I tried but I keep falling | Ft. Elaine

Allongée sur un rocher, Callisto feuilletait un livre sur l'astronomie comme à son habitude. Elle savait déjà presque tout ce qu'il y avait à savoir mais elle cherchait toujours plus. Pourtant cette fois, elle avait décidé de relire un livre qu'elle avait lu il y a longtemps. Les images et chaque lettre lui rappelait le jour où elle l'avait lu pour la première fois, alors encore jeune louve innocente qui était prête à croquer la vie à pleine dent. Les explication était claires et simples ce qui montrait bien que le livre avait été écrit pour les enfants. Le vent balayait les quelques mèche qui retombaient sur le museau de Calli malgré sa tresse solidement attachée. Elle tournait lentement les pages et souriait en voyait les dessins mignons des petites planètes.

Puis quelque chose qui dépassait derrière la page suivante attira son regard.

Elle tourna la page et un dessin lui tomba entre les pattes. Un dessin fait de ses mains, réalisé enfant avec les premières choses qui lui étaient tombées sous la patte. Elle s'était dessinée elle avec ses deux papas et sa sœur. Ce dessin si innocent frappa son cœur de plein fouet et elle se remémora l'image de ses deux pères. Richard qui, malgré sa cécité et sa faiblesse, était fort et consacrait son temps à elle et sa sœur. Esterno lui, était un papa bienveillant qui, malgré son poste de chef, faisait tout pour passer un maximum de temps avec sa famille. C'était un loup formidable.

Mais elle ne les reverrai plus jamais, ni l'un ni l'autre.

De chaudes larmes ont commencé à couleur sur ses joues pour venir s'écraser sur le dessin. Son visage se déforma et un hoquet de tristesse est venu secouer son corps rempli de chagrin.
Callisto se sentait détruite de l’intérieur.

Élaine

Le Nouveau Monde semblait plus vaste que l'Ancien, aux yeux de la jeune Alpha, ou alors était-ce car elle n'avait pas eu le loisir d'explorer tous les recoins de terre, d'eau et de forêt avant, à cause de son jeune âge. Quoiqu'il en soit, Élaine se devait de découvrir ces terres récemment sorties de nulle part, elle voulait connaître les coins les plus reclus de ses terres et elle avait décidé de poursuivre sa ronde jusqu'à la frontière séparant le territoire des Lazulis et des siens. Elle arriva d'un pas léger et soutenu, sa patte blessée se portant de mieux en mieux. Elle avait décider de partir en éclaireur seule, afin de réfléchir à toutes ces nouvelles choses qui s'étaient dressées sur son chemin telles des Dolmens du Perdu par millier. Si seulement cet immense caillou existait encore. Elle aurait aimé s'y adosser quelques secondes, admirant le ciel et chaque nuage cotonneux traînant mollement dans cette infinie étendue bleutée.

Elle arriva à un endroit clair où les rochers étaient moins nombreux et moins glissants. Elle s'arrêta un instant et inspira profondément, remplissant ses poumons du maximum d'air qu'ils pouvaient contenir. Elle lança un regard au-delà de l'horizon, s'imaginant la vie de sœur, alpha tout comme elle, dirigeant les Lazulis. Elles étaient si proches, le même sang coulait dans leurs veines et pourtant si lointaines l'une de l'autre. Un hoquet la sortit de ses pensées, elle se redressa, les oreilles droites sur son crâne, prête à interpeller son premier intrus dans sa carrière d'alpha. Elle contourna le rocher et ce qu'elle y vit lui coupa le souffle. Surplombant la vue, Callisto pleurait. Elle s'arrêta net, observant son amie d'enfance, celle qui avait, un jour, partager une de ses mésaventures durant laquelle un oiseau enragé avait attaqué la jeune Élaine. Elle regarda autour d'elle, personne. Elle s'approcha alors du rocher où était couchée Callisto et elle posa ses deux pattes avant dessus afin de se retrouver debout, le museau à quelques centimètres du bout de sa patte.

"Callisto... Comme je suis heureuse de te voir. Qu'est-ce... qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu pleures, Calli ?"

