait au bon moment, évitant ainsi que cela s'éternise. Ana' ne cacha pas son léger agacement pour cette transgression avec des coups de queue vifs et un regard soutenu, toutefois, elle ne râla pas pour la raison dit plus haut. Les attentions dernières les mots du mâle était correcte, mais la façon de le dire arracha la gueule de l'ancienne Brethen. Elle espérera ne pas être tombaient sur des profiteurs cupides, mais plutôt sur des solitaires à la pensée maladroite. Le loup rouge était lui aussi un Brethen, "d’adoption", mais un Brethen. Il ne pouvait pas être de se bord là, s'il était rentré dans cette meute. Ce dernier se rapprocha de sa sœur et lança un regard à Ana'. Elle lui fit signer de poursuivre, vu que c'était visiblement à lui de décider. Passive, elle écouta sagement. C'est alors que le mâle rouge cassa son glow' d'un coup de patte sec et déterminer. Voilà qui était expéditif. Anastasia était quelque peu outré et admirative de cette détermination:

"Voilà qui est fait... Il ne serait pas étonnant que tu es des petits soucis avec les Dieux par la suite."

I

ls étaient susceptible mine de rien. Son museau blanc se tourna donc vers la louve rouge. C'était à elle de jouer à présent.

A peine eut-elle finit sa phrase que son frère se dirigeait vers elles. Perspicace, la rouge devina rapidement qu'il écoutait discrètement et que la prononciation de son nom l'avait attiré. Morrow esquissa un bref sourire à celui-ci en admirant sa démarche d'ours grincheux qui traînait des pattes, tête baissée, remarquant au passage l'expression de mécontentement sur la gueule de l'autre Alpha. Toujours aussi impatient.. et curieux ! Il n'a pas changé.

Elle l'admira, revoyant le petit loupiot furtif avec lequel elle faisait pleins de conneries, et puis vint le moment où elle écouta ses arguments, d'une expression plus froide et lassée. Ils étaient fondés et convainquant, car Morrow abaissa le regard vers le sol, le visage dur, pensive, ruminant sur toutes les solutions envisageables.
Il n'avait pas tort sur un point, la vie de solitaire a de nombreux avantages, comme la liberté et le choix, mais au fond, qu'est-ce que la liberté quand on est chassé de certaines terres plus enrichissantes ? Qu'est-ce que la liberté quand on ne peut chasser les bêtes que l'on veut où l'on veut ? En réalité, leur liberté était sous l'emprise des règles des autres meutes, qui elles, étaient bien plus dominantes grâce à leurs effectifs, donc impossible à contredire lorsqu'on est seul. Morrow le savait, leurs pouvoirs leur donnait bien plus de puissance. Et qui est-ce qui paye quand il y a des sécheresse et des pénuries de proies? Les solitaires.

D'une caresse attendrissante, il la sortit de ses pensées. Elle ferma les paupières pour savourer le parfum perdu de son frère puis après quelques instants, lorsqu'il se retira, elle répondit :

Et ton Dieu à toi ? Tu es vraiment sûr ?

Son regard se faisait intense et rempli d'amertume, elle regrettait sincèrement d'imposer un tel dilemme à son frère à peine retrouvé. Sa réponse fut rapide, il cassa son Glowstick sur le sol d'un geste de la patte et la lumière rouge qui était si vive s'évapora comme un mauvais gaz. Morrow l'observa s'évanouir dans l'air avec stupeur, alternant son regard entre son frère et le gaz, les mâchoires légèrement entre-ouvertes.
Elle esquissa un petit rictus d'amusement et de manigance à son commentaire, son regard sournois roulant sur la rayée qui l'avait provoqué il y a plusieurs minutes. C'est vrai que l'idée lui plaisait plutôt bien. Puis maintenant elle n'avait plus vraiment le choix, son frère venait de briser son Glowstick pour elle, alors il n'était plus question de le décevoir.

Elle planta son regard noir dans les yeux d'Ana, de Neit et puis enfin d'Arleston, s'adoucissant à l'approche de ses prunelles ambrées. Tant de responsabilités l'inquiétait tout de même, car elle allait vraiment repartir de 0.

Tu me soutiendras, n'est-ce pas ? Promets-le.

Sa voix était à la fois douce et fatale, car Morrow était totalement étrangère à tout ça et son frère était la seule personne à qui elle avait pleinement confiance. La seule. Le savoir en sécurité et pouvoir vivre sereinement avec lui à ses côtés la réconfortait au fond d'elle, et dans cette nouvelle aventure, il serait son point d'encrage.

Arleston

Elle ne semblait pas comprendre, et Arleston sourit d'une manière narquoise en entendant Anastasia lui dire qu'il aurait sûrement quelques problèmes avec les Dieux. Il avait envie de lui répondre qu'il s'en foutait, il venait de retrouver sa sœur, rien au monde ne l'importait plus. Mais il se retint, il ne faisait pas bonne figure de mal-répondre aux femelles, encore moins quand celles-ci sont vos camarades de meute et l'une d'entre elles est votre Alpha. Il se tourna vers Morrow et d'un regard rassurant, il hocha la tête, sa fragilité l'étonna, et il voulut la serrer contre lui. Il haussa les épaules, pour signifier qu'à présent, elle n'avait plus le choix. Soit elle repartait en tant que solitaire et elle renonçait à une multitude de bénéfices, soit elle acceptait enfin de faire face à son destin. Il s'approcha d'elle et lui asséna un léger coup d'épaules, ses yeux d'ambre plantés dans les siens.

"Je te soutiendrais toute ma vie, je te le promets."

Il sourit et se retint de la flanquer d'un coup de langue bien baveux dont il avait lui seul la recette. Ce n'était pas des choses à faire devant des témoins, encore moins maintenant qu'elle était alpha. Il s'assit près d'elle et donna un regard de défi à Anastasia. Si elle ne la croyait pas capable d'assurer son rôle, Arleston allait lui donner du fil à retordre. Et Neït, silencieuse plus loin, il allait elle-aussi la convaincre que sa sœur était la louve de la situation. Il se leva et d'un hochement de tête, il indiqua un chemin au hasard.

"C'est par où, le Royaume, majesté ?"

Taquin, ses larges babines s'étirèrent en un sourire arrogant, sourire qu'il avait en commun avec sa sœur. Alors qu'il se préparait à marcher vers leur "camp", il s'approcha de Morrow et murmura dans son oreille :

"Tu ne te débarrasseras plus jamais de moi, sœurette."

Il lui lécha directement l'oreille et d'une voix encore plus douce, il ferma les yeux et prononça discrètement :

"Je t'aime, Morrow, je suis si heureux de t'avoir retrouvé."

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