Sa voix douce et dansante exprimait toutes les émotions qu'elle ressentait. La joie de revoir son poil bordeau et sa tresse tirant sur le jaune, l'angoisse de la savoir chez les Lazulis, la tristesse de la voir ainsi abattue. Elle monta ses pattes pour s'étendre encore plus vers elle. Elle ne voulait pas non plus être envahissante ni même menaçante à cause de leur différence de meute. Mais la brune sentit qu'entre elles, aucun racisme n'existait, aucune barrière ne les séparerait. Elle regretta soudainement de ne pas avoir passé plus de temps avec la fille d'Esterno quand elles en avaient encore l'occasion, elle appréciait Callisto, son intelligence et sa curiosité, son regard vif et intéressé caché derrière de fins verres optiques. Et aujourd'hui, ses yeux n'exprimaient que tristesse et douleur.

La douleur dans son cœur ne voulait décidément pas s'arrêter et alors que Callisto donnait toute ses forces pour ne pas hurler, un ombre est apparue devant elle. Elle n'a pas levé les yeux, jusqu'à ce qu'une douce voix lui parvienne et lui fasse comprendre qui venait de faire son apparition.
Levant les yeux, elle croisa le regard vert clair de Elaine, devenue si grande tout comme elle, se dressant fièrement désormais.
Elle était devenue alpha d'une meute sous l'ordre des Dieux et elle avait grimpé les échelons en un coup alors qu'elle était aussi jeune que Callisto. Elle avait des parents bien vivant, unis et elle avait un avenir prodigieux devant elle. A côté, Callisto était orpheline, handicapée à cause de ses pattes arrières, de sa vision horrible et de sa faiblesse en général due à Everbloom.
Elle se sentait comme le vilain petit canard maintenant, sauf qu'elle ne se voyait pas devenir un cygne un jour...

Elle fixa un instant son amie d'enfance dans les yeux, les larmes continuant de couler les long de ses joues, son hoquet cependant arrêté.

"Mes parents sont morts."

Elle avait lâché ça comme si elle ne pouvait plus retenir la douleur de son cœur. Comme si elle se sentait à nue maintenant qu'elle était face à Elaine. L'ex-Brethen serra les dents.

"Je suis faible."

Elle serra ses pattes sur son livre, débordant de rage envers le monde entier et envers elle-même.

"Ma vie est un désastre..."

Elle avait prononcée ces mots avec difficulté, au bord des larmes, juste avant d'exploser en sanglots de nouveau. Callisto avait envie de s'enterrer ou de tout simplement disparaître immédiatement. Elle voulait que tout celà ne soit qu'une illusion,
qu'un rêve...

Élaine

Élaine laissa sa congénère parler, et elle resta coi un instant. Quoi ? Esterno était mort ? La brune baissa la tête et ferma les yeux, la tristesse gonflant son cœur. Elle n'avait pas connu leur ancien chef comme un ami mais elle savait qu'il avait toujours été bon, juste et amical envers ses parents. Et elle savait aussi que Winnifred aimait Esterno comme un frère qu'elle n'avait jamais eu. Après que Callisto ait fini de parler, Élaine resta en suspens sur ses pattes arrières un instant, cherchant ses mots, quelque chose à dire qui pourrait la réconforter mais elle se rendit compte qu'elle était nulle pour consoler quelqu'un. Elle chercha des yeux un endroit où elle pourrait grimper sur le rocher et après avoir vu une place suffisante pour ses petites fesses, elle se hissa au sommet du rocher et s'allongea contre Callisto, flanc contre flanc et elle plongea sa tête dans le cou de la femelle. Elle aurait aimé avoir le pouvoir de sa mère, lui envoyer une petite décharge de bien-être, mais tout ce dont elle était capable était d'ameuter des petits mammifères autour d'elle. D'une voix douce, elle murmura :

"Tu n'es pas faible, Callisto, tu es la louve la plus intelligente que j'ai rencontré."

Elle ignorait si ces mots étaient capables de mettre un peu de baume à son cœur meurtri. Elle ferma les yeux et continua d'une même voix :

"Quand tu es au fond d'un trou, tu ne peux pas être plus bas, il te suffit juste de remonter. Et tu peux prendre le temps qu'il te faut."

Élaine s'improvisait philosophe, maintenant. Elle redressa la tête et d'un coup de langue tendre et affectueux, elle chassa une larme sur la joue de son amie. Elle pouvait ressentir sa douleur mais elle ne pouvait pas la comprendre, elle avait encore ses parents qui étaient en excellente forme, elle était promise à une belle destinée, et elle avait toute son intégrité physique à part cette foutue patte blessée mais tout cela n'était que provisoire. Mais tous ses privilèges ne l'empêchaient pas d'être au même niveau que tous, elle refusait qu'on la traite comme une princesse.

"Comment tu te sens, chez les Lazulis ? Ils te traitent bien ?"

Question bête puisqu'elle imaginait difficilement Anastasia maltraiter l'un des siens mais peut-être que la mentalité là-bas n'était pas la même que celle des Brethens. Élaine resta silencieuse, respectant la douleur de sa consœur, et offrant son épaule pour pleurer, prête à retirer l'épaulière qui protégeait cette épaule.

Callisto se calma peu à eu alors que Élaine tentait de lui lancer des paroles rassurantes. Lors de leur première rencontre, Élaine semblait trouver que Callisto avait bien plus de qualités qu'elle mais aujourd’hui, c'était comme si les rôles s'étaient inversés. Au fond, elle devait s'estimer encore heureuse : elle avait encore des amis même si ils étaient éparpillés un peu partout et surtout, sa sœur Joëlle sans qui elle n'aurait plus la force, qui vivait le même cauchemar qu'elle et qui pouvait l'épauler autant qu'elle. Cependant, elle était tellement proche de ses papas que le choc avait été plus lacérant que prévu. Elle devait faire tout son possible et grimper hors du trou dans lequel elle se trouvait. Elle devait se battre et ne pas se morfondre comme elle le faisait en ce moment. Ça allait être long, ça allait être dur,
mais elle devait le faire.
Sentant le flanc de son amie contre le sien, elle respira profondément et essuya ses yeux encore humides d'une patte.
Elle ne savait pas si elle avait besoin de se confesser ou de se changer les idées. Elle ne savait pas si l'un ou l'autre lui ferait du bien ou si rien ne pouvait la guérir à part le temps... Elle l'ignorait...

Lorsque sa congénère demanda comment elle se sentait dans sa nouvelle meute, Calli ne sut quoi répondre. Elle passait la moitié de son temps seule et n'adressais la parole à presque personne, se contentant pour l'instant de ramener des herbes médicinales chaque jour, le fait d'en récolter lui permettant d'être seule. Elle ne parlait vraiment qu'à sa sœur à vrai dire...

"Ça va... On cohabite..."

Mais les Brethens me manquent plus que tout...
Elle ferma la bouquin devant elle et remit ses lunettes en place. Callisto n'aimait pas se sentir faible ainsi, comme si ce n'était qu'une enfant handicapée qui avait sans cesse besoin d'aide. Oh, bien sûr elle ne blâmait pas Élaine de demander si ça allait chez les Lazulis, elle ne faisait que s'inquiéter, mais elle se sentait encore plus faible aux yeux des autres.
Se redressant, elle a voulu changer de sujet pour ne pas que la situation soit tournée vers elle tout le long se leur rencontre.

"Qu'est-ce que ça fait d'être alpha ?" lâcha-t-elle alors.

Au fond d'elle, elle brûlait car elle ne comprenait pas pourquoi le destin avait décidé de rendre Élaine alpha d'un côté et de prendre les parents de Callisto de l'autre. Qu'est-ce qu'elle avait fait pour mérité ça ? Qu'est-ce qu'elle avait fait en moins par rapport à Élaine pour qu'on lui pourrisse la vie ainsi ? Rien. Et c'est ce en quoi la vie était injuste...

Élaine

La longue crinière de Callisto fascinait Élaine. Ces nuances de rouge, terminées par un jaune solaire tout en passant par l'orange de son glowstick, ses cheveux semblaient avoir capturé un coucher de soleil. Élaine se retira de son étreinte pour l'écouter et elle vit bien qu'elle détournait vite la conversation. Elle se releva, sauta sur la terre ferme et se mit à marcher quelques pas à droite puis à gauche dans une démarche hâtive et impatiente. Qu'est-ce que ça faisait d'être Alpha ? La question semblait si ridicule à ses yeux qu'elle en avait envie d'hurler. Elle aurait aimé vociférer à qui voudrait bien l'entendre qu'être Alpha n'était pas une mince affaire et qu'elle se sentait aussi perdue qu'un louveteau aveugle loin de sa mère en plein hiver. Elle évita de regarder Callisto, de peur que cette dernière voit la détresse mêlée à l'énervement dans ses yeux. Elle s'arrêta un instant de marcher, cherchant ses mots et reprit sa marche en débitant ses mots :

"Eh bien, c'est déstabilisant, angoissant, même. Avoir toutes ces responsabilités sur les épaules. C'est vivre avec la peur constante de décevoir qui que ce soit ou de se retrouver fautive de la perte d'un des siens. Enfin. J'imagine que c'est glorifiant d'être ainsi accablée."

Élaine regretta d'avoir parlé ainsi, ses mots étaient crachés, presque mâchés. Elle baissa la tête et le cou, se trouvant soudainement une passion hors-norme pour le sol et chaque petite pierre le consolidant. Elle n'avait pas à être aussi agressive, surtout envers une amie en deuil mais elle se sentait persécutée ces derniers temps, comme si sa promotion était devenue plus importante qu'elle-même. Elle n'avait rien demandé, les Dieux l'avaient choisie, elle et un autre loup sorti de nulle part tout comme ils avaient choisi Anastasia et Morrow, une solitaire détestable et sarcastique. Qu'est-ce qu'elle y pouvait, elle ? Rien. Elle n'avait que deux choix : assumer ou fuir lâchement. Devenir une Alpha et respecter la volonté divine ou se barrer et ne trouver refuge nulle part car elle serait considérée comme traître à son camp. Élaine lâcha un juron tout bas, les babines retroussées et son regard fut attiré par un minuscule lièvre qui la fixait à quelques centimètres d'elle. Et ce satané glowstick qui attirait les autres êtres vivants. Elle rassembla toute sa force mentale pour ne pas céder à une colère inutile, elle gronda envers le lapin pour qu'il fuit mais ce dernier ne bougea pas d'un poil, l'observant avec une curiosité hors-norme.

Pour avoir eu un père chef, Callisto aurait du retenir que être chef ce n'était pas forcément une partie de plaisir. Pourtant, lorsqu'elle a vu comme la question destabilisait son amie, elle a comprit qu'être jeune ET alpha n'arrangeait en rien les choses. Elle écouta Elaine attentivement, sentant l'exaspération grandir à chacun de ses mots. Au fond, elle s'était peut-être trompé en pensant que sa vie avait prit un tournant bien plus beau que le sien. Certes, être alpha c'était une grand titre que beaucoup convoitaient, mais c'était aussi un poison qui pouvait nous dévorer de l'interieur si on avait pas la force de resister. Callisto rangea le livre dans sa sacoche sur son flac et se leva de toute sa hauteur sur son rocher. C'était devenu une grande et fine louve à l'allure élancée qui traduisait autant sa féminité que sa faiblesse due à Everbloom. Elle observa son ami en contrebas qui tentait de chasser un lièvre comme hypnotisé. Etrange... Pourquoi cet animal ne s'enfuyait pas ? Il était pourtant face à deux louve qui pourrait facilement l'attraper.

"S'il y a bien des choses que j'ai appris de mon père lorsqu'il était chef, c'est que lorsqu'on dirige, il ne faut jamais se laisser déstabiliser et ne pas montrer ses faiblesse."

Elle descendit de son roucher, les breloques accrochées à sa queue se heurant dans un bruit étincellant. Elle s'approcha de son amie pour plonger son regard dans le sien et le detourner de nouveau.

"Les autres autour peuvent être de vrais requins et attendent que tu te montre faible pour t'attaquer. Tu dois toujours garder la tête haute, même si ça signifie que tu dois mentir, sinon tu vas te faire dévorer."

Beaucoup de loup convoitait ce titre et prenait toutes les occasions pour critiquer la manière de diriger. La jeunesse n'aidait pas beaucoup car c'était un point faible qu'ils exploitaient. L'important était donc de ne pas se montrer destabilisé quoiqu'il arrive.

Élaine

Élaine l'écouta d'une oreille, son attention rivée sur le lagomorphe qui ne bougeait même pas une seule moustache. Elle grogna un peu plus fort, histoire de l'impressionner mais rien y fit. Elle se détourna, grognant, les paroles de Callisto étaient justes, mais elle se sentait si mal et si persécutée qu'elle ignorait quoi répondre sans aboyer méchamment. Elle se détourne du regard de son amie et passa à ses côtés, fulminante. Évidemment qu'il ne fallait pas montrer ses faiblesses, garder la tête haute et froide, réfléchir, calculer, anticiper. Mais sa vision des choses étaient terriblement négatives. Elle ne voyait pas les autres, surtout ceux de sa meute, comme des requins à l'affût de la moindre erreur. Elle voulait croire que sa meute deviendrait une famille, soudée, et la confiance étant le maître-mot. Elle baissa les oreilles et finit par s'asseoir, plus ou moins calmée. Elle se frotta les yeux avec ses deux pattes avant et observa son chapelet judicieusement enroulé autour de sa patte.

"Excuse-moi de m'être emportée, Calli."

Elle soupira. Elle savait s'excuser quand elle était en faute, et là, elle avait franchement dépassé les limites de la bienséance. Quelle alpha s'énerverait contre une amie qui, en plus, est en deuil de son cher papa ? Élaine baissa les yeux sur le sol, imaginant difficilement ce qu'elle allait ressentir quand le jour où son père viendra à quitter ce monde arrivera. Elle préférait ne pas l'imaginer, la vision de lui dans le Grand Castel, auprès de sa bien-aimée, père attentionné et guerrier prêt à défendre sa meute, sa famille.

"Mes condoléances pour ton père, c'était un loup bien doublé d'un excellent chef. Et ta sœur, comment va-t-elle ?"

Élaine plongea son regard désolé dans les pupilles de Callisto. Elle l'aimait bien, après tout, et elle ne voudrait pas se brouiller avec elle pour des futilités comme sa nomination au poste d'alpha. Elle ne l'avait pas choisi, et être la fille d'un lieutenant si important qui s'était battu aux côtés d'Esterno n'était pas un poids facile à gérer.

Callisto sentait de la tension dans l'air et elle n'aimait pas ça du tout. Est-ce que c'était une compétition de celle qui vivait le plus gros cauchemar à l'heure actuelle ? Mais pourquoi agissaient-elles comme ça ?
Elle regardait son ami d'enfance grogner après ce lapin qui ne semblait toujours pas prêt de bouger, puis Elaine se calma,
prenant un air à mi-chemin entre la culpabilité et la tristesse. Callisto se rapprocha de son amie alors qu'elle s'excusait.
Elle sentit alors on cœur se serrer, désormais mal pour son amie jetée dans la fosse aux lions par les Dieux qui l'ont nommée alpha. Elle ne savait pas qui avait une vie le plus proche de l'enfer en ce moment et elle s'en fichait au final, elle voulait juste que son amie s'épanouisse un jour et elle espérait que ce soit le cas pour elle également.
Plongeant son museau dans le cou de Elaine, elle murmura :

"Ce n'est pas grave, je m'excuse aussi de ne pas avoir été compréhensive dès le début."

Puis elle complimenta les actes de son père de son vivant, pansant un peu plus le cœur meurtrie de la louve bordeaux.
Cela lui ra pellait que, même si les Brethen avait été détruits avec le travail acharné de son père, il y avait toujours des loups pour redorer son image et perpétuer sa mémoire.
Elle sourit vaguement.

"Joëlle va bien, je pense qu'elle a toujours été plus forte que moi..."

Et c'était bien vrai, elle était plus forte mentalement et physiquement que Callisto. Pourtant la louve astronome espérait y remédier un jour et au moins l'égaler, ne serait-ce que pour la force mentale, surtout après l'épreuve qu'elle traverse en ce moment.
Callisto fixa un moment le Glowstick de Elaine.

"Alpha ou pas, je te promet de toujours être là pour toi désormais. Je m'en fout qu'on soit d'une meute différente, d'accord ?"

Ce n'était pas un Glowstick, une odeur ou quoique ce soit qui la séparerait de son amie désormais. Elle se jura de protéger Elaine comme sa propre sœur. Elle n'était pas très imposante, mais elle saurait user de son intelligence et de ses capacités autres pour aider son amie.
Elle en faisait le serment...

Élaine

Le câlin de Callisto remonta le moral d'Élaine d'un coup, et sentir la chaleur de son amie lui rendit le sourire et le cœur léger. Après tout, elle ne se voyait pas lui en vouloir d'avoir éprouvé cette injustice, ce doute impénétrable que l'autre menait une vie de rêve. Tout le monde avait ses défauts, ses petits coups de blues, ses doutes et ses remords. Et se fâcher avec Callisto pour une broutille pareille reviendrait à insulter l'éducation qu'Élaine avait reçu. Élevée dans la tendresse, l'amour de l'autre et le respect, il était évident qu'Élaine pardonne. Quand elle parla de sa sœur, Joëlle, la brune au chignon sourit d'une manière nostalgique. Elle aurait aimé avoir cette complicité avec Anastasia, elle aurait aimé dire d'elle qu'elle avait toujours été plus forte qu'elle mais elle était incapable de dire quoique ce soit de sa sœur, elles ne partageaient rien si ce n'est leurs parents et leur fratrie. Et aujourd'hui, le fossé les séparant se creusait encore plus, les deux au devant de la scène, éblouies par une lumière divine et inattendue. Elle baissa les yeux et observa les pattes de Callisto. Ses griffes jaunes ressortaient avec une luminosité curieuse sur son pelage bordeaux rayé de jaune également. Elle releva la tête, acquiesçant faiblement d'un mouvement de tête et ce fut à son tour de plonger son museau dans le cou de son amie.

"Et je te jure d'être toujours présente pour toi. Je te le promets, Calli."

Elle sourit et quelques larmes coulèrent le long de son museau. Se sentir soutenue et aimée faisait un bien fou, et elle fut rassurée d'avoir Callisto auprès d'elle, mais également pour Anastasia, qui comptait au moins une louve courageuse et ambitieuse dans ses rangs. Elle prolongea l'étreinte, respirant l'odeur de sa semblable, une douce odeur Brethen persistant entre ses poils violines. Callisto représentait tout ce qu'elle avait perdu lors de la grande Dissolution, les Brethens, sa meute et famille, ainsi que toute cette insouciance liée à cette période où elle n'était qu'une jeune louve s'épanouissant en jouant avec son grand frère. Élaine se redressa après quelques instants, et fixa le lapin qui était toujours là, maintenant accompagné d'un écureuil à l'air idiot.

"Cela te dirait une petite partie de chasse ? Ces imbéciles m'énervent à me traîner dans les pattes tout le temps."

Elle désigna ces imbéciles du museau d'un air las. Pourquoi ne pas s'amuser comme au bon vieux temps ? Une simple partie de chasse, et chacune retournerait à son bercail avec de quoi manger. Et puis, ce serait une bonne leçon à donner à ces minuscules animaux se croyant permis d'observer leurs prédateurs d'un œil fasciné.

Elle se rendait compte à quel point ça faisait du bien d'avoir une bonne amie sur qui compter,
d'avoir quelqu'un sur qui se reposer en échange d'un soutien réciproque. C'était une sensation qui redonnait chaud au cœur,
presque autant que le soutien de la famille. Au fond ce n'était pas si différent que ça, Callisto considérait presque Elaine comme faisant partie de sa famille. Elles avaient grandis ensemble et avaient presque le même âge, elle était presque comme une sœur pour elle. Une deuxième sœur...
Il faut quand même avouer qu'elles avaient bien grandi depuis le jour de leur rencontre. Les cheveux noirs de Elaine attachés la rendait plus adulte désormais et même si son regard clair était le même, il brillait d'une lueur plus éclatante qu'auparavant.
Cette évolution était plaisante et drôle à constater.

Elle proposa une partie de chasse en désignant comme "imbéciles" les bestioles qui la regardait d'un aire idiot. Callisto était surprise de constater que le lièvre bizarre de tout à l'heure a été rejoint par de nombreux autres bestioles qui fixait son amie d'un même air. Elle eut un petit rire, amusée de voir tout ces animaux et leurs regards fascinés collés sur Elaine. C'était étrange comme comportement ! Il y avait sûrement une raison pour laquelle Elaine attirait autant les petites bêtes.
S’aplatissant au sol, la Lazuli se prépara à pourchasser le lièvre.

"Et bien, c'est parti !"

Et elle bondit sur l'animal, surprise de constater qu'il n'avait que vaguement tenté de s'enfuir. D'un coup, elle l'acheva et se tourna vers l'Etelkru. Les autres animaux s’étaient dispersés un instant mais étaient rapidement revenus autour de Elaine,
le même regard idiot collé sur elle. Callisto rit de nouveau.

"Mais pourquoi ils t'aiment tant comme ça ? Hihi !"